m

Di-Antalvic : une mauvaise décision à dimension européenne

L’injonction de l’Agence européenne du médicament de retirer des rayons des pharmacies le Di-Antalvic, médicament antalgique associant paracétamol et dextropropxyphène, est une erreur.

Ce médicament, excellemment toléré, concerne un nombre considérable de patients. Il constitue une marche très efficace dans la sédation de la douleur, qui permet de retarder longtemps l’usage des opiacés quand ceux-ci risquent de s’avérer un jour nécessaires.

Une prise régulière de Di-Antalvic dans la journée permet à ceux que la douleur limite de vivre une vie normale, ceci sans véritables risques. C’est le cas de nombreux cancéreux, de patients souffrant de maladies rhumatismales et de beaucoup d’autres.

Pourquoi cette injonction ? Parce que, en particulier dans les pays du nord, des cas de suicide par ingestion de fortes doses ont été enregistrés. Ce n’est d’ailleurs pas le cas en France et dans de nombreux pays, et les cas de mort correspondent à des ingestions accidentelles massives.

De très nombreux médicaments peuvent être mortels si l’on en absorbe de très grandes quantités. Au premier rang de ces médicaments, l’aspirine, si utile dans tant d’états pathologiques. Est-il question pour cela de l’interdire ?

Voilà l’exemple d’un mauvais usage de l’Europe, pointant d’ailleurs l’insuffisance de pouvoir et de moyens de l’Union Européenne dans le domaine de la santé.

J’ai prescrit des camions entiers de Di-Antalvic (ou ses génériques), sans autres effets que bénéfiques et j’espère que quelque chose est encore possible pour que l’injonction de retirer du commerce ce médicament d’ici un an puisse être revue.

Je viens d’interpeller sur ce point la Ministre Roselyne Bachelot. Espérons que ce ne sera pas sans effet. Tant de malades seraient pénalisés et contraints d’utiliser des associations contenant des opiacés (telles que l’efferalgan codéiné) qui mettent nombre d’entre eux « dans la soupe », pour une efficacité qui n’est pas supérieure.

Une société sans barrières d’âge

Je viens d’être reconduite dans ma fonction de vice-présidente du groupe socialiste-radical et citoyen, et je m’en réjouis : c’est un travail de longue haleine que l’on ne peut faire progresser que pierre à pierre, proposition après proposition, au plan national comme au plan local.

Obama a exprimé qu’il voulait être le Président de la société post-raciale, et son discours sur le sujet restera mémorable. Je voudrais pour ma part, être l’artisan d’une société de tous les âges. Une société où l’âge ne soit plus une barrière, ni dans le regard des autres, ni dans la vie quotidienne, ni dans la vie professionnelle.

Ce dernier point risque d’hérisser le poil de beaucoup. Oui, je suis pour l’évolution des carrières, la modulation des âges de retraite en fonction des mêtiers.

Je ne trouve pas la formule choc, qui pourrait faire pendant à cette « société post-raciale ». L’idée est similaire : l’âge ne doit plus être une contrainte, ni une limite. Il doit constituer une donnée fluide, qui évolue avec nous sans imposer de ruptures, ni d’abandons. Société amie de l’âge, société de tous les âges ? Une belle idée serait une « société du métis’âge », rejoignant grâce au jeu de mots le sous-entendu illustré par Obama, mais la formule fait trop formule ou titre de Libé de la grande période.

Vivre dans son quartier, garder des liens sociaux et une activité, prendre part à la vie citoyenne, demeurer informé, ne plus se sentir d’aucune manière discriminé par son âge (quel qu’il soit) : les progrès scientifiques et techniques en donnent la possibilité, il manque l’information et la volonté politique.

C’est le sens de cette vice-présidence que d’y prendre sa part.

Bacalan-Bastide : le pont n’est pas au bout du tunnel

Les décisions de l’UNESCO à Séville sont tombées tard hier dimanche.

– Elles insistent sur l’erreur catastrophique de la destruction du pont du perthuis et l’absence de suffisante information donnée initialement par la municipalité de Bordeaux sur le projet Bacalan-Bastide.
– Elles rejettent le projet de pont monumental pour son impact paysager. Pour un motif semblable, la ville de Dresde vient de se voir déclassée.
– Elles ne retiennent pas l’option tunnel
– Elles préconisent une structure plus légère, sans impératif de possibilité de passage pour les grands navires.
– elles proposent de ne plus accueillir les grands navires dans le site historique du port.

Ces préconisations constituent pour la Municipalité de Bordeaux un lourd revers. Sa méthode, ses choix sont condamnés. Dans toute la conduite de ce dossier, Alain Juppé s’est comporté en imperator. Choisissant l’option tunnel dans un premier temps, l’abandonnant en 24 heures « pour raisons politiques » sans en débattre avec quiconque, se fixant ensuite sur ce projet de pont monumental au point d’affirmer « qu’il préfèrait le pont au label UNESCO » et se passerait de l’un pour entreprendre l’autre au moment qu’il avait choisi. Tout cela sans tenir compte aucunement de l’avis des bastidiens, ni des bacalanais. Non plus que celui des élus autres que ceux de sa majorité.
Puissent les Bordelais s’emparer massivement du débat que ces préconisations viennent de relancer.
Tous, nous devons nous poser un certain nombre de questions :
– Sommes-nous comptables du paysage que nous laisserons à nos enfants ? Quel coup d’oeil voulons nous qu’ils aient demain, et longtemps après, en regardant la courbe du fleuve ?
– En cas de crise énergétique majeure, ou tout simplement de prise de conscience radicale du réchauffement climatique, devons-nous être prêts pour un renouveau du transport fluvial et maritime ?
– Voulons-nous voir encore des bateaux dans la rade historique du port ? Ou nous contenter, comme cela vient d’être fait, de fêter le fleuve avec la figuration du seul Belem ?
A chacun de vous de répondre à ces questions et de le faire savoir.

De l’UNESCO, de la géographie et de la courbe du fleuve.

La semaine passée, j’écrivais à Francesco Bandarin, directeur de l’Unesco en charge du classement au patrimoine mondial : « Je ne regarde jamais la courbe du fleuve, sans penser que la manière dont le verront nos enfants est entre vos mains ».

Le courrier au demeurant concernait principalement les vestiges de la place Pey Berlan que la Municipalité veut engloutir à tout jamais sous le ciment et le grès de Chine de la place. Ces vestiges sont très émouvants. Ils datent du temps d’Aliénor et les ensevelir est en contradiction totale avec la démarche active que suppose le classement Unesco.

Dans une heure d’entretien où nous avons échangé très librement il y a quelques mois, Francesco Bandarin avait insisté sur le sens profond du classement au patrimoine mondial : il ne s’agit pas de vénérer quelques belles pierres, mais de s’engager activement dans une démarche de fidélité à l’histoire et à la géographie des lieux.

Le fleuve qui associe histoire et avenir, patrimoine et développement durable, n’est-il pas le meilleur porteur de cet engagement ?

Ayant reçu quotidiennement des informations sur la réunion à Séville de la mission UNESCO, je ne suis pas sûre que ses conclusions correspondent à mes voeux. Mais ces voeux demeurent les mêmes : voir au delà du court, et même du moyen terme, et comprendre que « Bord’eaux » tient sa gloire et son avenir d’abord de son fleuve, de son estuaire, de cette position incroyable, unique en Europe de voir le domaine maritime s’arrêter en coeur de ville.

Très exactement : sous le pont de pierre. Bordelais de l’aval du pont de pierre, vous êtes des habitants du bord de mer !

Quelqu’un qui m’est infiniment cher disait : « la géographie prime toujours sur l’histoire ». Il voulait dire : pas de gloire, pas de développement, pas d’économie, pas d’Histoire, au mépris des atouts que donne à une ville, à un lieu, à un pays, la géographie.

Bordeaux est, de ce précepte, un lumineux exemple.

Le regard que porteront les générations futures sur l’arc du fleuve sera lourdement impacté (comme ont dit maintenant) par le choix du mode de franchissement Bacalan-Bastide.

Grand monument blanc, levant (de temps en temps) son tablier de béton et plantant pour des siècles les longs cure-dents de ses piles sur les rives ? Petit pont rétréci, levant ni plus ni moins souvent, mais épargnant à la ville un peu de CO2 ? Ou tunnel futuriste, préservant cet inestimable patrimoine qu’est le paysage, et cette autre richesse qu’est la possibilité de circulation fluvio-maritime pour la société de demain ?

La présentation des options n’a rien de purement objectif. Elle est ma vision de l’écologie et du développement durable de notre ville.

Borloo bouche-trou

Si le journal Sud Ouest fait partie de la revue de presse du Ministre Jean-Louis Borloo, il a dû être ce matin ravi d’apprendre que son Ministère avait été proposé à Alain Juppé, et qu’il n’était en conséquence confirmé dans ce poste que par défaut.

On devine d’où vient l’ « indiscrétion » à l’origine de l’information. Le Maire de Bordeaux, éconduit d’un poste ministériel d’importance, fait de nécessité vertu. C’est de bonne guerre, mais pas totalement loyal, ne serait-ce qu’à l’égard du titulaire du poste.

L’Assemblée, en temps de remaniement, occupe une position assez favorable en terme d’indiscrétions. Beaucoup nous sont parvenues dans ces dernières semaines, puis dans ces derniers jours et beaucoup aussi ont été confirmées. Les seules concernant Alain Juppé démontraient que Nicolas Sarkozy avait peu d’envie de nommer quelqu’un qui « n’exclut rien » pour la présidentielle de 2012. Avouons que c’est assez logique. Villepin n’a pas davantage été sollicité .

De la même manière, le message était que, pour les finances comme pour l’environnement, on ne changeait pas de cap et on confirmait le bien fondé des actions et leur continuité en conservant les mêmes ministres.

C’est d’ailleurs ce que JL Borloo lui même a confirmé hier sur France-Inter.

« Faire de nécessité vertu est le beau et grand travail » disait Alain. Le philosophe Alain.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel