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Le pire n’est jamais sûr

Courte mais fort heureuse « actualité cantonale ». Charbel Mikhael, le chaleureux patron du restaurant « le Libanais », rue David Johnston, ne sera pas expulsé comme un précédent jugement en août l’avait décidé.

Nous nous sommes démenées (mon équipe et moi) autant qu’il est possible pour que le Préfet prête une oreille attentive au dossier de ce jeune patron, à la tête d’un restaurant apprécié de tous et qui venait en outre d’épouser une française. La raison a prévalu, Charbel Mikhael reste dans notre canton et y est désormais pleinement chez lui.

Bioéthique : intervention de Michèle Delaunay en discussion générale

Séance publique du 8 février 2011, examen du projet de loi bioéthique

 » Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, chers collègues,

Le domaine de la bioéthique agite des questions que les hommes se sont posées et se poseront de tous temps sans jamais recevoir de réponse définitive.

La première de ces questions est celle de la recherche scientifique. On la croit nouvelle, elle est immémoriale, cadrée une fois pour toutes, et de manière lumineuse, par un auteur qui ne connaissait pourtant de la science que de modestes balbutiements : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». L’on ne peut qu’être sidéré d’admiration en pensant que cette formulation de Rabelais date de 1532.

Cinq siècles plus tard, il nous reste à meubler cette conscience par ce que nous appelons nos valeurs et à les confronter les unes aux autres. Mais ce qui assurément doit constituer le fil rouge de notre réflexion, ce qui ne peut que nous réunir, c’est avant tout la vie, le respect de la vie, de ce qui va dans le sens de la vie, ce qui aide à la vie.

Tous les chapitres de la bioéthique méritent d’être mesurés à cette finalité. À tous, elle apporte une part de solution.

Un domaine est particulièrement exemplaire, c’est celui de la recherche sur l’embryon et sur les cellules souches embryonnaires. Nous avons assisté à une audition qui m’a laissée sidérée : il y a été édicté comme un dogme le principe intangible du respect de l’embryon humain, coupant court au débat.

Quel est donc ce principe ? Où donc est-il écrit ? Comment est-il devenu à ce point respectable que la vie elle-même ne tienne pas devant lui ?

Nous tous qui sommes présents dans cette enceinte aujourd’hui savons que les recherches dans ce domaine sont faites exclusivement à partir d’embryons surnuméraires, destinés à être détruits et en aucun cas à donner naissance à un petit être humain.

Quel est le but principal des recherches faites à partir de ces embryons et des cellules qui les composent ? Mieux connaître l’embryon, en particulier savoir ce qui fait qu’il peut n’être pas viable et que son développement est interrompu, expliquer aussi les cas d’assistances médicales à la procréation et par conséquent réduire le nombre d’embryons détruits.

Dans quel sens le principe du respect de la vie peut-il trancher sans ambiguïté ?

Pour notre part, c’est sans ambiguïté que nous vous demanderons d’autoriser, en les encadrant, les recherches sur les cellules souches embryonnaires sans recourir à ce faux-semblant qui consiste à les interdire en acceptant peureusement des dérogations.

Je vous parlais de la vie. La vie n’est pas la nature, l’acceptation de ses lois et de tout ce qu’elle paraît inéluctablement nous imposer, sinon il n’y aurait pas de médecins. Le médecin travaille pour la vie, bien souvent contre la nature et ses lois. La vie est le principe de la médecine comme la thérapeutique est celui du soin et nous devons saluer de ce point de vue le passage dans le texte de l’intérêt thérapeutique à l’intérêt médical.

C’est aussi au nom de ce principe que nous soutiendrons, dans des limites temporelles précises, l’autorisation de l’implantation post mortem d’embryons. Dans mon exercice de la cancérologie, j’ai été confrontée à des situations très significatives. J’aurais aimé avoir du temps, comme M. Jardé, pour les exposer ; je m’en tiendrai à une seule. J’ai eu à affronter la rigueur d’une loi qui a privé une femme désireuse d’être mère d’accomplir le projet qu’elle avait partagé avec son mari. Son âge – et ce n’est pas un point négligeable – l’empêchait d’envisager de refaire sa vie dans des délais lui permettant d’enfanter. C’est un poids très lourd que d’avoir à refuser pour toujours la chance qu’un enfant désiré puisse naître. Personnellement, je considère que nous devrions statuer aussi sur une exception d’insémination post mortem.

Je citerai un autre exemple. Il concerne la possibilité pour les donneuses d’ovocytes de les utiliser pour elles-mêmes, après vitrification, au cas où elles deviendraient infertiles. Les hommes traités par chimiothérapie peuvent d’ores et déjà faire conserver leurs spermatozoïdes et les utiliser ultérieurement quand ils le souhaitent, à l’âge qu’ils veulent. C’est ici non seulement le principe même de la vie mais l’exigence d’équité que je vous demande de prendre en considération.

Toutes les femmes – M. Jardé l’a évoqué rapidement – deviennent infertiles, souvent très tôt et en tout cas à un âge où elles sont en pleine santé et capables sans dommage de mener une grossesse. La nature ne l’a pas voulu mais la médecine qui s’intéresse d’abord à la vie le permet dans la seule limite de l’état de santé de la femme. Je vous demande de réfléchir à cela.

J’entends ici ou là que cette révision est bien peureuse et non dénuée de contraintes que j’appellerai circonstancielles. Ce ne sera certainement plus le cas si vous nous suivez dans cette voie. Aucun de vos électeurs ne pourra vous reprocher, quelle que soit sa confession, de n’avoir pas été scrupuleusement fidèle au principe même de la vie non plus qu’au respect de la dignité humaine et au refus de toute marchandisation du vivant. « 

Lois de bioéthique : la confrontation des valeurs

La révision des lois de bioéthique arrive demain en débat à l’Assemblée nationale. Sujet majeur, dont nous n’allons aborder que quelques chapitres, ceux-là même qui sont sujet à révision.

Ce domaine est fondamentalement passionnant, ne serait-ce que parce qu’il agite des questions que les hommes se sont posées et se poseront de tous temps sans recevoir jamais de réponse définitive. Au bout de ces questions se pose toujours une autre question, en face de laquelle nous n’avons, chacun de nous, que notre liberté et ce que nous appelons nos valeurs, pour approcher de l’ébauche d’une réponse.

La première de ces questions est celle de la recherche scientifique. On la croit nouvelle, elle est immémoriale. La recherche et la science sont aussi consubstantielles à l’homme que le mouvement ou le conscience du temps. Rabelais, une fois pour toutes l’a, non pas tranchée, mais cadrée: « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». On ne peut qu’être baba d’admiration en pensant au siècle ou a été écrite cette phrase lumineuse.

Les lois de bioéthique n’ont d’autre objet que de mettre de la conscience dans l’accélération exponentielle des acquisitions scientifiques. On découvre aujourd’hui en un an plus qu’en un siècle au temps de Rabelais. On donne à l’homme des moyens techniques en proportion mais cette phrase demeure définitive et intemporelle.

Ensuite, il s’agit de meubler cette « conscience » de ce que nous appelons nos valeurs. Elles sont aujourd’hui distribuées entre de nombreux spécialistes et nous avons appelés à l’Assemblée, dans le cénacle de nos auditions, des sociologues, des philosophes, des généticiens, des anthropologues et des tas d’autres « logues » qui couvrent presque tous les domaines des sciences dures, de la médecine et des sciences humaines.

Un premier exemple, parmi les plus débattus, celui de la « maternité pour autrui ». Ne serait-ce que le choix du mot est déjà choisir une prise de position dans le débat. J’ai choisi celui qui me parait le moins éloigné de la réalité, mais dans tous les cas on comprend qu’il s’agit de confronter les valeurs entre la conception que l’on a de la place de la femme, du droit à l’enfant, du droit de l’enfant, du droit tout court, du droit de la filiation, de la part entre filiation biologique et filiation génétique…

Je vais pourtant en prendre un autre pour illustrer ce que je crois être- et devoir être- le fil conducteur de toute réflexion dans la confrontation de ces valeurs.

C’est un mot si petit, si ringard, à côté de tous les mots à rallonge, de toutes les déclarations de principe, de toutes les grandes théories, qu’on a presque scrupule à le prononcer: la vie.

La vie, ce qui va dans le sens de la vie, ce qui aide à la vie, doit être le fil rouge de nos prises de position.

Nous avons eu de longs débats autour de l’autorisation ou non de la recherche sur cellules embryonnaires, cette recherche revenant à la recherche sur embryon, en connaissant qu’elle est responsable de la destruction de cet embryon.

Bien sûr, elle ne se fait pas sur un embryon destiné à devenir un petit garçon joufflu ou une petite fille toute rose avec dix petits doigts aux pieds et aux mains, mais sur des embryons surnuméraires n’ayant aucune possibilité de carrière dans ce sens réconfortant.

Le Pr Arnold Munnich, généticien de grand renom, devenu conseiller auprès du Président Sarkozy, a tranché devant nous le débat en posant le principe intangible du respect dû à l’embryon humain : la recherche, c’est non !

Sauf que … A quoi servent les recherches sur l’embryon ? En premier lieu, bien que non exclusivement, à comprendre pourquoi certains embryons ne sont pas viables et pourquoi ils avortent. Si nous parvenons à le comprendre, ou à aller plus loin dans cette compréhension, nous progresserons dans la recherche sur la stérilité, les malformations et les maladies génétiques en général.

Vers où penche la prise en considération de cette toute petite valeur qui tient en trois lettres et qui a l’air bien modeste vis à vis du grand principe de respect dû à l’embryon humain ?

Vers l’autorisation de la recherche sur les cellules embryonnaires ! Et c’est ainsi que, lors de la commission, j’ai modestement contribué à faire pencher la balance vers une décision unanime de notre commission.

Cela ne marche pas aussi clairement dans tous les cas : la vie est comme la vérité, elle a bien des visages et ce sont des visages changeants. Pourtant, se rappeler que rien d’autre, nulle part, depuis que le monde est monde, ne lui va à la cheville, fait faire quand même un sacré bout de chemin.

Au marché

Au marché des Chartrons, ce matin. Ce n’est peut-être pas mon endroit favori en temps de campagne électorale, mais, ce matin je me suis sentie plutôt bien, entourée de vrais gens, en face de ma concurrente et d’une bonne douzaine de ses prothèses municipales, comme lors du Conseil de quartier du 11 décembre à la mairie de quartier du Grand Parc.

Ils étaient tous là, adjoints de la vieille garde, adjoints montants, adjoints descendants, tous vibrionnants sans que personne ne sache qui était véritablement la candidate et s’il y en avait une, ou une douzaine. Tout cela par un frais beau temps qui nous fait aimer avant toute chose Bordeaux, son fleuve, son vent du large et le goût de liberté qu’il porte à qui sait le sentir.

Une droite honteuse

En quatre ans, le Président Sarkozy et l’ump ont au moins une réussite à leur actif : transformer la droite décomplexée des débuts en droite honteuse.

Honteuse au point de ne mentionner nulle part sur les affiches et les documents électoraux de ses candidats leur appartenance politique.

Particulièrement à Bordeaux, on comprend le bénéfice de la stratégie. Les candidats aux cantonales s’abritent à toute occasion sous le parapluie du Maire de Bordeaux mais se cachent de leur proximité avec le numéro 2 du gouvernement. Contorsion difficile, mais contorsions, négociations d’arrière-boutique et stratégies tortueuses sont à l’ump ce que l’art de la guerre était à Clausewitz*.

Il s’agit pourtant d’une stratégie nationale : ordre est donné à l’armée ump en déroute de faire passer le scrutin cantonal des 20 et 27 mars pour un enjeu purement local, entre conseillers généraux voués à une disparition prochaine, et d’éviter à toute force d’en parler.

Le Gouvernement s’est d’ailleurs bien gardé d’observer la première de ses obligations républicaines en ce domaine : faire une campagne médiatique pour l’inscription sur les listes électorales. Dans mon canton, l’adjointe de quartier a fait mieux : fermer plusieurs jours la Mairie de quartier avant le 31 décembre pour réduire le nombre de candidats à la citoyenneté qui auraient eu l’envie de s’inscrire sans que l’on se soit assuré auparavant qu’ils étaient adhérents de l’ump.

Cette droite honteuse a bien des raisons de l’être et elle le sait. La succession des réformes et des lois injustes, l’état de notre pays, son discrédit au plan international, encore une fois démontré ces dernières semaines jusque dans des pays amis, la succession des petites affaires minables, n’incitent personne à afficher le fier arbre qui accompagnait le sigle de l’ump. Du grand chêne, il ne reste que les glands. Les petits combats de chefs, les chausse-trapes qu’ils se tendent les uns les autres, et une atmosphère de décomposition dont tout les politiques pâtissent.

Localement, c’est pire. Le Maire de Bordeaux a bradé sa modeste et prudente liberté de parole pour un maroquin ministériel qu’il exerce à temps partiel, trois ou quatre jours par semaine. Outre les engagements qu’il avait pris à l’égard des Bordelais, il a renié sa position sur l’OTAN, sur la nécessité d’orienter différemment la feuille de route gouvernementale, et expurgé son blog de ses timides imprudences des mois précédents. Il a renié ses engagements politiques locaux de ne faire accord avec le modem et le nouveau centre que pour le deuxième tour des cantonales, obligeant candidats ump et modem déjà déclarés de précipiter à la poubelle les documents électoraux et les affiches qu’ils avaient déjà préparés.

Tout cela a eu son résultat : la candidate ump du canton où je me présente représentera seule la droite, du Front National au Modem inclus. Sans doute, l’accord prévoit-il aussi qu’il en soit de même demain pour le candidat multi-déclaré aux législatives, Alain Juppé.

Seuls candidats de la droite, mais… sans le dire ! Et même en ayant bien soin de le cacher. Sur les trois vitrines de la permanence électorale de ma concurrente, nul signe qui puisse rappeler l’ump, ses pompes et ses oeuvres, non plus que le gouvernement et le Président de la République. Sur sa charmante lettre de candidature enrubannée de voeux chaleureux et bien sûr sincères, point d’arbre bleu, point de sigles des partis qui la soutiennent, profil bas de rigueur. A Bordeaux, comme ailleurs.

  • Pour mémoire le regretté Carl von Clausewitz fut le grand stratège de l’armée prussienne, avec les conséquences que l’on sait.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel