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Débat réforme de l’hôpital : 13 mars, 18 heures 30, salle quintin loucheur

Nous organisons demain 13 MARS, à 18 heures 30
salle Quintin Loucheur, rue de la Béchade à Bordeaux
(en face de l’hôpital Charles Perrens, accès tram Pellegrin)

un débat public sur le projet de loi portant réforme de l’hôpital

avec la participation d’administratifs, de médecins hospitalo universitaires, de médecins libéraux et de soignants

Ce projet va radicalement modifier la structure du système de notre système de santé.

Service public hospitalier, accès aux soins, gouvernance des Agences Régionales de Santé, médecine ambulatoire : nous sommes tous concernés

Vini, viti, vici

Dans le train du retour à Bordeaux, je m’interroge sur le bilan des plus de cent heures de débat qui viennent de se terminer avec le vote de la loi de Mme Bachelot portant réforme de l’hôpital.

Je l’ai dit précédemment : très peu, voire pas, d’avancées, pourtant proposées et soutenues par des députés de gauche comme de droite, quand ces derniers n’étaient pas contraints de les retirer piteusement ou de voter contre ce qu’ils avaient eux-mêmes signé. Service public hospitalier, rôle de la communauté médicale dans la gournernance de l’hôpital et l’élaboration de son projet médical, régulation de la démographie médicale, prévention de l’obésité, ébauche d’une politique de lutte contre les addictions, nous n’avons obtenu que des évolutions minimes du texte, dont certaines (rôle de la commission médicale) ont été annulées par des amendements rectificatifs en profitant à 4 heures ce matin du petit nombre des derniers combattants.

Le « succès » le plus notable a été de contrecarrer les dispositions de la loi qui mettaient en danger la viticulture sans améliorer en quoi que ce soit la lutte contre l’alcoolisme compulsif des jeunes. De là à faire arborer à ce billet l’hommage que César rendait à lui-même, il y une marge mais je l’ai allègrement franchie : à l’heure tardive où j’écris, on ne résiste guère à un jeu de mots. De « vini », il fut beaucoup question mais à « vincere » nous avons été nombreux, et c’est tant mieux.

Bilan donc de ce volet de la loi :

– les dégustations gratuites ont échappé à la rigueur de la loi. Voyant la pression des députés, de droite comme de gauche et surtout l’émotion du monde viti-vinicole, le gouvernement a substitué à nos propres amendements un texte autorisant donc les stages d’œnologie et l’offre gratuite lors des foires et des fêtes traditionnelles. Ainsi l’initiative paraît venir du gouvernement alors que la batterie de nos amendements aurait pu satisfaire l’enjeu. Le subterfuge est habituel, nous y étions préparés.

– moins élégante, la manière dont a été acceptée la publicité sur internet à l’exception des sites destinés à la jeunesse ou au milieu sportif, ainsi que des publicités intrusives ; ceci par ailleurs dans les limites de la loi Evin concernant les autres médias. Les députés PS Girondins avaient déposé un amendement et un sous-amendement permettant d’assurer l’évolution de la loi dans le sens que nous souhaitions (je passe sur la technique de ces jeux d’amendements et sous-amendements). La Ministre a donné sa préférence à un amendement issu des rangs UMP, qui pourtant était venu après les nôtres, était moins complet et moins précis. Cela pour ne laisser en aucun cas la paternité de la modification aux rangs de la gauche.

A plusieurs reprises au cours de ces cent heures, la Ministre a appelé au consensus. De même, le Président de la République appelle à un soutien unanime quand les enjeux sont d’importance. Il a été démontré ce soir-là qu’il n’y avait de bon consensus qu’un consensus UMP et il n’a même pas été question d’une co-signature générale.

– Nous avons, de plus, voté à la quasi-unanimité l’interdiction de vente d’alcool et de tabac aux mineurs. Cette interdiction a le mérite d’être simple. Elle n’est pas exempte de possibilités de contournements ou d’effets pervers, mais en tout état de cause, ils sont moins dangereux que l’absence de loi.

Nous avons regretté sur les bancs de gauche, l’absence tout au long de la discussion de la loi, article 24 compris, de nos deux collègues girondins UMP qui avaient exprimé avec nous, lors d’une matinée de rencontre des parlementaires avec les représentants du monde viti-vinicole, leur volonté de porter la bataille unanimement dans l’hémicycle. Je suis toujours prête à un front uni des sensibilités quand les enjeux sont importants et le permettent.

Il y a, au fronton des salles de réception de l’immeuble des grands vins de Bordeaux, une citation qui m’est chère : « Il y a une civilisation du vin. C’est celle où les hommes veulent se connaître afin de ne pas se combattre ». Dans la ville qui porte au plus haut cette civilisation, n’est-il pas temps d’en comprendre l’enseignement ?

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Travailler plus pour être moins élu

La non inscription de Gilles Savary pose plusieurs problèmes de fond. C’est l’un d’eux que j’aborde ici : la contre publicité faite par le Parti Socialiste du travail, de l’engagement et, partant, de la compétence.

C’est pour moi une véritable blessure que cette contre pub’ vienne du Parti Socialiste. Je parle du travail matin, midi et soir, et je relève parfois la nuit pour en rajouter un couplet. Je crois en sa force émancipatrice (le mot est ringard), thérapeutique et, dans le cas qui nous occupe, sur sa nécessité absolue quand il s’agit dans la situation actuelle de peser sur les enjeux politiques. L’enjeu européen n’est pas le moindre.

Le site rue 89 a analysé de manière très rigoureuse le travail des parlementaires européens, en ne le résumant pas à la présence dans l’hémicycle, laquelle est une présence au moment du vote, souvent faussée par rapport au travail réel en séance.

Il a donc été établi une pondération de plusieurs parametres : interventions en séance, questions, propositions de lois ou de directives, commissions..

La mise en parallèle du classement des socialistes et de la liste des éligibles est accablante.

Les quatre derniers des sortants socialistes sont en position rééligible, deux ont été promus comme têtes de liste.

Les quatre premiers sont renvoyés à leurs chères études (Carlotti, Lienemann, Savary, Ferrara)

Encore faut-il remarquer que l’excellent classement de Gilles Savary doit être examiné en tenant compte des deux campagnes électorales qu’il a dû mener : municipales de Talence où il était en mission pour solidifier la majorité PS à la CUB, puis élection cantonale pour regagner son siège de Conseiller général dont le Préfet l’avait automatiquement démissionné.

Maigre consolation : l’analyse de rue 89 a été consultée par près de 24000 visiteurs. Espérons encore que Martine Aubry en a été informée.

Des mots et des maux

Ouverture de la journée de travail ce matin dans mon bureau de l’Assemblée. Fenêtre ouverte, « soleil par dessus le toit » comme dit le poête. J’ai la chance d’être entourée de silence : les bruits de Paris, roulements de voiture, klaxon, en ce moment une sirène d’ambulance, paraissent très loin , confus, et sont presque réconfortants.

La loi Hôpital qui nous a tenus plus d’un mois touche à sa fin, une grande partie des nuits comprise. Bilan : pas grand chose. Je veux dire, pas grande amélioration obtenue malgré des débats de qualité, très « pro », malgré une convergence initiale lors des commissions entre de nombreux députés de droite et de gauche. La Ministre « a mouillé sa chemise » me disait hier soir le Président de séance Rudy Salles : présente en totalité à chaque séance, prenant soin de répondre à toutes les interventions, avec beaucoup de courtoisie, le plus beau sourire de l’Assemblée, mais surtout beaucoup de sens politique. Dans le fond, elle n’a rien cédé, ni à la gauche, ni à la droite. Sur 2000 amendements en effets, 1500 venaient des rangs de la majorité. Beaucoup ont été retirés sur ordre, dont ceux de Bernard Debré, attaché lui aussi au service public hospitalier, les autres ont été « repoussés » ou « rejetés ».

La nuance entre les deux termes, introduite par le rapporteur Jean Marie Rolland, échappait même aux plus chevronnés d’entre nous. C’est finalement Rudy Salles qui, avec un certain humour, difficile à transcrire, a expliqué : « A vrai dire, il n’y en a aucune ». Puis après un moment d’intense réflexion a ajouté « on peut même dire que c’est pareil ».

Cette difficulté à transcrire m’incite à parler d’un malentendu dont je tiens à m’expliquer jusque dans ce blog. Je l’ai fait auprès des intéressés de vive voix et par mail, mais comme il peut survenir à nouveau sur n’importe quel sujet, je préfère l’éclairer tout de suite.

Lors de mes interventions sur le possible transfert des missions de service public au privé, j’ai souvent pris l’exemple de deux services de chirurgie particulièrement performants, rentables et dont l’activité constitue à Bordeaux un des pôles d’excellence de notre CHU.

Mon propos avait un double but :
– démontrer que dans les conditions proposées par la loi le directeur de l’ARS (Agence Régionale de Santé), s’il était mal intentionné, pouvait réduire les moyens d’un de ces services et l’amener ainsi à la « carence » . Il a pour cela tout pouvoir.
– Il a tout pouvoir également pour constater cette carence et décider de transférer ce service et cette mission au secteur privé.

Le compte-rendu des débats, dans l’une des interventions, laisse croire que j’ai dit qu’à Bordeaux, la chirurgie du rachis n’était plus pratiquée. Alzheimer aurait frappé très fort de me faire croire à cette absence car je collaborais régulièrement jusqu’à il y a quelques mois avec cette équipe pour le dramatique problème des métastases du rachis.

Volée de bois vert d’un des médecins de cette équipe ; j’ai été très peinée qu’il puisse croire que j’avais oublié à ce point la réalité de la vie hospitalière et je m’en suis expliquée auprès de lui comme auprès de son chef de service.

Pourquoi j’en parle ici ? Pour rétablir la vérité, bien sûr, mais aussi parce qu’à la lecture des compte-rendus, on s’aperçoit de la distance qu’il y a entre l’expression orale, vive, allant du couroux à l’humour, et ce que la prise en sténo retranscrit. La plupart de mes collègues écrivent leurs interventions et donnent le document au service de la séance pour être sûrs d’avoir une formulation parfaite et fidèle. Pour ma part, hors les questions d’actualité, je préfère la vivacité de l’expression directe, mais j’en ai découvert à cette occasion les limites.

Merci à ceux qui lisent les compte-rendus des débats de tenir compte de cette distance entre le réel et l’écrit, la formulation plate et les mille tonalités de la parole.

Obésité, la grande dérobade (II)

Je n’ai pas décoléré depuis cette nuit ; ce matin serait plus juste : la séance s’est terminée (à notre demande, la Ministre voulait poursuivre) à 3 heures 10 du matin. Avoir passé tant de temps, discuté tant d’amendements qui auraient dû s’imposer « sur l’ensemble de nos bancs » selon l’expression d’usage, nous avons assisté à une reculade en rase campagne ; cela fait lourdement douter du débat parlementaire.

Bilan concernant l’obésité : rien de chez rien. Les enfants vont pouvoir continuer à vider des sacs de chips devant la télé, et la télé continuer à leur en vanter les bienfaits. L’amendement Méhaignerie-Boyer, pourtant prudent au delà du raisonnable, si l’on peut oser cette expression paradoxale, a été penaudement retoqué (voir billet précédent). Sans Pierre Méhaignerie, auquel il tenait à coeur, il aurait d’ailleurs été retiré sans discussion.

Le comble a été qu’il serait passé aisément sans cette dérobade généralisée à l’exception d’un seul. Nous avions indiqué que nous le voterions sans exception, si les trois députés ump signataires n’avaient pas renié leur propre texte, il était accepté.

J’ai donné des exemples chiffrés de l’influence des pubs télés sur les goûts des enfants et les achats des parents. Cet amendement bien que trop prudent (il ne concernait pas les adolescents) constituait une vraie mesure de prévention. Eh bien, elle est passée par pertes et profits, sous prétexte d’une charte passée opportunément en février avec 4 « gros » de l’agro-alimentaire (dont Mac Do, qui n’a pas besoin de cela pour continuer à engraisser à la fois les jeunes et son bilan financier), tous les autres pourront continuer à remplir nos écrans de pizzas baveuses, d’acides gras trans convertis en pâtisseries collantes et autres barres chocolatées.

De la même manière, a été retoqué un amendement qui demandait que lors des visites de médecine scolaire, les enfants soient, une fois l’an, pesés et passés à la toise. Raison du refus : il ne faut pas stigmatiser les enfants qui ont tendance au surpoids ! ». Nous sommes en plein dans le principe « si non ne veut pas voir la fièvre, il faut casser le thermomêtre ». Les députés de gauche sont restés sidérés sur leur banc.

Un dernier exemple concernant un aspect très différent et non moins grave, de l’obésité. Beaucoup d’études montrent que la grande obésité est la PREMIERE cause de discrimination à l’embauche. Nous avons demandé à ce que la Halde « conduise des travaux d’études et de recherches sur les discriminations à l’égard des personnes obèses ». Révolutionnaire, n’est-il pas ? Et pourtant là aussi, refus. Motif : « j’ai rencontré le Président de la HALDE, il est tout à fait en accord avec mes préoccupations ». Mondain mais insuffisant. Quel inconvénient y avait-il à adopter cet amendement dont l’ambition était déjà trop modeste si tout le monde était d’accord sur son principe.

Le bilan de la longue soirée d’hier est donc le vote (à l’unanimité) de l’interdiction de vente d’alcool et de tabac aux mineurs. Ceci sans autre mesure de prévention, sans politique d’éducation et d’information, sans aucune mesure à l’encontre des autres formes d’addiction. Un exemple supplémentaire de « la politique en kit » : on prend une pièce du puzzle, en sachant bien que si elle n’est pas encadrée d’une politique d’ensemble.

Résultats : les 15% de petits Aquitains en surpoids continueront à croître et prospérer.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel