Affaire saint Eloi – saint Projet : pendant les travaux, la vente continue
C’est faire beaucoup d’honneur à M l’abbé Philippe Laguérie de répondre publiquement aux mensonges et insinuations qu’il adresse dans son blog à l’endroit des 6 députés qui ont demandé une commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Saint Eloi. Avouons qu’il se focalise surtout sur moi et surtout affirme que je ne connais ni ne respecte la loi.
Monsieur l’abbé Laguérie est fin connaisseur en la matière, lui qui a occupé illégalement Saint Nicolas du Chardonnet. Dans le cas présent, ses dires relèvent purement de la diffamation.
M l’abbé L. prétend citer des extraits de mon courrier au Pape Benoit XVI. Aucun de ces extraits n’a la moindre rapport avec la teneur de mon courrier. Il y a là une volonté évidente de tromper et de mentir. On comparera pour s’en convaincre le texte de l’abbé et les termes de ma lettre présente depuis son envoi en page Bordeaux de ce site. Tout à sa vilennie cet abbé n’a pas eu le moindre soucis de s’informer.
Cela discrédite la teneur de son billet qui est, de plus, contraire aux faits allégués : oui, les décisions de justice ont bien déclaré illégale la dévolution de l’église saint Eloi. Tous les documents, dont Gilles Savary a gardé copie, sont à sa disposition.
Deuxième mensonge : l’abbé Laguérie prétend que je me suis bien gardée d’écrire à Mgr Ricard, archevèque de Bordeaux. Je l’ai fait par deux fois et lui ai par ailleurs adressé copie avant envoi de mon courrier au pape Benoit XVI.
L’ensemble du texte est fort nauséabond. L’abbé Laguérie évoque à charge la réunion publique que j’ai tenue, autour du témoignage d’Olivia Chaumont, sur la trans-identité de genre ; il laisse entendre qu’il y a du franc-maçon là dessous et ne cite jamais le mot de « socialiste » sans le faire suivre d’un point d’exclamation mis entre parenthèses. Quel coupable engagement en effet que d’être socialiste pour ceux qui sont aussi éloignés que lui de la doctrine sociale de l’Eglise.
Un plaisant intermède vient de jeter quelque doute sur le fait « qu’on a beaucoup ri à Rome » à la réception de mon courrier. La visite le 10 juillet à Saint Eloi et à l’institut du bon Pasteur, d’un émissaire du Pape, le cardinal Canizares, préfet de la Congrégation pour le culte divin, a été annulée. Les blogs intégristes avaient interprété cette visite comme une confirmation du soutien pontifical après le scandale levé par les révélations de l’émission de France 2. Eh bien, c’est raté et l’auguste abbé ne prend pas même la peine de la signaler alors qu’il avait écrit un dithyrambe à ce prélat et à sa visite dans un billet précédent.
L’église, telle qu’ainsi représentée par l’abbé Laguérie a un bien mauvais visage, et c’est aussi tout ce que mes interventions, mes actions ont voulu prévenir. Je regrette d’avoir dû consacrer le 1500ème billet de ce blog à ce personnage si peu digne de l’esprit de vérité et de la hauteur de vue qui doit être celle d’un prêtre.
J’ajoute, pour l’information de l’abbé, que j’adresse copie de cette réponse, à Mgr Ricard.
Réception en l’honneur de M. WU Bang Guo, Pdt de l’Assemblée Nationale Populaire de Chine
« Eléments de langage » ou le discrédit de la parole publique
Comment peut-on encore croire à la parole publique quand on sait qu’elle est dictée sous forme d « éléments de langage » ?
L’affaire Woerth-Bettencourt en donne aujourd’hui un exemple affligeant. Une fois connues révélations des entregistrements au domicile de Mme Bettencourt, le pouvoir a pris la mesure de l’évidence du scandale. Après quelques tatonnements (la piètre défense initiale d’Eric Woerth), la stratégie de communication a été mise en place et administrée à la majorité qui la reproduisent en kit, à quelques nuances de langage.
Outrances de langage plutôt. Xavier Bertrand qualifie de « fasciste » le site médiapart, Nadine Morano de « médio-politico-trotskiste ». La distance entre les deux n’est sans doute qu’un « détail »…
La stratégie générale avait été révélée par quelques imprudents avant même d’être mise en oeuvre ; nier et s’offenser, attaquer, discréditer, triompher. L’acte IV devant être celui du Président de la République, qui s’adressera aux Français lundi prochain.
Nous touchons-là à une sorte de sommet d’ absence-de-pensée unique. Elle n’est pourtant pas nouvelle et depuis l’avènement de Nicolas Sarkozy, largement pratiquée. Dès juin, 2007 nous avons connu « le choc de confiance et le choc de croissance » dont la prédiction était reprise en choeur par tous les Ministres pour faire passer la loi TEPA et le bouclier fiscal. Plus tard, on n’écoutait plus qu’une seule formule, sur tous sujets « personne ne sera laissé sur le bord de la route »…
Depuis lors, on a vu de quel « choc » il s’agissait en fait, et les bords de route n’en finissent plus de se remplir.
Une Préfète me disait récemment qu’elle avait décidé de quitter le corps préfectoral le jour où elle avait reçu les « éléments de langage » destinés à son discours de voeux. Ministres, hauts fonctionnaires, parlementaires de la majorité, sont désormais réduits au rôle de moulins à prière tibétains, répétant en boucles ce que le pouvoir leur adresse, déchargés du devoir de penser, d’exprimer leurs engagements et, pour les plus courageux, leurs inquiétudes, d’avoir un lien direct et sincère avec les Français qu’ils administrent ou qu’ils représentent.
Les parlementaires UMP reçoivent pour leurs « lettres » ou autres publications à leurs électeurs un CD rom préfabriqué, rendant compte uniformément de leurs faits et gestes sur tout le territoire. Les témoins qui expriment, photo à l’appui, leur pleine satisfaction de la politique en cours sont les mêmes d’un bout à l’autre de l’hexagone. Députés et sénateurs n’ont qu’à rajouter un choix de leurs meilleures photos, l’adresse et les dates de leurs permanences.
Qui peut croire désormais à une parole que l’on sait préformatée par les cabinets de communication et passée à l’imprimatur élyséen ? Qui peut-même continuer à l’écouter ? Et avoir envie d’aller voter ?
On retiendra de Nicolas Sarkozy, au moins autant que d’avoir largement contribué à vider les caisses de l’Etat, d’avoir vidé de son sens l’action publique. C’est incroyablement grave et je ne sais comment nous le supportons.
Où allons-nous ?
Extrême tension ce soir à l’Assemblée. Non pas tant dans l’hémicycle lors des questions d’actualité qu’avant et après elles. Nous sommes au coeur du système, dans le noyau dur de la Sarkozie, celui où tout le monde (la majorité) fait bloc parce que tout le monde en dépend. L’argent…
Bien sûr, une évidence n’est pas une preuve, mais elle reste une évidence. Et nous en sommes là.
Pour aller où ? C’est la question et elle est grave. Remontant dans mon bureau, après m’être arrêtée un moment dans la cour d’honneur de l’hôtel de Lassay pour chercher des réponses, je n’ai trouvé que des hypothèses ou plutôt d’autres questions dont aucune n’est rassurante.
La remise de fonds non déclarés pour la campagne présidentielle pourra-t-elle être démontrée ? Rien n’est moins sûr. Non que les renseignements donnés par la comptable ne paraissent pas fondés ni, partiellement au moins, vérifiables. Les dates sont précises que tous les banquiers du monde enregistrent avec précision et peuvent confirmer.
Les motivations du témoin (cette comptable) paraissent recevables. Du moins, comprendrait-on plus facilement qu’elle ait fait des déclarations contraires ou qu’elle n’en ait fait aucune. Se serait-elle tue, elle aurait certainement été accueillie de manière « amicale » par ceux qui avaient intérêt à ce qu’elle se taise.
Les banquiers livreront-ils les renseignements nécessaires ? Rien n’est moins sûr et, pour autant, pas impossible.
. Imaginons que l’on parvienne à faire de l’évidence une preuve. Que peut-il advenir ? J’ai interrogé sur ce point nos plus fins constitutionnalistes. L’élection présidentielle , au contraire de la plus modeste élection cantonale, ne s’invalide pas. Le Président ne pourrait être sanctionné que par un vote de l’Assemblée (trahison, prise illégale d’intérêt) : la majorité lui est acquise. Cela ne sera pas.
. Hypothèse 2. Le Président, sentant la situation perdue, garde le pouvoir de la dissolution. La gauche a, alors, de fortes chances de l’emporter. Le Président peut miser sur son épuisement en face du double enjeu de faire face au discrédit du pouvoir et de la préparation de la prochaine présidentielle.
Pari hautement risqué, dont l’expérience de 1997 parait préserver le pays. Peu probable mais possible cependant.
. Hypothèse 3 , le contraire de la campagne de Russie : l’enlisement. Non dans l’hiver russe, mais dans la torpeur du mois d’août. Sarkozy et Woerth font le gros dos, tiennent et tiennent la majorité et on recommence à la rentrée avec deux ans de plus de décadence morale et de naufrage économique.
On comprendra aisément que mon moral n’est pas ce soir à la hauteur du déficit public. Je compte très fort sur les fidèles de ce blog pour apporter l’éclaircie d’une hypothèse 4 (ou, comme on voudra, d’un « plan D ») qui nous permette de nous sentir moins mal ou moins inquiets.