m

Plus fort que fort

Je ne résiste pas… D’ordinaire, j’essaye de garder sur ce blog un peu de distance avec l’amusement ou la colère du moment. Mais là, carrément, je craque…

Sud Ouest du jour, que je lis un peu tard, rend compte des déclarations du Maire de Bordeaux au grand jury RTL. Les médias, c’est comme les poupées russes, l’une ressemble à l’autre et rend compte des mêmes paroles. Celles-ci le méritaient.

Je cite : « l’ex-Premier ministre n’a pas écarté, hier, l’hypothèse de se présenter à la présidentielle de 2012 ». L’avions-nous jamais imaginé ? Même au Parti Socialiste, il y en a qui « n’écartent rien » jusqu’en 2040. Alors…

Mais là où Juppé est plus fort que « les meilleurs d’entre nous », c’est qu’il confirme dans le même temps qu’il sera candidat aux législatives de la même année. Les deux élections se suivant d’environ un mois, ça c’est fort !

Plus fort que fort, c’est fort ! Coluche le disait déjà des lessives qui lavent plus blanc que blanc, et Paul Valéry, à sa manière, le disait aussi de la bêtise.

Les valeurs universelles de la République

Ce sont elles que la Ministre, Michèle Alliot-Marie, a célébrées dans son allocution, appelant chacun de nous à la vigilance car ces valeurs pouvaient, à tout moment, être mises en danger.

Elles l’étaient en effet, au moment même où la Ministre parlait, par elle-même, par le Maire de Bordeaux trônant à ses côtés, par les forces de l’ordre réprimant sans ménagement les manifestants, O combien responsables et pacifiques de RESF et aussi pour les raisons évoquées à l’occasion du billet précédent.

La République est universelle, apolitique, elle tient les citoyens pour égaux, n’en méprise aucun, les élève tous et aide à leur accomplissement.

Quel dommage que la qualité de la muséographie (comme on dit maintenant) qui a présidé à la composition et à l’aménagement des salles du Musée d’Aquitaine ait été terni par les erreurs, les faiblesses, les enfantillages de l’ordonnancement de la manifestation par la Municipalité.

J’ai parlé de la place donnée à Christiane Taubira, en tant qu’initiatrice de la loi du 10 mai 2001. Il en va de même de la place laissée aux élus de gauche qui oeuvrent depuis plus de dix ans à la mémoire de la Traite, à l’action de longue date du Conseil régional et à l’importance de son financement à la manifestation (137 000 euros).

Plus encore, de la place accordée aux noirs eux-mêmes et à leurs associations.

Pas un seul à la table de la conférence de presse ; pas un seul, autour de la Ministre, à la table d’honneur pour le bref repas qui a précédé son départ ; pas un seul dont l’action, ni le nom, n’ait été cité dans les discours officiels.

Pas un seul « sur la photo ». Cette expression résume le message que l’on entend donner.

Pas non plus le chef de l’Etat. Le rejet de sa part de la candidature d’Alain Juppé à un poste de Ministre n’est sans doute pas indifférent à cette absence. Non que Nicolas Sarkozy n’ait manqué, mais le Président de la République, si.

Et d’ailleurs, l’esclavage, ici, maintenant, aujourd’hui, en fût-il question, sait-on le voir, le reconnaître, en adoucir les chaînes ? Un seul représentant de RESF et des associations de soutien aux sans papiers a-t-il été reçu par la Ministre ? Non, ils furent violemment éconduits, écartés, inquiétés.

Les valeurs universelles de la République, aujourd’hui, ce sont eux qui les défendaient.

voir aussi sur le sujet le dernier billet du blog d’Emmanuelle Ajon https://emmanuelle.ajon.over-blog.com/

10 mai : l’aboutissement, à Bordeaux, de la loi Taubira

Les premières lignes de la loi du 10 mai 2001, à l’initiative de Christine Taubira, sont les suivantes :

« La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du xve siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité ».

Christiane Taubira était venue de Guyane pour être présente aujourd’hui à la commémoration nationale de la traite. Son nom n’a pas été cité par la Ministre Alliot-Marie dans son allocution ; n’a été cité que de manière anecdotique par le Maire de Bordeaux « les parlementaires présents » (dont Mme Taubira) » ; elle n’a pas été appelée à la table de presse (non plus qu’aucune personnalité noire) ; elle est arrivée à l’aéroport sans y être attendue, alors que M Tillinac bénéficiait d’un chauffeur et elle a toujours été tenue au deuxième rang des officiels. Et malgré tout cela, elle a su rester souriante et sereine, amicale à tous ceux qui l’approchaient et la remerciaient.

A aucun moment, son action à l’initiative de la loi, n’a été rappelée.

J’ai honte pour le Maire de Bordeaux, honte pour le gouvernement que représente Mme Alliot-Marie. Le drame est qu’à Bordeaux, en France, on ne sait plus à qui demander pardon, tant la politique est devenue partisane, médiocre, bricolée, travestie, selon les circonstances et les intérêts.

9 mai

Les titres de ces billets basculent dans l’originalité… Ce n’est pas, bien évidemment, sans quelque intention.

Tous, savez ce que représente ce 9 mai. Tous, et d’autres encore, avez été frappés de l’énergie avec laquelle les partis politiques se sont emparés de ce grand jour pour en montrer l’importance, le caractère symbolique, au lendemain du 8 mai. Toutes nos mairies, à commencer par celle de Bordeaux, toutes nos mairies de quartier à commencer par celle du Grand Parc où j’étais ce matin, étaient sans le moindre doute pavoisées pour le célébrer …

Cette date marque en effet la journée de l’Europe et nous sommes à 4 semaines des élections européennes.

En réalité : silence radio, sur toutes les fréquences. Sarkozy est chez Carla et la coupe de la ligue bretonno-bretonnante occupe les esprits. Les frontons de nos bâtiments publics n’ont pas sourcillé, ni ajouté un oriflamme à leurs hampes.

A une notable et chaleureuse exception. Nous étions tout à l’heure nombreux autour de Gilles Savary pour un déjeuner débonnaire mais qui n’était pas moins signifiant. Gilles sait faire vivre l’Europe, en montrer la conditionnelle importance dans le siècle qui s’ouvre et, dès aujourd’hui, le privilège qu’il y a à être Européen.

A nous exprimer tout cela, il a quelque mérite, en ce jour où quelque parti que ce soit, de gauche, de droite ou du centre extrème, répond aux abonnés absents.

Les partis, oui, en effet. Les amis de Gilles, et ceux qui misent sur une Europe de liberté, de fraternitude et d’équilibre social, non ; ceux-là, étaient là et bien là.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel