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Un conseil de quartier Bon Chic mais pas Bonne Gauche !

Il serait excessif de dire que la soirée d’hier a constitué pour moi la plus courte échelle vers la Félicité…

Au Parlement : la discussion d’une loi liberticide de l’audiovisuel, sur laquelle nous avons beaucoup à batailler.

Au Conseil National du PS : l’approbation des conclusions de la commission des récolements. Rien que le formulé montre que l’affaire n’était ni simple, ni droite. En tout cas, elle est close.

A Bordeaux, le Conseil du quartier Grand Parc-Paul Doumer. Une quintessence de la politique-du-pouvoir-en-place, que j’exècre qu’elle soit de droite ou de gauche, au moment qu’elle atteint cet excès.

Après une heure et alors que nous n’avions toujours pas entamé l’ordre du jour, j’ai demandé à m’exprimer (deux minutes). Tout simplement, j’avais fait pour être présente un aller et retour en avion, et l’heure du dernier vol approchait.

– Pfft… a commenté une dame très BCBG, tout ça doit coûter bien cher !

Mais non, Chère Madame, je vous rassure : je suis abonnée, et le coût demeure le même quel que soit le nombre de voyages.

Alain Juppé refuse d’abord de me donner la parole : « Mâdâme, cette réunion est une réunion municipale et le Conseil Général n’y a pas sa place ».

Très poliment, j’explique que je m’exprime en tant qu’habitante du quartier, tout en regrettant que le Conseil Général qui soutient financièrement nombre de projets municipaux ne soit pas invité à s’exprimer comme le partenaire qu’il est de fait. A ma prière de pouvoir m’exprimer avant de repartir à l’Assemblée, le Maire ajoute :

– « Ah ! voilà bien les effets du cumul des mandats ! « 

Instant de silence. Si Alain Juppé, momentanément, ne cumule plus, c’est grâce à qui ? Il semble s’en aviser et ajoute : « J’ai connu ça… »

Un mot encore sur le contexte. La réunion s’est tenue au CAPC. Voilà qui est excellent en soi : un des objets de ma campagne cantonale a été de réclamer un lien culturel entre la salle des fêtes du Grand Parc et le CAPC qui reste cantonné dans l’élitisme. Excellent donc ! Sauf que : aucun élu de l’opposition, aucune association, n’obtiendra jamais de pouvoir tenir réunion au CAPC.

Venons-en à l’ordre du jour. J’en avais demandé le matin communication, sans l’obtenir initialement car il fallait pour cela une permission spéciale de Mme Cazalet, adjointe du quartier. J’avoue que j’ai un moment cru, que pour mériter un tel secret, on allait y évoquer les prochains essais atomiques à Mururoa. Point du tout ! Au menu : présentation de l’équipe municipale, travail des commissions thématiques, projets divers sur le quartier ». Pas de quoi fouetter un tout petit chaton.

De toutes manières, après une heure, nous n’avions écouté qu’une présentation générale sur la sécurité à Bordeaux et les chiffres de la délinquance -ce qui, tout à fait entre nous, donne bien la tonalité de la réunion et de son public- , suivie d’un long exposé d’Alain Juppé sur l’excellence de sa vision municipale.

Mon intervention, assez éloignée on en conviendra des grandes options du marxisme -léninisme, a porté sur deux points :

– la population du Grand Parc comporte 10% de plus de personnes de plus de 60 ans que le reste de Bordeaux. J’ai demandé que la remise en état de la voierie soit considérée comme une priorité par la municipalité, car pour beaucoup d’habitants elle constitue un danger permanent de chutes.

– je me suis félicitée de la conservation de la structure de base de la salle des fêtes du Grand Parc, qui permettra, s’il elle rencontre une volonté municipale, que cet équipement redevienne attractif pour l’ensemble des Bordelais.

Je confirme ces deux options dont on reconnaîtra le bien fondé et le caractère mesuré.

Nous étions très loin hier d’un conseil de quartier véritablement démocratique, faisant réellement participer l’ensemble des Bordelais au lieu de les cantonner à une séance de promotion de la politique municipale.

Le soleil se lève aussi

Eh bien, nous serons dans la minorité de ce PS dont le renouvellement est inéluctable. Il n’a pas lieu aujourd’hui mais ce que nous avons vécu depuis un certain nombre de semaines et plus encore pendant et après Reims démontre qu’il faut radicalement modifier nos structures. Et cette nécessité s’imposera.

Je ne participais pas à la commission de récolement. Il semble d’ailleurs qu’il faille s’en féliciter : les échos que j’ai reçu font état d’un travail à la limite de l’honorable. Comme le dit si bien Alain dans un commentaire précédent : on a trouvé 102 dalmatiens pour conforter l’élection de MA, sans se souvenir qu’ils n’étaient que 101. Par 159 voix pour, 76 contre et 2 abstention les résultats de la commission ont été approuvés.

Résultat attendu depuis le matin, ce qu’une phrase de Martine Aubry a trahi (« nous en avons parlé ce matin avec François.. »). Au congrès de Reims aussi, bien avant que la commission des résolutions ne se soit tenue, on connaissait sa conclusion.

Déclaration de la vainqueure au Conseil national. Souverain calme de Ségolène Royal : « nous travaillerons de l’intérieur »

Un peu d’exil intérieur en effet pour ma part. La découverte des stratégies souterraines, des parties de billard à trois bandes, des postures dépourvues de la moindre sincérité m’est tombée sur le dos comme une chape de plomb. Relativement récente au PS, ne devant mes mandats qu’à leur difficulté, je n’avais pas eu jusqu’alors à porter le poids de ce fonctionnement délétère, générateurs d’embrouilles et d’oppositions personnelles.

Le soleil se lève aussi.

Berlusconisation du PAF et mal bouffe intellectuelle

La réforme de l’audiovisuel publique, que nous abordons cet après-midi à l’Assemblée, prévoit entre autres mesures, la suppression de la publicité sur les chaînes publiques et la nomination/révocation du Président de France Télévision par le chef de l’Etat.

Les conséquences de cette réforme vont toutes dans le sens d’une mise au pas de la télévision publique et d’un désséchement de leurs moyens financiers au profit des grands groupes Bouygues-LVMH-Lagardère-Pinault-Bolloré-Dassaut.

Dans la méthode, cette loi constitue une sorte de quintescence de ce qu’est le sarkozysme :

– dérive monarchique : le Président a décidé seul, sans consulter ni aviser
– volonté de toute puissance : le Président nomme et révoque, comme autrefois Louis XIV ses ministres
– cynisme : la loi est « vendue » comme une mesure de gauche puisqu’elle écarte la publicité des chaînes publiques
– connivence avec l’oligarchie financière : ce sont 800 millions de recettes publicitaires qui vont ainsi être transférées au privé

Le paysage audio-visuel français, le célèbre PAF, va être « berlusconisé » selon l’expression du député Didier Mathus : chaînes publiques affaiblies, contraintes, sans moyens d’accéder aux grandes réalisations, chaines privées qui, dépourvues du stimulus concurrentiel du public, dériveront vers les pires pratiques de la télévision commerciale.

Nous sommes tous sur le pont, avec des amendements nombreux et argumentés, pour contrer cette double loi (projet de loi et loi organique).

La télévision regarde tout le monde puisque tout le monde la regarde. L’enjeu est plus grave encore que celui des pesticides et autres gourmandises dans l’alimentation : c’est celui de la mal bouffe intellectuelle.

La vérité des chiffres

9,3 milliards d’euros
C’est pour 2008 le déficit de la Sécurité sociale revu par le gouvernement, alors qu’il annonçait 8,9 milliards d’euros il y a encore quelques semaines

Ma collègue députée, Chantal Bourragué, confortée par l’adjoint Dominique Ducassou, annonçait 4 milliards d’euros, il y a deux semaines lors de l’inauguration de la maison du conseil régional de l’ordre des médecins. J’ai corrigé. Deux contre une : qui a-t-on cru ?

Je voudrais que le Parti Socialiste devienne pour ses militants un outil formateur au sens critique. Capacité à décoder les médias, à lire les articles, analyser les sondages doivent faire partie aujourd’hui des bagages citoyens. Nous apprenons en médecine à lire de cette manière critique les publications scientifiques : les données ont elles été bien recueillies ? la méthodologie de l’analyse est-elle bonne ? Les conclusions collent-elles ? L’auteur et son équipe sont-ils connus pour fiables ?

Voilà ce qu’en réalité, les cours d’instruction civique devraient aujourd’hui enseigner dès l’école.

Recolement, vous avez dit recollement ?

Vous l’avez dit, mais comment l’avez vous écrit, ce recolement qui tombe si à propos dans les tumultes du Parti Socialiste ? Avec un -l ou deux ? Avec ou sans accent ?

A vrai dire, vous pouvez l’écrire comme vous voulez : les mots sont différents mais également appropriés.

Récoler, avec un -l et avec un accent aigu, du bas latin « recolare » : vérifier de nouveau, « vérifier tous les effets, tous les papiers contenus dans un inventaire ». Avouons qu’on ne récole pas tous les matins dans la vie ordinaire. Au Parti Socialiste, c’est démontré, on apprend toujours quelque chose.

Recollement (ou recollage), avec deux -l et sans accent : action de recoller ; action de se réconcilier, de se remettre en ménage avec quelqu’un ; possibilité de se rejoindre et de se réconcilier.

Pour sûr, les deux ne seront pas de trop cet après-midi et demain, sous la baguette de l’ancien ministre de l’intérieur Daniel Vaillant (à ne pas confondre avec Michel, comme indiqué dans un commentaire précédent). Précisons que le Récollet, fromage goûteux mais un peu mollasson de nos provinces, n’a rien à voir avec les précédents

Récolons donc pour mieux nous recoller.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel