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Affaire Jean Sarkozy : Michèle Delaunay décoche une flèche dans l’hémicycle

Libération.fr, le 13 octobre 2009

POLEMIQUE – Michèle Delaunay, la députée de Gironde qui avait déjà réagi très promptement en fin de semaine dernière, à la possibilité de la nomination de Jean Sarkozy à la tête de l’Epad (établissement d’aménagement de la défense), importe aujourd’hui l’affaire dans l’hémicycle. Par le biais d’une question à Martin Hirsch, haut commissaire aux solidarités actives et à la jeunesse, elle remue un peu plus le couteau dans la plaie de la majorité.

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De Jean Sarkozy et du cheval Incitatus

J’ai écrit la tribune qui suit dans l’avion qui me ramenait de Paris le soir du 9 octobre. Le débat sur les jeux en ligne et le retard de l’avion m’avaient mise d’une humeur exécrable. J’ai écrit d’un trait, sachant bien que, même sous une forme abrégée aucun journal ne publierait ce texte ; sachant aussi que son format, son ton, n’étaient pas celui d’un blog. Je n’ai pas décoléré depuis. Une pétition se met en marche, les Socialistes se réveillent, l’affaire ne sera peut-être pas classée sans suite…

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Le temple des marchands

Je suis bouleversée d’entendre (à l’instant) un débat sur France-Inter où deux des sujets clefs sont, bien évidemment, Mitterrand et Jean Sarkozy.

Devant les micros, Patrick Balkany, Jean-Marie Colombani, François Rebsamen, Maurice Szafran. Un seul pour dire que, dans la première « affaire », la responsabilité ne revenait pas à Mitterrand mais à celui qui l’avait nommé. Mais surtout, concernant Jean Sarkozy, pas un, pas un seul pour parler de la situation des jeunes de l’âge de Jean Sarkozy, en France aujourd’hui, pas un seul pour parler d’exemplarité républicaine, pas un seul pour dire qu’être élu dans les Hauts-de-Seine quand on est ump et fils du président de la République ump est une auréole de petite gloire.

Que Patrick Balkany dont le fils Alexandre, au même âge que JS possède une société de jeux en ligne, parle à propos du fils de Nicolas Sarkozy de « Mozart qu’on assassine », que pouvait-on attendre d’autre ? Je cite « J’ai connu son père au même âge, il est encore plus talentueux, lui seul peut avoir cette vision d’avenir pour un lieu où se décide l’avenir de la France » (les derniers mots sont approximatifs). Mais, pour gérer ce temple des marchands, ce budget considérable, il faut non seulement du talent, mais surtout du caractère, et en avoir fait preuve !

Que Jean-Marie Colombani, ex-directeur du Monde, ait entonné les trompettes de la renommée, c’est décevant, très décevant, mais il ne fut jamais ni Beuve-Méry, ni Mauriac. Mais que François Rebsamen, numéro deux du Parti Socialiste il y a peu, n’ait à aucun moment mis en perspective cette nomination avec la désespérance des jeunes, avec les belles paroles de Laurent Vauquiez, avec le petit plan de Martin Hirsch, qu’il n’ait à aucun moment dit que, s’il avait 23 ans, qu’il se sentait du talent, pas forcément moins de talent que le jeune Sarkozy, il aurait envie de hurler ou de casser quelque chose, cela, oui, m’a bouleversé. Où sont les socialistes s’ils ne s’exonèrent pas de l’écume de people-ocratie, de cette espèce de nombrilisme suraigü qui fait que l’on ne voit plus autour de soi que les gens dont on parle dans les médias ?

Un seul était proche de ce que je peux penser : Maurice Szafran. Pondéré et donnant à cette nomination tout son poids et sa valeur symbolique.

Je le dis simplement : cette nomination, sa concordance avec le texte légalisant les jeux d’argent en ligne, marquent pour moi un tournant assez violent. On ne m’a en particulier jamais trouvé dans mes paroles non plus que dans les nombreuses centaines de billets de ce blog, pour émettre des réserves ou des critiques à l’égard d’un responsable socialiste. Mais, même cela, est secondaire.

L’important est plus grave, plus profond, plus radical, qu’il ne s’agit pas d’exprimer dans les quelques lignes d’un billet d’humeur.

Marie-George Buffet et l’épidémiologie par la preuve

Pendant le cours des débats sur les jeux en ligne, la conversation entre nos rangs vient -comme souvent- sur la santé. Je fulmine que la Ministre de la santé n’ait pas même jugé bon de se déplacer. Un à 3 % des Français sont d’ores et déjà des joueurs pathologiques et elle ne s’en soucie pas, alors que des millions sont engloutis dans l’achat de masques et de vaccins contre la grippe.

Marie-George Buffet est tout à fait sur la même longueur d’onde. Elle ajoute une très amusante démonstration par la preuve :

-Il y a quelques jours, au faîte de l’épidémie, j’étais à la fête de l’Humanité. J’ai dû embrasser 2000 personnes. Eh bien, pas la moindre trace de virus, je n’avais que mal aux pieds !

Mais qui a nommé Mitterrand ? Qui doit rendre compte ?

Je ne voulais pas parler de l’ « événement » Mitterrand (je ne sais quel mot employer), ne serait-ce qu’en raison de la disproportion entre la place qui lui est faite dans les médias au regard du minuscule strapontin accordé à l’affaire Jean Sarkozy.

Je subis donc stoïquement débats et confessions, ou plutôt leur écho à la radio ou dans la presse : il m’apparaît que la vraie question, pratiquement la seule, n’est jamais posée : qui a nommé Mitterrand ministre de la culture ?

Frédéric Mitterand s’est rendu à TF1 pour s’expliquer. Ce n’était pas à lui de le faire, mais, au choix, à Nicolas Sarkozy ou à François Fillon.

Nicolas Sarkozy est, cela ne fait de doute pour personne, à l’origine du choix de ce Ministre. J’ose penser qu’il y a bien dans les rangs pléthoriques du personnel de cabinet, des attachés, des détachés, des chargés de mission, une ou deux personnes à l’Elysée (même chose à Matignon) capables de lire un livre. J’ose également penser que compte-rendu a été fait des écrits de Frédéric Mitterrand et des notes des renseignements généraux à son sujet avant la nomination à celui qui en a décidé. Celui-là devait venir expliquer son choix, et bien sûr l’assumer, devant les téléspectateurs de TF1, que l’on confond d’ailleurs trop souvent avec les Français.

Frédéric Mitterrand a exprimé « qu’il avait le soutien de Nicolas Sarkozy ». C’est une formulation inadéquate. C’est Nicolas Sarkozy lui-même qui aurait du exprimer simplement, naturellement, courageusement qu’il avait fait le choix de ce Ministre et qu’il l’assumait pleinement ce qui est le minimum exigible d’un chef, a fortiori d’un chef de l’Etat. Je pense même qu’il aurait été compris, sinon de tous, de beaucoup.

On pouvait imaginer aussi que ce soit Fillon qui soit présent à la barre : dans notre République, il est d’usage -et cet usage est constitutionnel- que ce soit le Premier Ministre qui choisisse les Ministres. Personne n’aurait été dupe, notre République a de ce point de vue bien péché depuis deux ans, mais on aurait au moins pensé que Fillon avait du courage et que ce courage l’amenait à soutenir l’illusion qu’il était un Premier Ministre de plein exercice.

Au lieu de cela qu’entendons-nous, matin, midi, soir et au milieu de la nuit ? Deux questions : Fréderic Mitterrand est-il bien un garçon convenable ? Les socialistes ont-ils eu raison ou tort de mettre en cause ses écrits ?

Les questions sont de maigre intérêt au regard de celle que je pose en titre de ce billet. Mais elles ont un double avantage : étendre un voile d’opprobre sur un nom emblématique de la gauche contemporaine, diriger les critiques vers le PS et souligner les voix discordantes au sein de ce parti.

L’affaire, l’affaire authentique, Jean Sarkozy, n’a pas ces avantages. Les socialistes dans les Hauts de Seine sont aussi rares que l’angélique de l’estuaire dans les hauts de Garonne et, comme elle, ils auront grand mal à s’y réimplanter et à avoir jamais accès aux « affaires » (à tous les sens du terme). Le nom comme le territoire, comme les intérêts, sont ump pure malt et y toucher est devenu bien difficile.

Ceci explique cela. Une fois encore.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel