m

L’honneur de l’Europe

L’honneur de l’Europe est aujourd’hui en Espagne qui accueille l’Aquarius et ses 629 migrants dans le port de Valence. Très beau signe du nouveau premier Ministre socialiste Pedro Sanchez et de son Gouvernement.

Je n’ai pas le coeur à la polémique sur ce sujet. Mais n’y a-t-il pas aussi des ports français sur la méditerranée ? Pour n’en citer que deux, Marseille et Toulon, a-t-on un instant entendu leurs maires Jean-Claude-Gaudin et Hubert Falco ?

Mais, bien sûr, le premier à s‘exprimer aurait du être notre Gouvernement. Quelle occasion pour Gerard Collomb de tempérer des paroles très malheureuses concernant les réfugiés ! Quel signe remarquable pour le Président de la République de montrer que l’Europe n’est pas qu’un enjeu économique ?

Je n’évoque par le nouveau Gouvernement italien, qui a refusé l’accostage de l’Aquarius. Mateo Salvini a crié « victoire » après la proposition espagnole. Fâcheuse parole mais quand nous aurons accueilli le dixième du nombre de migrants ayant accosté à Lampedusa ou dans d’autres ports, nous pourrons nous exprimer sur l’évolution inquiétante de l’opinion et du vote de la Péninsule (très précisément, l’Italie a accueilli 131 300 migrants et réfugiés en 2016, la France 13 000).

Il n’y a pas de pollution plus inacceptable en méditerrannée que les 33 300 morts « emmerrés » dans ses flots que l’on imagine bleus mais qui sont à tout jamais souillés du noir de leur deuil.

 

J’aimeAfficher plus de réactions

« Tomber pauvre », vous avez dit « tomber pauvre », M le Président ?

Dans une sorte de sketch diffusé sur les médias sociaux et sans doute pas totalement spontané, Macron inaugure l’expression « tomber pauvre ».
L’usage du mot « tomber » m’a souvent interrogée en particulier dans « tomber amoureux », comme aussi dans « tomber enceinte », deux situations qui n’évoquent pas la chute dans un état fâcheux et j’oserais dire que « monter amoureux » me paraitrait plus proche de l’état particulier où conduit le fait d’être amoureux.

« Tomber malade » est plus justifiable. Mais qu’en est-il de ce « tomber pauvre »? L’impression de descente vers un état moindre n’est-elle pas porteuse de quelque nuance freudienne, je ne dirais pas de mépris mais en tout cas tout à fait contraire aux enseignements de la bible ?
Et pour le moins, à celui qui « tombe pauvre » ne faut-il pas une main pour aider à le relever ?

Pour des droits universels de la personne âgée

Il y a presque trente ans, le 20 novembre 1989, l’Assemblée générale des Nations-Unies votait une « convention relative aux droits de l’enfant » (CIDE). Texte remarquable, qui édicte un certain nombre de droits fondamentaux spécifiques à l’enfant (moins de 18 ans) et vient compléter les droits fondamentaux de la personne humaine.

Les chiffres du vieillissement de la population mondiale font éclater au grand jour l’urgente nécessité d’un texte similaire relatif aux droits de la personne âgée.
On pense bien sûr d’abord au grand âge et à la vulnérabilité; c’est en effet sur ce critère de vulnérabilité que l’Assemblée des Nations Unies fonde la nécessité d’un droit de l’enfant complémentaire à ceux de tous les citoyens.

Combien de personnes âgées vulnérables ou fragiles aujourd’hui –et plus encore demain– dans le monde ? Et rien qui les protège, même si nous savons, à l’exemple des droits de l’enfant, que cette protection n’est que partielle et que de nombreux pays s’en exonèrent dans les faits, en particulier par le travail des enfants.

Le droit à l’Education et le droit à la santé, tous les deux financés par les Etats, constituent une des mesures majeures de la Convention des Nations Unies : est-ce que ne s’impose pas de la même manière le droit à l’accompagnement et aux soins des grands âgés ? Le sujet apparait comme une évidence et une version française de ces droits  qui peut servir de base de travail, a été rédigée en 1999 par la Fondation Nationale de Gérontologie.

Ce sont ces droits universels que j’ai porté lors d’une conférence ministérielle de l’ONU , le 20 septembre 2012. A titre individuel, j’ai été approuvée par nombre des Ministres présents, qui ajoutaient cependant qu’ils ne pouvaient prendre de position officielle, les Etats redoutant que ces « droits fondamentaux » qui deviendraient alors contraignants n’imposent de lourdes obligations financières, en particulier sur le droit à l’accueil et à l’accompagnement des personnes en perte d’autonomie lourde. Il a été intéressant alors de constater que ce n’étaient pas les Etats les plus riches qui étaient les plus allant mais au contraire des Etats économiquement moins favorisés de culture latine ou africaine.

A mon retour de la conférence, j’ai saisi le Comité National Consultatif des Droits de l’homme, sur l’effectivité des droits de la personne âgée en France et son avis nous a aidé dans la préparation de la loi ASV qui comporte un chapitre « droits et libertés de la personne âgée ». Sur le plan international, le dossier n’a pas avancé, en premier lieu pour les raisons financières indiquées.

Je voudrais si fort que notre pays reprenne ce flambeau et que les Ministres @AgnesBuzyn et @JY-LeDrian s’en emparent. Je ne suis pas adepte de la flagornerie mais je pense fondamentalement que c’est un défi à leur hauteur et plus encore, à celle de la France.

Et si nous le portions aussi ensemble ?

@agnesbuzyn Jean-Yves Le Drian @eurightsagency @Tjagland @R_Bachelot @mamontchamp CNSA France Diplomatie Ministère des solidarités et de la santé

Régler les pendules à l’heure de la longévité

Le groupe AÉSIO vient de publier un sondage qui montre le retard de la prise en compte de la longévité dans les mentalités. La question est « A quel âge est-on considéré comme âgé dans la vie en France ?
Trois différentes réponses :
-dans la vie professionnelle, à 57 ans.
-dans la vie en socièté, à 64 ans.
-dans la vie personnelle, à 68 ans

Laquelle de ces réponses est la plus décalée ? Sans doute, la première, au regard de l’âge de la retraite mais surtout de l’emploi des seniors. L’épidémie de départs anticipés qui a été largement favorisée il y a une dizaine d’années a radicalement dégradé l’image du senior en emploi. S’il peut partir plusieurs années avant l’âge légal, c’est donc qu’il est moins utile et moins productif. Deux conséquences gravissimes : plus propositions de formation, ni plus de promotions après 55 ans. La France tient de ce point du vue un rang catastrophique parmi les pays européens.
Deuxième conséquence : ce senior dévalorisé est plus qu’un autre absentéiste, y compris dans les métiers sans pénibilité physique ce qui ne fait qu’aggraver la boucle de dévalorisation.

Agé dans la socièté ? A 64 ans, au contraire, les sexagénaires constituent le pivot de notre cohésion sociale dans les associations, les municipalités, les partis politiques et bien sûr les familles, quand ils ne sont pas toujours en activité et heureux de l’être.

Dans la vie personnelle ? Les réponses sont là bien sûr plus individuelles. Mais j’invite les sexagénaires avant de se découvrir âgés à comparer leur état physique, leur capacité à se déplacer, à voir, à entendre.. à ceux de leurs parents et grands parents.

Mais c’est bien sûr la longévité qui doit retarder les pendules. Peut-on être considéré comme âgé au travail quand on a EN MOYENNE 35 ans d’espérance de vie ?

Même chose pour l’âge dans la socièté : à 64 ans est-on décidément un « géronte », bon pour le « retrait », non seulement du travail, mais de la participation à la socièté et à sa construction. Examinez l’âge de personnalités politiques, artistiques, scientifiques.. que vous jugez comme utiles et productives, vous serez sans doute surpris ..

Il est sans doute plus difficile de statuer sur l’âge dans la vie personnelle et l’on ne peut s’exprimer que pour soi et si je propose à chacun de répondre pour lui-même, je le fais aussi, simplement. Si une de mes pattes arrières me fait dire « Aië ! » plus qu’à mon goût, je peux la réparer, changer des pièces et améliorer la situation. Pour le reste, je suis « âgée » mais simplement comme on est « jeune ». Je ne considère ni mon conscrit @JY_LeDrian , ni moi-même comme une « personne âgée » et j’ai détesté le nom de mon ministère « aux personnes âgées » tellement celles-ci ne sont qu’une partie du champ que nous a ouvert la transition démographique.

Faire d’une voie de garage une voie d’excellence

Disons-le sans faux semblant : l’apprentissage demeure une voie considérée comme répondant à des situations d’échec, mal valorisée, mal portée par la classe politique. Hors du constat, nulle proposition de la part de ceux qui prétendent le rendre plus attractif, ne serait-ce que de la part des Ministères de l’Education et de l’enseignement « supérieur ».

L’urgence est pourtant réelle : la baccalauréat, examen qui connait 90% de taux de réussite, ne peut être considéré comme le sésame automatique ouvrant la porte de l’Université, avec les frustrations que l’on connait dès la fin de la 1ère ou de la 2ième année, quand ce n’est pas à la fin des études devant l’absence de débouchés de la carrière choisie.

C’est l’Université qui doit alors évoluer, ne serait-ce que dans son vocabulaire. Parlons de ce que je connais le mieux : les facs de médecine et les formations scientifiques. Pourquoi ne pas réunir les premières années et l’externat sous le nom d’ « École d’apprentissage » ? Même chose pour les stages divers dans les services hospitaliers, auprès des médecins libéraux ou dans des laboratoires. « Mon fils fait son apprentissage de prothésiste, de physicien nucléaire, d’imagerie cérébrale, de clinique pratique »… Ce qualificatif seyant particulièrement à nombre de spécialités qui s’apprennent bien davantage outil en main (qu’il s’agisse d’un scanner ou d’un bistouri) que cerveau dans les livres.

Bref, « apprenti » sera un mot d’autant mieux évalué qu’il s’appliquera tout autant au carénage des bateaux, à la mise en place d’une orthèse qu’à la mise au point d’un appareil à résonance magnétique ou d’une caténaire de tram.
Et, pour ma part, c’est un mot que j’aime beaucoup. Rester « apprenti », c’est ne jamais vieillir.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel