Plus ils sont pauvres, plus on les plume
Les pauvres ne sont pas riches mais ils sont nombreux. Cette parole admirable du regretté Joseph Caillaux est plus que jamais d’actualité.
Elle est malheureusement incomplète : les pauvres sont aussi plus vulnérables, plus faciles à piéger, plus aisés à plumer.
En bref, que du bonheur ! Du moins pour ceux qui n’ont d’autre objectif que de s’enrichir. Dans ce groupe, toujours plus nombreux et fêté par la Sarkozie triomphante, les professionnels du jeu.
Ceux-là vont trouver la pleine expression de leur talent et de leurs ambitions avec les jeux en ligne. Plumer les pauvres, les vulnérables, les chômeurs en désespérance, les jeunes paumés de chez paumé, les vieux seuls au monde et surtout les vieilles, à leur domicile et à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, sans contrôle aucun, sans règles autres que l’alibi d’une « charte de bonne conduite », va être désormais non seulement possible mais recommandé. La publicité qui limite la promotion de l’alcool va être ouverte à larges vannes, au même titre qu’elle l’est pour les parfums ou les poudres à laver. Que du bonheur, vous dis-je !
N’y a-t-il personne qui s’émeuve ? Mais bien sûr que si !
Les maires ump des villes possédant un casino (Bordeaux est, de ce point de vue, parmi les mieux dotées) sont inquiets : cette ouverture des jeux en ligne ne va-t-elle pas minimiser la manne dont ils profitent ?
Pour répondre à cette angoissante question, ils viennent de se réunir en conclave, cherchant les palliations et les feintes possibles. Heureusement, il apparait que les jouer en ligne multiplie le désir/besoin de jouer aussi en « live ». Si on a perdu a minuit sur son ordi, on n’en a que plus envie de perdre le lendemain en direct sur la machine à sous du casino voisin. Réconfortant, non ?
Et je ne vous ai pas tout dit : les pauvres sont nombreux, certes, mais -toutes les prévisions concordent- , ils le seront plus encore demain !
L’article 13 de la loi sur l’égalité des droits : la fin de la barrière d’âge ?
L’accessibilité pour tous
Mais qu’est-ce que c’est que ces histoires de cartable ?
Qu’est-ce que c’est que cette désinformation à la noix, ces effets d’annonce, ces bourrages de crâne de veille d’élection ?
Des mots, plus familiers, voire plus vulgaires, sont venus sous les mignonnes petites touches de mon ordi, mais lui comme moi, avons conscience de représenter la fine fleur des Bordelais (ceux qui m’ont élue !), j’ai donc mis un bémol à ces vélléités.
Revenons au cartable. Depuis qu’il existe, le cartable est un outil pédagogique destiné à transporter du domicile à l’Ecole, le matériel, les livres permettant à l’écolier, quel que soit son niveau d’études, d’accomplir sa noble tâche : apprendre.
Dire qu’il n’y en pas de plus belle est une évidence, mais ce n’est pas le coeur du sujet. En tant qu’outil pédagogique, le cartable peut-être examiné par l’enseignant de manière à s’assurer qu’il contient les documents qu’il faut, rien de plus, rien de moins, qu’il n’est pas chargé comme une valise de cam et que ce qu’il contient correspond bien au programme du jour.
Darcos, du temps qu’il n’avait pas été totalement pris dans la tourmente médiatico-sécuritaire de l’ump’, avait d’ailleurs largement bataillé contre le poids et la surcharge des cartables, invitant les enseignants à les examiner et à enseigner l’ordre et le juste choix de ce qui est nécessaire. Dans un collège de mon canton, on a instauré le partage du transport des livres : deux élèves, placés sur les bancs l’un à côté de l’autre, transportent à jour passé la moitié des livres indispensables. Tout cela n’a jamais justifié l’intervention du Chef de l’Etat.
Les médias nous rebattent aujourd’hui les oreilles des arbitrages sarkoziens pour assurer la sécurité à l’école. Juste après, ils clament que le PS est aujourd’hui en deçà de 19% dans les sondages en vue de l’élection européenne. Et chacun de gloser sur sa mauvaise campagne, ses hésitations…
Est-ce faire une bonne campagne de sortir de son chapeau la Turquie un jour, les mitraillettes cachées dans les cartables le lendemain et demain sans doute, quelque vieillard que l’on aura attaqué à son domicile ?
Est-ce être un citoyen que de se laisser laver la tête d’une sornette après l’autre ?
On sait, que pour des raisons aquitaines et girondines, cette campagne ne soulevait pas de ma part un féroce enthousiasme. Mon manque de goût à être un pigeon et à me laisser plumer m’a rendu intégralement cet enthousiasme.
Il faut aujourd’hui être sacrément forts pour rester libres.