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Aladin et les 40 voleurs du Parti Socialiste

Journée très longue après journée dure. Je rentre à peine du Conseil fédéral ; mangé une ration de survie et je m’accorde un instant avant d’apprêter mes dossiers pour le départ « demain dès l’aube » à Paris.

« Pendant les travaux, la vente continue », et cette journée en effet a été pleine sans discontinuer d’obligations de députée, certaines très importantes comme la visite de Fadela Amara à la Benauge. Je parlerai de tout cela ultérieurement.

Mais notre score d’hier ? Mais notre inquiétude, multipliée par ce que je lis sur mon écran des réactions de nos trentas, quadras, quinquas ? Mais l’analyse posée des chiffres ? Mais l’émotion reçue sur le terrain de ceux qui m’ont dit que « le Parti Socialiste n’avait plus de sens »?

Je ne suis pas depuis très longtemps au Parti Socialiste. Sept ans exactement. Mais avant même d’en faire partie, j’avais la connaissance de ce qu’il représente d’effort, de travail, de sens de la vie, de sacrifices, de joies, d’histoire, d’attentes, de luttes, de camaraderie, d’être ensemble, de faire ensemble, de croire, de vivre encore, d’exister…

Je pourrais en faire plein de lignes et je n’épuiserais pas la force intrinsèque, l’exigence d’exemplarité du Parti Socialiste ; l’obligation où nous sommes de le laisser comme un viatique à ceux qui sont nés avec comme seul capital EUX MÊMES, qu’on leur laisse quelquefois (souvent) gaspiller parce qu’il est plus facile de les divertir que de les instruire, de les plumer que de les porter.

Je n’ai ni la haine, ni la rage, mais une espèce de force interne qui est comme un moteur de chaudière branché sur je ne sais quelle énergie renouvelable : nous avons des valeurs et elles sont saines. Nous devons les porter devant le siècle en ayant pleinement conscience que tout à changé, le langage, la manière de ce que nous appelons « militer » et qu’il faut les ranger en ordre simple, les rendre lisibles à tous pour que tous puissent les enrichir de ce qu’ils ont vécu, nous ranger derrière elles, les incarner en même temps que nous effacer devant elles.

Ce soir, avant d’aller très prosaîquement préparer mon paquetage pour un départ très tôt demain, j’ai soulevé un instant le couvercle de la marmite pour laisser sortir, comme la fumée d’Aladin, ce que j’avais sur le coeur.

Souffrance et révolte

Souffrance et révolte en écoutant les « sondages sortis des urnes », nationaux, Ile de France, Sud Est..

Souffrance de notre incapacité à porter des idées fortes, des grands projets, de les mettre en ligne, comme des petits soldats, de les formuler de manière simple et compréhensible, de manière à ce que , sur les marchés, chacun sache les enrichir de sa propre expérience, selon ce qu’il sait et qu’il connait. Révolte que nous sachions si mal (que nous ne sachions plus) nous ranger nous-mêmes derrière ces petits soldats, nous effacer devant les idées, pour les porter avec nos personnalités, nos talents, notre chaleur, nos compétences, mais en serviteurs de ces idées.

Oui, j’ai entendu de nos responsables dire qu’ils ne bougeraient pas le petit doigt pour ces élections, oui j’ai souffert de disposer de si peu de matériel électoral (tracts, présence de nos candidats..), oui j’ai souffert de voir Jacques Delors se ranger à la tête du comité de soutien de Vincent Peillon au lieu d’agir de tout son poids sur le plan national ; et pire encore de le voir « penser à Juppé » pour remplacer Barroso.

Mon habitude n’est pas de tirer contre mon camp. Ce blog ne porte je crois aucune trace de ces balles-là. Plus que beaucoup, j’ai souffert de la composition de nos listes, de l’éviction de Gilles Savary, je l’ai exprimé clairement, avec autant de force que me donne mon mandat de député. Mais à aucun moment, je n’ai fait de ce scrutin, une arme à usage interne.

A Reims, qui était mon premier congrès, j’ai dit que c’était aussi le dernier. Le dernier sous cette forme, où nous retournons les armes contre nous pour la supposée gloire de l’un ou de l’autre, quand nous nous sabordons collectivement.

J’ai tracté sur mon canton les 800 (huit-cent!) tracts dont je disposais pour 23 000 habitants, avec deux de mes très proches.

Souffrance et révolte. L’une est bien souvent mère de l’autre. Nous ne pouvons pas continuer ainsi.

Un déjeuner qui passe mal

A ma connaissance, les préfectures et les mairies sont largement dotées d’équipements leur permettant d’assumer les repas officiels. Et la tradition républicaine voulait, jusqu’à une date récente, que les repas officiels s’y déroulent. Tout spécialement à l’occasion des visites ministérielles et plus encore présidentielles.

Comme toujours, la tradition a un sens et des raisons objectives. Le Président de la République en déplacement est chez lui dans tous « les palais de la République », qui ne sont pas toujours des palais, mais qui sont toujours des bâtiments officiels, à vocation publique (au sens de : contraire de privé) y compris les résidences. Leur vocation est de pouvoir assurer la tenue de manifestations et repas où la République est présente et plus encore puissance invitante.

Cela a, entre autres, un très grand avantage : la sécurité des personnes y est beaucoup plus aisément assurée que dans un lieu tel qu’un restaurant d’une petite rue dans un quartier compliqué.

Je suis très choquée qu’un repas officiel (dont les frais sont assurés par les deniers publics) se déroule dans un restaurant. Cela suppose un désagrément maximum pour les riverains du quartier (rues dévitalisées, voitures interdites ou embarquées à la fourrière, poubelles condamnées, tireurs sur les toits, vérifications d’identité..) et une débauche de forces de l’ordre qui seraient mieux utilisées ailleurs. Huit cent policiers pour une heure de tête à tête juppéo-sarkozien, est-ce acceptable ? N’y avait-il pas un salon à la Mairie qui puisse offrir un écrin satisfaisant à cet entretien ?

Je suis choquée aussi de la publicité faite au restaurant. Imaginez-vous, il y a cinquante ans, lors de sa visite à Bordeaux, le Général de Gaulle allant dîner dans l’équivalent d’alors de la Tupina ?

En outre, dans le cas de la visite du Président au congrès de la Mutualité, c’est sur place, au milieu des mutualistes qu’il aurait dû déjeuner. Mais notre Président est trop craintif et ce sont alors 5000 policiers qu’il aurait fallu débaucher de leur office habituel.

Pour le moins alors, aurait-il dû convier à la Préfecture, le Président de la Mutualité et ses principaux représentants. Voilà sans doute ce qu’aurait fait le Général de Gaulle.

De service d’ordre, il n’aurait accepté que son officier d’ordonnance et une garde d’honneur à la porte de l’hôtel Préfectoral.

On me dit qu’en ces temps, on ignorait le terrorisme. Les dangers étaient en effet d’autre nature et le Général en a fait l’expérience au petit Clamart. Et je pense qu’aujourd’hui un terroriste, s’il voulait frapper au coeur le monde occidental, choisirait le tripode de l’hôpital Pellegrin, plus que Sarkozy en visite.

A ce propos, vigie pirate ou pas, on entre au tripode sans vérification, ni contrôle, dans une cohue permanente.

Congrès de la mutualité : Sarko menteur

J’ai failli quitter l’immense salle plénière du congrès de la Mutualité en écoutant Sarkozy dire « l’hôpital courait à sa perte si nous ne l’avions pas réformé ».

Je ne l’ai pas fait. Je ne peux pas réclamer le respect des règles républicaines et ne pas les respecter strictement moi même. Le Président de la République n’est pas un homme mais une fonction. Mais quand même ! Entendre que la loi Bachelot sauvait l’hôpital de sa perte, alors qu’elle constitue un premier pas pour l’y précipiter, c’est une couleuvre un peu grosse à avaler. Le silence d’ailleurs a suivi cette sentence : silence de Sarkozy qui attendait des applaudissements, silence de la salle, qui dans cette occasion comme dans d’autres, n’était pas prête à lui apporter son soutien.

Après le discours du Président Davant, plein de mesure mais sachant dire avec justesse à la fois ce qu’il faisait et ce qu’il croyait, quelle imposture !

Imposture encore quand le Président a déguisé la seule mesure du texte de la loi Bachelot luttant (mollement) contre la désertification médicale.

La mesure est celle-ci : les étudiants en médecine ne pouvant assurer le coût de leurs études bénéficieront d’une aide en contrepartie d’un engagement à s’installer dans les zones désertifiées.

Traduction sarkozienne : « j’ai décidé de soutenir et d’aider les étudiant en médecine désirant s’installer dans les zones manquant de médecins. Pour ceux-là , j’ai proposé une aide et de leur apporter un soutien financier pendant leurs études. Moment de silence : « En effet, nous devons aider ces médecins qui choisissent de s’installer dans les zones de pénurie médicale.

Il est encore plus coupable de retourner la vérité que de retourner sa veste. Le texte de la loi est presque au contraire de ce qui a été dit.

Plusieurs fois, Sarkozy s’est interrompu, regardant la salle, attendant des acclamations. Mais non, décidément, ça ne passait pas. La salle des représentants mutualistes a été polie, très polie, très républicaine, mais de couleuvre elle n’a point voulu pour son apéritif.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel