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Big mayor

87500 coups de téléphone donnés hier par le Maire de Bordeaux. Comme il l’a fait pendant la campagne électorale pour inviter les Bordelais à participer à ses réunions publiques, le Maire de Bordeaux a convié massivement ses administrés à se rendre à l’hôtel de ville pour accueillir le jury de Bordeaux 2013. Opération réussie. Ils ont été nombreux à venir comme à l’élire. L’opération standard téléphonique marche bien.

87 500 coups de téléphone, c’est à dire un appel par foyer, c’est malgré tout coûteux, pas formidablement avant-gardiste et je propose que nous passions résolument à l’étape suivante. L’installation dans chaque appartement, chaque maison d’un petit haut parleur directement branché sur la Mairie, où chacun de nous, sans effort, sans avoir besoin de brancher ni radio, ni internet, sans frais inutiles d’achat du journal, pourrions recevoir le programme de nos activités du jour.

L’installation pourrait être défiscalisée et ouvrir un abattement sur la part municipale des taxes locales.

La méthode a fait ses preuves. Big brother déjà, en (dans) 1984, l’a expérimentée avec succès.

Et comme il est de mode aujourd’hui, le dispositif pourrait aller en double sens, permettant de s’assurer du bon comportement des Bordelais, de leurs relations, préférences sexuelles… Une sorte de super fichier Edvige en quelque sorte.

« Honorer l’étude »: la réussite de Gustave Eiffel

Commençons par une petite histoire : ma Maman, qui était inspectrice générale de l’éducation pour les maternelles, aimait inspecter les écoles, examiner les bâtiments et voir s’ils étaient en adéquation avec les ambitions de l’école publique. Quand elle entrait dans une classe qui était tristounette, dont la peinture était écaillée ou sâle, elle disait à la directrice: « chère Madame, on ne peut pas enseigner convenablement dans cette classe. Il faut honorer l’étude, donner aux enfants le goût d’apprendre. Cela ne se peut pas dans un local sâle ou médiocre. Demandez les crédits pour repeindre cette classe, et si nous ne les avons pas, prenez avec votre institutrice un rouleau et de la peinture blanche, et repeignez-la ; et ne manquez pas d’expliquer pourquoi aux enfants. Je reviendrai dans trois mois… »

Au bout de trois mois, la classe était toujours fraichement repeinte et pimpante. Bien souvent parce qu’on s’était agité, ma mère comprise, pour trouver les crédits nécessaires, mais quelquefois par les enseignants eux-mêmes, qui partageaient l’ambition d’ « honorer l’étude ».

L’expression, un peu ancienne, n’est pas insignifiante. Nous en avons eu la double illustration ce matin en inaugurant les locaux du lycée Gustave Eiffel. Cet établissement prestigieux honore désormais doublement l’étude par la qualité de l’enseignement et des résultats obtenus, mais aussi par des locaux qui donnent envie d’apprendre et de réussir.

Autour d’Alain Rousset, nous étions tous très fiers de ce qui vient d’être réalisé : une magnifique alliance entre la modernité, le design épuré et transparent, et la partie ancienne du lycée, dont tout le monde connait la belle façade cours de la Marne. Allez-voir la façade contemporaine de la rue où s’ouvre désormais aussi le lycée, vous serez vous aussi réjouï. Le Conseil Régional construit pour Bordeaux, et avec le Conseil Général, ces deux institutions changent le visage de notre ville.

A l’intérieur, des couloirs sobres, lumineux, ou des pans de couleur animent la minéralité du béton. Des labos qui laissent loin derrière ceux, déjà anciens, de l’Université. Des salles techniques équipées d’un matériel pédagogique exceptionnel dont Alain Rousset voudrait qu’il soit également ouvert aux concepteurs des petites PME. Au total, 32 millions de travaux magnifiquement conçus, magnifiquement réalisés (Alain Triaud, Gilles Fortabat). Oui, l’argent public peut être bien dépensé.

Gustave Eiffel aura pourtant du mal à dépasser ses résultats : 96 % de réussite au bac (100% dans trois sections !), 92% au BTS ; 4000 élèves de toutes origines sociales, dont plus de 1000 en classes préparatoires. Pour ces mille-là, reconnaissons-le, les milieux favorisés sont très majoritairement représentés, montrant la panne générale de notre ascenseur social.

Le proviseur, M Bihel, a défini Gustave Eiffel comme un établissement « accueillant à tous, solide, puissant et chaleureux ». Cela se voit.

C’est agréable, dans ces temps difficiles, non seulement de parler des trains qui arrivent à l’heure, mais de ceux qui devancent leur temps.

François Hollande en direct

Quelques notes en direct du discours de clôture de François Hollande ; malheureusement j’ai dû faire, l’ordi sur les genoux, une mauvaise manoeuvre et la deuxième partie du discours n’a pas été enregistrée)

Parlant de ses dix ans à la tête du parti : « le parti socialiste n’est jamais un fleuve tranquille, surtout qu’il y a plusieurs rivières, voire même quelques torrents ».

« Comment faut-il aborder notre congrès :
-situer les questions de personne à leur juste place. Les egos dont on parle ce sont souvent les autres, jamais soi-même !
-reconnaitre les différences lorsqu’elles existent mais, plus encore peut-être, marquer les convergences
-il faut que le parti soit dirigé, il ne faut pas être dans la fragmentation, l’émiettement ;
L’ingouvernabilité est la menace principale. Nous revendiquons le pouvoir : quand on prétend diriger le pays on doit savoir se diriger nous mêmes
-au terme du débat, affirmer une loyauté envers nous mêmes : respect du vote militant, les décisions nous engagent. On dit « on entend trop le parti socialiste, mais moi je l’entends trop ! » Il faut que le premier secrétaire puisse avoir l’autorité indispensable.

La droite est unie comme elle ne l’a jamais été sous la Vème république. L’UMP a tout absorbé, tout dissout : gaullisme, le pénisme… En face de cette force-là il en faut une autre, tout aussi rassemblée et ferme dans ces convictions. Le centre est une indétermination et l’extrème gauche une protestation. L’une et l’autre ne peuvent prospérer, au contraire de nous, sur l’espérance. il ne s’agit plus d’une opposition mais d’une bataille idéologique. Nos valeurs, la droite les a remises au coeur de la société. L’aspiration à la cohésion est aujourd’hui plus forte que le sauve qui peut individuel.

Le libéralisme est à la peine. Il engendre plus de désordre que de sécurité. Et si le temps des régulations était venu ?

La crise est multiple, générale, globale : multiple : d’abord financière, puis monétaire et ensuite économique
énergétique
écologique
alimentaire avec la progression du cours des matières premières
immobilière
boursière

générale :elle touche tous les domaines mais aussi tous les continents globale : tous les marchés sont affectés ; marché des marchandises, du travail

La crise ne vient pas du hasard mais de choix politiques ; il faut se réorienter vers les choix de notre famille politique :
renforcer les institutions financières pour controler davantage le système bancaire
contrôler la production agricole
développer les énergies renouvelables
réorienter la construction européenne et lancement d’un grand emprunt

Pour un nouvel ordre international et contre la primauté de la force sur le droit : -renforcement des institutions internationales
-respect du droit et des intégrité territoriales
-plan de développement planétaire

Beaucoup dépendra de l’élection américaine. Barack Obama porte l’affirmation d’une nouvelle diplomatie Beaucoup dépend aussi de la construction européenne. L’Europe est à la peine et nous devons porter haut le manifeste des socialistes européens.

La diplomatie française ne facilite pas les choses : agitée, brouillonne, médiatique, contradictoire … (…)

La France subit tous les soubressauts des désordres mais avec une intensité plus grande que nos pays voisins parce que, depuis 6 ans, il est plus vulnérable et plus mal gouverné -ne pas accepter le déclassement la décroissance, qui n’est pas celle des écologistes la baisse du pouvoir d’achat la baisse de l’investissement des entreprises la diminution des mises en chantier de logement (100 000 cette année) le déficit commercial 50 milliards de déficit contre 200 pour les allemands

-le déclassement social, le chômage des jeunes, la dérégulation du droit du travail la dégradation de la qualité du travail la remise en cause du pacte social, l’élargissement de l’écart entre les rémunérations

Une seule rustine proposée par le pouvoir, le RSA : nous en partageons la philosophie, mais nous en voyons aussi les risques en particulier le développement du temps partiel Alors le financement ? D’abord c’est nous qui nous sommes opposés à ce que ce ne soit pas la prime pour l’emploi qui paye pour les plus pauvres. Il a repris une de nos propositions, en en faisant mauvais usage puisque cela frappe également tous les épargnants, même les plus modestes . Pourtant nous préférerions le voir revenir sur le paquet fiscal qui n’exonère que les plus riches. La sanctuarisation des grands patrimoines est la seule constante de la politique de Nicolas Sarkozy.

Plus de dix taxes ont été crées en un an , à commencer par les franchises et en finissant par la taxe sur la vente du poisson. A quand le retour de la gabelle ?

Refuser surtout le déclassement moral – déclin de la République et de ses moyens, et en premier l’école
– confessionalisation des esprits
– fichage de la population
– politique du chiffre en matière d’émigration
– prisons surpeuplées dans des conditions indignes
– paroxysme du pouvoir personnel

en ce qui concerne l’audio-visuel, le retour de l’ORTF : – paupérisation du service public
– confusion permanente des genres et des agissements
– le chef de l’Etat en est l’animateur principal

Ici s’arrêtent, non pas mes notes, mais leur bon enrgistrement par un ordi capricieux ; à retrouver sur le site du PS

Au total : du grand Hollande. Premier discours de postulant candidat ?

Malsain, très malsain

Les militants bossent, échangent, débattent sur des sujets aussi sérieux que la protection sociale, la solidarité urbaine ou la recherche, et les éléphants tricotent des alliances de dernière heure, des petits pas, des pas en arrière, des petites phrases et des grandes déclarations..

Tout cela dans l’arrière-salle des restaus ou devant les caméras. Devant les militants, point.

Le mot est fort, mais les militants se sentent trahis, avec l’évidence que leur engagement, leur générosité comptent pour peu. Celui qui soutient Paul se trouve allié avec Marthe sans savoir sur quelle base, celui qui ne soutient personne se dit qu’il a raison, et celui qui voudrait n’en soutenir qu’un seul comprend qu’il ferait mieux de jouer à la boule.

A côté des bons débats, des sujets de fond, des batailles de pouvoir, le festival des egos, et tous ceux qui confondent l’espace encan avec la croisette de Cannes.

Respirons bien, bien fort et abordons en direct la dernière matinée.

En direct de la Rochelle : la santé ouvre la journée

On se doute que je suis présente à l’atelier « santé, social, retraites », même avec l’idée d’apprendre moins là qu’ailleurs. Mais il y a toujours quelque idée à glaner, souvent d’une question de la salle, car très honnêtement notre brochette d’orateurs est un peu classique et garnie de nos habituels experts. Dehors, grand beau, atmosphère de détente, La Rochelle étalée autour de nous dans tout son charme et sa qualité de vie.

Quelques idées, en vrac..

Déserts médicaux : les mesures incitatrices à l’installation des médecins dans ces zones seront-elles suffisantes ? Non, si elles ne sont pas accompagnées d’un effort d’aménagement des territoires. S’il n’y a dans les zones désertées ni école, ni bureau de poste, ni labo de biologie, les médecins ne s’y installeront pas même avec des facilités financières.

– les enjeux de santé (Claude Evin, président de la Fédération Hospitalière) : 1- enjeux de santé publique ; ce n’est pas l’offre de soins qui détermine majoritairement le niveau de santé des populations 2- enjeux financiers (recettes/dépenses) 3- enjeux organisationnels : accessibilité financière, territoriale, qualité de l’offre . Quel service de santé veut-on installer dans notre pays ? Les pistes :

  • renforcer la démocratie sanitaire. Place de plus en plus importante des usagers, place de l’ensemble des citoyens dans le débat public sur les questions de santé
  • se poser la question : qu’est-ce que la solidarité doit prendre en charge ? Certains traitements coûtent de plus en plus cher, imposant de dérembourser les médicaments à moindre service rendu. Le choix ne doit pas dépendre seulement des études scientifiques mais doit faire participer le public pour pouvoir être accepté
  • organiser un véritable service public de santé, concernant l’ensemble des acteurs, y compris bien évidemment la médecine dite libérale . Rappelons nous que la France est le seul pays où 40% des établissements de santé relèvent du privé, avec de plus en plus l’introduction des fonds de pension dans leur capital, point sur lequel nous devon être particulièrement vigilant.

Les risques de la T2A (tarification à l’activité) : le gouvernement a posé l’objectif qu’en 2012, les tarifs soient identiques dans le privé et dans le public. C’est à la fois inatteignable et cela amènera à terme à la disparition des établissements publics

  • réforme de la gouvernance ; exemple de la radiologie : les tarifs négociés pour les actes dans le privé sont entrain de tarir la radiologie publique. Il faut un pilote national.

La reconstruction de l’état de prévention sociale : prévention, prédiction, éducation, y compris éducation thérapeutique (Jean-Marie le Guen, député et récemment nommé président de l’assistante publique des hôpitaux de Paris). J’y reviendrai.

Financement (Jérome Cahuzac, député-maire de Villeneuve sur lot) – ce financement est injuste et non proportionnel aux capacités contributives ; exemples : le bouclier fiscal qui inclut la CSG, les franchises. – avant même la révision de croissance, le déficit de la branche vieillesse est de 5,6 milliards d’euros. Il n’existe que trois parametres permettant une réforme : durée de cotisation, montant des cotisations, versement des pensions ; système suédois : compte individuel de retraites ; permet une simplification et une homogénéisation. La retraite est une rémunération différée. – deuxième branche, par ordre décroissant de déficit : l’assurance maladie (4,6 milliards d’euros) ; annonce d’une taxe nouvelle qui serait la 10ème taxe nouvelle de Sarkozy depuis juin 2007 Mais il y a d’autres pistes. Comment se fait-il par exemple, qu’un médicament, 20 ans après sa mise sur le marché, coûte non seulement le même prix, mais plus cher ? Pourquoi cette garantie des prix pour ces seuls produits ? Bien évidemment, le prix doit baisser et on doit l’imposer. -Les deux autres branches, famille et accidents du travail, ne sont pas déficitaires, ce qui ne veut pas dire que des réformes ne soient pas nécessaires. En particulier, le financement des accidents du travail ne doit pas être constamment déporté sur la branche maladie. Il faut que les entreprises cotisent le juste prix, c’est le seul moyen qu’elles mettent en oeuvre des mesures de prévention adéquates.

On se doute que je suis intervenue. A l’issue de ce long atelier, je n’ai abordé qu’un point : l’obligation pour nous de revoir le dogme qu’aucun acte médical ne peut être obligatoire en dehors de la lutte contre les maladies infectieuses et contagieuses. (en clair, la seule obligation actuelle, stricto sensu, est représentée par les vaccinations).

JM le Guen, comme je le fais régulièrement, a insisté sur le volet éducation-information-prévention. Avec une absolue raison : sans cela, nous allons dans le mur, sur le plan humain, sanitaire, financier. Sans cela, la fracture de santé, entre les plus riches et les plus pauvres, déjà large dans notre pays, ne fera que s’accentuer.

Malheureusement, tout nous montre, en particulier les études épidémiologiques, que les campagnes d’information, d’éducation et de prévention touchent en premier lieu (et quelquefois exclusivement) les personnes qui sont déjà informées et éduquées. Les autres les plus isolées pour des raisons sociales, culturelles ou cultuelles, et bien souvent les trois, ne sont pas touchées.

On en arrive au paradoxe que ces campagnes, ces actions, élargissent la fracture de santé au lieu de la combler.

Deux exemples : 1 – le dépistage du cancer du sein, qui ne franchit pas le taux de 55% de femmes de plus de 55 ans bénéficiant de ce dépistage . Beaucoup de ces femmes étaient déjà suivies et le « dépistage pour toutes » ne change rien pour elles. Les autres sont les plus « défavorisées », et de ce point de vue, elles le restent.

Or nous ne modifierons significativement les courbes de survie de ce cancer, que si plus de 60% des femmes sont dépistées. C’est aujourd’hui une mesure d’équité sociale de généraliser ce dépistage.

2- Le suivi et les soins bucco-dentaires dans le jeune âge. Le nombre de caries non obturées est un marqueur social significatif séparant les plus pauvres des plus riches.

Ces deux actes (dépistage du cancer du sein, suivi bucco dentaire dans l’enfance) doivent être gratuits et généralisés si nous voulons être à la fois efficaces et équitables socialement (ces deux mots ensemble devraient être synonymes de « socialistes »)

Le hic est qu’actuellement, comme précédemment évoqué, nous ne pouvons les rendre obligatoires et donc nous ne pouvons les étendre aux plus modestes.

Si nous ne voulons pas aller dans le mur, socialement, humainement et financièrement, il faut que nous ayons ce culot de changer le paradigme et de rendre possible ce caractère obligatoire, sans avoir les cris d’orfraie des libertaires issus par exemple de la gauche. (tout le monde a le droit de choisir sa vie et de se tuer s’il veut)

C’est avec cette détermination qu’on a rendu obligatoire le vaccin contre la poliomyélite, et éradiqué cette maladie.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel