C’est un tweet plutôt modeste et « propre sur lui » qui a soulevé un déluge d’invectives et d’incompréhension : « En ce 9 décembre*, n’eût-il pas été opportun que l’ « hommage populaire » fût dissocié de la cérémonie religieuse ».
L’hommage était bien sûr l’hommage à Johnny , décrété par Emmanuel Macron sous ce nom de « populaire ». J’étais enthousiaste du défilé du cercueil sur les Champs Elysée , entouré de Bikers et d’une immense ferveur et me suis, dès mon retour d’une cérémonie toute autre, scotchée devant le téléviseur.
Le Président de la République parlait du haut du parvis de l’église de la Madeleine, avec à ses côtés le Célébrant de la cérémonie qui allait se poursuivre sans interruption, occupant la part majeure de cet hommage, cérémonie d’ailleurs plus proche du show que de l’épitre de Saint Paul qui a été lue avec talent.
Que n’avais-je écrit ? Déluges de réactions « modérées et réfléchies » me traitant de coupeuse de têtes pendant la guerre de Vendée; de séide de Jean-Luc Mélenchon , de laïcarde de basses eaux et me citant en exemple du contraire, le Général de Gaulle.
Pas de chance. Le Général de Gaulle est l’exemple absolu de ce qu’est le respect de la laïcité par un Président de la République. Croyant fervent, pratiquant fidèle, il prît un soin jaloux qu’on ne confondit jamais « le Président de la République avec l’archevêque de Paris » (ce sont ses propres mots). Il se rendit à toutes les cérémonies religieuses justifiées par sa fonction, n’y prit jamais la parole, pas davantage ni communiât, moins encore ni parlât sur le parvis de quelque édifice religieux que ce soit, en connaissance du fait que parvis et perrons font partie de l’édifice qu’il soit laïc ou religieux.
Ce n’est pas jusqu’à Alain Juppé, croisé moins de deux heures après mon tweet dans la cour de notre Mairie de Bordeaux, qui m’invectiva à voix haute « Madame, sachez que le Général de Gaulle était à Notre Dame pour le Te Deum de la Libération ! » A forte voix, mais surtout au pas de charge pour que je n’ai pas loisir de lui répondre, ni d’échanger avec lui, cordialité dont il n’est pas friand.
Cher Alain Juppé, je sais. Pour ce Te Deum, comme pour les autres. Je sais les 4 seuls « manquements » du Général-Président à la Laïcité, manquements très intentionnés et que j’approuve sans réserve, quand il s’agissait de rendre hommage à des peuples martyrisés du fait de leur foi. Dans ces 4 cas et seulement dans ceux-là, il décida de communier en public.
Nombreux furent aussi les twittos qui me rappelèrent que le Général avait installé une chapelle à l’Elysée. Vrai : elle avait 15 m2 de surface, et personne autre que sa famille, n’eût jamais le droit d’assister avec lui à la messe qui y était célébrée chaque dimanche.
Mais le plus beau, le plus talentueux, alors que le vote des Républicains pour leur chef était proche tomber et qu’il s’agissait de rameuter les troupes fut ce post de la députée Valérie Boyer : « La ferveur populaire, l’émotion lors des hommages à Jean d’Ormesson et Johnny n’auront pas eu raison du sectarisme haineux de Michèle Delaunay et de @jlmelenchon parce qu’ils étaient catholiques ». Et le déluge d’invectives de recommencer…
Chère Valérie, outre que vous ne trouverez jamais de ma part un tweet haineux, je suis croyante exactement comme d’Ormesson, lequel disait « Je n’ai pas la foi, mais j’ai l’espérance.. ».
Eh bien, une fois de plus, vous et votre déferlante de twittos, ont failli me la faire perdre…
*le 9 décembre est la « journée de la laïcité » car c’est le jour anniversaire du vote de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat.