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Etudiants : comment aider à leur autonomie ?

Mme Michèle Delaunay attire l’attention de M. Ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative, sur la problématique de l’autonomie financière des étudiants.

Les difficultés de financement pèsent lourdement sur la poursuite d’études supérieures : autocensure des enfants de familles modestes, surreprésentation des formations supérieures courtes, obligation de travailler dans des proportions néfastes à la réussite universitaire (on sait qu’un emploi de plus de 14h par semaine en parallèle des études ramène à 40% les chances de réussite).

Les aides à destination des étudiants sont pourtant très insuffisantes : seuls 20% des étudiants français bénéficient d’une bourse d’études, et seulement 5% peuvent prétendre à l’échelon le plus élevé, qui n’est que de 460 euros par mois.

L’effort consentit par la France pour atteindre l’objectif fixé par l’Union européenne de 50% d’une classe d’âge diplômée du supérieur paraît donc insuffisant. Pourtant, le bénéfice social d’une politique favorisant les études supérieures est évident : d’après le Conseil d’analyse stratégique, l’augmentation d’une année de la durée moyenne des études supérieures permettrait un gain de productivité de 8 points à l’échelle de la France.

D’autres pays ont mis en place des formes de rémunération de la vie étudiante. La Suède et le Danemark offrent à tout étudiant une combinaison d’allocation et de prêt sécurisé, le Royaume-Uni finance des bourses pour 66% de ses étudiants et des prêts sécurisés pour tous.

Mme Michèle Delaunay demande donc à M. le Ministre si le gouvernement envisage de mettre en place un système d’allocation ouvert à tous, pour favoriser véritablement le développement des études supérieures dans notre pays.

RSA jeunes : des conditions d’attribution trop restrictives

Mme Michèle Delaunay attire l’attention de Mme. la Ministre de la solidarité et de la cohésion sociale, sur la question de l’autonomie des jeunes.

S’il ne peut compter sur le soutien de sa famille, un jeune qui cherche pour la première fois un emploi se trouve en situation de pauvreté, comme plus d’un jeune âgé de 18 à 24 ans sur cinq : aucune classe d’âge n’est aussi touchée par la pauvreté.

Alors que la plupart des pays d’Europe occidentale ouvrent leurs minima sociaux dès l’âge de 16 ou 18 ans, la France a fait le choix de traiter ses jeunes adultes comme des mineurs sociaux, n’ayant droit à quasiment aucune aide par eux-mêmes mais ouvrant droit à des aides bénéficiant à leurs parents : maintien du quotient familial et des allocations familiales, déductibilité des pensions versées aux enfants majeurs.

Un premier pas a été franchi dans le bon sens avec l’extension du revenu de solidarité active aux jeunes de moins de 25 ans par le décret n° 2010-961 du 25 août 2010.

Néanmoins, les conditions à remplir par les jeunes pour pouvoir percevoir ce revenu sont particulièrement difficiles à réunir. À titre d’exemple, il est demandé d’avoir travaillé au moins deux années à temps plein au cours des trois années précédant la demande de RSA, ce qui est particulièrement contraignant.

D’après le bilan présenté par le Ministère de la solidarité et de la cohésion sociale le 7 janvier dernier, seules 5.024 personnes bénéficient donc de cette prestation, soit 160.000 de moins que l’objectif affiché par le Gouvernement lors de son lancement.

Mme Michèle Delaunay demande donc à Mme la Ministre de prendre toute mesure nécessaire afin d’assouplir de manière significative ce dispositif en faveur des jeunes de moins de 25 ans.

Taxe d’habitation sur les résidences mobiles : une nouvelle injustice sociale ?

Mme Michèle DELAUNAY attire l’attention de M. le Ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l’État sur les modalités d’application de la taxe d’habitation sur les résidences mobiles terrestres adoptée par la commission mixte paritaire sur la loi de finances rectificative pour 2010 le 20 décembre dernier, sur proposition de M. le Sénateur Philippe MARINI.

Cette nouvelle taxe d’habitation sur les caravanes n’est pas sans poser de nombreuses questions quant à ses modalités d’application. En effet, le paiement de la taxe d’habitation sera désormais demandé à ceux dont la caravane est le logement principal, ce qui est en particulier le cas des gens du voyage. Cette taxe pourra concerner une population très pauvre.

Aussi, il conviendrait de tenir compte de cette situation de dénuement et d’ouvrir aux gens du voyage l’ensemble des exonérations dont bénéficient les contribuables assujettis à la taxe d’habitation, et notamment les bénéficiaires du RSA. Par ailleurs, il semblerait cohérent qu’elle entraîne l’accès aux droits qui lui sont liés, dont l’allocation personnalisée au logement.

Mme Michèle DELAUNAY demande donc à M. le Ministre qu’elles sont ses intentions pour éviter que cette taxe ne soit une nouvelle source d’injustice sociale.

Drogues et addictions : le Chef a dit !

Comment peut-on nommer à la tête de la MILDT (Mission Interministérielle de la Lutte contre la Drogue et les Toxicomanies) un homme qui n’a que des certitudes et parle comme un Caporal-chef ?

Pardon pour les caporaux-chefs et sous-chefs : ils ne méritent pas la comparaison. Pour tout dire le mot allemand de « feldwebel » m’était spontanément venu, mais me mettre 81 millions d’Allemands à dos d’un coup d’un seul était au dessus de mes forces.

Je reviens à l’instant de l’Assemblée après plusieurs auditions de la mission parlementaire d’étude des toxicomanies dont je fais partie. Mission deux fois mixte : gauche et droite, sénateurs et députés confondus.

Trois orateurs ce soir, dont le premier, Etienne Apaire, évoqué dans les premières lignes de ce billet. Etienne Apaire est le « Chef », j’emploie intentionnellement ce mot, de la MILDT, il représente le Gouvernement, le Gouvernement qui décide de la lutte contre les drogues et les toxicomanies. Rompez !

C’est un député de droite qui a eu cette formule « Monsieur le Président de la MILDT, je vous admire de n’avoir que des certitudes. Je travaille sur la question de la drogue depuis trente ans, et je n’en ai aucune ».

J’avais été beaucoup plus incisive. Argumentant contre sa condamnation ferme et définitive des salles d’injections protégées, contre le budget consacré à la prévention (10% du budget toxicomanies !), contre sa condamnation des experts de l’INSERM, à l’origine d’un rapport qui est une méta-analyse de la littérature scientifique sur le sujet (« ils n’y connaissent rien »). Heureusement, Etienne Apaire sait et connait, le Gouvernement décide. Circulez, y’a rien à voir.

A gauche comme à droite, nous avons été scotchés sur nos chaises, hésitant presque à auditionner après lui les experts de l’OEDT (Observatoire Européen des Drogues et Toxicomanies), venus pour nous de Lisbonne où siège cet organisme de l’Union européenne.

Il m’arrive d’avoir peur. En sommes-nous là ? Si proches de la fedwebelisation de la décision politique ? De l’extermination du doute, de l’inquiétude, de la recherche, de la réflexion ? Considérant comme nul et non avenu l’avis des scientifiques et des opérateurs de terrain ?

Le Chef a dit « Pas de salles d’injections protégées expérimentales dans les villes se portant candidates ». Le Chef a dit, point final. Il n’y en aura pas.

Tunisie : l’âcre parfum de la liberté

Très justement, une commentatrice attentive de ce blog a posé la question « Quoi, rien sur la Tunisie ? »

J’ai toujours scrupule à parler de ce que je ne connais que par le filtre des journaux ou de la radio. Ce n’est pas le souvenir de l’incomparable parfum du jasmin dans une voiture roulant toutes vitres ouvertes qui suffit à former une vision politique (encore que… odeurs et parfums, qui volent à leur gré, sont toujours synonymes de liberté).

Une leçon, des inquiétudes et un constat.

La leçon est terrible : c’est, une fois encore, la terrifiante confirmation de la faiblesse des hommes face à l’insatiable appât de l’argent. Ce n’est pas une découverte, mais chaque fois que des responsables politiques, à tous les niveaux, compromettent leur crédibilité en accumulant les prébendes, en profitant outrageusement des avantages liés à leur fonction, en mêlant chose publique et intérêts privés, « amitiés » et finances… Cela me fait sortir de moi. Je ne l’utilise jamais pourtant dans le débat politique, sauf quand une déclaration de l’un d’eux vient par trop contredire ce qu’il applique à soi même.

Le double clan Ben Ali-Trabelsi a mené l’affairisme à son comble. Le scandale est double dans un pays qui reste pauvre. Et c’est d’abord ce scandale qui a déclenché la révolte tunisienne.

Il n’y a pas que la lettre de Guy Môcquet qui mérite d’être connue des élèves. L’histoire de Mohamed Bouazizi qui s’est immolé à Tunis n’est pas moins admirable. Homme jeune, diplômé, qui faute d’emploi n’avait d’autres moyens de nourrir sa famille qu’en vendant fruits et légumes dans les rues jusqu’au jour où un fonctionnaire corrompu a confisqué sa charrette et pris sa marchandise en l’insultant et en lui crachant au visage.

En s’immolant, Mohamed Bouazizi a rejoint Jan Palach dans cette étrange forme d’héroisme qui n’aura jamais connaissance de la portée de son acte. L’un est à l’origine de la révolution tchèque et de la venue au pouvoir de Vaclav Havel, l’autre a ouvert les fenêtres de la Tunisie.

Ouvert sur quoi ? Et c’est là que montent les inquiétudes. Le parti du Président (formule ô combien détestable sous tous les cieux) est fort et bien organisé. Il ne manquera pas de convoiter les parts de gâteau qui tombent déjà de la table désertée des souverains et il est le plus proche pour les ramasser. La composition du gouvernement mis en place aujourd’hui en témoigne.

Je ne sais rien de ce qu’on appelle l’opposition tunisienne. Sans doute multiple, dispersée jusqu’à ce jour mais, il faut l’espérer, animée d’une volonté de cohésion pour que le chaos ne succède pas à la dictature.

Et puis il y a une force que je ne sais pas davantage estimer ; celle des frères musulmans. L’esprit tunisien est peu porté à l’intégrisme, mais la misère s’engouffre parfois dans de bien tristes refuges. Les organisations islamistes sont elles aussi bien rodées à apporter nourriture, éducation, soins en même temps que dogmes, préceptes et anathèmes pour satisfaire en même temps les besoins matériels et combler le vide créé par le désordre et le désarroi.

Pour terminer un constat. Les Tunisiens réfutent avec raison le terme de « révolution du jasmin ». Cette fleur fragile n’y est pour rien, elle n’a jamais été l’emblème d’autre chose que de la douceur des étés et l’odeur de la liberté est sans doute plus âcre et plus violente. Cette révolution est en réalité la première révolution internet, comme la chute du mur de Berlin fut l’œuvre de la télévision de l’ouest.

Dans un pays, le nôtre, où des Ministres ont accusé mediapart de méthodes fascistes, sommes-nous si loin que cela du même urgent besoin de liberté et de changement ?

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel