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Michèle Delaunay à l’école

Sud Ouest, le 11 avril 2009

La députée PS Michèle Delaunay est venue hier matin à l’école maternelle des Menuts à Bordeaux, écouter les doléances des parents d’élèves qui occupaient les lieux. Dénonçant « la mise en danger de l’enseignement public, de la maternelle à l’Université, une école à deux vitesses, rejoignant les préoccupations du collectif Sauvons l’éducation 33 », elle a assuré se faire le porte-parole des parents soucieux. Condamnant la « dérépublicalisation » de l’école publique, elle a porté une oreille attentive aux réflexions de chacun, soutenant clairement leur démarche.

Le poids des lois

Jean-Louis Debré n’est pas exactement un plaisantin mais il a résumé avec humour, ce matin sur France inter, l’inflation législative qui plombe complètement notre pays, ses administrations et noie les citoyens.

Evocant cette manie de plus en plus aigüe de répondre par un texte de loi au moindre évènement, il en a « pesé » les conséquences : il y a cinquante ans, le registre des textes de lois de l’année pesait 800 grammes ; aujourd’hui il pèse 5 kg !

A quoi bon cette inflation, puisque de nombreuses lois « ne passent pas à l’acte » : leurs décrets d’application ne sont toujours pas publiés quand la loi suivante vient les remplacer. Combien d’employés d’organismes divers, de citoyens, de justiciables se plaignent qu’ils ne savent plus où on en est des lois et reglements !

Jean Louis Debré a une explication : on légifère pour rassurer, pour calmer l’angoisse des Français et l’angoisse des politiques, « ce désespoir de n’avoir plus à espérer ».

Ce qui avait commencé par un trait d’humour a débouché sur une interrogation très sombre sur l’état de notre pays.

Bordeaux, ordre et absence de mesure

Bordeaux est une fois encore en pointe pour l’application des prescriptions sarkoziennes. Je crains qu’il n’y ait pas lieu de s’en réjouir.

Tout le monde a eu l’écho de la fâcheuse expérience d’une cycliste, rentrant tard à son domicile après avoir bu trois verres de vin. Ce petit écart était prévu et pour cela, elle n’avait pas pris son véhicule mais son vélo. Résultat : mise en garde à vue avec tous les inconvénients qui vont avec : déshabillage quasi-complet, fouille, attentes… Une autre Bordelaise a été tabassée et menottée pour avoir soutenu, avec bien d’autres, des squatteurs que les forces de l’ordre voulaient déloger. Tant d’autres, qui me content leurs mésaventures, sans proportion avec les fautes ou erreurs qui les ont causées.

Je crains que notre ville soit au-dessus de la honteuse moyenne nationale qui chiffre à 1% la proportion des Français ayant fait l’expérience de la garde à vue. Expérience humiliante quand elle ne répond pas avec justesse et mesure à ce qui y amène. Pour ma part, j’ai été -à ma connaissance- la seule députée recevant du Préfet un rappel des rigueurs de la loi et une mise en garde pour avoir aidé et parrainé des travailleurs sans papiers.

Le Directeur de la Sécurité publique, Albert Doutre, qui accompagne le Maire de Bordeaux à chaque conseil de quartier pour y faire état de son zèle et de ses résultats, explique que ces placements en garde à vue n’ont d’autre but que de permettre aux « gardés » de faire appel au secours d’un avocat.

Un avocat pour des fautes vénielles, n’entrainant ni risques, ni dommages, où sommes-nous ? En réalité, il s’agit tout bonnement d’excès de zèle pour complaire aux directives sarkoziennes et satisfaire au désir de résultats du Maire de Bordeaux. Les délits qui n’en sont pas sont les plus faciles à élucider et améliorent d’autant les statistiques locales, généreusement projetées, commentées lors des conseils de quartiers.

La répétition de ces excès a ému la Ligue des droits de l’Homme qui s’est résolue à mettre en place, conjointement avec le syndicat de la magistrature et celui des avocats, une commission qui peut être saisie par les citoyens qui s’estiment abusivement pénalisés. Elle enquête alors et publie le résultat de son enquête.

Espérons que cette commission aura au moins un rôle dissuasif et tempérera l’ardeur des amis de l’ordre mais pas de la mesure.

Vieillir est une chance !

Je présente demain au groupe Socialiste, Radical et Citoyen (SRC) le rapport d’étape et les propositions du groupe « Politique de l’âge » que je préside à l’Assemblée.

Dix-huit mois d’auditions et de réflexion qui ont d’abord été l’occasion de rencontres pétillantes, toujours gaies, novatrices, positives, bien loin de l’image que beaucoup se font de tout ce qui concerne les « âgés ». Je ne peux citer tous ceux qui sont venus enrichir ce rapport. Je ne résiste pas cependant à saluer Geneviève Laroque, présidente de la société française de gérontologie, Thérése Clerc, Monique Bragard et Syzanne Goueffic, conceptrices de la maison des Babas Yagas, Jérome Pélissier, Jean MIchel Caudron, Annie de Vivie fondatrice d’Age-Village, Joëlle le Gall, Bernard Ennuyer, Jean Claude Henrard… Présidents de sociétés savantes, Professeurs, Sociologues, gérontologues … Tous sont en réalité de dangereux révolutionnaires, bien décidés à faire bouger ce « tiers monde » que constituent les plus de 60 ans. Que ceux que je n’ai pas nommé me pardonnent : tous sont à ranger parmi ces activistes ; aucune de nos auditions, aucun de nos débats, n’a été ni ennuyeux, ni ténébreux. Qu’ils en soient remerciés en même temps qu’invités à poursuivre le travail avec nous.

Et pourquoi l’auraient-ils été ? Vieillir est une chance et c’est aussi un des objets de notre rapport de contribuer à envisager l’âge positivement. Certes, il ne va pas sans problèmes, ni sans questions, mais toutes les possibilités sont aujourd’hui ouvertes pour qu’il ne soit pas non plus sans réponses.

L’allongement de la vie a constitué la plus grand progrès du XXième siècle, il est aujourd’hui la défi politique majeur du XXIième. Un tiers de la population occidentale peut être considérée comme « âgée » mais pour la majorité d’entre eux, ces âgés se portent bien, sont actifs et décidés à la demeurer le plus tard possible. Les acquisitions techniques, au premier rang, desquelles l’informatique, sont là pour les aider à demeurer pleinement en prise avec leur temps.

La balle est dans le camp des politiques : à eux (à nous) d’innover et de trouver, à la question nouvelle de la révolution des âges, des réponses nouvelles. Tout à fait entre nous, je pense que c’est en premier lieu aux socialistes de se porter en tête de ce défi social, sociétal et humain. Nous défendions au cours des derniers siècles ‘la veuve et l’orphelin »‘. Tous les deux ont radicalement changé de visage mais ils n’ont pas moins besoin d’attention, de solidarité, d’échange et de partage.

La révolution des âges, il ne faut pas se suffire de l’analyser, il faut la faire. Elle a besoin d’un vocabulaire nouveau, de petites mesures qui ne paraissent pas grand chose mais qui peuvent changer la vie, de reglements, de lois, de défenseur(e)s des âgés, les uns et les autres capables de démonter que non, décidément, il n’y a pas plus jeune, plus moderne, plus progressiste que d‘avancer en âge !

On ne peut pas se passer de l’école maternelle

L’actualité va si vite, sans jamais dire où elle va, les journées se pressent si bien, que je n’ai pas eu encore loisir de parler de l’école maternelle plusieurs jours après la belle réunion qui a eu lieu le 30 mars à l’Athénée Municipal.

On connait les menaces que font peser le gouvernement et les idéologues de l’ump sur cette école : suppression de la « petite section » (les deux à trois ans) au profit de « jardins d’éveil » et demain, peut-être, suppression de la maternelle elle-même, fleuron de notre système éducatif, originalité pour une fois positive de la France au sein de l’Europe. « Peut-on se passer de l’école maternelle ? » constituait le thème de la réunion de l’Athénée. Rien qu’à poser la question, on en a le sang tourné.

Pourquoi ? Parce que la Maternelle, républicaine et gratuite, est à la fois un enjeu primordial d’éducation et d’acquisition des savoirs de base et un enjeu, plus que jamais décisif, d’équité sociale.

Médecins, neuro-scientifiques et pédagogues s’accordent tous pour dire que c’est au cours des premières années que tout se joue. Entre deux et cinq ans, le cerveau est comme une grande éponge qui se développe à la vitesse des acquisitions qui lui sont proposées : langage, formes et couleurs, sons et musique impriment l’écran avide des circonvolutions des jeunes enfants. Même chose pour le caractère qui se forme et qui s’arme à cet âge (et qui restera, qu’on le veuille ou non, notre meilleur outil pour toute la vie) ; même chose pour le développement physique, mais nous dépassons là le domaine de l’école sans toutefois lui être étranger. Ces trois années aussi constituent le temps privilégié pour dépister troubles et déficiences, et bien sûr pour y remédier.

La sociabilité se joue aussi à cet âge. L’entrée à la Maternelle, c’est pour tous les petits (et leur maman !) un but, une première étape vers le monde extérieur (être propre, découvrir qu’on n’est pas tout seuls et qu’il y a mieux à faire, même si on n’est pas d’accord, que de se taper dessus). Non, M. Darcos, les institutrices d’école maternelle ne sont pas là pour changer des couches mais pour instruire.

C’est au moins autant un enjeu d’équité sociale. Où les tout petits feront-ils l’acquisition du langage à égalité qu’ils soient issus des Aubiers où de l’avenue Carnot à Caudéran ? Qui leur apprendra la magie des mots, la magie des couleurs, les rudiments de la musique, qui mieux qu’une institutrice d’école maternelle bien formée ?

Au lieu de cela, l’ump, jamais en manque d’imagination en matière d’égalité des chances propose, des « jardins d’éveil », financés par les parents et les mairies, c’est à dire rompant le pacte de la gratuité républicaine.

L’école maternelle n’est pas obligatoire, mais une majorité d’enfants la fréquentent. Plus que jamais, au regard de la paupérisation de pans entiers de notre société, il faut se demander s’il ne faut pas faire évoluer son statut et envisager une obligation, plus souple que pour l’école primaire en matière d’horaires et d’assiduité, mais donnant au moins l’assurance que, où qu’ils habitent, milieu rural, banlieues, centres villes, quels que soient les moyens de leurs parents et la composition de leurs familles, tous les petits loulous qui porteront la France de demain, auront appris, joué, chanté, peint dans la même école maternelle, républicaine et gratuite.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel