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Les Trans

La Ministre Roselyne Bachelot a scotché sur mon bureau la question écrite que je venais de lui écrire lui demandant de rayer de la liste des maladies psychiatriques la transsexualité.

On ne peut que s’en réjouir. Quelles qu’en soient les motivations et en restant vigilant sur les conséquences, voire les arrière-pensées de la Ministre, cette mesure est légitime.

Les Trans- ne sont pas des malades mais bien souvent des souffrants : l’indécision, l’inégalité d’un lieu à l’autre où les tient la loi, les difficultés de tous ordres à retrouver le genre qui est le leur, ne vont pas sans peines et sans efforts. Nous préparons à l’Assemblée Nationale à la rentrée un colloque pour sensibiliser les élus à tous les aspects de la question.

J’ai précédemment interrogé la Ministre sur l’inégalité de traitement appliquée à un trans voulant changer d’identité selon qu’il habite Paris ou Nancy. Ici trois expertises, très coûteuses lui sont obligatoirement imposées, ailleurs elles ne seront pas exigées. Dans tous les cas pourtant le chemin est « long, sablonneux, malaisé ».

Je m’interrogeais sur les motivations de Mme Bachelot. On ne peut écarter qu’elle a saisi à point nommé la journée d’action contre l’homophobie pour dissiper un peu au regard de l’opinion les difficultés qu’elle rencontre pour faire voter sa loi.

Un autre aspect est plus important encore : si les troubles de l’identité de genre ne sont plus inscrits, du moins aux yeux de la loi, au LMD, le registre des affections psychiatriques, continueront-ils d’être pris en charge à 100%?

Il nous faut être très vigilants sur ce point : la prise en charge est exigible jusqu’au traitement chirurgical et hormonal qui conditionne en France le changement d’identité. Ce traitement est lourd pour le patient mais il est aussi très coûteux ; sans prise en charge, la plupart des trans ne pourront y subvenir.

Je m’interroge sur la poursuite de la prise en charge à 100% à distance de ce traitement, n’étant pas sur cela en complet accord avec les représentants trans que j’ai reçus à plusieurs reprises. Même après avoir rejoint leur identité, les trans ont besoin d’être accompagnés psychologiquement, mais si nous maintenons la couverture ALD (Affection de Longue Durée) n’est ce pas la reconnaissance implicite d’un état pathologique ?

Mme Bachelot a peut-être la même interrogation à ce sujet, et aussi un soupçon d’arrière-pensée dans une période où nous sommes enjoints de revoir à la baisse les ALD et leur prise en charge à 100%.

Tout cela ne se règle pas sans une réflexion profonde et posée. Celle-là même que mènent et que portent les trans eux mêmes.

Conseil d’administration au CHU de Bordeaux

Cet après-midi, se tenait le Conseil d’administration du CHU. Le contexte le rendait particulièrement intéressant : les médecins y seraient-ils présents ? La position de la CME à l’égard de la loi serait-elle évoquée par son Président ? Et le Président du Conseil d’administration exprimerait-il de quelque façon son inquiétude pour le service public hospitalier, si cette inquiétude existe ?

Mais tout d’abord quelques mots sur mon CHU. Quarante-cinq ans de vie commune justifient ce pronom très possessif de part et d’autre. Le Centre Hospitalier de Bordeaux est à la fois Régional (CHR) et Universitaire (CHU), mais il est aussi l’hôpital de la ville, et à ce titre se doit de jouer son rôle de permanence d’accueil pour tout public, tous les jours et à tout heure. Il est, et ce n’est pas rien, le premier employeur de la région avec 13 292 personnes rémunérées chaque mois, dont 1897 médecins et 8121 soignants. Au passage signalons que dans toutes les catégories, les femmes l’emportent de beaucoup.

Il est fort de 3107 lits, distribués en trois pôles : Pellegrin (1421 lits), Groupe Sud (1262 lits) et Saint André, l’hôpital historique situé en centre ville (424 lits).

Quelles réponse aux trois questions que je posais en début de ce billet ?

Oui, les médecins étaient présents et cela constitue une singularité. Quelques jours plus tôt, ils s’étaient abstenus de participer au CA de Charles Perrens, comme à peu près partout en France, pour manifester leur rejet de la loi Bachelot. J’ai interrogé sur ce point le Président de la CME qui m’a dit que la communauté médicale ne participait pas aux commissions mais avait décidé d’être présente au CA. Je ne partage pas totalement cette logique.

Le Pr Dallay n’a pas fait état de la position de la CME, qui s’est exprimée contre la loi. Il me semble que cela aurait du faire partie des informations importantes données aux administrateurs.

Le Président Alain Juppé, qui cherche à marquer « sa » différence dans les médias avec le Président de la République n’a à aucun moment marqué son inquiétude pour ce que la loi fait peser d’incertitudes financières et malheureusement d’assurances en terme de maintien du service public. Il en aurait eu, à plusieurs reprises, l’occasion.

Pour ma part, j’ai voté, avec l’ensemble des syndicats contre le budget (compte financier 2008). Pour la première fois, il fait état d’un déficit de 2,2 millions d’euros. Déficit que l’on peut considérer comme faible (il représente une journée de fonctionnement de l’ensemble de l’établissement) au regard de ceux que l’on enregistre dans de nombreux hôpitaux, mais il marque les premiers signes ce que la loi va imposer.

D’abord parce que ce déficit est lié à une mauvaise évaluation de la T2A (tarification à l’activité). De nombreuses pathologies, comme par exemple les leucémies aigues, sont sous évaluées : plus on en soigne, plus on creuse le déficit. La généralisation de la T2A va mathématiquement aggraver la situation.

Ensuite parce que ce déficit est contenu grâce à un effort toujours plus grand demandé au personnel. J’ai pris l’exemple dans mon intervention des urgences de gynécologie obstétrique qui ont été ouvertes sans les moyens nécessaires. Demain, des services entiers risquent de ne plus pouvoir assumer leurs missions faute de moyens.

Les réprésentants syndicaux se sont exprimés dans le même sens, avec pondération et responsabilité. Nous aurions aimé voir les autres administrateurs, et en premier lieu le Président et les médecins, répondre à leur inquiétude.

Je donne les faits bruts, dans leur exactitude et sans les commenter. En est-il besoin ?

Venez débattre des questions d’immigration en Europe avec les associations qui oeuvrent pour les droits de l’Homme

Je serai présente samedi 16 mai à 17h à l’IUT de journalisme (Place Ste Croix) aux côtés de responsables bordelais et nationaux de la CIMADE, du GISTI, du réseau DES PONTS, de PAS DES MURS et de SOS Racisme, pour une conférence-débat sur le thème : « EUROPE ET IMMIGRATION : Entre politique sécuritaire et utilitaire, que reste-t-il du projet humaniste européen? ». Cette manifestation sera précédée d’une conférence de presse à 16h. Venez nombreux !

Le prêt de salarié

Non, décidément, on n’arrête pas le progrès…

Nous examinons en ce moment en commission des affaires sociales une proposition de loi du député ump Poisson qui dépasse un peu le raisonnable.

Son principal article vise à étendre les groupements d’employeurs. Jusqu’alors, cette structure juridique ne pouvait réunir plus de deux employeurs et les entreprises concernées ne pouvaient avoir plus de 300 salariés. Cela concerne actuellement 35000 employés environ, principalement dans le monde rural.

Dit comme cela, on ne voit pas tout de suite le piège. A l’intérieur d’un groupement d’employeur, les salariés peuvent être « prêtés » d’une entreprise à l’autre. Les employés ont 15 jours pour accepter ou refuser ce prêt qui suppose non seulement une mobilité d’établissement à établissement, mais aussi une mobilité géographique.

Jusqu’alors la restriction à deux employeurs limitait généralement la distance géographique et, pour les petites entreprises, le prêt pouvait trouver une justification. Désormais, des entreprises distantes de plusieurs centaines de kilomètres peuvent se grouper. De plus, la justification qu’il pouvait y avoir à prêter une secrétaire en cas de coup de bourre de l’entreprise voisine, n’a plus de sens quand il s’agit d’une entreprise de 500 personnes où il y a, à l’évidence, plusieurs secrétaires et la possibilité d’embaucher.

Je suis intervenue pour savoir s’il n’y avait pas lieu à prévoir des limites géographiques au possibilité de prêt et si des dispositions particulières concernant les femmes, qui ont moins de facilités à la mobilité, étaient envisagées. Bien sûr que non ! Le député Poisson n’en voit pas l’objet.

Même chose sur les garanties exigibles qu’un refus du salarié, voire plusieurs, ne puisse en aucun cas être sanctionné. Mais, ma chère collègue, où allez-vous chercher ces drôles d’idées ?

Le prêt ne doit pas avoir (pour l’instant) de but directement lucratif : je vous prête monsieur Untel, mais c’est tant par mois, en plus de son salaire. Pour l’instant. La location, comme autrefois pour les moujiks, c’est pour la prochaine proposition de loi.

Même le Président de la commission Pierre Méhaignerie a manifesté son peu d’enthousiasme pour le terme « prêt » et proposé « convention de détachement. Mais pourquoi donc, mon cher collègue, c’est bien d’un prêt qu’il s’agit !

J’ajoute qu’en plus de nous, il y a quand même quelques députés ump qui ont exprimé que, dans la situation actuelle de l’emploi, le prêt de salarié n’était peut-être pas une urgence. Mais le vote a eu raison de leur folle impudence : la proposition de loi a été retenue.

Hôpital : des concessions bien sélectives

Les concessions que parait faire la Ministre Roseline Bachelot en face de la gronde des hospitaliers ne sont pas rien, mais elles ne touchent pas la pièce maîtresse de la loi « portant réforme de l’hôpital » et le mettant, fondamentalement, en danger.

Même recul tactique de la part de Nicolas Sarkozy dans le discours qu’il vient de tenir à l’élysée devant le gratin du personnel hospitalier (médecins et administratifs). Plus question de « un seul pilote dans l’avion », ni d’une autre de ses citations « je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas gérer un hôpital comme n’importe quelle eprise ». Le Président a fait patte douce, élargi le rôle des médecins dans la gouvernance et envisagé de rétablir les services au sein des CHU.

Mais la « fongibilité asymétrique », qui remet en cause le statut de l’hôpital public, en permettant le transfert de l’une ou l’autre de ses missions au secteur privé, il n’en a point été question. Tant que ce transfert pourra avoir lieu, sans que la garantie soit obtenue
– qu’une mission ne pourra être transférée sans être assortie d’un « socle de service public »
– qu’une mission transférée sera accomplie au tarif public (tarif sécurité sociale)

Je m’explique, en donnant un exemple : – si la chirurgie de la main est transférée au secteur privé, elle ne pourra l’être sans que soient transférée avec elle les charges d’enseignement des étudiants de tous niveaux, la permanence des soins, l’urgence, l’accueil des bénéficiaires de la CMU … – de même, elle ne pourra être transférée sans l’assurance que les actes seront pratiqués au tarif public, ou pour le moins que les actes pratiqués en secteur II ne représenteront qu’une partie faible et strictement définie.

Sur le plan tactique, la gestion gouvernementale de la fronde hospitalière est sans défaut. Je ne veux pas faire offense à mes collègues hospitaliers, mais leur silence au moment de la bataille de la gauche à l’Assemblée n’a pas été sans signification. Aujourd’hui, le rapport de la commission Marescaux offre une porte de sortie très bienvenue pour ce qui concerne les CHU. Mais comment n’être pas abasourdi d’avoir présenté une loi portant réforme de l’hôpital sans attendre la remise de ce rapport concernant un des piliers de l’hospitalisation ?

Là comme ailleurs, l’esprit critique devient une condition de survie dans le marigot des stratégie, des « coups » et des manipulations.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel