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Les Gens du Voyage

Rien que l’expression est belle, presque aussi belle que « les fils du vent » et toutes les deux attirent la sympathie, voire l’envie. Imagine-t-on en contrepoint « les gens du sur place » ou « les fils de l’immobilisme », quand ce n’est pas de l’immobilier ?

Les dernières catégories sont pourtant les plus nombreuses et certainement pas les moins dangereuses. j’en donnerais à preuve bien des affaires récentes.

Revenons à Bordeaux où l’imprévision de l’évidemment prévisible a failli faire monter en crise l’hypersensibilité légitimement causée par les déclarations malencontreuses, voire honteuses, du chef de l’Etat à Grenoble. J’écris « a failli » car, à cette heure, il parait probable que la maturité des gens du voyage et leur sens de la responsabilité les ont détournés d’une démonstration de masse, dont Bordeaux aurait été l’épicentre.

J’avoue que je l’ai grandement craint. On ne manie pas impunément le vieux démon du bouc émissaire et on n’humilie jamais sans provoquer la révolte. Après le discours de Grenoble, on pouvait s’attendre à des manifestations de fierté blessée et à une hypersensibilité sur les conditions d’accueil proposées par les villes et le retard pris par la plupart d’entre elles à appliquer la loi Besson (Louis Besson, 0 combien plus recommandable que son homologue homonyme !). La ville de Bordeaux, qui était prévenue depuis deux semaines de l’arrivée des itinérants basés à Anglet n’en a pas tenu compte en amont et nous sommes passés assez prês d’incidents. Saluons le fait qu’il n’aient à cette pas eu lieu.

Restons cependant attentifs et plus encore, actifs. On a trouvé sans difficulté apparente un terrain où implanter le Grand Stade et ses voies d’accès. Ne peut-il en aller de même pour une « aire de grand passage ». Et si nous en concevions une qui honore Bordeaux ? Qui fasse d’elle un exemple ? Qui de manière différente, mais pas davantage négligeable, la situe dans le « top ten » des capitales européennes ?

C’est la leçon en tout cas que donne à notre ville ces « Gens du Voyage ». Avec majuscules.

voir aussi en page « Bordeaux » les communiqués adressés à la presse au fil de ces jours de crise

Faisons l’Europe des langues et de la culture

Les regrets sont pour moi comme une armoire trop remplie que je n’ouvre jamais. L’un pourtant revient souvent quand je rencontre quelqu’un qui possède plusieurs langues.

« Posséder » est le bon mot, pour signifier que l’on navigue familièrement dans une langue, qu’on la plie à ses humeurs et à l’humour, qu’on sait la déformer, l’utiliser façon « grand genre » ou façon triviale. Ce n’est pas mon cas. La médecine m’a donné l’occasion de conserver et d’entretenir l’anglais mais c’est un anglais parcellaire qui ne sert de rien quand il s’agit de parler de la crise économique ou du coucher de soleil. Je comprends CNN avec effort, et celui que me demande la lecture d’un grand roman dans le texte a le don de m’en décourager. Les rudiments que je connais dans d’autres langues me permettent tout au plus de m’y débrouiller et pour ainsi dire d’y survivre.

Comment peut-on être naturellement, maternellement européen sans cela ? Posséder au moins une langue voisine, hors l’anglais, se débrouiller dans d’autres, n’être nulle part étranger ? Le grand défaut du traité constitutionnel -que personne pourtant n’a signalé- a été de ne pas consacrer une seule ligne aux langues dont la variété est pourtant « constitutionnelle » (j’emploie le même mot avec intention) de notre morceau de continent.

En réalité, ce n’était pas aux langues elles-mêmes qu’il fallait consacrer au moins un paragraphe mais à leur enseignement, et à l’engagement que les pays auraient du prendre d’installer fermement et dès le jeune âge les langues voisines dans leur système éducatif.

Ce n’est certainement pas le plus difficile de nos projets européens. Imaginer que dans chaque école, dès les petites classes, l’enseignement d’une langue européenne commencerait d’être dispensé pour ensuite se développer tout au long de la scolarité. Mettre sur pied des systèmes d’échanges d’instituteurs, capables d’enseigner dans le pays d’accueil leur langue de manière « maternelle » n’est pas même d’un coût démesuré, mais demande initiative et acharnement.

Le choix de langues différentes dans les écoles constituerait un facteur de mixité scolaire. Ceci a déjà été fait et démontré. Dans les années 70, l’école Schweitzer du Grand Parc à Bordeaux (quartier d’habitat social) a été la plus performante en matière d’enseignement précoce de l’allemand et cela constituait pour cet école un attrait très réel. Malheureusement, ce qu’un ministère avait rendu possible, le suivant l’a défait..

Si j’étais maire d’une grande ville ayant l’ambition d’être une capitale européenne (…), voilà ce que j’aurais à coeur d’initier en partenariat avec l’Education nationale et les capitales européennes avec lesquelles cette ville est jumelée. Le vrai « grand emprunt » c’est celui de la culture et, ici, il s’agirait de l’échanger.

La volonté d’innover, de créer, d’inventer manque à Bordeaux, comme reconnaissons-le dans notre pays et de la part de son gouvernement dont le fond de commerce se développe sur des idées d’hier. Chaque lecture, chaque recherche, me montre que c’est bien souvent ailleurs que ça se passe. Pourtant, c’est le moment : le XXIème siècle a déjà dix ans et on a l’impression qu’il se fait sans nous, que nous le subissons au lieu de le créer.

Vents

Vents et nuages dans mon finistère. C’est d’ordinaire au 15 aout que l’été décroche pour quelque chose d’autre, de plus inquiet, de plus bruyant, de moins simple. Les fonds marins changent de registre et annoncent sourdement que l’on va rentrer en turbulences.

Les portières de voiture claquent et les départs l’emportent de beaucoup sur les arrivées. Enfant déjà, je détestais -ou plutôt je craignais- cette bascule. Ce n’était pas l’approche de la « Rentrée » mais une fois encore le sentiment confus du décompte du temps. Au plus loin que je peux apercevoir sentiments et sensations, celle-ci est presque la première : la perception des rythmes, des coups de semonce, qui montent de la nature et qui nous obligent à compter à rebours.

Hossegor, là où je suis c’est à dire au front exact de la mer, est particulièrement propice à ces comptes et décomptes. Tout y est apparent, le moindre changement de couleur du ciel ou de la mer, les bruits, le froid dans toutes ses nuances, l’humidité quasi partout présente, tout y est magnifié. Mes fenêtres sont un écran géant où tout s’inscrit et où il ne reste qu’à faire les sous-titres, qu’à traduire. La nature parle en V.O. mais très fort et distinctement et il faudrait un coeur bien sec pour ne pas l’entendre en permanence.

Les autorités (appelons-les ainsi) s’y emploient pourtant en rassasiant chaque journée d’animations, de compétitions publicitaires et d’occasions variées de consommations. Hier à la nuit, murs et vitres vibraient sous les coups de basses du « rip curl pro ». Ne manquaient que les vagues, remplacées par de vombrissants scooters des mers. Tout cela sera bientôt effacé, oublié, digéré par la plage immuable.

L’inquiétude, certains la trouvent dans le silence, d’autres dans le bruit. Ces amplis, ces sonos à outrance, ces bruits de basse comme un martellement de coeur à dimension cosmique, sont-ils là pour masquer, font-ils autre chose que rendre intolérable ?

Mais ce soir la tempête l’a emporté. Vidé la plage de ces bruits parasites, renvoyé ces insectes de mer à leurs infimes trous. Restent les pavillons, les réclames qu’elle jettera à terre ou qu »on retrouvera plus loin, plus haut, ou pas du tout. Demain.

Des idées qui sont du pétrole

Combien de fois, découvrant des initiatives qui ne demandent pas de pétrole, mais seulement des idées, je me dis « pourquoi pas chez nous ? »

Récemment, c’était une équipe de chasseurs de têtes américains, qui allaient à la recherche de brillants cerveaux, non dans les universités ni dans les grandes écoles, mais dans les banlieues. Dans NOS banlieues, où il avaient plus de chances de trouver ces esprits avides et non formatés qu’à l’ENA ou à Princeton.

Hier, dans le Monde, c’est la fascinante intiative de « chercheurs-citoyens » dans le domaine qui parait le plus difficile à aborder qui soit, par les connaissances qu’il suppose, et jusqu’à son vocabulaire : la génétique. Des bricoleurs du génome en quelque sorte, non pour le modifier (heureusement) mais pour l’explorer et le mettre en commun.

Des californiens gonflés ont eu l’idée d’exploiter la possibilité qui existe dans leur Eta de faire séquencer et analyser son propre génome pour deux francs six sous, du moins au regard du prix des examens de laboratoire, et sans formalité aucune. De là, à le publier sur internet, avec tout ce que cela suppose d' »indiscrétions » possible, il y avait un pas qui est une petite révolution. Il permet en effet de mettre en commun les données enregistrements, de relier ceux qui sont porteurs de mutations semblables ou autres particularités et à partir de cela de conduire des recherches.

Les « chercheurs citoyens » trouvent désormais des sites où ils peuvent acquérir des connaissances en génétique (comme nous le faisons ici pour la généalogie) et où ils peuvent se porter volontaires pour des recherches en croisant l’une ou de leurs particularités génomiques avec des examens sanguins ou d’autres données.

L’air de rien, voilà une porte immense qui s’ouvre à la thérapeutique mais aussi à la médecine préventive génomique. Quand nous aurons tous notre code génétique dans notre i-phone, pourquoi ne pas l’échanger avec un copain dont la grand-mère a eu la même maladie que la vôtre, et partir ensemble à la recherche du pourquoi et du comment …

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel