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Grippe aviaire, vache folle, cancer, sida : mais que fait l’Europe ?

Voilà une bonne question !

Nous la poserons, avec quelques autres,

vendredi 17 avril, à 20 h 30

au Connemara, 18 cours d’Albret à Bordeaux

Remboursement des soins pour tous les Européens, validité des diplômes pour toutes les professions de santé, recherche, lutte contre les épidémies, collaborations transfrontalières, l’Europe est très impliquée dans la santé de chaque Européen, mais elle manque gravement à faire de la santé un sujet d’union et d’ambition commune.

Je vous invite à venir en débattre ensemble.

Pipolisation ou personnalisation ?

Ce sont bien souvent les commentateurs de ce blog qui en font l’actualité et l’énergie. Sous les pas du billet précédent est apparu, non pas un contre-sens, mais un sens à double entendement. La « personnalisation » flirte très fort avec la « pipolisation », mais elle ne lui est pas synonyme.

La première est, comme le disent Clem, Asse42, d’autres, inhérente au(x) régime(s) présidentiel(s) ; inhérente, probablement, à notre société d’images et de médias. Obama en est, non pas l’avatar, mais l’apogée. Comment pourrait-il en être autrement ? Physiquement, essentiellement, il représente par sa seule apparence, par sa seule personne, un tournant de l’histoire des Etats-Unis. Il le fait avec un exceptionnel talent, et si un psycho/démo/socio/ethno/anthropo/logue décortique un jour son image, on verra combien elle est transitionnelle en même temps que profondément US. Les Américains de pouvoir étaient autrefois (hier matin) des « WASPS » (White Anglo-Saxons Protestants). Ils sont aujourd’hui autorisés à être des « Black Cosmo-Saxons Protestants ». Malgré son immense talent, Obama n’aurait pas pu changer tous les paramètres d’un seul coup, mais il a déjà fait beaucoup. L’allitération par contre est impossible. Les initiales BCSC ne sont promises à aucun succès !

Je me suis laissée éloigner, comme bien souvent, du corps de mon sujet. La « personnalisation », défendue par Asse42 à propos de Ségolène, répond en effet à une nécessité du temps, mais elle n’est pas nouvelle. Sans avoir besoin de s’enfoncer dans l’histoire, Pierre Mendès-France (avec parcimonie), de Gaulle (avec faste) l’ont utilisée et ils ont eu raison. Pour cela, ils ont marqué notre histoire et notre inconscient.

Elle connait aujourd’hui d’autres exigences. La prééminence de l’image impose aujourd’hui à celui/celle qui a du charisme d’être une star. Obama ressemblerait-il à Idi Amin Dada, il ne serait pas Président des Etats-Unis et il ne serait pas Obama. Il dit lui-même qu’il s’est fait une règle « de ressembler à celui que l’on croit qu’il est ». Tout est dit, dominé, avoué. Oui, la personnalisation est nécessaire, même si elle est vulnérable et toujours menacée du culte de la personnalité ou de la grosse tête.

La pipolisation, j’oserais dire que ce sont les miettes de la personnalité, qu’on laisse volontairement tomber de la table pour les donner au peuple, pour fabriquer une image dont on puisse parler sur les marchés.

« Fabriquer » est bien le mot. Si la « personnalisation » ne peut pas vivre sans un fondement de vérité, la pipolisation n’en a rien à faire. C’est « le misérable petit tas de secrets » que dénonçait Malraux vendu à vil prix, et produit par un faussaire. Il s’agit de créer une image, de l’adoucir, de la rendre plus compliante aux circonstances et plus complaisante au public. C’est constamment, de la fausse monnaie et les femmes y sont toujours perdantes car elles y sont bien souvent utilisées selon des schémas réactionnaires qui ajoute au peu de goût que j’ai de ce mauvais commerce. Elles mêmes d’ailleurs, quand elles ont le premier rôle, s’en gardent avec prudence.

La pipolisation n’est pas mon fort

Je repense à un commentaire de « mon oeil » au billet précédent. En réalité, je n’y repense pas, la pensée a fait son chemin souterrain alors que j’étais occupée de beaucoup d’autres choses. Tant et si bien, m’y voilà.

Je déteste la « pipolisation » parce qu’elle est toujours, quelque part, instrumentalisation. Tel qui dit « Pierrette -ou Paulette, ou Denise- est si discrête, si dévouée aux autres (c’est à dire à moi) » instrumentalise une image de la femme fondamentalement réactionnaire, ringarde, à l’opposé de tout ce que je souhaite dans les liens d’affection, d’amour, de tout ce qu’on veut ou de tout ce qu’on peut.

L’image de l’homme est mieux préservée de ce point de vue. D’abord, parce qu’il y a moins de femmes « aux commandes », mais aussi peut-être parce qu’elles ont une sensibilité beaucoup plus grande dans ce domaine. Je n’ajouterai pas « comme dans bien d’autres » bien que cela soit venu sous mes doigts et qu’il m’arrive, avouons-le, de temps à autre de le penser. Angela Merkel a-t-elle jamais raconté sa flamme pour son Angelo ? Détaillé sa première rencontre avec lui, dans l’idée de casser son image de femme forte ? Et Angelo lui-même a-t-il jamais fait la récit de ses « jours heureux » au Budeskanler Amt (la résidence des chanceliers) ?

Jamais. Angelo ne s’appelle pas Angelo mais Joachim Sauer. Il ne porte pas le nom de Merkel. Il n’en a pas besoin. Il mène sa carrière scientifique indépendamment d’Angela, publie livres et articles sans référence aucune à sa chancelière. Il Existe.

Zapatero n’a pas besoin non plus de Zapatera. Pas besoin, plus justement, de la mettre en scène, de la faire vivre dans son orbite. Il n’y a guère qu’en France que l’on convoque les conjoints dans les campagnes électorales ou les déclarations de candidature. Ai-je besoin de citer des prénoms ?

La modernité de la vie politique, à tous les niveaux, impose la liberté, l’expression et la responsabilité personnelles. Homme ou Femme, quels que soient l’optique ou le regard, je bataillerai toujours pour cela.

Je reviens au titre de ce billet, décalqué de Valéry (Paul, pas Giscard) : « la bêtise n’est pas mon fort ». Il me semble y avoir un lien très direct entre les deux formules.

Les journées babygros

Le luxe de trois journées babygros d’affilée n’a d’égal que leur brièveté : deux déjà sont passées et la troisième est saisie de la même hâte. Beau ou mauvais temps, les heures courent et les minutes ressemblent à des secondes. Toutes à la fois occupées et libres, c’est à dire occupées de nulle autre urgence que celle qu’on veut bien appeler telle.

La journée babygro se définit par l’excellent vêtement qui l’accompagne : doux, mou, confortable, généralement large, souvent fatigué par un long usage, insoucieux en tout cas de bonne apparence comme de minimale séduction. Le babygro est libertaire en même temps que casanier. A défaut de plaire, il sied, il entoure, il réchauffe, il réconforte.

Les esprits fins en même temps que géomètres qui honorent ce blog de leur fréquentation auront compris que le vêtement n’est ici que l’apparence d’une disposition de l’âme (rien de moins) assez éloignée des joutes, griefs, noirs desseins et autres médiocres divertissements que méprise le philosophe. Le battement sur le parquet de la queue du chien, les premières ponctuations rouges d’une aubépine trentenaire, le « merle moqueur » et la concurrence des moineaux autour d’une colonne de graines y trouvent meilleure grâce que les échos des gazettes. Avouons pourtant qu’ils n’en sont pas absents, mais qu’ils y sont reçus avec la distance qu’ils méritent.

Le petit trottinement guilleret des touches de l’ordinateur et, derrière lui, sa respiration rassurante vont bien à la fois avec la course et le calme des journées babygros. En réalité, la magie, c’est qu’on prend le temps de les entendre et de s’en réjouir comme d’une présence familière.

On voudrait que tout cela, non pas dure toujours, mais ne s’arrête que quand on le désire.

Un soleil attendrissant de fragilité répond à ce voeu. Je le rejoins dehors.

Education : l’alerte rouge !

Le classement des lycées publié par « Sud Ouest » dans son édition du 9 avril et par « L’Express » du 9 au 15 avril ne sonne peut-être pas le glas de l’Ecole publique mais constitue une alerte, une sorte de carton rouge, peut-être même une dernière chance, pour qui voudrait sauver les principes de l’éducation publique et républicaine.

Mais n’est-ce pas, au contraire, le propos de ce gouvernement de dissoudre ces principes et d’entériner désormais que, ce qui fut le ministère de l’instruction publique puis de l’éducation nationale, devienne définitivement celui de la ségrégation sociale et de l’inégalité des chances ?

Classement national des lycées : 16 établissements privés parmi les 20 premiers.
Classement girondin : 6 établissements privés parmi les 8 premiers.

Le classement prend en compte, non seulement le taux de réussite au bac mais la capacité à faire progresser les élèves et le caractère « sélectif ou accompagnateur des établissements ». A ma connaissance, rien n’est dit de son recrutement social. Le jour où le lycée Saint Genès (quartier à 0% d’habitat social) sera situé aux Aubiers (100%), cela se saura. Ce n’est qu’à moitié une boutade : pourquoi ne pas implanter les établissements d’excellence dans les quartiers sociaux ?

Devant de telles données, que devrait faire un Ministre de l’Education, avec un grand « E », nommé par la République, héritier de Jules Ferry, dont on attend, non qu’il fasse du Jules Ferrry « dans le texte », mais qu’il applique le logiciel « Jules Ferry » aux données du XXIème siècle ?

Il devrait
– mettre les moyens humains là où ils sont indispensables : petite enfance, quartiers fragiles ..
– imposer une mixité scolaire intelligente, bien dosée, stimulante ; et ceci par des méthodes nouvelles (les enfants des Aubiers distribués dans trois ou quatre établissements différents plutôt que d’être concentrés dans un seul)
– mettre de l’élitisme républicain là où il n’y a plus qu’absentéisme, désintérêt, désespoir et décrochage. Et si les meilleurs profs (disons : les plus expérimentés, les plus désireux d’y aller), la meilleure section d’allemand étaient au lycée du Grand Parc ? Et si les écoles bilingues (comme ce fût le cas) étaient à Schweitzer et à Condorcet ? Et si, tant de possibles, tant d’inédits, tant d’impératifs !..
– rendre aux enseignants la force, le prestige, l’esprit pionnier des « hussards noirs de la République » ? Là aussi, en gardant le logiciel mais en changeant les données. Il y a tellement à inventer, non pas pour redonner la foi aux enseignants (la plupart l’ont gardée), mais pour leur redonner la visibilité et la force de cet enthousiasme.

Que constatons-nous en réalité ?

L’inverse ! Menaces sur l’école maternelle, régime maigreur pour les RASED, l’orientation, la médecine scolaire (liste non close), abolition de la carte scolaire sans mesures novatrices de substitution, suppression des options attractives dans les lycées « des quartiers », diminution des postes là où ils devraient être renforcés …

J’étais hier à l’école maternelle des Menuts : parents mobilisés derrière leurs enseignants, enthousiasme, volonté de peser sur l’avenir, amour des enfants… Tout y était de ce qu’il faut sauver, de ce que notre pays, inquiet, attend, est prêt à écouter et à suivre.

L’Ecole et l’Hôpital constituent les piliers de la République. Les Français y sont légitimement attachés et, pour peu qu’on leur donne des signes, qu’on les y encourage, qu’on leur montre que c’est encore possible, prêts à les défendre. Il manque encore ce ferment capable de solidariser les Ecoles entre elles, tous les niveaux de l’ « Ecole » (c’est à dire de l’Education et de l’enseignement) entre eux, les Enseignants aux parents d’élèves, les élèves aux étudiants… Entre les lignes du classement des lycées, il y a le ferment d’un mai 68 de l’éducation dont l’urgence est perceptible comme l’est le mois de mai au regard de la date d’aujourd’hui.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel