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Marie Brizard : le drame d’une gestion calamiteuse

Retour à l’actualité bordelaise avec l’annonce faite ces derniers jours, par différents quotidiens, de la vente de Marie Brizard, entreprise multi-séculaire de notre ville (les Girondins l’ont connue et sans doute ses fondateurs ont-ils appartenus aux mêmes cercles de sociabilité qu’eux).

Cette information confirme la gestion catastrophique de l’entreprise, l’opacité des déclarations de sa direction et son mépris de ses employés bordelais.

La délocalisation récente dans la banlieue parisienne des services administratifs, les projets fumeux de réalisation d’un hôtel de luxe à leur emplacement n’ont été que des palliatifs destinés à masquer ou à retarder la détérioration financière de l’entreprise Belvèdère, le groupe qui possède Marie Brizard.

Lors de ma rencontre avec M Skora, Directeur Général, celui-ci s’était prévalu d’un apport financier considérable du Gouvernement Basque espagnol pour attirer à Zizurkil les pôles de fabrication de Bordeaux et de Lormont. Il s’agissait en fait de tenter d’obtenir des responsables économiques et institutionnels de Bordeaux un soutien financier supérieur aux chiffres avancés, susceptible de renflouer ses pertes.

En réalité, Marie Brizard se trouve dans une situation qui a déjà précédemment contribué à son rachat. L’endettement de Belvèdère se chiffre à 469 millions d’euros que la gestion actuelle est incapable d’éponger.

Les Bordelais, et plus encore les salariés de Marie Brizard que j’ai reçus à plusieurs reprises, assistent impuissants au démantèlement, aux ventes successives et à la perte d’identité d’une entreprise datant de 1755 , inscrite dans le patrimoine entrepreneurial de notre ville. Ceci est particulièrement choquant dans un contexte international d’expansion de la vente des alcools et spiritueux.

Malheureusement au contraire, cette évolution s’inscrit dans un contexte national où la production industrielle fléchit régulièrement et où le déficit du commerce extérieur bat son record historique, contredisant radicalement ce qui avait été promis par le Gouvernement il y un an, au moment de la présentation du « paquet fiscal » : un choc de confiance et une reprise de la croissance.

On ne peut aujourd’hui qu’en mesurer l’échec.

Il reste maintenant à attendre qu’un repreneur se manifeste pour l’entreprise bordelaise et que ses gestionnaires sachent utiliser l’image de Bordeaux et la tradition de haute qualité de Marie Brizard pour retrouver sa place dans le « top premium » des alcools et spiritueux. Les responsables économiques et institutionnels de notre ville, le monde viti-vinicole, auront sur ce plan un rôle à jouer.

En effet, pourquoi ne pas se poser la question : si, au lieu d’acheter des vignobles en Californie, nos grands propriétaires ou leurs sociétés, misaient sur le nom et les forces de Bordeaux ?

Bis repetita, ça va, au-delà, bonjour les dégâts

L’UMP découvre sans modération les mérites de la répétition pour l’éducation des peuples. Et en abuse.

Le mois dernier, l’antienne en vogue était la phrase « personne ne sera laissé sur le bord du chemin ». De Sarkozy à Mme Boutin, de Mme Lagarde à Martin Hirsch, pas un seul qui ne vantait cette large mission de balayage des chemins et des routes, décrétée sans doute en conseil national de l’UMP. Logement, pouvoir d’achat, prévention contre les chiens mordants, garde des enfants les jours de grève, pas un ministre qui n’y ait été de son petit couplet avec refrain.

Depuis, et dans tous ces domaines, les bas-côtés des chaussées continuent de s’encombrer. Qu’importe, la technique de comm’ reste d’actualité.

C’est aujourd’hui la chasse aux « donneurs de leçons » qui fait florès. Il faut dire que l’épisode Sarkozy en Chine et Carla avec le Dalaï-Lama, attire non seulement la leçon, mais tente aussi la correction, si du moins celle-ci n’avait pas été boutée hors de nos écoles républicaines. Bernard Accoyer, grand zélote du lieu commun, pourfend ce matin dans le Figaro, par salves groupées, les donneurs de leçon de tous poils, interroge le peuple UMP sur la sincérité de leurs intentions et leur capacité de juger avec toute la hauteur que seul un UMP est en mesure de prendre. Avant lui, Kouchner, Sarko évidemment, et tous ceux qui ont osé dire un mot sur cette lamentable valse-hésitation, avaient fustigé, brocardé, dénoncé, invectivé, ces donneurs de leçon mal-pensants.

La répétition est en effet un sain instrument pédagogique. Maniée du moins avec mesure. Au-delà, on verse vite dans le comique.

Un anniversaire très oublié

Comme sans doute beaucoup de lecteurs de ce blog, j’ai laissé passer beaucoup de 10 aout, sans mesurer que ce jour était l’anniversaire de la République, née il y a quelques 216 ans.

Les Girondins furent les plus fervents artisans de cette naissance, manifestée par la « suspension » du roi. Ce n’était pas une mince affaire que de rendre l’idée même de la République populaire : personne ne savait très bien ce que c’était, et ceux qui en avaient une vague idée se souvenaient de la République d’Athènes et de sa démocratie directe.

Les esprits n’étaient pas prêts pour cela. A vrai dire, ils ne le sont toujours pas, et même le mot timide de « démocratie participative » lève des commentaires pas toujours amènes jusque dans les rangs socialistes.

En 1792, il fallait donc un sacré pouvoir de conviction pour populariser l’idée de République et de constitution. C’est une des plus belles parts des Girondins à la Révolution. Ils s’en sont fait les propagandistes acharnés et leur extraordinaire éloquence a fait merveille. « On l’écoutait avant même qu’il se soit mis à parler », disait-on de Vergniaud. Et cela avec mesure, comme ils le prouvèrent ensuite lors du procès de Louis XVI.

Pour dire la vérité, l’actualité de 1792 n’était pas tout à fait rose, et ça c’est encore gâté en 93. Et pourtant, la commenter aujourd’hui me repose salutairement du record de déficit du commerce extérieur, des hausses du gaz et de l’électricité que les médias font passer pour modestes, alors qu’elles sont seulement étagées tous les deux mois…

Personne n’a jamais fait le rapprochement entre « le 93 », le département des violences urbaines, et 93, l’année où la révolution s’est embrasée. Espérons que cela ne soit jamais nécessaire.

L’esprit de la révolution pourtant est quelquefois bien tentant.

Un été avec les Girondins

Non, je ne suis pas au centre du Haillan, en train de suivre à la petite foulée l’entraînement de nos valeureux footballeurs. Cela me ferait le plus grand bien, mais disons le tout carrément, il n’en est rien.

Il y a un an, toute nouvelle députée reniflant les couloirs de l’Assemblée, je me suis aperçue qu’une seule chose touchait mon coeur : penser que j’étais, avec mes commères et compères députés de gauche, l’héritière des « Girondins ». « La Gironde », c’était nous, même si nous ne savions pas formellement définir qui était « la Montagne » d’aujourd’hui.

De ci, de là, cela a agrémenté nos conversations. Tout à fait honnêtement pour nous apercevoir que nous n’en savions pas assez sur cette poignée de jeunes gens qui, tels Mendès-France, n’avaient fait qu’un bref passage sous les projecteurs de l’histoire et du pouvoir mais dont le souvenir n’était en aucun cas insignifiant.

Modérés au plus fort de la Révolution, non centralisateurs à l’acmé du pouvoir jacobin, épris de République quand elle n’existait pas encore, ces Girondins depuis lors m’ont accompagnée et je me suis promise de faire avec eux plus solide connaissance.

Je les imaginais (et je les ai décrit à mes collègues députés) comme plus jeunes qu’ils n’étaient. Je les voyais comme une poignée de chevelus (on l’était à l’époque) entre 25 et 30 ans, ils avaient en moyenne 35 ans, plus avancés en âge que leurs comparses montagnards, plus jeunes que celui qui m’est le plus cher : Condorcet.

J’ai à vrai dire bien d’autres raisons de vouloir compagnonner de plus près avec eux. Dans les plus superficielles, le fait qu’il y ait dans mon canton deux quartiers singuliers : les rues de l’un portent les couleurs du Médoc, sans qu’on puisse expliquer vraiment pourquoi, les rues de l’autre portent le nom de quelques-uns des Girondins. Je l’appelle le quartier des Girondins, sans que personne ne voit à vrai dire quel quartier je désigne.Vergniaud a hérité d’une rue non chalande comme il était lui-même. Mais qui le sait ? Et pourquoi les autres, morts avec lui, ont-ils été oubliés ?

Parce que c’est un fait, étrange : la Gironde et Bordeaux ne font guère cas de leurs Girondins. Qui parmi nous se réclame de « girondisme », comme on parle de jacobinisme ? Le mot n’existe tout simplement pas.

Le Conseil Général de la Gironde a eu l’initiative au moment du bicentenaire de la Révolution d’un colloque dont je lis les actes réunis dans un gros et passionnant ouvrage. Mais quatre ans après, y a-t-il eu un seul mot pour évoquer la décapitation de plusieurs d’entre eux place Gambetta ? (On se doute un peu qu’elle s’appelait alors tout autrement !)

En 2013, il y aura 220 ans depuis la mort de mes Girondins.

Vous me voyez venir…

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel