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« Tout changer pour que rien ne change »

A Hossegor, dans les Landes, comme partout ailleurs, le coucher de soleil est l’exact inverse de la politique : toujours pareil, mais jamais semblable.

Depuis le temps que je leur suis fidèle, je connais des couchers de soleil multiples : fugitifs, timides sous un écran de nuages, d’un rouge glorieux qui confine à la pourpre, ou  de cet éclat vert, lui même si divers,  qu’on appelle « Rayon vert ».

La politique, quelque part, c’est tout au contraire : toujours différente, se targuant de changement quand ce n’est pas de « révolution », mais infiniment, dramatiquement semblable. Moins de trois mois après le big bang annoncé, c’est la même rencontre du réel, les mêmes premiers récalcitrants, le même mauvais vent de dénigrement, les mêmes rapports que l’on demande sur ceci ou sur cela quand les armoires de la République en sont pleines.

« Tout changer pour que tout reste identique », ce sont les mots du Guépard dans l’inoubliable roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Rien n’a changé justement, sauf le rythme du changement. Le Prince Salina vivait le changement, comme le retour à l’état antérieur, au rythme des générations, nous le vivons aujourd’hui au rythme des quinquennats. Le changement, c’est maintenant, le changement, c’est jamais. Il n’adviendra vraiment que sous le poids, ou la chance, de la démographie.

Tabac : l’Afrique contre-attaque

Les industriels du tabac, dont on connait la puissance financière, sont convaincus (avec raison) que le consommation diminuera à relativement court terme dans les pays occidentaux et ils redoublent de moyens et de stratégies diverses pour contrer cette évolution. Entrisme à l’occasion des réunions scientifiques sur le sujet (comme récemment à New Dehli), rachat de l’industrie de la vape, promotion du tabac chauffé sous le prétexte qu’il serait moins nocif .. Leurs stratégies sont multiples et leurs lobbyistes aguerris. La plus redoutable de ces stratégies, est l’inondation de continents nouveaux et en premier lieu de l’Afrique.

Les pays africains commencent de s’organiser, créent des associations de lutte, adhèrent aux organismes internationaux et mettent en chantier des lois de protection des populations, de contrôle des produits et de réduction de ce fléau qui s’il n’est pas nouveau dans ces pays prend des dimensions épidémiques.

C’est dans cette dynamique que le Bénin, pays assez remarquable par ses structures démocratiques, a tout d’abord signé la Convention Cadre pour la Lutte Anti-Tabac de l’OMS, a voté en 2006 une première loi sur la production et la commercialisation du tabac, et élabore une nouvelle législation « plus dissuasive » à laquelle j’ai été invitée, avec le Ministre Claude Evin, à collaborer. Nous serons les 26, 27 et 28 juillet à Cotonou pour cela, ce dont je me réjouis.

La prévalence du tabagisme au Bénin est aujourd’hui estimé à 16% (près du double en France) dont 25% chez les hommes et 6,7% chez les femmes, chiffres en constante augmentation. J’ai beaucoup à apprendre sur les modes de commercialisation et les possibilités de réglementation de la fiscalité, les possibilités de contrôle et le mode d’action des lobbies.

Et bien sûr, je vous raconterai et je rendrai compte à notre nouvelle Ministre de la Santé.

 

Ballottage à risque pour les élus locaux

L’intervention du Président de la République à la Conférence Nationale des Territoires, mais plus encore ses décisions, suscitent bien des interrogations. J’en évoquerai principalement une, explicitée par le Ministre en charge de la cohésion des territoires, l’ex-sénateur radical Jacques Mézard : l’acte I de la réduction des élus locaux devrait frapper en tout premier les élus municipaux.

La première de ces interrogations : est-ce là que l’on trouvera des économies significatives ? La réponse est : non. S’ils sont nombreux, leurs indemnités sont modestes à très modestes (voire absentes), surtout au regard du temps passé, bien souvent du travail effectué et plus encore du symbole de l’investissement des citoyens dans la gouvernance locale et à l’intérêt collectif.

Et l’on en vient à la seconde interrogation : pour quel bénéfice, si celui n’est pas financier ? Si l’on interroge les Français, prompts à la défiance envers l’ensemble des élus, ce sont les élus locaux qui tirent le mieux leur épingle du jeu. Peu soupçonnés d’avidité, pas davantage d’une recherche inconsidérée de la gloire, leur action de terrain leur vaut estime et soutien. Tel s’est battu des années pour bâtir un EHPAD dans sa commune, sachant que sans cela, le pharmacien, voire le médecin, quitterait la place et que les grands âgés seraient beaucoup plus rarement visités s’ils résidaient à plusieurs dizaines de kilometres. Tel autre a obtenu un terrain de sport, un troisième une desserte d’autobus ou s’est battu pour le maintien de la poste. Même s’ils n’appartiennent pas au même parti, ces élus -souvent des retraités- sont des défenseurs de leur territoire et sont fiers de le représenter et de participer, même tant soit peu, à sa renommée.

Sabrer dans ces bataillons de fantassins améliorera-t-il la situation de la France et plus encore la cohésion , les initiatives, la fierté, l’identité de nos territoires ruraux ? Rapprochera-t-il les zones rurales, qui se sentent « décrochées des zones urbaines ? Je fais plus qu’en douter.

De la même manière, l’excessive réduction du nombre de députés, envisagée à court terme, risque de développer  l’impression de compter pour bien peu de ces mêmes territoires ruraux. Si un député peut représenter l’ensemble d’une ville, c’est à dire étendre son territoire en pouvant cependant le parcourir aisément, la députée d’un territoire comme le Médoc, qui doit parcourir des kilometres chaque jour pour se rendre dans ses multiples communes, ne peut pas élargir son périmètre sans y perdre beaucoup de représentativité et de possibilités d’action locale.

Alors supprimer 200 députés (et non 50 à 100), quitte à leur donner plus de moyens, est-ce raisonnable ?

Il parait évident qu’à plus long terme le Président pense à la suppression du Conseil Départemental ou pour le moins à la réduction de son périmètre d’action par l’exclusion des métropoles, comme c’est déjà le cas à Lyon. Le précédent de Manuel Valls qui avait annoncé en prenant ses fonctions de Premier Ministre, la suppression pure et simple des  Conseils généraux (c’était alors leur nom) pour rétrograder peu après, a certainement refroidi l’ardeur du Président Macron, mais le dossier s’il est momentanément rangé n’est sans doute pas oublié.

Victor Hugo qualifiait Bonaparte de « jeune Général qui a besoin d’une victoire ». Macron tient cette victoire, mais c’est après que les difficultés empirent.

 

 

 

Droits du Parlement contre obligation de silence des armées

Les commissions de la défense ne devraient plus être publiques (c’est à dire retransmises en direct). Un Général doit pouvoir s’y exprimer librement devant le Parlement, sinon point n’est besoin qu’il s’exprime. Mais on comprend que cette expression ne doit pas faire la Une des journaux. La « grande muette » n’a vocation qu’à s’exprimer dans un strict cadre républicain.

La réponse du Président de la République aux déclarations du Général de Villiers n’est en tout cas pas la bonne. Humilier ce haut gradé devant ses pairs (lors de la garden party du ministère de la Défense) et devant la France toute entière est malencontreux alors que notre armée est sollicitée sur et en dehors du territoire . Le Président de la République est le chef des armées et cette hiérarchie doit être respectée. Mais de la même manière, le Parlement est le Parlement et cette dyarchie doit aussi être respectée.

La solution la plus opportune eût donc été un strict l huis clos des commissions de la défense, permettant que les Parlementaires qui auront à voter le budget soient informés et que l’autorité du Chef de l’Etat sur les armées ne soit aucunement remise en cause.

Une société bloquée au stade oral ?

Les Français mangent trop salé, trop « industriel » et bougent de moins en moins. C’est ce que confirme la 3ième étude de l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation*). Confirmation aussi de ce que nous voyons s’aggraver à l’occasion de chaque étude : les comportements alimentaires deviennent, aujourd’hui plus encore qu’hier, des marqueurs sociaux.

En réalité, même s’il n’y a pas de mot breveté pour le dire, c’est l’ensemble des comportements oraux qui sont questionnés, en restant bien évidemment dans le domaine de l’alimentation, de la boisson et du fait de fumer . Il est d’ailleurs significatif que les mots justes manquent. Si j’avais écrit « inhalation » au lieu de « fait de fumer » personne n’aurait pensé au tabagisme, à la vape, au cannabis mais aux sprays médicamenteux.

Le « manque » de l’étude de l’ANSES est la mise en relation de l’alimentation avec ses « voisins », quelquefois ses équivalents, alors que nous connaissons le lien entre alcoolisme, tabagisme et comportements alimentaires. Le lien entre oralité et abus des écrans est plus simple  : les écrans, en nous bloquant sur place, réduisent notre activité physique et anesthésie l’envie que nous pouvons en avoir.

Parallèlement au « mal-manger » ou au « trop-manger », le tabagisme touche préférentiellement les publics à faible niveau d’éducation et de revenus, ainsi que les populations en difficulté. L’obésité est un marqueur social, comme l’est le tabagisme. Chez les jeunes, le sujet est encore plus grave. On connaît les liens entre diktat de maigreur, anorexie mentale et tabac : les jeunes filles fument bien souvent d’abord pour ne pas grignoter et grossir ; elles entrent ensuite dans l’addiction. De même, lors des « soirées » , de plus en plus nombreux sont les jeunes qui boivent beaucoup et vite mais ne consomment aucun aliment ; ceci dans un double prétexte : que l’alcool agisse d’autant plus rapidement sur leur état mental -comme le fait une drogue- et que l’absence de nourriture compense les calories dues à l’alcool.

L’obésité est généralement parallèle du mal-manger avec une forte représentation du gras, du sucré et des produits industriels riches en l’un et l’autre. Là aussi deux explications : financière et psychologique, le sucré ayant un rôle de « récompense » (comme disent les neuro-scientifiques) que les légumes verts ou les viandes blanches sont loin d’atteindre.

La consommation d’aliments, de boissons ou de produits fumés agit comme une sorte d’anesthésique et de compensation au manque ; manque d’activité gratifiante, manque d’estime de soi, ennui, anxiété, dépression .. Je ne veux pas entrer dans une analyse psychologique ou psychiatrique qui serait obligatoirement sommaire. Ce n’est pas le rôle de nos grandes agences, ni de santé publique france, de le faire non plus, mais au moins de poser la question globalement et de proposer des pistes d’action.

 

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel