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Le socialisme est une idée neuve

Neuve comme ce qui est fondamental et, en tout cas, radicalement actualisée par la crise financière et la crise économique et sociale qui la suivra.

Ce vieux mot, pour lequel des hommes sont morts, au premier rang desquels Jean Jaurès, est aujourd’hui au coeur de l’actualité. Le monde financier, que l’on a laissé sans contrôle et sans règles, fait la démonstration par l’absurde de la nécessité des piliers du socialisme : la nécessité de la régulation par l’Etat, la suprématie du bien public sur les intérets particuliers.

Cette idée de l’actualisation brutale du socialisme a été hier au coeur du discours de Ségolène Royal à Parempuyre. Le mot lui-même de socialisme a été prononcé 22 fois. Avec raison : face à une droite « décomplexée », sachons être une gauche sûre d’elle.

Pour contrer la crise, il faut d’abord la comprendre : elle est née de l’excès de crédit pour pallier à l’insuffisance des salaires. Pour acheter une maison, les banques ont prêté en tablant sur la valeur du bien sans prendre en compte la faiblesse des revenus. De nombreuses maisons ont dû être vendues et le prix de l’immobilier a baissé. Les banques ont alors cherché à se débarrasser de ces crédits insolvables, joliment appelés « toxiques », se « contaminant » les unes les autres.

Six axes principaux :
– maintenir les « prises d’intérêt » de l’Etat dans le capital des banques pour qu’il puisse jouer durablement son rôle de régulation et empêcher que les mêmes causes ne produisent demain les mêmes effets.
– moraliser le système financier et lutter contre les paradis fiscaux en n’acceptant aucun investissement en provenance de ces « paradis »
– endiguer les rémunérations des mêtiers de la finance pour que l’élite des grandes écoles et des universités ne s’y précipitent plus, au détriment des mêtiers de recherche, d’innovation et d’investissement
– le contrôle des fonds d’investissement et des fonds de pension qui imposent des normes de rentabilité extravagants aux entreprises qui sont atteintes principalement par la réduction du nombre des salariés et les délocalisations
– l’abandon de la privatisation de la poste, qui est bien en effet une « banque postale » et qu’il serait plus que paradoxal de privatiser quand on nationalise partiellement les autres organismes bancaires

Un millier de militants (chiffre officiel) a participé à cette soirée. De très nombreux journalistes nationaux avaient fait le déplacement. Ségolène est une star, et ce n’est nullement une critique. C’est aussi grâce à cette qualité qu’elle renouvelle l’attrait de la politique.

Quitte ou double ?

Ce soir, en deux heures, nous allons voter pour ou contre un budget supérieur à celui de la nation : 360 milliards d’euros.

il s’agit du « projet de loi de finances rectificatif pour le financement de l’économie, destiné à assurer la confiance dans le système bancaire et financier et à garantir le bon financement de l’économie française ».

Qu’en termes tortueux ces choses-là sont dites ! Plus simplement : le financement du système bancaire.

C’est, une fois de plus, une décision difficile pour le Parti Socialiste.

En faveur du vote « pour » :
– la maison brûle, l’urgence impose d’éteindre le feu avant de s’interroger plus avant.
-c’est pour une fois une décision européenne et une vraie décision politique (dont il faut regretter qu’elle soit si tardive).

Mais d’autres éléments incitent à plus de réticence :
– voilà un financement considérable pour un système qui n’est pas le nôtre. Avons-nous raison de le consentir sans conditions, ni garanties ? Ce que nous voulons c’est éviter que pareille catastrophe soit de nouveau possible. Il faut donc que l’Etat, une fois la crise passée, garde ses prises d’intérêt et son droit de regard sur le système.
– Cette somme considérable ne servira, nous dit-on, qu’à servir de garantie. Les ministres répètent en choeur : les banques françaises sont saines et autres variantes sur le même thême. S’il ne s’agit que d’une caution, pourquoi a-t-on besoin de débloquer les fonds ?
– Cet argent est entièrement prélevé sur la dette qu’il viendra aggraver. Qui remboursera quoi et quand ?
– Et, avec raison, beaucoup autour de nous disent : on ne trouve pas dix millions d’euros quand il s’agit de financer un hôpital, on en trouve 300 milliards pour financer les banques !

Le sens de ces réticences est le suivant : le soutien du système bancaire est obligatoire mais il ne peut se faire sans contre partie, c’est à dire sans volonté de l’Etat d’assurer désormais un vrai rôle de contre pouvoir en face des marchés, et sans que l’argent investi ne serve de levier à ce rôle de régulateur. En entrant dans le capital des banques, l’Etat doit y exercer sa responsabilité.

Ce soir nous aurons à voter : pour, contre ou abtsention. Lors de la discussion de notre groupe, j’ai senti que je n’étais pas mûre pour éxercer la fonction de Premier Secrétaire car j’aurais eu grand mal à trancher.

C’est dommage, le matin, en me rasant, j’y pensais…

Crise financière

« Aujourd’hui, la crise financière démontre ce que les Socialistes affirment depuis longtemps : la nécessité du rôle régulateur de l’Etat. Demain, la crise économique montrera aussi l’importance d’une politique sociale et solidaire. » cliquez sur le lien suivant pour afficher le tract en pdf : crise financiere

L’oxygène du trottoir

Week end de bel automne, donnant des envies de bruns et de verts, de plantes follettes entre les pavés, de dais de verdure, de tous ces petits refuges que sait se ménager la nature dans la plus austère des villes.

Ce sont tous ces petits mystères que célèbre l’exposition de photographies présentée à la bibliothèque du Grand Parc. Titre inspiré, comme tout ce que touche la bibliothécaire Dominique Dat : « L’oxygène du trottoir ». Un hymne à la biodiversité et au langage permanent de la nature, pour qui sait le voir et l’entendre, même si ce n’est qu’un petit chuchotement dans le brouhaha urbain.

Où l’on découvre qu’un fier escargot traversant une rue peut représenter la liberté aussi fort que l’étudiant de la place Tien Al Men devant les chars russes. Qu’un trèfle peut avoir le culot de pousser au beau milieu d’une plaque d’égout ou un tournesol entre deux rames de chemin de fer. Ou que le vol léger d’abutillons jaunes peut ridiculiser ces lourds potelets dont nos trottoirs se sont couverts.

Plus émouvant encore, une photographie présentée par les résidentes de la maison de retraite Maryse Bastié sous la houlette de Marina, leur animatrice : leur petit groupe abrité sous le dai de verdure d’un portail dans une rue de pierre. Les résidentes assistaient samedi à l’inauguration de l’expo et, avec raison, elles n’étaient pas peu fières de leur oeuvre qui raconte une très belle histoire.

Cette exposition est un appel a sauvegarder et à favoriser ces petites flaques de verdure au milieu de la ville. Les réglements municipaux permettent de faire autoritairement couper toute plantation qui montre son nez sur l’espace public. Arbres qui se courbent sur la chaussée, lierres, glycines, flaques rouges des vignes vecchii, tout cela devrait être coupé, rasé au cordeau comme la barbe de Moscovici ou le crâne de Laporte. Brr…

Outre l’apaisement qu’ils apportent à qui les découvre et les contemple, chacun de ces végétaux travaille en silence pour le développement durable, en stockant consciencieusement le CO2 de l’air ambiant.

Au propre et au figuré, ils sont notre oxygène.

Le Congrès vient-il à l’heure ?

Ce que suggérait le billet précédent -l’incongruité du congrès du Parti Socialiste au coeur de la crise- commence à émerger dans nos rangs. Je m’en ouvrais la semaine dernière à l’ancien secrétaire d’Etat Christian Paul (« Aubriste »), sa réponse fut péremptoire : »si tu veux voir continuer le hollandisme 25 ans, tu ne peux pas t’y prendre mieux … »

Mon interrogation ne se situe pas sur ce terrain , elle est celle-ci : n’avons-nous pas, plus urgemment que de désigner un premier secrétaire, à envoyer un message d’unité et une réponse commune aux Français ?

Toutes les motions ont des fragments de réponse à la crise, mais toutes ont été rédigées avant le séïsme et n’apporte de réponse suffisante. Ne faut-il pas, comme je le proposais, se mettre autour d’une table pour une expression commune ? Je peux témoigner aussi que quand on réunit des socialistes de tous courants ou sous-courants pour parler d’un problème de fond, l’accord se fait et nul ne saurait repérer un delanoëiste canal historique d’un ou d’une ségoléno-royaliste de fraîche mouture. Ce fut le cas, en commission, pour débattre du RSA, de la loi « dynamisation du marché du travail », et bien d’autres.

Donc : sommes-nous à l’aise pour préparer un congrès, nous regarder en chiens de faïence alors que nous sommes fondamentalement sur la même ligne, par ces temps de bourrasque économique et financière ?

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel