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Burka or not Burka

En voilà encore un qui est fidèle à sa personnalité : beau parleur, pourfendeur de cerfs volants, il prend de court la mission parlementaire pour occuper l’espace médiatique, qui s’annonce un peu vide dans cette période de fêtes.

Ainsi un projet de loi interdisant le port de la burka va tomber à la rentrée sur les bureaux de l’Assemblée. Ce n’est pas un scoop : alors même que la mission parlementaire devant réfléchir à ce sujet sensible s’installait il y a six mois, Copé proclamait partout : il y aura une loi parce que je l’ai décidé. Copé ne pourfend pas que les cerfs volants mais les voiles islamiques. C’est un spécialiste du vent.

L’inconvénient est que, ce faisant, Copé discrédite le travail parlementaire alors que son fonds de commerce, en face de Sarkozy, est de le défendre. C’est l’histoire du corbeau qui non seulement laisse tomber le fromage qu’il tient en son bec mais scie l’arbre sur lequel il s’est perché.

Il y a plus grave : ce projet de loi est une erreur.

Concrètement tout d’abord parce qu’il est inapplicable. En face des 284 femmes porteuses de burka dénombrées récemment par des inspecteurs capables d’identifier sans les confondre des femmes invisibles, que ferons-nous ? Leur interdire l’accès aux services publics ? A l’espace public ? Qui, dans ce cas, les en chassera et comment ?

Politiquement ensuite : la burka n’est pas un signe religieux (le Coran n’en dit pas un mot) mais une arme politique, du moins dans les pays occidentaux. Une loi strictement focalisée sur ce signe et même sur ce mot, risque d’en multiplier le port.

Alors, ne rien faire ?

Sans doute si. L’idée est peut-être de se situer uniquement du point de vue de la liberté de la femme et de sa non-discrimination. Une de nos collègues a proposé d’inclure le voile intégral dans le cadre des violences faites aux femmes (qui vont faire l’objet d’une loi) et c’est une piste intéressante.

Il faut bien dire : violence faite AUX femmes et non à la femme qui la porte, car celle-ci proclamera qu’elle est consentante et que c’est son choix. Mais cela ne suffit pas à rendre le port du voile légitime.

Faisons une comparaison osée : une femme ou un homme peut se déclarer consentant à des pratiques sado-masochistes. Cela ne suffit pas à les autoriser.

Depuis six mois la mission parlementaire travaille : avec mesure, sens de la responsabilité et en auditionnant de nombreux intellectuels et responsables religieux.

Ne pouvait-on attendre son rapport ?

« La générosité des Français », mardi 22 décembre à 20h sur LCP

En tant que Députée, élue locale et Vice-Présidente du groupe d’étude « Cancer », Michèle DELAUNAY participera à l’émission « ça vous regarde » mardi 22 décembre, à 20h en direct sur La Chaîne Parlementaire (LCP).

L’émission s’intitulera : « Pourquoi la France est-elle généreuse ? » : modèles européens de collecte de fonds, méthodes marketing et usage des dons en France seront entre autres des thèmes abordés.

Autres personnalités présentes :

– Marc BERNIER, Député UMP et membre du groupe d’étude « Cancer »
– Dominique LEMAISTRE, Directrice du Mécénat pour la Fondation de France
– André HOCHBERG, Président de France Générosités (qui a longtemps travaillé pour le Secours populaire).

« La philanthropie est une vertu douce, patiente et désintéressée, qui supporte le mal dans l’approuver » »
François de Salignac de la Mothe Fénelon

N’oubliez pas, mardi à 20h sur LCP !

Identité nationale : cherchez l’erreur

Non, ce ne fut pas un grand jour pour la République, non plus que pour la vérité, cette grande dame qui entretient des relations si difficiles avec sa sœur prolétaire, la réalité

Nous étions le 12 décembre. Alain Juppé et le Préfet Dominique Schmitt s’étaient porté ensemble à l’initiative d’une cérémonie d’accueil aux nouveaux Français, naturalisés à Bordeaux dans l’année. Dans le contexte du débat sur l’identité nationale, cette entreprise qui est une nouveauté à Bordeaux prenait un sens particulier.

Discours d’Alain Juppé. Premier hic. Le premier magistrat en sa bonne ville précise que c’est lui et sa municipalité qui invitent en ce beau jour, et que la manifestation se tient dans l’enceinte du Grand Théâtre puisque lui et elles en sont propriétaires.

Manqué ! Le Grand Théâtre appartient aux Hôpitaux de Bordeaux (désormais au CHU) et c’est bien méconnaître la très belle histoire de cette propriété qu’ignorer ce fait qui date de la royauté et a été confirmé après la révolution par une nouvelle donation à ce que l’on appelait alors « les hospices ».

La suite du discours n’est pas plus fidèle à la vérité historique. Notre normalien de Maire part sur une belle dissertation sur les trois mots inscrits au fronton de nos mairies. Il les attribue, comme ce matin dans Sud Ouest, à la Révolution française et à ses pères fondateurs. « Deux cents ans et ces trois mots de Liberté, Egalité, Fraternité n’ont pas pris une ride ».

Las ! Ce beau front sans rides est du à une erreur de date et une deuxième propriété fautive. La Déclaration des Droits de l’Homme ne connaît que « Liberté » et « Egalité » et la Révolution française n’en a jamais fait sa devise officielle. Ce n’est qu’en 1830 que la trilogie est apparue sous la plume du socialiste Pierre Leroux et du Républicain Ledru-Rollin et ces trois mots ne seront reconnus comme les « principes » de la République qu’en 1848.

Pas de chance décidément.

Le couronnement (si l’on peut oser le mot) vint pourtant avec le discours du Préfet, déclarant en nous invitant à débattre de l’identité nationale qu’il était « le représentant du chef de l’Etat et du gouvernement ».

Point du tout ! Le Préfet ne représente pas le chef de l’Etat, mais l’Etat, cet Etat impartial, démocratique et républicain, qui fait que là où il est présent est présent l’Etat et ses principes.

Il y a des matins où les erreurs sont plus signifiantes que la vérité..

Flopenhague

Tout à l’heure, quelque part dans la matinée alors que nous inaugurions notre permanence de campagne régionale, j’ai appris qu’Alain Rousset avait fait le voyage de Copenhague. La foule était dense, je n’ai pas eu le temps de l’interroger : comment pouvait-on négocier à Copenhague ?

Je n’ai pas d’autre expérience qu’indirecte des réunions internationales. J’y ai accompagné à l’occasion l’un ou l’autre de ces « négociateurs » : l’essentiel était fait avant d’arriver. On négociait surtout sur la place des points virgules dans le texte final, sur le sens d’un mot dans ses diverses traductions, sur l’élimination d’un autre qui pouvait être mal compris dans une des langues officielles.

A Copenhague, ils étaient, à des moments divers, plus de 150 chefs d’Etat et de Gouvernement. Chacun avec dans leurs bagages une cohorte d’importants qui voulaient dire en rentrant qu’ils y étaient. Tous, sous les yeux de quelques milliers d’observateurs, de participants, d’opposants, de théoriciens, d’écolos de la 25 ème heure et d’écolos véritables. Comment a-t-on pu constituer les cénacles restreints où l’on pouvait sérieusement négocier ?

L’Amérique du Sud avait elle négocié avec l’Amérique du Nord ? Les Américains avec les Chinois ? Les Européens avec les Africains ?

Qu’avaient été les travaux préparatoires à ce sommet ? Qui avait rencontré qui ? Où étaient consignés les « acquis » et les « restant à débattre » ?

Ou bien encore tout le monde était-il allé à Copenhague comme sur l’agora, en se disant que le meilleur parleur convaincrait les autres ?

En écoutant, en milieu de semaine, Nicolas Sarkozy au pied de l’avion, dire qu’on verrait bien ce qu’on allait voir après son arrivée, j’ai eu l’absolue certitude que nous allions à un échec.

Echec, il y a eu. Quel plus beau message de noël nous aurions pu pourtant pu avoir, si ce bel aréopage mondial avait accouché d’un engagement soucieux des uns et des autres.

Pourquoi ne savent-ils pas (pourquoi ne savons-nous pas) qu’on ne se sauve jamais tout seul ?

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel