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Travail du dimanche : le facteur humain

Travaillé tout l’après-midi à rédiger des amendements que je compte proposer à l’occasion de la proposition de loi « visant à rénover les dérogations au repos dominical ».

La proposition de loi viendra à l’Asssemblée la semaine prochaine. Le texte vient, précipitamment de nous être mis sous les lunettes. Ce n’est pas un mince sujet, car il pose le problème du modèle de société dont nous voulons. Vendre plus, acheter plus, ou être plus ? Pour moi, la réponse est claire et un précédent billet l’a déjà évoqué (« travail du dimanche : c’est non »).

Mon amusement, en cette fin d’après-midi, est que nous sommes justement dimanche, et que, mon assistante Charlotte, une copine de sciences-po et moi, nous avons plutôt trouvé du plaisir à travailler sur le sujet, et de l’amusement à constater que nous y travaillions le dimanche !

Bien sûr que je suis pour le travail du dimanche, si ce travail consiste à faire quelque chose dont a envie, à se former, à progresser, à aller dans son labo jeter un oeil sur une expérimentation en cours et tant d’autres belles choses, y compris travailler à des amendements législatifs ! Bien sûr que je suis définitivement contre le travail du dimanche quand il concerne l’emploi commercial, vendre, faire vendre, faire acheter…

Donc, toutes les trois, à quelques centaines de kilomètres les unes des autres, on a essayé de mettre en forme législative, tout ce qu’implique de fâcheux un élargissement des dérogations au repos dominical.

J’évoque ici un seul point, parce que lui aussi est amusant. « Le repos du 7ème jour », présent dans la bible, correspond à un besoin biologique. Beaucoup d’études scientifiques nous montrent aujourd’hui que ce sympathique animal qu’est l’être humain répond à des règles chronobiologiques qui font qu’il a besoin de se reposer à intervalles réguliers, que tel métabolisme n’est pas le même à 7 heures du matin qu’à 7 heures du soir, et, par exemple, l’éfficacité des médicaments n’est pas la même selon l’heure et la périodicité selon laquelle on les administre.

Donc, celui qui a écrit ou inspiré la bible, était déjà au courant de ces études chronobiologiques, quelques dizaines de siècles avant qu’elles aient été faites..

Et si on regardait un peu « le facteur humain » (c’est le titre d’un roman de Graham Greene) avant de légiférer à tort et à travers ?

La gare aux moineaux

Quand on y prend garde, prêtant l’oreille pour les discerner entre les annonces, les roulements de valises et le brouhaha général si propre aux halls de gare, on entend à Montparnasse un babil continu de moineaux. Petits pépiements qui viennent de partout, du dessus des bouches d’aération, des hauts parleurs, du sol, qui quelquefois vous frôlent d’assez près. Dès qu’une miette tombe d’un banc, où un voyageur patient attend son train en mangeant un sandwich ou un pain aux raisins, les moineaux atterrissent et se mettent en cercle, indifférents aux pieds pressés qui les entourent.

Petits signes de vie et de liberté, dans un décor très technique où la première idée n’est pas d’identifier les oiseaux. Ils doivent sans doute à l’indifférence habituelle des voyageurs leur très grand familiarité. Un peu plus, ils se laisseraient presque écraser par un trolley qui déboule, tellement ils sont habitués à cette cohue et à cette presse.

Il ne faut plus jamais dire « les moineaux communs », le vrai nom de cette espèce des villes à petit corps brun et bavette noire : les moineaux ont de plus en plus de mal à vivre en compagnie des grands prédateurs humain et ils se raréfient.

Et pourtant, comme ils manqueraient au décor, si on ne les voyait pas sautiller de miette en miette, entre les souliers poussiéreux et les baskets avachis !

Parité bien ordonnée

Tous les médias font ce matin l’erreur : ce n’est pas la parité professionnelle que nous avons voté cette nuit à 108 voix contre 80, mais le « fait de favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités professionnelles et sociales ».

Ce qui, on le sait, ne mange pas de pain, si cela ne s’accompagne pas de mesures concrètes.

La formule « favoriser l’égal accès » était celle qui introduisait le texte constitutionnel de Lionel Jospin ; elle avait alors donné lieu à de grands débats (« Peut-on introduire des sections dans le peuple français ? », disaient les constitutionnalistes de stricte obédience), mais les lois instaurant la parité -c’est à dire l’égalité en nombre- sont celles qui prévoient un nombre égal de femmes et d’hommes dans les scrutins de liste, et des sanctions financières pour les autres s’ils sont trop déséquilibrés en faveur d’un sexe, qui est pour l’instant toujours le même.

L’amendement, hier soir, était introduit par deux députées UMP, très bon genre, et en tout cas qui n’avaient rien de deux pétroleuses. Nous l’avons tout de suite relayé, malgré une ou deux voix discordantes (mais qui ne se sont pas exprimées en séance), dont celle de Danièle Hoffman-Rispall de Paris qui avaient des craintes pour les professions féminisées, en particulier pour les infirmières.

Mais favoriserions-nous l’accès de quelques garçons à la profession, cela ne pourrait être que favorable..

La Ministre Rachida Dati, en gigantesques talons noirs, les joues sortant d’un très malencontreux « filling » qui dénature sa beauté aigüe, avait la responsabilité d’exprimer l’avis du gouvernement : avis défavorable a-t-elle dit. Parité bien ordonnée, ne commence pas, mais se résume, à soi-même.

Le député Chartier (UMP) s’est ridiculisé en allant à sa rescousse, sous prétexte « qu’il ne faut pas débattre en hâte de telles questions ». En effet, on a bien attendu vingt siècles, on n’est pas à 5 minutes ! Pierre Lelouche, UMP aussi, l’a retoqué : « Comment peut-on en être encore aujourd’huui à atermoyer sur ce sujet et à hésiter à voter l’amendement de nos collègues ! »

Comment, en effet ? Rachida Dati est pour l’accès de Rachida Dati aux responsabilités. L’égal accès n’est pas son enjeu. Reste qu’il faut maintenant s’engager sur des lois et réglements favorisant vraiment cet égal accès, comme cela a été fait dans les pays nordiques. La Norvège par exemple a imposé un nombre égal d’hommes et de femmes dans les conseils d’administration.

Un nouveau vote divisant la droite, alors qu’elle aurait du voter le texte, comme un seul homme évidemment .

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel