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Métis

Dans le train, comme chaque semaine. Le jour se lève sur une campagne rougie et brunie qui donne envie de longues marches et d’air piquant. Dans le wagon, les ordinateurs travaillent, ouverts sur les tablettes comme des livres couchés sur la tranche. Quelques regards, quelques sourires s’échangent. On reconnaît l’un ou l’autre, on devine l’occupation de l’un ou le motif du déplacement de l’autre et on revient à son écran. Les trains du matin sont silencieux et travailleurs.

La grand-mère d’Obama ne le verra pas Président des Etats-Unis et sans doute c’est à cela qu’il a pensé en versant une larme en Virginie. Nous, je l’espère, le verrons ce soir tard ou demain. J’écoutais un extrait de son discours : « une voix peut changer une ville, une ville peut changer un Etat, un Etat peu changer le monde ». A quoi la foule répondait le célèbre « yes, we can », admirable de concision.

Mais un homme peut-il changer le monde, du moins en orienter le cours ? La « métissude » d’Obama est un formidable atout. Et s’il faisait comprendre au monde que nous sommes tous métis, dans nos gènes, dans notre pensée, dans nos civilisations ? Métis d’homme et de femme, de religieux et d’athée, de conquérant et de souffrant, d’ogre et de victime, métis de blanc et de noir mais je ne parle pas ici de couleur de peau.

Le train roule sous le soleil montant.

La réciprocité sociale

Proche de Niort, je déjeunais hier avec un responsable de la Maif et un enseignant. La Camif, bien sûr, a pris bonne place dans la conversation mais ce n’est pas d’elle que je veux parler.

Tous trois, qui avons des âges et des parcours différents, sommes tombés d’accord sur une idée forte, en tout cas fondatrice de ce que nous pensons et faisons : la différence ne peut se faire aujourd’hui que par les valeurs.

Quelle différence ? Celle qui, à rentabilité égale, peut faire de la Maif un assureur en lequel les Français se reconnaissent et où ils trouvent l’écoute, le soutien et la force dont ils ont besoin au moment d’affronter une difficulté ou une épreuve ; celle aussi, à une autre échelle, qui peut faire du Parti Socialiste un parti où les Français se reconnaissent et où ils trouvent l’écoute, le soutien et la force dont ils vont avoir, plus que jamais, besoin. Celle qui, individuellement et en groupe, dans le quotidien comme dans la durée, nous permet de résister, de prendre la parole et d’agir.

Parmi ces valeurs une, que l’on n’invite jamais au débat sous quelque nom que ce soit : la réciprocité sociale. On disait au début du siècle dernier, l’ « utilité sociale » ; les théoriciens américains de la santé sociale parlent de « reward » (retour, réciprocité, récompense). En tout cas, ce nécessaire échange qui fait que la vie en société est possible, constructive, et même éventuellement agréable !

Quand dit-on très simplement à ceux qui se croient paumés, déclassés, que la société a besoin d’eux à l’égal des autres ? A ceux qui ne sont pas en état d’aborder au monde du travail salarié, qu’une « activité » (de celles qu’on classe dans « le traitement social du chômage ») a aussi une utilité sociale qu’il s’agit de mettre en valeur?

Sait-on aussi juger, parmi les plus riches, ceux dont la fortune est dévolue à leur seul agrément, et dont l’action (ou l’inaction) n’est d’aucun apport à la communauté des « frères humains »? Non, au contraire, ceux-là sont bien souvent entourés de cette espèce d’aura de la richesse et de révérence devant l’argent que je déteste par-dessus tout.

On a beaucoup critiqué François Hollande qui avait dit « qu’il n’aimait pas les riches ». C’est pourtant de la manière que je viens d’évoquer que j’ai alors compris la phrase : « je n’aime pas la richesse comme une valeur en soi, ni comme une supériorité quelconque ». Les émissions célébrant les agissements, les goûts, le luxe, les séjours à Saint Barth, de la jet set oisive, me donnent envie de défénestrer le poste de télé. La fortune de François Michelin est d’un tout autre ordre. Elle produit. Elle agit. Peut-être pas toujours bien, peut-être pas sans erreur, mais elle participe du capital général.

Je cite souvent cet ouvrage hautement philosophique qu’est « la femme du boulanger » de Pagnol. Le petit hobereau dit au boulanger « tu me donnes de ta boulange, je te donnerai de ma chasse ». Tous est dit du sens profond du travail : un échange, une réciprocité où tout le monde est utile pour chacun.

Pas plus que ceux qui me lisent sans doute, je ne pense que la finalité du travail est de « gagner plus » (je pense par contre que le salaire est et doit être la juste rétribution du travail).

Non, la finalité -autre qu’individuelle- du travail est la réciprocité sociale.

A cette aune, on retrouve le sens de l’égalité des taches et des fonctions. On découvre aussi que les conditions de travail (où nous avons été trop longtemps « taisants ») sont au moins aussi importantes que le temps de travail. On retrouve cette idée simple, et plus ou moins ringarde, ou considérée comme telle, que personne ne se sauvera jamais seul.

Privatisation de la Poste : pas de chance !

Henri Guaino annonce : « le changement de statut de la Poste (traduisez : l’ouverture de son capital) est momentanément gelé ».

Pas de chance !

On se souvient que la Poste a besoin d’une augmentation de capital deux à trois milliards d’euros pour être pleinement compétitive sur le plan international. Dans le billet du 15 septembre , ont été envisagées les solutions publiques de cette compétitivité.

Refus du gouvernement aux propositions de notre groupe à l’Assemblée : seule la privatisation partielle était alors la solution.

Imaginez que celle-ci ait eu lieu il y a deux ou trois mois. Eh bien, la Poste aurait pu concourir au plan de soutien des banques et recevoir, à fonds perdu pour l’Etat, et recevoir les trois milliards d’euros que celui-ci lui refusait en tant que gestionnaire et seul actionnaire. La somme ne représente après tout qu’un peu plus de la moitié de ce qu’a reçu le Crédit Agricole.

D’ici que les Postiers défilent pour demander à être privatisés…

Des moments politiques forts rue Saint Laurent*

Il y a des choses bien agréables dans la vie d’une députée…

Parmi celles-ci, une initiative qui me réjouit le coeur à chaque occasion : les goûters citoyens que j’organise régulièrement pour des classes ou des groupes d’enfants.

Aujourd’hui, c’était une vingtaine de jeunes du CALK**, entre onze et seize ans, venus interroger « leur » élue sur tous sujets tenant à la vie de la République.

Ces jeunes avaient auparavant visité l’Assemblée, dans le cadre d’une échappée parisienne dont ils avaient eu l’initiative avec leurs deux animateurs. Petites subventions publiques pour financer le voyage et le séjour de trois jours, mais surtout une tombola organisée et gérée par les jeunes eux-mêmes (vente des billets, quête des lots auprès des commerçants du quartier Saint Michel où le CALK est installé, et achat sur leurs fonds propres de trois gros lots, dont un four à micro-ondes.

Ilias, Susan, Moussa, Abdel (pardon à eux de ne pas les citer tous) ont passé l’élue à la question. « Est-ce qu’il faut faire des études pour devenir députée ? », « Pourquoi les gens s’interrompent-ils tous en séance à l’Assemblée ? » (ajoutant : « moi, ça m’a pas plu ! »), « Est-ce que ça vous dérange pas qu’on dise du mal de la politique ? »..

Rien que des questions très sensées et dont les réponses ont demandé pas mal d’explications.

Ils ont compris une chose importante : la politique, ça les concerne ; et ce sera vraiment super, si l’un ou l’autre, à un moment ou un autre se dit « pourquoi pas moi ? J’ai quelque chose à dire et sûrement quelque chose à faire ».

La relève est assurée !

  • on l’aura un peu compris : la rue saint-laurent à Bordeaux est le siège de ma permanence
  • Comité d’Animation Lafontaine Kléber à Bordeaux

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