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Les femmes, finalement, ça a de la gueule…

A l’occasion de la dernière promotion de la légion d’honneur, largement fournie en vedettes de show biz, trois femmes ont décliné la distinction qui leur était faite.

Deux journalistes politiques, tout d’abord, qui ont exprimé que leur refus était motivé par le souci d’indépendance, indispensable dans l’exercice de leur mêtier.

La troisième est Michèle Audin, mathématicienne, fille de Maurice Audin, qui a expliqué que Nicolas Sarkozoy n’avait pas cru bon de répondre à la lettre de sa mère lui demandant la vérité sur la mort de son mari pendant la guerre d’Algérie.

Curieux qu’il s’agisse de trois femmes…

Dix mille morts évitables chaque année ?

Les bras me sont tombés (l’expression est parmi mes favorites) en lisant tout à l’heure les déclarations du Pr Philippe Juvin, anesthésiste réanimateur dans le civil et par ailleurs Secrétaire national de l’UMP, en charge des questions de santé.

Cet excellent homme chiffre à 10 000 le nombre de décès dus à des erreurs médicales. Dix mille, ou treize mille, selon qu’on regarde l’interview proprement dit, ou l’article du journal. Trois mille morts, au jour d’aujourd’hui, c’est pas grand chose.

La chute brutale de mes bras ne tient pourtant pas à cette différence de chiffres. Elle tient à la confusion entre « erreurs médicales » et « événements indésirables graves ». Le Pr sus-nommé, en réponse à la question « A combien chiffrez-vous les erreurs graves dans les hôpitaux français ? » répond tranquillement « Elles sont beaucoup plus nombreuses que les décès » (ouf !) et continue, non moins tranquillement: « De 300 000 à 500 000 événements indésirables graves se produisent chaque année ».

Quel génocide ! Entre 300 et 500 000 erreurs graves chaque année ! J’invite tout Bordelais, en chemin vers l’hôpital Pellegrin ou l’hôpital Saint André, à rebrousser chemin illico… Le chemin vers l’hôpital est désormais plus dangereux que le chemin des dames en 14-18.

Que fait cet éminent professeur ump-iste ? Il confond, aidé peut-être par la rédaction de la journaliste, « erreurs médicales » et « événements indésirables graves ».

Or ces deux-là sont à l’opposé.

Une erreur médicale n’est pas difficile à définir : elle existe dans tous les domaines. On se trompe. Mauvais diagnostic, mauvaise indication, mauvais choix thérapeutique, mauvais éxécution de l’acte, il n’y a malheureusement que trop de possibilités. Et pourtant, les erreurs médicales, sont probablement moins nombreuses que celles qui existent dans bien d’autres domaines, et heureusement.

« Les événements indésirables graves » sont d’un ordre tout à fait différent. En anglais : « serious adverse events », et reconnaissons que « adverse events » (évènement adverse) est beaucoup plus juste qu’ « indésirable ». Le premier événement indésirable, c’est la maladie elle-même, mais elle n’est pas un événement « adverse », mot issu du français que nous aurions parfaitement pu conserver.

Un « événement indésirable -ou adverse-« , est un événement inattendu, im- ou peu prévisible, disproportionné. Il n’est aucunement en relation avec une « erreur » médicale. Il peut être lié avec un choix médical risqué, dont le patient est, en règle, informé (et de manière absolue dans le cadre des essais thérapeutiques), mais ce choix n’est pas une erreur, il est une volonté d’un traitement (ou d’une attitude diagnostique) nouvelle, ou récente, ou incertaine dans toutes ses composantes.

Bien souvent aussi, l’ « EIG » (événement indésirable grave) survient alors que rien ne le laissait prévoir. La médecine n’est pas mathématique et le corps humain n’est pas une équation.

Les « EIG », ne sont pas évitables, comme le laisse croire l’éminent professeur umpiste. Il faut tendre à les réduire, et tous les médecins s’emploient à ce qu’ils soient enregistrés et analysés, mais penser que l’on pourra les éliminer n’est pas objectif.

Pourquoi je râle très fort ? Parce que l’actualité ne permet pas tout, fût-ce pour se faire connaitre ou soutenir les propos de notre vénéré Président sur l’hôpital. Non, il n’y a pas 10 000 morts évitables dans nos hôpitaux. Il y en a de manière certaine, mais ne jouons pas sur le sensationnel, dans ce domaine qui doit plus que tout autre en être préservé.

Quel âge a votre âge ?

J’ai lu dans une étude récente que la majorité des Français se sentai(en)t/croyai(en)t plus jeunes qu’ils n’étaient en réalité. L’étude, dont j’ai malheureusement oublié le détail, portait sur les Français de la deuxième moitié de la vie, congrégation à laquelle je m’honore d’appartenir, car cela suppose d’avoir franchi victorieusement bien des vicissitudes et contrariétés, et qui un jour viendra sera majoritaire, ce qui par contre n’est pas à souhaiter.

Plus junes qu’ils ne sont en réalité ? Par rapport à quoi ?

M’est avis c’est que ce sont les Français qui ont raison, pas l’institut de sondage, pas non plus ses critères d’appréciation. Nous nous trouvons aujourd’hui plus jeunes que notre âge, parce que c’est notre âge qui a changé. Et quand le sondeur pose la question, il se réfère à l’image que nous avons en esprit de 60, 70 ou 80 ans.

Quand le sondeur considère que « nous nous donnons 60 ans » alors que nous avons 70, c’est le sondeur qui se trompe. Pourquoi ? Parce que les 70 ans d’aujourd’hui ne sont pas même les 60 ans d’hier. Quand nous entendons les chiffres de notre âge, il nous vient à l’esprit l’état de nos parents ou grands-parents quand ils avaient ce chiffre. Et dans l’immense majorité des cas, cela n’est plus la réalité.

Quand j’étais stagiaire ou externe des hôpitaux, on renonçait à l’idée même de pratiquer une chimiothérapie dès l’âge de 70 ans. J’en ai, il y a peu de temps, pratiqué chez des patients de 90 ans. Exceptionnellement et non sans précaution, mais enfin c’est un baromêtre intéressant. Quand je regarde à l’Assemblée les portraits des honorables barbons qui nous ont précédé, j’ai un peu de mal à penser qu’ils étaient en grande majorité plus jeunes que moi. Sans remonter à Mathusalem, l’âge d’Edouard Herriot dans sa pleine gloire se développait entre celui de Vincent Peillon et de Jérome Cahuzac..

Un peu avant cela, quand Balzac voulait peindre les renoncements d’une femme mûre, il choisissait une femme de trente ans..

Ce ne sont donc pas les Français qui se croient plus jeunes que leur âge, mais leur âge qui a radicalement changé. Je n’hésite pas à dire que c’est le plus grand progrès du XXième siècle. Espérons que le XXIème ne le compromettra pas, ce qui n’est pas gagné si nous n’y prenons pas garde autant qu’à l’état de la planète.

Pour autant l’âge existe, il fait même notre variété et notre richesse. Tiens, osons le mot, notre diversité. Mais c’est comme pour l’informatique, la mondialisation et les nanotechnologies, si il faut vivre avec son âge, il faut vivre aussi avec son temps, c’est à dire l’âge de son temps. Et c’est plutôt une bonne nouvelle.

Israël-Palestine : Bertrand Bloch est l’invité du blog

Israël-Palestine : la course vers l’abîme

Les bombardements quotidiens de populations civiles israéliennes par le Hamas, depuis des mois, la terreur qu’il engendre, ses buts de guerre affichés, sont inacceptables ; ceci ne légitime néanmoins en rien la violence israélienne actuelle qui ne peut que susciter que colère et indignation. Depuis la mort d’I. Rabin, Israël agit de la pire des façons en réponse aux défis qui sont les siens, la guerre avec ses ennemis mais aussi la paix. Au prétexte qu’ils ne disposent jamais du bon interlocuteur, les gouvernements israéliens n’ont eu de cesse de miner de l’intérieur la société civile palestinienne en cherchant ainsi à légitimer une violence et une guerre larvée qui tue et mutile en semant la haine sur son passage : (colonisation à outrance, restriction des libertés et humiliations, construction du mur, blocus de Gaza, appauvrissement). Il y a encore cinq ans, Israël affirmait qu’Arafat était la cause de tous ses maux. Arafat disparu, Israël n’a jamais donné à Mahmoud Abbas la place d’un interlocuteur légitime, contribuant ainsi à l’émergence des franges radicales du Hamas.

Alors même que chacun sait qu’aucune solution par les armes n’est possible, les drames qui se déroulent en Palestine illustrent à l’absurde l’impasse dans laquelle Israël s’est engagée avec ses soutiens inconditionnels (ceux que Tahar Ben Jelloun appelait si justement à l’ occasion de la guerre du Liban de 2006 « Les amis d’Israël qui le pousse vers l’abime » ). En réponse à un contexte international délétère, aux défis posés par le terrorisme international et l’islamisme, l’armée israélienne, sa population perdent leur âme, la considération de la communauté internationale et les valeurs démocratiques de leur pays, sans gagner une once de sécurité. La politique israélienne bien au contraire légitime les radicaux des deux bords (ultranationalistes israéliens et armée d’un coté ; islamistes/Iran de l’autre) au détriment de ceux, de plus en plus rares, qui en Israël et en Palestine tentent de maintenir un dialogue et un futur de coexistence. Ainsi, qui entend la désespérance et la vision de paix de Daniel Barenboïm et de son orchestre israélo-arabe, seul citoyen ayant la double nationalité israélienne et palestinienne ? Qui écoute aujourd’hui les propos de Leila Chahid qui il y a quelques années encore dialoguait a la télévision française avec Israël au nom de Y. Arafat ?

Isaac Rabin a été tué par les siens pour sa vision de faire accepter à son pays l’idée d’une paix respectueuse des aspirations légitimes du peuple palestinien, avec son pire ennemi d’alors, Yasser Arafat. A qui peut-on faire croire aujourd’hui qu’en discréditant systématiquement les revendications palestiniennes, qu’en tentant de délégitimer ceux qui combattent sa politique, qu’en niant les effets de la politique perverse de colonisation on sert aujourd’hui la cause d’Israël et de la paix ?

Les termes d’un accord d’Israël avec les Palestiniens, acceptables par les deux parties, sont connus maintenant depuis de nombreuses années. Ils imposent de la part d’Israël de considérer avant tout le peuple palestinien comme un partenaire respectable pour une paix juste, sans lui dicter sa conduite. Le retrait unilatéral de Gaza qui aurait pu être une occasion formidable de renouer les liens détruits n’a fait qu’exacerber la violence de part et d’autre. Il n’est pas acceptable de confondre la légitime aspiration des Israéliens à vivre en sécurité et l’acceptation d’une politique indigne.

Comment agir pour obtenir d’Israël qu’il tourne le dos à une politique mortifère ? Barack Obama, les nouveaux leaders israéliens, l’Europe si timorée, mais aussi les leaders palestiniens auront-ils le courage, le charisme et la vision nécessaires pour retrouver les chemins tracés par A. El Sadate, I Rabin, B. Clinton et Y. Arafat ?

Que sont nos 500 000 logements devenus ?

Où sont, en effet, les 500 000 logements construits chaque année, qui étaient une promesse du Président de la République ?

Cette interrogation est l’occasion de quelques chiffres :

– Le déficit de logements est en France estimé à 1,5 millions, toutes catégories de logements confondus

– Depuis fin 2006, le nombre de logements nouveaux nécessaires chaque année est estimé à 500 000, d’où la promesse du Président qui, s’il n’est pas de parole, sait au moins compter..

– 430 000 ont été construits en 2007 , et en 2008 on table sur 320 à 350 000 logements neufs. Déficit relativement à la promesse présidentielle d’au moins 30%.

– De plus, et c’est le plus grave, les logements construits ne sont aucunement adaptés, en nature et en prix, à la demande. Dans les grandes villes, et dans les territoires de forte attraction, la situation devient dramatique pour les personnes à faibles ressources.

– Les prix des logements ont doublé depuis 2000, sans proportion avec l’augmentation des revenus et des salaires. Entre 1965 et 2001, il fallait en moyenne 2 ans et demi de revenus moyens d’un ménage pour acheter un bien immobilier. Il faut aujourd’hui plus de 4 ans.

– Les loyers ont suivi le même mouvement et pour qu’ils soient aujourd’hui dans une cohérence identique avec les revenus qu’en 2001la cohérence avec les revenus, il faudrait qu’ils baissent de 35%

Ces chiffres pour servir de base à la discussion de la loi Boutin qui va passer à l’Assemblée à la fin du mois. Elle est l’exemple même de la fausse réponse à une question majeure: le déficit de logements.

Déficit de logements, cela veut dire nécessité de l’augmentation des aides de l’Etat. Le projet de loi est tout le contraire. Il maquille en avancées sociales les baisses du financement de l’Etat. Du bluff sous un masque de bons sentitiments

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel