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Visite du Secrétaire d’Etat Jean-Marie Bockel à l’Ecole Nationale de la Magistrature

Jean-Marie Bockel rencontrait aujourd’hui les auditeurs de justice de la promotion 2010 à l’Ecole Nationale de la Magistrature ; Michèle Delaunay l’a accueilli dans sa circonscription selon l’usage républicain.

Dans son allocution, Le Secrétaire d’Etat a évoqué les rapports entre justice et politique, qu’il a considérés comme nécessaires et souhaitables, sous réserve d’un strict respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire. S’appuyant sur l’expérience que lui a donné son mêtier d’avocat et celle de premier édile de la ville de Mulhouse pendant plus de 20 ans, il a défini deux conditions à ces relations – que les élus se considèrent comme des justiciables comme les autres – que les magistrats ne pensent pas à priori que les politiques n’ont pas d’autre intention que de les influencer ou les manipuler.

Il a fait des voeux pour la carrière de la promotion 2010 et assuré qu’il reviendrait bien volontiers « à quelque titre que ce soit » pour le séminaire « justice et politique qui aura lieu dans quelques mois à l’initiative du Directeur de l’ENM Jean-François Thony

Mais où allons-nous ?

Mais quoi ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Qu’entends-je ?

Benoit XVI, en français, rappelle à tous le simple devoir d’accueillir ceux qui viennent, d’où qu’ils viennent. Le père Arthur, décoré par Brice Horfefeux, rend sa médaille du Mérite, parce qu’il n’est pas d’accord avec le Ministre sur sa politique à l’égard des Roms dont il s’occupe quotidiennement.

Où allons-nous ? Quelle invective va trouver Brice Hortefeux à l’encontre de ce Benoit, qui n’est même pas le premier, mais le seizième ? Milliardaire ? Il l’est, en nombre de fidèles même s’ils ne le sont pas tous autant qu’il voudrait. Bien pensant ? Sans doute aussi, mais quand on s’adresse à un Pape, ce n’est pas tout à fait comme quand on dénonce ces hordes angéliques de la gauche qui ne savent pas qu’un loubard est un loubard.

Mais que fait St Eloi (pas le vrai, ses mauvais disciples) ? Mais que dit Louis sur ce blog ? Et cette poignée d’internautes qui condamnent aux gémonies tous les rebelles à toutes formes d’inquisition ? Et ces sites pourfendeurs de toute chose publique, et d’abord de la République elle-même ?

Et Brice de Nice (l’Estrosi) qui va-t-il dénoncer coupable de laxisme ?

Et que fait donc la police ?

Aides à vivre ou empêcheurs de penser ?

Un article de Libé, intitulé avec bonheur « Vide fait, bien fait » (19 août) m’a suffisamment interpellée pour que j’aille farfouiller dans les blogs et les sites tournant autour du sujet.

Le sujet, moitié frivole, moitié posant de vraies questions, tourne autour de l’interrogation « Avec combien d’objets vivez vous ? ». Il m’a aussitôt précipitée dans un souvenir très marquant. C’était dans un village du Burkina, une poignée de cases où vivaient des familles entières. Dans chacune, moins de 5 à 10 objets. Une grande calebasse, une cuillère de bois, une sorte d’amphore de terre pour conserver l’eau. Dehors le soleil qui tapait comme sur une enclume et dedans, rien.

Il y a loin entre les photographies ou les films et la perception totale, brutale, d’une situation. Il en est ainsi du dénuement de l’Afrique. La question posée par Libé se double d’une autre : combien d’objets faut-il pour vivre ?

Les adeptes du « 100 things challenge » cherchent à y apporter une réponse occidentale. Il ne s’agit pas seulement d’acquérir le minimum mais de se débarrasser du maximum et de réduire à cent les objets que l’on possède. Inclus, tous les objets personnels, de l’ordinateur portable à la brosse à dents (avec son dentifrice) et aux chaussettes (par groupe de trois paires). Exclus, les biens partagés par la famille, si famille il y a : table de repas, frigo, bibliothèque … tous cependant revus selon les critères du minimalisme.

Il est intéressant de noter que tous les protagonistes internautes de ce nouveau mode de vie sont des hommes. Pour les femmes, avouons-le, le pari ne semble pas très réaliste. La moindre trousse de toilette, la plus petite penderie, le simple contenu d’un sac de ville compromettent radicalement les chances de ne pas outrepasser le nombre fatidique.

Je propose pour elles des aménagements : compter la trousse de toilette pour une unité, admettre les chaussures par groupe de 4 et les vêtements par catégories… A quoi l’on voit que je suis totalement de parti pris. J’assume.

Mon score ne serait en tous cas pas très favorable. La difficulté à jeter, le goût de la théorie des ensembles appliquée aux objets (ce qu’on appelle vulgairement collectionner) m’ont atteint très tôt, mais je me soigne avec de plus en plus d’efficacité. L’obligation de me déplacer chaque semaine m’a appris à faire des listes de ce qui est essentiel et à m’y tenir. La leçon est loin cependant d’avoir gagnée la partie casanière de la maison.

Il n’est jamais mauvais de débattre, surtout quand on n’est pas sûr d’avoir raison. Il n’y a pas que des vertus à cette nouvelle morale. D’abord est-elle bien écologique ? Car il s’agit non seulement de peu consommer mais de se débarrasser, de jeter à tout va, comme en témoigne le leitmotiv « Get rid of that crap ! » (« Débarrassez vous de ces saletés »), ce qui réduit à néant la possibilité de réutiliser, réparer, réinventer et de s’adonner au « vintage ».

Et puis il y a des objets qui aident à vivre. Amicaux à la main, plaisants au regard, familiers. J’ai comme ça tout un petit clan d’amis fidèles sans lequel j’écris moins bien, je me trouve plus moche, rien en tout cas qui incite à l’action et au dépassement de soi.

Sujet frivole en effet. Sujet d’été ou de week end qui m’a donné l’occasion de réviser mon anglais familier et de me sentir quelque part sur la west coast. Dans un pays où on bouge, on pose des questions et où on cherche à faire, même mal.

Grr..

Superbe répartie de Gilles Carrez, rapporteur général du budget à l’Assemblé (et non président de la commission des finances, comme dit ce matin dans Sud Ouest) :

– « Derrière chaque niche fiscale, il y a un chien qui veille … »

Tribute to the dead patient

Une de mes patientes, il y a une bonne vingtaine année de cela, m’avait dit cette drôle de phrase : « Il faut sortir tous les matins comme si on devait rencontrer le Président des Etats-Unis ».

Je venais de la louer pour son élégance, sa mise soignée et bien choisie, jusque dans sa chambre d’hôpital et si je la revois, aujourd’hui comme souvent, je n’ai pas conservé son nom et cela m’attriste, comme m’attriste toutes ces « disparitions » d’identité pour des hommes et des femmes dont j’ai partagé des moments de vie cruciaux, et qui se sont, plus ou moins effacés de mon souvenir.

Cette patiente, à laquelle manque un nom, mais je ne veux pas lui en inventer un, avait passé une longue partie de sa vie aux Etats-Unis. Elle était rentrée dans sa ville, celle de mon hôpital, depuis une dizaine d’années mais avait conservé quelque chose de particulier à la bourgeoisie professionnelle américaine qui m’a marqué.

Ce quelque chose, c’était ce que j’appelerai aujourd’hui « l’élégance professionnelle ». Les Américains des labos, surtout sur la côte ouest, sont souvent très décontractés dans leur allure, mais ceux des hôpitaux ou des bureaux sont toujours assez stricts et nets. Je ne me souviens pas non plus de la profession de ma patiente dans sa période américaine, mais je suis certaine qu’elle en avait une et qu’elle la respectait.

Ce drôle de souvenir, un peu inhabituel dans le cadre de ce blog, rejoint un propos de ma mère « il faut respecter le travail ». Elle déduisait de cette phrase toute une série de comportements, qu’elle ne manquait pas d’enseigner, comme celui d’offrir aux travailleurs de tous âges, des locaux propres, bien éclairés et agréables pour que tous puissent s’adonner à sa double marotte : travailler et respecter le travail. Elle a ainsi faire repeindre des salles de classe ou des écoles entières avant la rentrée et menacé rectorats et inspections académiques s’ils ne s’exécutaient pas en temps utile.

J’ai dérivé, comme souvent. Ma patiente avait un critère tout autre : la rencontre du Président des Etats-Unis. J’essaye de l’analyser avec un maximum de justesse. Il y avait dans cette expression un mélange entre respect des Etats-Unis, qu’elle aimait, respect de ses institutions, et plus encore sans doute respect de soi même qui doit se montrer en toutes circonstances à la hauteur (sa propre hauteur).

J’ai conservé un peu de tout cela. Bien sûr, j’ai conscience de la part de conformisme et même de déguisement qu’il y a dans cette attitude de vouloir correspondre à ce qu’on fait, et avec un peu de chance, à ce qu’on est. Un jeune chercheur d’emploi, malin comme un singe, se plaignait à moi de sa répugnance à se déguiser pour se rendre eux entretiens. Je lui ai répondu « Mais n’est-ce pas normal ? En ce moment-même si je n’étais pas déguisée en conseillère générale, est-ce que vous n’auriez pas été surpris ».

Il en a convenu. L’ai-je convaincu pour autant ? Sans doute un peu. En tout cas, il a trouvé du travail, c’était le but, ou au moins une partie du but.

Voilà, c’était juste comme ça un hommage en forme de dette à ma patiente disparue. Ce que les Américains qu’elle aimait appellent « Tribute to ».

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel