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L’hôpital abandonné au privé Par Michèle Delaunay, députée PS

Libération, le 17 mars 2009

Peut-on concevoir une loi « portant réforme de l’hôpital » (c’est son titre) qui, à aucun moment, jusque dans le plus petit recoin du texte, n’utilise ce beau mot d’hôpital ? Cette disparition fera date dans l’histoire, pourtant très encombrée, de l’écriture législative comme La Disparition de Georges Perec a marqué celle de la littérature. Elle n’est dans le cas présent ni anecdotique ni innocente. Les mots sont l’arme souterraine de la politique.

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Alain, un écrivain de notre temps

Lermontov aurait dit « Un héros de notre temps ». Les deux sont vrais pour Alain, héros et écrivain.

Trop ignoré des médias en ce moment et c’est injuste : radios, télés, et jusqu’à notre journal Sudouest, qui l’omettent sur leurs ondes ou dans leurs pages, alors qu’on devrait lui consacrer chaque jour des émissions et des éditions entières. Que fait donc Mme Albanel ? En plus du talent d’écrivain, Alain a une véritable pensée, un à propos, un retour sur soi et sur les puissants de ce temps sans complaisance qui force l’admiration.

A qui pense-t-il quand il écrit: « La psychologie de notre temps ne se relèvera point de son erreur principale qui est d’avoir trop cru les fous et les malades ». A qui, en effet ?

A propos du même , il confesse: « On nous réconcilia, nous nous embrassâmes et, depuis ce temps-là, nous sommes ennemis mortels ».

Plus loin, cette flèche acérée: « Si les locomotives étaient conduites par l’Etat, le machiniste aurait une femme sur les genoux ».

(Alors là, quand même, cher Alain, vous y allez fort ! Il n’est pas donné à tout le monde de faire « people »)

J’apprécie plus encore chez Alain, son optimisme, son désir affiché de « positive attitude », pas toujours évident au regard de l’actualité du temps. On sent qu’il se force un peu, que son tempérament naturel est plus atrabilaire. Et d’ailleurs, il l’avoue : « Le pessimisme est d’humeur ; l’optimisme est de volonté ». Et de la volonté, certes il en faut, même au grand écrivain qu’il est.

Même lucidité envers soi dans cette phrase : « Ce que j’appelle République, c’est plutôt une énergique résistance à l’esprit monarchique, d’ailleurs nécessaire partout ». Et il sait de quoi il parle !

Commentant certaines de ses récentes déclarations, il en livre la raison: « Les temps sont courts à l’esprit qui pense, interminables à celui qui désire ». Quel sens de la phrase, quelle justesse, pourquoi un tel homme ne nous a-t-il donné que quelques volumes, s’abîmant dans des activités tellement subsidiaires au regard de son talent ? Quand on pense qu’il a été jusqu’à gaspiller de nombreux mois à enseigner à des étudiants qui n’en demandaient pas tant !

Sur les déboires qu’il a subis dans sa fraîche maturité : « La ruse des gouvernants est vieille comme le monde, la ruse des gouvernés est bien jeune ». Et certes, il n’oubliera pas cette ruse injuste qui l’a frappé « On a plus de croyance à 60 ans qu’à 6 ans, car on a de la mémoire » ».

A tous ceux qui lui vantent un avenir parisien : « Ce n’est qu’en province que l’on apprend à se surveiller soi-même, à se surveiller et à ne dire que la moitié de ce que l’on peut dire ». Mais plus loin, on se rassure en trouvant « L’idée d’un destin invincible est plutôt politique, j’entends propre à ceux qui tirent leur subsistance des hommes, et de plaire, et de persuader ». Nous ne doutions guère, à vrai dire.

Un moment de lucidité pourtant dans cette phrase : « Je plains ceux qui ont l’air intelligent, c’est une promesse qu’on ne peut tenir ».

Tout est dit.

Brel, Bashung : même drame

Brel, Bashung : même punition, même motif. Même drame : le cancer du poumon.

Autrefois, ils seraient morts de tuberculose, de syphilis, comme Kafka, comme Schubert, comme tant d’autres. Mais à ces maux, on ne pouvait rien. Au cancer du poumon, on peut non pas tout, mais beaucoup : éviter de l’avoir. Comment ? Tout le monde le sait, je n’ai pas besoin de dire davantage.

Les maladies comportementales remplacent par légions entières, les maladies infectieuses ou lésionnelles que le XXième siècle a guéries. Ces maladies sont évitables, comme le sont tant d’autres causes de mort, de violence, de souffrance. La drogue qui met le Mexique à feu et à sang et que Carlos Fuentes dénonce dans son dernier ouvrage. Bien d’autres.

Bashung, Brel, tous deux ont fait un disque, ont chanté, ont été fêtés entre deux chimiothérapies. Et même si leurs chansons n’en disent rien, écoutons « l’herbe entre les pavés », le silence entre les notes.

Gaz de Bordeaux : « Abonnez-vous, abonnez-vous, qu’ils disaient… »

Le 19 janvier 2009, les abonnés au Gaz de Bordeaux, recevaient de leur prestataire une lettre réconfortante, titrée en gros caractères « Votre facture de gaz n’augmente pas au 1er janvier 2009 »

Et, poursuivant du même ton : « Pourtant le prix du gaz, lui, augmente de 7,9% au 1er janvier . Gaz de Bordeaux a pris la décision de vous accompagner, de vous soutenir et de défendre votre pouvoir d’achat ».

Quel bon père de famille, ce « Gaz de Bordeaux », et avec ça, ayant plusieurs tours dans son sac…

Ces mêmes abonnés eurent en chaussant leurs lunettes la désagréable surprise de voir que le gaz n’augmentait pas en effet, mais que leur abonnement lui subissait une hausse de 82% !

Je m’en suis, comme beaucoup d’abonnés, émue et je me suis adressée à M Palau, Président du Conseil d’administration de GDB, organisme qui on le sait reste contrôlé par la municipalité.

Réponse tardive, mais longue. Un courrier de plusieurs pages est en général un courrier embarrassé.

L’explication est pourtant simple et ne manquera pas de convaincre les abonnés : si GDB a augmenté aussi radicalement augmenté l’abonnement, c’est qu’il a procédé à une restructuration tarifaire.

Jusque-là, tout le monde comprend.

Bien mieux « cette restructuration tarifaire résulte de la stricte application des recommandations exprimées par la Commission de Régulation de l’Energie. » . Là où il y a de la rigueur, il ne peut y avoir que de la justice, n’est-il pas ?

Je passe sur un long paragraphe qui n’apporte pas d’élément décisif et qui est résumé ainsi « En d’autres termes, dans un souci de juste affectation des coûts, la CRE souhaite que l’abonnement gaz couvre l’ensmble des coûts fixes supportés éffectivement par les fournisseurs, y compris si un client ne consomme pas effectivement de gaz ». Je vous le disais, il y a de la justice, au moins dans l’affectation des coûts.

Plus loin : « C’est donc cet ensemble d’éléments réglementaires qui expique que le niveau de l’abonnement mensuel du tarif 305 ait été porté de 15,33 E HT à 27,89 E HT »

Convaincus ?

Pas moi, et pour deux raisons : – le courrier lénifiant envoyé par GDB le 19 janvier aurait dû être rédigé ainsi : le tarif de gaz ne va pas augmenter, mais votre abonnement va subir une hausse de 80
% – la hausse en question, si du moins elle est justifiée, aurait due être annoncée par avance, être expliquée (et non tomber à la sauvette entre deux lignes pas toujours faciles à comprendre) et être progressive, tous les budgets ne pouvant l’amortir d’un seul coup.

Une association vient de se structurer (usagers.gdb@free.fr) ; de même, tous peuvent réagir par le biais des associations de locataires ou des associations du cadre de vie telle que la CLCV.

Là comme ailleurs, il ne faut pas faire de promesses mensongères et il faut expliquer les décisions, si elles ont des justifications.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel