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Cet « entretien » était une conversation

En fait, j’ai compris ce qui m’a si fort dérangé en voyant l’interview d’Emmanuel Macron. C’était une scène de film entre 2 personnages devisant entre eux, à l’issue d’une réunion où d’une reception quelque part dans un palais. La caméra allait du visage de l’un au visage de l’autre, puis entre les pauses s’attardait sur le décor. Il y a une scène comme ça dans le Guépard. Le Prince Salina va rendre visite au Roi dans son bureau. Le Roi devise des affaires du royaume, l’autre écoute et ravive à point nommé la conversation bien conscient qu’il s’agit plus de la mettre en valeur que de la partager. Puis le Roi raccompagne le visiteur jusque dans l’escalier et jusqu’à la porte du palais…
La conversation, si l’on peut dire, était brillante, rapide, sauf qu’ici le maître de cérémonie n’était pas le Roi mais bien le jeune Guépard. Tout était beau, bien dit et sans aucun doute brillant, mais j’étais tenue à l’écart de la conversation, je n’en étais pas partie, je n’étais pas celui auquel elle est adressée. Je verrais le film, mais plus tard, quand les rushes auraient été revus, choisis, les éclairages contrôlés, la bande son approuvée..
Les paroles, le texte, dont j’essaye maintenant d’accrocher les morceaux, s’il ne m’a rien révélé, était parfait, mené avec rapidité, son vocabulaire à la fois ferme et élégant et j’ose dire que, de tout ce dont je me souviens, je n’ai à dire qu’approbation ou louanges. Mais j’étais gardée au dehors, ce n’était ni à moi, ni de moi que l’on parlait, j’étais ce spectateur sans visage et sans voix qui n’ose pas même tousser tant que dure la séance.

De l’extension du don de RTT à tous les aidants… Et aux employeurs.

Ma loi, dite « loi d’adaptation de la société au vieillissement » (2014) connait un coup de projecteur avec la question de l’extension des dons de RTT aux aidants de personnes âgées ou handicapées.

Ces « aidants » ont acquis, de fait, un statut, en apparaissant dans le champ de la Loi avec le « droit au répit » de la loi ASV. Ce droit permet de financer deux semaines d’accueil de la personne âgée en accueil institutionnel temporaire sous la forme de 2 semaines continues ou de jours isolés. On trouvera le détail de cette disposition dans la loi elle même ou, plus facilement encore, dans son rapport annexé.

La possibilité d’extension du don de RTT par les salariés dont un enfant est malade aux aidants de personnes âgées ou Handicapées, est susceptible de compléter et de faciliter ce « droit au répit », encore mal connu et pas forcément applicable dans tous les territoires.

Deux points :

  • cette extension est par principe très positive. Elle aidera à franchir par exemple la barrière qui fait qu’une femme est totalement comprise et aidée quand son enfant est malade, mais qu’elle ose à peine avouer devoir passer ses nuits auprès d’un parent âgé et en grande souffrance. Femme, moins souvent homme (mais cela existe), cet aidant doit être lui même aidé de la même manière qu’il s’agisse d’un enfant ou d’un grand âgé.
  • le deuxième point concerne toutes les situations où le don de RTT est possible : celui-c- exonère aujourd’hui l’employeur de la solidarité dont font preuve les salariés envers leur collègue et j’ai proposé que cet employeur bonifie le don d’un supplément de 20 à 30% de journées. Si le salarié donne dix jours de RTT, l’employeur y ajoute 2 à 3 jours.

C’est simple et réaliste. J’ai assez souvent téléphoné à des employeurs pour expliquer que monsieur X devait être présent à coté d’un malade qui lui était très proche et qu’il ne pourrait être à son travail pendant quelques jours. Je me présentais seulement comme responsable d’une unité de cancérologie : point n’était besoin de trahir le secret médical. Je dois dire que j’ai TOUJOURS eu la réponse suivante : que Monsieur X fasse ce qui est nécessaire. La solidarité n’est pas un vain mot, mais il ne faut jamais la faire porter sur un seul groupe et la participation des employeurs au don de RTT ne soulèvera pas de boucliers mais au contraire soudera les uns aux autres.

Je me réjouis de l’implication de plusieurs députés sur ce sujet et plus encore de celui de la Ministre Agnes Buzyn.

Les dandins de la farce

Aïe… Le « Petit manuel de survie à l’Assemblée » qui leur a été remis largement en début de mandat ne suffit pas à tenir la tête hors de l’eau de nombre de députés LREM. Les soupirs montent des rangs, « la parole se libère » comme on dit maintenant, bref, y’a comme un malaise du côté du « nouveau monde » et des nouveaux élus, pourtant jeunes, fringants et portant beau.

Premier grief : trop de travail, pas assez d’argent. Un remake de la formule sarkozienne devenue « travailler plus, pour gagner moins ». Telle députée a fait un large buzz en gémissant que « depuis l’élection, elle devait « manger plus souvent des pâtes et aller chercher de vieux vêtements à la cave ». Je la rassure :  la  prétendue réforme de l’IRFM* a judicieusement omis de mettre fin à la possibilité de remboursement des vêtements des honorables députés, elle pourra s’épargner le chemin de sa cave. Le jeune député Rufin peut ainsi décliner pour la galerie maillots de foot, chemises ouvertes et autres vêtements débraillés comme autant de messagers de la belle et haute idée de Révolution.

Trop de travail, c’est pire : des journées entières, non pas dans les arbres, mais dans les gradins de l’hémicycle, quand ce n’est pas des nuits abrégées, des levers tôt pour les commissions et les petits déjeuners de travail. Des « conditions de travail inhumaines et dégradantes », pourtant dénoncées  par la « Convention européenne des droits de l’homme »  que notre pays a ratifiée..

Ce faisant, nombre de ces députés, ne manifestent pas une présence assidue sur le terrain. Ils ne tiennent pas de permanences régulières où recevoir les habitants de leur territoire, n’ont pas non plus de local où ces habitants pourraient être sûrs d’être entendus. De tout cela, point question, « le social, on oublie, nous on est là pour construire la loi ! ». Cette citation est littérale de la bouche d’une de ces élues.

Quant à l’absence de Permanence parlementaire, avouons qu’elle déroute un peu associations, syndicats, collectivités mais aussi citoyens voulant exposer un projet ou un problème. Cela me vaut beaucoup de courrier. Ma permanence de la rue Saint Laurent était bien connue des Bordelais et à défaut de trouver l’adresse des député(e)s de la promotion 2017, l’ont transformée en « maison des députés ». et y dépêchent sous ce nom, missives, placets et invitations. J’ai ainsi reçu un courrier du MEDEF (lequel m’avait ignorée pendant dix années précédentes) m’enjoignant de m’occuper des programmes scolaires et de m’assurer que ceux-ci aillent bien en conformité avec les besoins de l’entreprise. Ce fut je l’avoue une révélation : je ne savais pas jusque-là que le MEDEF était en charge de l’Education Nationale…

Instructif… Mais ce n’est pas tout : la souffrance du député LREM va bien au delà : il ne se sent pas utile. J’avoue que… Je les comprends. Quand on a fait campagne, sans autre programme, sur la promesse de co-construire la loi avec les électeurs, de « faire remonter » leurs projets, ils se sentent un peu comme Georges Dandin : il ne leur est même pas permis de proposer des amendements de leur crû. Tout vient du groupe, doit être approuvé par le groupe, comme les boites de Whiskas que le chat ne peut consommer que si elles portent l’estampille de sa patte.

Quant à la Loi, elle-même, elle tombe toute cuisinée de la table même de Jupiter. Comme pour les tables de la loi, personne humaine n’aurait garde d’y toucher.

« Tu l’as voulu, tu l’as voulu, Georges Dandin .. » En l’occurrence, je m’interroge : la farce de Molière désigne-t-elle sous ce nom, les Députés ou les Français eux- mêmes ?

 

*IRFM : indemnité de représentation et frais de mandat

 

Souchiens, vous avez dit souchiens ?…

… Et j’ai entendu « sous-chiens » ! L’oreille bien souvent trahit ce que le cerveau n’a pas osé dire. Non, Freud n’est pas mort, et peut-être aurait-il répondu à Finkielkraut qui regrettait -ou du moins constatait- qu’à la cérémonie d’hommage à Johnny Hallyday, les « non-souchiens- étaient absents.

Alain Finkielkraut est académicien et connait le poids des mots comme leurs petites trahisons. Il s’exprimait ce 9 décembre sur une radio juive et beaucoup d’oreilles ont du d’abord ne pas comprendre, puis se dire que ce n’était pas possible, et enfin, avec retard, décrypter ce qu’était vraiment un « non-souchien ». Mais le mal était fait.

Non seulement, non-souchien, comme souchien, est affreux mais il est horrible parce qu’il glisse inévitablement vers « sous chiens » et qu’il ne faut pas tarder trop non plus pour traduire « unterHund » et se souvenir de « unterMensch ».

« Sous hommes »,  les non-souchiens ? Il ne l’a pas dit, et sans aucun doute pas même pensé. Mais que d’autres cerveaux aient redouté de l’entendre veut dire que son cerveau n’en est pas tout à fait innocent.

 

 

 

Mobilité de la laïcité le jour même où on la célèbre

C’est un tweet plutôt modeste et « propre sur lui » qui a soulevé un déluge d’invectives et d’incompréhension : « En ce 9 décembre*, n’eût-il pas été opportun que l’ « hommage populaire » fût dissocié de la cérémonie religieuse ».

L’hommage était bien sûr l’hommage à Johnny , décrété par Emmanuel Macron sous ce nom de « populaire ». J’étais enthousiaste du défilé du cercueil sur les Champs Elysée , entouré de Bikers et d’une immense ferveur et me suis, dès mon retour d’une cérémonie toute autre, scotchée devant le téléviseur.

Le Président de la République parlait du haut du parvis de l’église de la Madeleine, avec à ses côtés le Célébrant de la cérémonie qui allait se poursuivre sans interruption, occupant la part majeure de cet hommage, cérémonie d’ailleurs plus proche du show que de l’épitre de Saint Paul qui a été lue avec talent.

Que n’avais-je écrit ? Déluges de réactions « modérées et réfléchies » me traitant de coupeuse de têtes pendant la guerre de Vendée; de séide de Jean-Luc Mélenchon , de laïcarde de basses eaux et me citant en exemple du contraire, le Général de Gaulle.

Pas de chance. Le Général de Gaulle est l’exemple absolu de ce qu’est le respect de la laïcité par un Président de la République. Croyant fervent, pratiquant fidèle, il prît un soin jaloux qu’on ne confondit jamais « le Président de la République avec l’archevêque de Paris » (ce sont ses propres mots). Il se rendit à toutes les cérémonies religieuses justifiées par sa fonction, n’y prit jamais la parole, pas davantage ni communiât, moins encore ni parlât sur le parvis de quelque édifice religieux que ce soit, en connaissance du fait que parvis et perrons font partie de l’édifice qu’il soit laïc ou religieux.

Ce n’est pas jusqu’à Alain Juppé, croisé moins de deux heures après mon tweet dans la cour de notre Mairie de Bordeaux, qui m’invectiva à voix haute « Madame, sachez que le Général de Gaulle était à Notre Dame pour le Te Deum de la Libération ! » A forte voix, mais surtout au pas de charge pour que je n’ai pas loisir de lui répondre, ni d’échanger avec lui, cordialité dont il n’est pas friand.

Cher Alain Juppé, je sais. Pour ce Te Deum, comme pour les autres. Je sais les 4 seuls « manquements » du Général-Président à la Laïcité, manquements très intentionnés et que j’approuve sans réserve, quand il s’agissait de rendre hommage à des peuples martyrisés du fait de leur foi. Dans ces 4 cas et seulement dans ceux-là, il décida de communier en public.

Nombreux furent aussi les twittos qui me rappelèrent que le Général avait installé une chapelle à l’Elysée. Vrai : elle avait 15 m2 de surface, et personne autre que sa famille, n’eût jamais le droit d’assister avec lui à la messe qui y était célébrée chaque dimanche.

Mais le plus beau, le plus talentueux, alors que le vote des Républicains pour leur chef était proche tomber et qu’il s’agissait de rameuter les troupes fut ce post de la députée Valérie Boyer : « La ferveur populaire, l’émotion lors des hommages à Jean d’Ormesson et Johnny n’auront pas eu raison du sectarisme haineux de Michèle Delaunay et de @jlmelenchon parce qu’ils étaient catholiques ». Et le déluge d’invectives de recommencer…

Chère Valérie, outre que vous ne trouverez jamais de ma part un tweet haineux, je suis croyante exactement comme d’Ormesson, lequel disait « Je n’ai pas la foi, mais j’ai l’espérance.. ».

Eh bien, une fois de plus, vous et votre déferlante de twittos, ont failli me la faire perdre…

 

*le 9 décembre est la « journée de la laïcité » car c’est le jour anniversaire du vote de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel