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Mettre le SMIC horaire en face du coût de l’heure de stationnement

(Monsieur le Maire*), les Bordelais, dans leur grande majorité, désapprouvent à la fois la méthode et les termes de votre politique de stationnement ; Et d’abord, parce qu’ils ont compris que les enjeux écologiques et la pollution constituaient pour vous un écran de fumée et que votre enjeu était d’abord budgétaire

 C’est la raison pour laquelle j’aborde ce sujet dès l’étude du budget de la ville. Deux preuves:      -la mise en place du stationnement au quart d’heure, faite pour améliorer le pouvoir d’achat des Français, n’a amélioré que celui des délégataires qui en avait certainement bien moins besoin. Le coût horaire a en effet augmenté de 8 à 10%. Reconnaissons que Bordeaux n’est pas seule en ce cas : ce n’est pas étonnant, les délégataires sont bien souvent les mêmes

-vendredi dernier, 23 mars, au conseil de Métropole, vous avez fait voter une augmentation des tarifs de parkings au delà de l’augmentation contractuelle, alors que ces parkings étant largement amortis, ces tarifs auraient dû diminuer. Pas de surprise : là, aussi, c’est au bénéfice des mêmes

Mais le plus choquant, c’est que toutes les mesures sont prises sans aucune vision d’ensemble. Nous aurions attendu une stratégie globale, examinant ensemble le stationnement de voirie et le stationnement en ouvrage, mais aussi les offres de stationnement privé (à la place ou non) ainsi que le prix des locations et des ventes de garages. Ajoutons-y les parkings de proximité malgré leur manque criant et les parkings de diverses structures dont on attend toujours qu’elles puissent être mises à disposition gratuitement le week end et hors des horaires de travail.

Et pour tout cela aussi votre règle : la concertation vient après la décision, pas avant, avec une conséquence assez délétère : votre politique se fait selon le rythme « deux pas en avant, un en arrière et l’autre de côté. Au total : 100% de mécontents . Vous avez beaucoup raillé notre demande de moratoire,  pour autant, une remise à plat et en cohérence, une concertation soutenue après analyse des impacts sociaux et économiques de chaque décision était et reste indispensable.

La colère des habitants de Cauderan ou de saint Augustin a donc eu plus de poids que celle de la Bastide, de Bordeaux sud ou du Grand parc. La colère de ces derniers, les habitants du Grand Parc, a toutes raisons : est-il moral d’imposer un même tarif dans les quartiers « politique de la ville » que dans ceux qui ont le plus haut revenu par tête ?

L’incompréhension des Bordelais, comme la nôtre vient du fait que vous imposez des coûts qui ne sont pas en proportion du service rendu. Et plus encore que vous ne mettez pas non plus en regard de l’heure de stationnement le montant du SMIC

L’incompréhension des Bordelais vient du fait que vous imposez des coûts qui ne sont pas en proportion du service rendu. Et plus encore que vous ne mettez pas non plus en regard de l’heure de stationnement le montant du smic horaire (9,88 euros au premier janvier 98) faisant, de plus en plus, de la mobilité et du stationnement, un discriminant social. Au passage vous m’avez assuré que notre ville était la moins chère pour les tarifs de parkings : première heure de nuit à Camille Jullian : 2 euros le quart d’heure. Au parking de la cathédrale, à Nantes : 0,2 euros soit dix fois moins

Plusieurs d’entre nous souhaitent une gestion métropolitaine de la politique de stationnement : pour ma part, je comprends les municipalités qui la refusent : ils ne veulent pas se voir imposer une politique brutale et incohérente. Ont-ils pour autant moins de besoins financiers ou d’ambitions environnementales ?

Un autre point : le coût des différents modes de stationnement fait exploser le coût du foncier dont vous plaignez régulierement. Examinons par exemple le coût des amodiations, c’est à dire de la propriété transitoire d’une place de parking : 43 000 euros pour une proprièté de 15 années. Les prix des garages privés ont déjà fait la culbute, ils vont continuer.

Votre souci majeur est la rentabilité financière, l’horodateur joue le rôle de machine à sous, laquelle ne profite on le sait bien qu’au directeur de casino. Huit millions en 2017, et les nouvelles mesures qui devaient porter ce chiffre à 11 millions, et la promesse que cela ne fera qu’augmenter. Ce n’est certainement pas là une manière de faire aimer la bataille environnementale en lui donnant toujours et partout le gout et la couleur d’un impôt nouveau.

Et ne méprisons pas les effets secondaires de ces décisions : les jardins qui se transforment en parcs de stationnement dès qu’on peut leur faire une ouverture sur la rue, la moindre des cours que l’on offre à la location en place de stationnement…

Parmi les raisons de la croissance continue de l’absentéisme, il y a de plus en plus les difficultés de déplacement et de stationnement. Vous nous avez dit vendredi que vous étiez très soucieux des conditions de travail de vos salariés. Eh bien ces difficultés en font désormais partie. Et la pénalisation du travail va au delà : c’est aussi celui des artisans et des commerçants, des étudiants qui venant de loin , ne peuvent se garer à la Bastide. Tant d’autres..

(Chers Collègues*) , ayons ce réflexe à la fois éthique et pragmatique de mettre en face d’un coût que nous imposons, le service que nous rendons mais aussi la valeur intrinsèque de ce coût en le transformant en biens indispensables et en salaire. Ce doit être la base d’un nouvel examen et je l’espère d’une refonte de notre politique de stationnement.

*texte, tel que prononcé, en Conseil Municipal, le 26.03.2018

 

 

« Mon frère ce héros »

Dans l’Aude, ce 23 mars, un jeune gendarme s’est substitué au dernier des otages retenu par un groupe terroriste. Il est maintenant, après trois heures de face à face avec ceux qui le retenaient, grièvement blessé et je ne peux que profondément souhaiter que mes confrères médecins le sauvent.

Cette histoire m’a fait souvenir d’une autre. Dans un camp nazi, un jeune résistant, père de famille, avait été condamné pour je ne sais quelle raison (mais y avait-il alors besoin de raisons ?) à mourir de faim et de soif dans un cachot.

Un prêtre de son âge, a proposé aux autorités du camp de le remplacer dans le cachot comme dans ce terrible destin. Les chefs du camp ont accepté et, pire du pire, comble du dédain envers toute grandeur, ils l’ont laissé mourir, jour après jour.

Cette histoire ne m’a jamais quittée. Le Lieutenant-Colonel Beltrame la ravive : ainsi l’héroïsme n’a pas disparu dans les conditions de vie émollientes de la plupart d’entre nous. Puisse-t-il être ramené à la vie pour que nous puissions lui en faire l’hommage.

Une mise en examen, deux inquiétudes

Dans un billet d’il y a 7 ans presque jour pour jour (mars 2011), je posais la question d’une intervention militaire française à Benghazi, ville libyenne assiégée et j’approuvais l’urgence de ne pas la laisser détruire. Cette intervention a eu lieu, mais les événements ultérieurs, s’ils ont amené à la fin d’une dictature, ont débouché sur le chaos. Où se situait alors le moins pire, je ne le sais toujours pas.

Aujourd’hui, la mise en examen de Nicolas Sarkozy aggrave cette interrogation et lui donne une nouvelle dimension, assez terrible pour tous ceux qui croient et veulent croire en la noblesse de la politique. L’éviction de Kadhafi se double désormais d’une présomption de cynisme et de duplicité . Je ne dois pas être seule à faire face à une double et grave interrogation sur nos motivations dans le drame libyen aboutissant à la mort de Kadhafi  et sur le rôle de ce même Kadhafi dans la campagne présidentielle française de 2007.  Ceux qui, au Parlement, ont voté notre intervention militaire (j’en faisais partie), ceux qui, membres du Gouvernement d’alors, l’ont approuvée, voire dirigée, ne doivent, eux-non plus,  pas être exempts de ce qui constitue une authentique souffrance.

Une mise en examen ne dégage en aucun cas de la présomption d’innocence. Et j’ose dire que pour la France, pour la Politique,  je souhaite ce soir encore que les faits évoqués aujourd’hui soient faux.

 

« Âgée », comme les jeunes sont « jeunes »

Je suis « âgée », comme les jeunes sont « jeunes ». Ni plus, ni moins. Ni « personne âgée » qui évoque derechef la marche hésitante et la fragilité du cerveau. Croisant le Maire de Bordeaux, auriez-vous l’idée de dire « ah, tiens, j’ai rencontré une personne âgée ». La réponse est évidemment « non » et j’espère qu’il en serait de même pour Jean-Yves le Drian, Dany Cohn-Bendit, et .. pour moi : nous sommes, tous les 4, « conscrits » .

« Âgés », donc, pas « anciens », pas même « seniors », pas non plus « vieux ». Moins encore, si ces termes sont agrémentés d’un détestable pronom possessif « nos anciens », ou pire encore de quelque qualificatif du genre « les petits vieux ». « Âgé » dans sa simplicité dit l’exacte vérité et constitue l’exact contraire de « jeune ». Âgée, je suis, âgée je reste, juste au jour où j’accéderai au grand âge et où je l’avoue, je préfèrerai « grand âgée » à « petite vieille ».

Sans importance le vocabulaire ? Tout au contraire, il est la base de tout, de l’image que l’on se fait et qu’on donne de l’âge. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement », et j’ajouterais : simplement. Dire les choses dans leur vérité nue, sans s’emberlificoter de formules, toujours aussi maladroites que délétères, démontre d’une gène, voire d’une incapacité à concevoir. C’est en partie ce qui explique la difficulté des hommes politiques à parler de l’âge et du vieillissement de la population, comme de tout ce qui concerne la transition démographique. Je dis bien « les hommes politiques » : les femmes du même métal sont beaucoup plus à l’aise, ne serait-ce que pour dire, et même affirmer, leur âge.

Mais justement que penser des mots « vieillir » et « vieillissement » ? Qu’ils sont porteurs d’une nuance d’amoindrissement et de limitation. Il nous manque un verbe qui existe en anglais (to age, qui donne par exemple « active ageing »). La traduction la plus proche en français est « avancer en âge », qui n’a pas cette jolie simplicité de son équivalent anglais. « Vieillir », c’est un peu comme « diminuer en âge » et si cela peut être juste (« elle a beaucoup vieilli »), ce n’est pas obligatoire : les années peuvent s’empiler sans régression justifiant d’être contenue dans le mot.

Cette semaine est celle de « la langue française et de la francophonie ». Profitons-en pour essayer de gagner la bataille du langage de l’âge, ce qui permettra de libérer la parole de tous ceux qui ne savent pas se débrouiller du sujet (médias, élus ..) . Et, autre exemple, renonçons pour toujours à l’horrible expression de « maintien à domicile » qui fait froid dans le dos pour la remplacer par « soutien à domicile » qui, lui, est bien souvent nécessaire et légitime…

Libérer et surtout entendre la parole des Âgés

La journée de mobilisation des retraités du 15 mars 2018 et, parallèlement, celle du personnel des EHPAD, marque le début de l’ « empowerment » des Âgés qui ne se sont pas exprimés seulement pour leur pouvoir d’achat, mais pour manifester leur place et leur rôle dans la société. Ce sujet n’est pas facile à exprimer en slogans, mais leur nombre, le défi qui leur faisait crier dans les cortèges « Macron, t’es foutu, tous les vieux sont dans la rue » veut dire exactement cela.

Emmanuel Macron, auprès duquel je m’étais exprimée en ce sens lors d’un long entretien alors qu’il était encore conseiller de François Hollande, l’a aujourd’hui parfaitement perçu. La hausse de la CSG des retraités « aisés », la fixation très choquante du seuil de cette aisance à 1200 euros mensuels, l’absence de fléchage de cette contribution en faveur d’un plan grand âge/EHPAD, sont des erreurs majeures qu’il a cherché à expliquer lors d’une sorte de « spot télévisé » en face d’une retraitée qui lui posait opportunément la question du « pourquoi ». Les députés LREM eux-mêmes s’inquiètent, prenant conscience du poids politique considérable que représentent ces âgés (16 millions de votants fidèles sur 46 millions d’inscrits sur les listes électorales). Le mal est fait : espérons que pour y remédier, une plus grande latitude financière sera donnée à la Ministre Agnès Buzyn pour ses réformes dans le champ de la perte d’autonomie.

Mais revenons à cet « empowerment ». Après celui des femmes, celui des 25 % de Français âgés. J’utilise toujours avec réserve le terme de « retraités », d’abord parce que tous ne le sont pas, mais surtout par ce qu’il suppose de « mise en retrait », ce qui est l’inverse de la réalité pour la génération qui est la mienne. Ces « plus de 60 » sont la colonne vertébrale de notre cohésion sociale et ils veulent participer de ce « nouveau monde » dont la longévité constitue un élément essentiel. Les Etats-Unis le comprennent aujourd’hui, qui embauchent aujourd’hui les « seniors » comme consultants, conseillers, directeurs associés, dans leurs entreprises.

Avouons-le : cette journée de prise de conscience, par le gouvernement et par eux-mêmes, de la force des âgés, a ravivé pour moi l’immense regret de n’avoir pu réaliser l’acte II de la loi d’adaptation au vieillissement, que voulait Jean-Marc Ayrault, que voulait retarder au maximum la Ministre de la santé d’alors. L’acte I est centré sur le domicile, l’acte II devait l’être sur le grand âge et les établissements. Coûteux certes, il eût pu constituer le totem social du quinquennat de François Hollande. Toujours annoncé, toujours attendu, toujours repoussé, on mesure aujourd’hui son urgence et son exigence. Je le dis simplement : soutenons l’actuelle Ministre pour qu’elle puisse y parvenir.

J’ai déjà évoqué des pistes pour ce plan grand-âge et j’y reviendrai. C’est du devoir de ma génération d’y contribuer : son nombre, sa culture d’autonomie et d’émancipation, lui impose aujourd’hui de concevoir la « révolution de l’âge » que trop de politiques s’obstinent à ne pas voir, à la fois par crainte pour eux-mêmes et parce qu’elle ne peut se faire sans une profonde remise en perspective de notre modèle social.

Voir aussi : revoir le modèle des EHPAD

 

 

 

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