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Leader (e)

Eh bien oui, je pense que Ségolène Royal a raison de se porter candidate au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste.

C’est une décision courageuse, voire même risquée, mais c’est aussi une décision sage. Risque et sagesse ne sont pas toujours en opposition.

Risquée, parce qu’elle est susceptible d’animer le TSS, Tout Sauf Ségolène, variante purement socialiste du Tout Sauf Sarkozy, qui a eu le succès que l’on sait. Les barons barbons (mais si, même au parti socialiste, il y en a !) risquent de voir se réveiller leurs urticaires et leur veilles rancoeurs. J’ai peut-être tort, mais je pense qu’elles feront court feu. Nous sommes maintenant en face du pays qui a eu largement connaissance des résultats de notre vote. Un parti démocratique qui se souderait au lendemain d’un scrutin contre l’équipe qui l’a remporté n’aurait pas très belle mine.

Sage, parce que la motion E est une alliance, mais que personne ne peut nier que Ségolène Royal en a été le leader. Au coeur des critiques, comme au coeur de la remontée dans les supposés sondages. Un leader doit être en tête, sous peine de prendre le risque de ne pas toujours le demeurer. Il s’agit pour elle maintenant d’agréger des coéquipiers solides issus d’autres motions.

Nous allons tout à l’heure écouter Ségolène sur TF1. Pour une fois, je vais déroger à mon aversion de la télévision. Je pense qu’elle donnera des gages à la sagesse. Le risque, nous le connaissons tous.

11 novembre

Quatre-vingt dixième anniversaire du 11 novembre, à Bordeaux comme dans toutes les villes et villages de France. Le dernier poilu français est mort cette année, mais le macabre décompte est maintenant touché par la globalisation : il reste un Américain et quatre Européens. Quand j’entends cela dans le poste, il me semble écouter une cloche fatale, rythmant les heures et les minutes.

A propos, quiconque s’est-il jamais enquis de savoir s’il restait un tirailleur sénégalais, ou un « Annamite » ? Mon grand-père maternel est mort à Dunkerque à la tête d’un régiment d’ « Annamites », parce qu’il parlait cette langue, ayant fait au Tonkin un service militaire de 7 ans (7 ans…). Mort, sans doute avec beaucoup d’entre eux, dont plus personne ne sait rien, et dont je ne sais si « là-bas », on conserve le souvenir. Pour ma part, j’ai conservé sa plaque d’identité « en Annamite », très belle, énigmatique, symbolique. Ma jeune grand-mêre (jeune alors) est partie là-bas, au loin, dans le nord, mais n’a jamais su ni retrouvé où il était enterré. Sans doute, pas plus que ses Annamites, n’a-t-il jamais été enterré, poussière de chair et d’os pulvérisée par un obus.

Je mets « Annamite » entre guillemets : c’était le vocabulaire de l’époque, et je n’en connais pas l’exacte traduction dans la géopolitique d’aujourd’hui.

Je parlais tout à l’heure avec François Dubet, récipiendaire la médaille de la légion d’honneur et pour cela invité à l’hôtel préfectoral où il a reçu un beau document dont le contenu n’a pas été révélé. Tous les deux, nous nous sommes demandés : avons-nous la moindre idée de ce qu’aurait été notre attitude, notre courage ? Nul ne le sait avant de le mettre à l’épreuve. La génération de François Dubet, qui est plus ou moins la mienne, n’a pas eu l’occasion d’éprouver, de s’éprouver.

Quelques-uns pourtant. Je dis souvent que les malades de maladies graves sont les héros de notre siècle. Mourir, ou le risquer, n’a jamais été une promenade agréable, mais aujourd’hui les maladies telles que le cancer, si elles offrent beaucoup de chances de survie, peuvent conduire également à des traitements longs et éprouvants, des examens à répétition, tout cela sur un espace de temps beaucoup plus long qu’autrefois. Bref, le « chemin des dames » existe toujours, mais autrefois l’enjeu était de risquer de mourir à chaque instant ; aujourd’hui, il est d’avoir une chance de vivre.

Très belle cérémonie ce matin, où les enfants et les très jeunes ont été associés par des lectures de textes et surtout par une interprétation chantée de la Marseillaise, très vigoureuse, très enthousiaste. Merci au collège Emile Combes et à la professeure Mme Barbier.

Un vrai merci : les paroles de la Marseillaise ne sont pas, à proprement parler, du gâteau. « Le sang impur », « les féroces soldats », « l’égorgement de nos fils et de nos femmes » demandent une longue explication. Et le contexte historique des soldats de l’an II et de Valmy, première victoire militaire de la République, demande lui-même un fort talent pédagogique.

Au passage, le ministre Hortefeux a proposé la semaine dernière que les candidats à l’immigration en France ou au regroupement familial, apprennent et connaissent les paroles de la Marseillaise. N’a-t-il aucune crainte que, même parmi la minorité de celles et de ceux qui comprendront les mots (le « mugissement » des-dits féroces soldats..), « le sang impur » ne puisse être un tantinet mal interprété. Espérons que cette proposition, avec les médailles en chocolat de Darcos pour récompenser les bacheliers, rejoigne bien vite la brocante des couacs gouvernementaux.

Je regrette presque ces dernières lignes, détournant l’attention de mon objet en écrivant ce soir : avons-nous la moindre idée de notre part d’héroïsme ?

Pour cela aussi, je ne trouve pas insignifiant de se souvenir de ceux qui furent héroïques.

Je hais les dimanches !

Je hais les dimanches à cause de leur brièveté. A peine entamés, les voilà déjà presque passés. Surtout quand ils sont, comme celui-ci, libres d’obligations extérieures (fêtes, commémorations, anniversaires, congrès du Parti Socialiste..) et qu’ils m’autorisent de passer la journée à la maison, enveloppée de mes meilleurs babygros (un babygro est un vêtement doux et chaud, dépourvu de toute prétention à la mode, non plus qu’à aucune forme de séduction, à l’exception de mon bien être personnel).

Ces journées « libres » sont rares et donc bien évidemment remplies d’activités qui les rendent toujours plus brèves. A peine ai-je fait un de ces actes politiques forts (brûler trois cartons de vieux journaux, faire tourner la machine à laver avec la même trépidation fébrile qu’une machine à sous, sorti les pulls d’hiver du grand sac IKEA qui leur sert de housse anti-mites… Toutes choses que finalement, j’aime assez), que la journée est au trois quarts passée.

Entre toutes ces choses, des visites à l’ordi, la lecture d’un bon article du Monde, des respirations qui magnifient ce bon mélange entre tête et corps, entre être et avoir, qui constitue une des questions les plus existentielles de notre modeste condition humaine (quel est le bon rapport entre eux ? Comment faire que l’un aide l’autre sans l’encombrer ? ….)

J’étais juste venue vous parler un petit coup, comme les ménagères siciliennes qui ouvrent les fenêtres, le fichu sur les cheveux et qui apostrophent la voisine d’en face pour savoir où elle en est, si son mari est revenu, si le petit Fabio, le fils de sa fille, est enfin propre, et si on en a retrouvé le chien de ce fainéant d’Arturo.

Que ce dernier tiers de dimanche vous soit clément et chaleureux.

La multiple splendeur

Je parle beaucoup en ce moment du Parti Socialiste alors que je souhaite que ce blog soit avant tout l’expression de la « multiple splendeur » de la vie. « Multiple splendeur » est le titre d’un livre de Han Suyin dont j’ai tout oublié sauf la splendeur du titre. Se réfère-t-il d’ailleurs à la vie, je n’en sais rien, mais c’est l’idée que j’en ai conservée.

Retour au Parti Socialiste. Quand je dis, en débattant lors des présentations de motions, « nous sommes à un moment crucial », je le pense vraiment. Ou le parti socialiste trouve le tempo d’un fonctionnement nouveau, ou il retrouve le sens de la simplicité fondamentale des liens entre les « frères humains », ou bien, au contraire, il ne sera plus qu’une organisation de défense d’une variété supérieure de consommateurs.

Rien des deux premiers « ou, ou » n’est tout à fait simple, y compris dans notre motion. Les vieux fonctionnements, le secret des décisions, les appartés ont la vie dure. La liberté, que j’ai évoqué dans les billets précédents sur le même sujet, est, en face d’eux, un partenaire autrement plus fragile.

Je rentre de notre congrès fédéral, entourée de l’amitié partagée des militants qui me sont proches et je m’offre le luxe d’un moment de silence devant un feu de cheminée, largement nourri de la presse de la semaine, de quelques vieux cartons et d’une énorme buche que j’ai hésité à conserver comme « buche de noël » selon la tradition multiséculaire.

Et dans ce silence, l’inquiétude qui est chez moi comme un vieux fond de commerce jamais pris en défaut, s’installe dans la pièce. Il va nous falloir beaucoup de volonté, beaucoup d’ascèse pour retrouver le sens profond de la politique et lui être fidèle.

Dernière heure

Petit flash d’information en direct de notre congrès fédéral d’Eysines : quatre candidats se présentent à la succession d’Alain Anziani pour le poste de premier secrétaire fédéral.

– Ludovic Freygefond pour la motion A
– Matthieu Rouveyre pour la motion C
– Alain David pour la motion D
– Gilles Savary pour la motion E

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel