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Le futur de l’enfant en jeu

Sud Ouest, le 28 août 2009

SOCIÉTÉ. Faut-il, à la faveur de la révision de la loi de bioéthique, légiférer sur la question des mères porteuses ? Les femmes en débattent

Gestation pour autrui. La formule n’est pas très heureuse – on a plus l’impression de parler d’une vache que d’une femme – mais elle a le mérite de la clarté pour qualifier le fait de prêter, de louer – ou de vendre – son utérus en vue d’accoucher d’un bébé pour le compte d’autrui. La femme enceinte, après implantation d’un embryon fécondé in vitro, devient alors ce qu’on appelle plus communément une « mère porteuse ». Le recours à de telles pratiques est actuellement interdit en France. Sauf si la révision de la loi de bioéthique en décidait autrement.

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La Rochelle en direct (II) : Martine, d’emblée dans le sujet

Martine Aubry succède de plein pied à Ségolène, en entrant tout de suite dans l’essentiel. Un congrès utile, un Parti Socialiste utile aux Français, un projet de société utile à l’encontre d’un libéralisme financier qui a cet été encore montré son immoralité.

Un rythme nouveau, un ton nouveau, une très grande rapidité de parole et tout de suite un auditoire mobilisé, réactif.

Le projet doit procéder les alliances : c’est de cela que nous parlerons demain avec les dirigeants des grands partis de gauche.

« Je ne me suis pas exprimée jusque là, parce que je voulais le faire devant vous, avec vous. La pensée collective, avant l’expression personnelle, quelles que soient les exigences médiatiques. »

Quand je pense que certains doutent de l’énergie des militants socialistes ! Mais sans doute ne savent ils pas ce que sont les valeurs de la gauche ! » Soyons fiers de notre Parti. Au moment où le libéralisme démontre son absurdité, soyons fiers de l’internationalisme de notre pensée, soyons fiers de défendre la laïcité, l’égalité, l’éducation.. « 

« La rénovation nous allons la faire, mais alors de A à Z, de C comme cumul des mandats à P comme primaire ! »

« Je souhaite vous donner la parole, le 1er octobre, pour que ce soient les militants qui fixent le cap. Cinq champs de réforme :

-le non cumul des mandats, condition du renouvellement des générations et de l’ouverture vers la société

-les primaires ouvertes : elles doivent être une opportunité pour nous, pas un problème entre nous. Ce n’est pas un slogan, mais un objet de travail

-la parité généralisée à l’ensemble de nos instances ; la parité, la diversité sous tous ces aspects. De nouvelles formes de militantisme. Des modalités de vote qui soient vraiment fiables

– l’éthique, la civisme interne et la solidarité entre les socialismes. Fût un temps où c’était naturel, mais nous sommes au XXIème siècle et nous créerons une commission d’éthique.

– la constitution d’un réseau social sur internet « coopol » (coopération et politique)

Le parti socialiste rénové doit être le fer de lance de l’unité de la gauche, de la maison commune, de la gauche solidaire. Clarté dans le projet. Conjugaison du droit à l’identité et de la solidarité, respect de chacun, charte de bonne conduite entre les diverses fractions de cette maison commune. Acceptation du pluralisme: « le pluralisme serait un malheur si chacune de ses composantes n’avait pas une hospitalité pour les autres ».

A propos de Bayrou : » l’anti-sarkozysme ne fait pas un projet politique. C’est un vrai projet de gauche qui est nécessaire pour retrouver la confiance des Français. Combattre l’ump est ce que cela veut dire soutenir les listes de gauche, notamment aux régionales ? Est ce que cela veut dire en finir localement avec les alliances à la carte ? Est ce que cela veut dire par exemple revoir le régime fiscal pour un régime plus distributif. Est-ce que le projet de M Bayrou, n’est pas de nous diviser ? »

La modernité, c’est de rerouver nos valeurs et d’apporter des réponses d’aujourd’hui. La modernité, ce n’est pas la nouveauté sur les photos de famille ».

La Rochelle en direct (I) : Ségolène ou la région par la preuve

La région, pas seulement. L’écologie avec la réalisation de lycées zéro carbone, la coopération et le co-développement avec les fours solaires en Afrique, l’innovation et la compétivité avec un pôle en Poitou-Charente et le sauvetage d’Heuliez : Ségolène Royal ouvre à l’instant l’Université d’été par la preuve avec les réalisations socialistes dans sa région.

Le sous-entendu bien sûr : la politique par la preuve, le socialisme par la preuve, à l’inverse du nombrilisme aigû, de la charrue des primaires avant les boeufs du faire et de l’être.

Sono médiocre, mais auditorium surbondé : qui a dit que les Socialistes avaient l’intention de bouder l’Université d’été ? La réalité : 3500 incrits et une queue longue de plusieurs mètres pour des inscrits de dernière heure.

D’accord ou pas, elles sont désormais inévitables

Chaque année, depuis que je vais à la Rochelle, les médias imposent un thême avant que l’Université ait commencé. Il y a eu « Devine qui vient dîner ce soir ? » (Il s’agissait de Jospin, et nous étions supposés deviner derrière sa venue ou sa non venue s’il serait candidat). Une autre année « Fabius, c’est oui ou c’est non ? ». C’était cette fois le référendum au traité constitutionnel qui agitait les esprits. Et dernièrement « Hollande : l’adieu aux armes » qui ouvrait sur notre magistral congrès de Reims.

Eh bien, cette année, ce sont les primaires. Martine se proncera-t-elle ? Ratifiera-t-elle ? Le suspense est, à dire vrai, insoutenable et il va monter en puissance et, une année encore, obscurcir totalement le contenu des ateliers, les discussions, le fond. A quoi sert le fond ? Si on l’appelle ainsi, c’est bien pour qu’il y reste ! Pourquoi s’inquiéter de sujets qui n’intéressent guère qu’une soixantaine de millions de Français.

Les primaires, oui, ça c’est un bon truc. Pour tout vous dire, au marché d’Hossegor, à la Benauge, on me tirait par la manche pour me demander « Etes-vous favorable aux primaires ? Comment les voyez-vous ? Allez-vous enfin vous prononcer, nous ne pouvons rester plus longtemps dans le doute et l’inquiétude ».

L’interrogation populaire qui touche à l’obsession et qui ne fera que s’acccutiser avec les problèmes de rentrée, la nécessité où est un -ou une- Socialiste de répondre aux préoccupations quotidiennes des Français, me poussent aujourd’hui à m’exprimer : d’accord ou pas, au point où nous en sommes, les primaires sont désormais inévitables. D’ailleurs, elles ont clairement commencé avec la gesticulation médiatique de nos plus beaux quadras et quinquas depuis quelques mois. Que font-ils d’autre qu’engranger de la notoriété ? L’important, disait Talleyrand n’est pas qu’on dise du bien ou du mal de vous, c’est qu’on en parle.

Alors, pas follement enthousiaste ? En tout cas pleine d’interrogations : comment les organiser ? Qui votera réellement ? Est-ce que nous ne nous retrouverons pas finalement entre socialistes et para-socialistes, avec des candidats à gauche comme au milieu, et Sarko, tranquille, en face ?

La plus importante est celle-ci, exprimée d’ailleurs avec sa maîtrise habituelle par Laurent Fabius. C’est l’opinion et les médias qui décideront du lauréat. Pas le travail de fond, pas la force des convictions, pas la morale personnelle, pas la puissance du caractère, pas la représentativité réelle de la personnalité et du parcours des candidats. Autant de spécificités démodées chez nous, quasi-ringardes, mais que les Etats-Unis avec leurs habituelles quinze années d’avance, ont remis en selle il y peu et de belle manière.

Le rôle des partis, et bien sûr au premier rang pour moi, du Parti Socialiste, est d’ emporter l’opinion derrière eux. Le danger principal des primaires, c’est que ce soit l’opinion qui fasse désormais le Parti Socialiste.

Mais quoi : « Si on te viole et que tu ne puisses l’éviter, tâche au moins d’y prendre plaisir ». Ce n’est probablement pas un proverbe chinois, mais c’est un de mes maîtres en médecine qui me l’a enseigné alors que j’étais toute débutante. En médecine, il est de peu d’intérêt. En politique, Il sert beaucoup.

Essayons donc de faire des primaires le meilleur. Et d’attendre, sans excès de fièvre, dimanche, les déclarations de Martine.

La Benauge

Rencontre hier avec les habitants du quartier de la Benauge, et particulièrement avec ceux qui sont concernés par le plan de restructuration présenté en juillet dernier par la Municipalité de Bordeaux.

Pour cette restructuration, Alain Juppé a sollicité le concours de l’Etat à l’occasion du plan de relance, dont un des objets principaux est de couler du béton. Le Maire de Bordeaux a donc amené sur les lieux Patrick Devedjian, alors qu’il venait tout juste d’être paré du titre de « Ministre de la relance »que le monde nous envie et a désigné à la démolition 3 bâtiments. Alain Juppé lui même était alors en pleine candidature à un poste de « Ministre du rebond » et s’est beaucoup empressé autour de son futur collègue, devenu comme on sait son ex-futur collègue.

Le sujet n’est pas dans cette période qui a beaucoup diverti les bancs de l’Assemblée (« L’aura-t-il, l’aura-t-il pas ?) mais dans la situation de ce quartier. Les habitants n’avaient bien sûr nullement été interrogés, personne n’était au courant si ce n’est le locataire du plus médiocre appartement de la plus médiocre des trois barres qui devait ouvrir ses portes au Ministre. Et nous avons visité en grand équipage un appartement quasi désert de meubles où quelques coulées de salpêtre faisaient le plus affligeant effet. Plusieurs mois plus tard, l’adjointe de quartier s’est décidée à une réunion d’information (7 juillet) et la concertation débutera … dès la rentrée prochaine !

Emmanuelle Ajon, plans en mains, et moi étions hier dans ce quartier pour une visite guidée et commentée par les habitants eux-mêmes auxquels nous avons donné les explications qui leur manquaient. Moment très intéressant : les habitants de la Benauge (je ne sais les nommer) sont très attachés à leur quartier et à leur résidence. Je connaissais déjà plusieurs appartements, j’ai fait la connaissance d’un autre dans le bâtiment destiné en premier à la démolition. Appartement vaste, lumière traversante qui le rend bien éclairé a toute heure et surtout appartement parfaitement entretenu, à la fois par les bailleurs et par le couple qui m’accueillait. Les livres grimpent au mur, la salle de bain est claire et carrelée de neuf. Personne ne verrait là un appartement voué à la démolition.

Que faut-il penser ? Que ce bâtiment, comme ses voisins avant lui, peut parfaitement être réhabilité. S’il est en meilleur état, il sera aussi moins dégradé par les quelques locataires qui, ici ou là, cassent les fenêtres, font sauter les serrures des portes d’entrée, squattent les locaux à vélo. Nous avons rencontré un de ces groupes désoeuvrés. Le centre d’animation est fermé en été, alors que c’est à cette période qu’il y a le plus de jeunes désoeuvrés.

Un des motifs de la démolition est le futur passage du tram. Nous avons discuté sur plans avec les riverains : les solutions alternatives existent (boulevard Joliot-Curie ou boulevard Jules Simon), n’imposant aucune démolition. Si un financement du plan de relance arrive, ne vaut-il pas mieux construire et réhabiliter que se priver des 200 logements de ce seul bâtiment ?

On demandait au Pr Maurice Tubiana à quel titre il avait écrit un livre sur l’âge (« Bien vieillir »). « Il avait répondu simplement : il n’y a plus grand expert de l’âge qu’être vieux soi-même ! » et il avait alors plus de 80 ans. Il n’y a de même plus grand expert de son quartier que celui qui l’habite. Dommage qu’on ne le consulte à Bordeaux que quand le train des décisions est parti.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel