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Bienvenue !

Bienvenue aux 82 nouveaux amis dont la petite cohorte a fait franchir hier le millier aux « visiteurs distincts » journaliers de ce blog.

Nous flirtions, par vagues, avec ce chiffre de 1000, sans jamais l’atteindre . Quatre ou six manquaient à l’appel, et c’était pour moi un petit jeu d’imaginer les raisons de ce plafond de verre. Et voilà, c’est fait, il est franchi par toute une petite troupe que je remercie de sa vaillance.

L’expression est éculée de servir trop souvent, mais les blogs constituent pourtant un réel « espace de liberté » qui est pour moi une vraie récréation. Liberté d’y écrire d’un ton détendu, informel, liberté d’y aller et venir, liberté d’y réagir ou de les bouder longuement.

Merci à tous.

Les leçons du SIDA (I)

Dans les années 80, le SIDA a bouleversé la pratique de la médecine ; d’abord parce qu’elle s’attendait bien peu à ce qu’une maladie infectieuse lui éclate au nez et à la barbe ; ensuite parce qu’elle s’affrontait à une nouvelle génération de malades.

Ces malades savaient tout, le pourquoi, le comment, les moyens, la fin et de plus, très rapidement, ils se sont constitués en une force motrice pour la recherche, les soins et les traitements. En Europe, en occident, le SIDA a fait franchir un pas de géant au « colloque singulier » malade-médecin, à la démocratie médicale et à la responsabilisation des Etats.

L’Afrique expérimente aujourd’hui ces bouleversements. Ce ne sont pas tout à fait les mêmes : le SIDA africain n’est pas le SIDA européen. Les enjeux, le contexte, les moyens, le virus lui-même, tous jouent ensemble pour fomenter une deuxième révolution. Elle est dramatique, elle est comme tous les drames, porteuse de leçons et, j’ose dire, d’espoirs.

Trente-trois millions de personnes infectées dans le monde ; 22 en Afrique sub-saharienne (par comparaison, 1,6 dans l’ensemble de l’Europe).

L’Afrique d’où je viens, est majoritairement l’Afrique de l’ouest, moins spectaculairement atteinte. J’étais en effet, à peine plus de deux jours, à la VIème réunion des parlementaires francophones du réseau SIDA. On peut d’emblée faire la sourde oreille : il meurt au Mali (et dans la plupart des pays participants) moins de personnes du SIDA que du paludisme, ou de tant d’autres maladies infectieuses (tuberculose, diarrhées infectieuses..). Le taux de prévalance est en baisse (1,3 /000 au Mali), reconnaissons-le à la fois du fait des efforts consentis que de l’affinement du recueil statistique.

Or le paludisme, c’est à peine si on en parle encore…

Pourquoi cette différence d’enjeux, d’importance, d’impact social et politique ? Un journaliste, très opportunément, m’a posé la question par téléphone au moment même où j’embarquais dans l’avion « qu’est-ce qu’un parlementaire peut faire contre le SIDA ? »

La réponse, très inhabituelle dans nos climats, est : TOUT, ou presque tout. Tant qu’il n’y aura pas de vaccin, tant que ce vaccin ne sera pas largement accessible (ce n’est pas demain matin), c’est le politique qui tient les clefs dans ses mains. Le conducteur d’autobus dont je parlais dans un billet de précédent, ce n’est pas le médecin, c’est le législateur.

Carte postale du matin

Bamako est deux fois plus peuplée que l’agglomération de Bordeaux (1 million 200 000) et on l’entend déjà bruire et pétarader sous son couvercle de poussière chaude. Il est sept heures 30 ici. Des oiseaux plus grands que des merles, plus beaux, noirs comme eux avec une grande queue qui s’ouvre en éventail viennent jusque sous mes fenêtres. Le soleil est invisible, on ne le sent qu’à la chaleur de l’air qui monte en ce moment jusqu’à 35 et s’élève de jour en jour jusqu’à fin mai.

Les conférences commencent à 8 heures. Je ne regrette pas d’être là : elles sont toutes de haut niveau, pleine de leçons et d’échanges. Le rôle de la délégation française (une administratice de l’Assemblée et ma pomme) est d’interroger, de soutenir, de montrer que les problèmes sont à la fois les mêmes et d’un autre ordre. Ma mission va être de défendre les crédits au co-développement, tâche difficile en Sarkozie où on les diminue à l’occasion de chaque budget ; il est aussi de maintenir les liens, pour soutenir les progrès législatifs dans chaque pays d’année en année.

A tout à l’heure. Le chant d’un coq appelle au travail.

Le lion et les 40 Maliens

C’est une parabole que je viens d’entendre de la bouche du directeur du « Haut Conseil Malien de Lutte contre le Sida ». Ayant appris peu avant le moyen de me connecter à internet, je mets à profit la pause-café de notre séminaire pour vous la conter…

Les Maliens, comme à peu près tout le monde, se heurtent aux pesanteurs administratives et à l’obligation de déposer 25 dossiers, tous selon des modalités différentes, avant d’obtenir un fifrelin de crédits. Quand il s’agit, comme en l’occurrence, des fonds internationaux de lutte contre le sida, les fifrelins se comptent en millions mais les difficultés des dossiers à monter sont en proportion.

Notre orateur l’a illustré d’une belle parabole. « Je suis, nous a-t-il dit, le conducteur d’un énorme autobus de 12 millions de personnes » (la population du Mali) « cherchant à échapper à un lion furieux. Je sais que je ne parviendrai à échapper qu’en me mettant dans la roue des organisations internationales. Je conduits à fond d’accélérateur, je prends tous les risques mais, plus j’approche, plus elles s’éloignent. Dès que je crois parvenir à elles, elles disparaissent et je les aperçois toujours plus loin ».

Il fait un instant de pause, et ajoute :

« Et chaque jour qui passe, le lion approche et dévore 40 Maliens… »

Transhumance

Journée de transhumance Bordeaux-Bamako. Chaque fois que je dépasse Bègles, je me maudis d’avoir entrepris l’aventure. Les voyages me mettent dans une sourde inquiétude que beaucoup d’entre eux d’ailleurs ont eu à cœur de justifier. Valises perdues ou arrivées dans un point diamétralement opposé à ma destination, communications ratées, avions scotchés au sol des heures durant, ont plaisamment émaillé un grand nombre de mes déplacements, congrès et missions. Je partage ce peu de goût au voyage avec François Mauriac, ce qui ne constitue au demeurant en rien une garantie pour lePrix Nobel, mais c’est une sorte de réconfort de partager ses défauts avec de grands esprits.

J’écris ces quelques lignes dans le noir de l’avion, entre dormeurs et visionneurs de films. Trente-cinq degrés nous attendent à l’arrivée et la chaleur monte chaque jour. Nous avons un programme très rempli : un jour et demi de conférences, échanges, discussions et une demi-journée de visites de terrain . Je mettrai en arrivant ce mini-billet sur le blog et essaierai de vous tenir au courant.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel