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Hommage à « mon » hôpital

Faisant hier ma revue de presse, je tombe sur le classement des hôpitaux publié en novembre 2008 par le Nouvel Observateur et toujours présent sur son site.

J’y découvre que pour la pathologie dominante de mon Unité de Dermatologie Cancérologie, le mélanome, celle-ci est située sur un certain nombre de critères en deuxième position française (d’une liste de 200) ; ceci pour l’année 2007, année où, certains s’en souviennent, j’ai demandé ma mise en disponibilité pour rejoindre l’Assemblée nationale.

Cette Unité était « mon bébé », construite au cours des années et entreprise à une époque où la Cancérologie Cutanée paraissait une innovation et en tout cas ne connaissait pas d’autre exemple d’implantation hospitalière. Je l’ai confiée, un peu abruptement, au Dr Thomas Jouary qui était déjà parfaitement en mesure d’en assumer la responsabilité et destiné à me succéder.

Cette année 2007, nous l’avons donc partagée et c’est aussi pour rendre hommage à Thomas et à toute l’équipe qui chaque jour assument et poursuivent si bien la tâche, que je me suis permise ce court billet hospitalier.

Légalisation de la fraude

Le grand Pierre Dac ne pensait pas si bien dire. Dès 1927, il avait trouvé un moyen infaillible de faire du vin rosé : greffer des rosiers sur les pieds de vigne.

La commission européenne, est moins poétique, mais tout aussi sacrilège et elle vient d’autoriser de faire du vin rosé en mélangeant du rouge et du blanc. La prochaine étape sera d’autoriser de mettre quelques gouttes de mercurochrome ou d’éosine (suivant « la robe » souhaitée) dans du vin blanc.

En quelque sorte, la commission légalise la fraude à l’échelle européenne.

Et le gouvernement français a entériné. Le vin rosé connait un certain engouement et se vend bien. Pourquoi, en plus, aurait-il besoin d’être bon et produit selon les règles de l’art ?

Tout sur rien et rien sur le grand Tout

Rien, en effet, que j’aime autant que l’écriture de-ci, de-là, pour dire tout sur ce rien et rien sur ce grand Tout effrayant, qu’on aborde avec de grands airs, le plus souvent pour ne pas en dire grand chose.

Rentrée un peu moins tard que la moyenne des jours, j’ouvre mon ordi comme on ouvre un livre, en humant dans l’air de la journée le sujet de mon billet. La plénière du Conseil général, où l’illustre Yves d’Amecourt, Président du groupe UMP, a tancé le Conseil Général d’augmenter le taux d’imposition de 1% au lieu de recourir à l’emprunt ? Forfanterie ou innocence aux poches vides de la part d’un soutien sentencieux du gouvernement qui a créé les franchises médicales et doublé en un an la dette publique ?

La réponse aux deux questions est courte : dérisoire.

Alors quoi ? Mon gros chien, m’accueillant à la porte « with a wagging tail » (« queue battante ») et me faisant souvenir de cette phrase (de qui ?) « One of the things you cannot buy for money is the wagging of a dog’s tail ». (Une des choses que l’argent ne peut acheter est le battement heureux de la queue de son chien »). On voit au passage que la traduction n’est pas chose simple. L’anglais est toujours plus ramassé, l’herbe y pousse entre les mots, là où il faut en Français une touche supplémentaire.

Mon chien va bien. A cinq mois, il pèse 25 kilos, ce que n’atteint pas un enfant en plusieurs années. Je partage sa vie depuis trois mois, et il m’enseigne chaque jour la rapidité du temps. La croissance d’un gros chien est comme un film en accéléré, et comme la conscience que l’on a du temps au fur et à mesure que l’on avance en âge. La petite boule attendrissante qui a fait en janvier sa première manif’ décorée d’un auto-collant du MJS est aujourd’hui un valeureux berger que je signale délicatement à l’attention des aimables enquêteurs qui ne manqueront pas de se reconnaître dans mon propos.

Pourquoi pas en effet ? Mais de mon gros chien, si Dieu -titulaire du titre ou faisant fonction- nous prête vie, nous avons encore une petite quinzaine d’années à parler. Trois mandats de député. C’est raisonnable. Quoi vous raconter encore, de rien disant et pourtant de ne disant pas rien ?

J’ai demandé aujourd’hui (très poliment) par courrier l’autorisation au Maire de Bordeaux de financer avec mon FDAEC (pour les non initiés : Fonds d’Aide à l’Equipement des Communes mis par le Conseil Général à la disposition des communes) l’installation d’un jardin partagé au Grand Parc. C’est la très belle initiative des riverains de Saint Seurin qui m’a, non pas donné l’idée, j’en ai parlé plusieurs fois en Conseil Municipal, m’ai enhardi à demander cette autorisation à « mon » Maire.

Il faut que je vous dise en effet : je n’ai qu’un seul Maire, et je suis même en Gironde la seule de mon espèce. Quand Pascale Got ou Martine Faure (respectivement députées du Médoc et du Langonais) me disent : j’ai cent cinquante communes dans ma circonscription, je les envie presque, malgré le nombre de kilomètres entres les unes et les autres que cela suppose. Pour ma part, je n’en ai qu’une. Ma circonscription est la seule purement bordelaise et elle fut bien longtemps « la circonscription du Maire », comme on dit « le jardin du curé ».

J’ai besoin deux fois de l’autorisation de mon Maire pour financer un jardin partagé : d’abord parce que je ne peux l’implanter que sur le terrain communal et ensuite parce que ce Maire a édicté des préceptes pour accepter le FDAEC qui permettent guère l’innovation.

J’espère du fond du coeur qu’il acceptera ma proposition : le Grand parc et sa forte population âgée, le quartier des Chartrons, chiche en espaces verts, ont besoin plus encore que Saint Seurin, de jardins partagés. Ils apporteront gaieté, échange, rencontre intergénérationnelle, plaisir de vie.

Là, vous vous dites : elle ne devait parler de rien, et voilà qu’elle nous parle de quelque chose d’important, qui lui tient légitimement à coeur et qui ne parait pas une mauvaise idée.

C’est vrai. En commençant mon billet, comme souvent, je ne savais pas où j’allais aller, ni même si j’irais très loin. J’avais tout simplement envie de parler et de dire, d’une manière différente, que la politique ce n’était pas que des choses moches ou compliquées, ou dissimulées, trafiquées ou faites pour l’intérêt d’un seul.

La politique, c’est la vie : la vie qu’il faut aider à ne pas gâcher parce qu’on en a qu’une et, qu’avec le temps, elle est de moins en moins longue.

« Rien »

Le XIV juillet 1789, le roi Louis XVI notait dans son journal « rien ».

Même chose hier. Sous des dizaines de « je », d’incitations à la moralité des autres, d’annonces que demain on ferait quelque chose, pour aujourd’hui c’est « rien ».

La France dévisse, le Président Sarkozy chasse.

Hier dans l’hémicycle, nous avons entendu son Ministre Woerth, à propos du bouclier fiscal « il n’est pas normal que des Français soient spoliés de plus de 50% de leurs revenus ». Ainsi, quand il s’agit des riches, l’impôt c’est de la « spoliation ». Ce n’est ni de la contribution, ni de la redistribution, c’est de la spoliation.

Tout est dit.

Sait-il pourtant que, si l’on inclue l’impôt indirect, les bas revenus contribuent pour plus de 50%, parfois beaucoup plus ?

Mais justement : « les pauvres ne sont pas riches, mais ils sont nombreux », selon les mots mêmes du regretté Joseph Caillaux, « fondateur » de l’impôt.

Rien donc. Rien sur les stock options, les golden parachutes, les bas de laine d’or distribués à leurs patrons par les entreprises que nous aidons et qui licencient.

On y réfléchira, peut-être, en septembre. Si les petits poissons ne nous mangent pas en route.

NB: J’ai cosigné la proposition de loi socialiste visant à la suppression du bouclier fiscal (en discussion le 30 avril dans l’hémicycle). Voir l’excellent

Moment de grâce au Conseil général de la Gironde

Ce sont les mots mêmes de Robert Badinter : « il y a en politique des moments de grâce, reconnaissons-le bien rares, où toutes les sensibilités se retrouvent, où toutes les dissensions sont dépassées ; de ces moments, on ne peut s’empêcher d’exprimer de la gratitude »

Ces mots s’adressaient tout à l’heure à Philippe Madrelle, Président du Conseil général qui a eu la très belle et heureuse idée de demander au Sénateur des Hauts-de-Seine de bien vouloir baptiser de son nom l’amphithéâtre du nouveau bâtiment de notre institution.

Ils s’adressent maintenant à Robert Badinter lui-même, de ma part et je crois de celle de tous les auditeurs présents : il nous a donné, par ses paroles, par le naturel, la conviction, la hauteur et en même temps la simplicité avec lesquels il les a prononcées un de ces rares moments de grâce.

Evocation du moment historique où a été votée au Sénat, à main levées, l’abolition de la peine de mort. Le vote n’avait rien d’acquis : deux ans auparavant un texte d’Alain Peyrefitte confirmant au contraire la peine de mort avait été voté par la même assemblée. L’éloquence de Badinter, mettant chacun en face de sa conscience, a fait tomber, petits groupes par petits groupes, les résistances des non-abolitionnistes. « Le troisième matin du débat, Robert Schuman est venu me voir : si le vote survient rapidement, il est acquis ». Badinter a demandé une suspension de séance, fait part de l’assurance de Schuman, demandé qu’on accélère les choses et que ne soit pas demandé un scrutin public. « A onze heures 58 –j’ai regardé la pendule- on a voté l’abolition ».

Je note ce moment d’histoire pour me souvenir de la manière dont il nous l’a fait partager. Evoquant ses liens avec l’Aquitaine, il a mis au premier rang Condorcet, auquel il a consacré à quatre mains avec sa femmes Elisabeth une très belle biographie, et les Girondins dont Condorcet était très proche. «Plusieurs étaient avocats, tous très éloquents, hommes de paix .. » . J’ai consacré plusieurs billets de ce blog aux Girondins, et je suis souvent émue à l’idée que, nous, députés PS de la Gironde, en sommes les successeurs.

« On connaît en politique des défaites et des victoires. Mais une seule chose compte quand, après l’une ou l’autre, on se retourne sur ce qu’on a fait, c’est d’avoir servi la République ».

C’est, sinon les mots exacts, mais en tout cas le sens du viatique que Robert Badinter nous a donné dans les derniers mots de son discours. Tous, nous en avons été émus et reconnaissants.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel