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Humanitude

Qu’est-ce qui fait que nous avons conscience d’appartenir à l’espèce humain, à ce groupe fragile et envahissant, dans lequel l’enfant apprend progressivement à se reconnaître ?

Les philosophes, le bon sens, fournissent un certain nombre de réponses : la verticalité, la parole, le rire (« parce que le ris est le propre de l’homme » disait Montaigne, relayé par Bergson). C’est aujourd’hui aux soignants que nous avons donné la parole à l’Assemblée, dans le cadre de mon groupe de travail « politique de l’âge ».

« Humanitude », n’est pas une création heureuse de Ségolène Royal, mais le nom donné à une philosophie et à une méthodologie de soins qui s’applique avec le maximum de nécessité auprès des personnes âgées.

Comment aborder une personne démente, atteinte par exemple de maladie d’Alzheimer, pour qu’elle perçoive même obscurément que c’est un lien humain qui se crée autour d’elle ? Pour qu’elle se sente rassurée, et qu’elle accepte les soins comme quelque chose d’apaisant et non comme une agression ? Pour qu’elle ressente du bien-être et non de l’angoisse ou de la dépression ?

Ce sont tous les gestes qui apaisent, les attitudes, l’organisation des soins et des institutions que nous avons appris et discuté cet après-midi avec Jérôme Pélissier, psycho-gérontologue, appartenant à une unité de recherche à Lyon, et très engagé dans la formation du personnel soignant.

Le concept dépasse très largement le soin des âgés, et nous en avons tous l’expérience. Aborder, même un député irrascible, avec un visage ouvert et souriant, dédramatiser une réunion par quelques marques d’humour, ce sont aussi des petites marques d’humanitude. Dans nos hôpitaux, les soins sont éffectués en utilisant beaucoup des principes que nous avons envisagés aujourd’hui : éliminer les gestes qui peuvent être considérés comme agressifs par une personne pas totalement consciente, parler au fur et à mesure que l’on fait des gestes de toilette ou de soins, décrire ce que l’on fait…

A question nouvelle, il faut des réponses nouvelles. Cette approche des malades déments fait partie des réponses au grand chantier de l’allongement de la vie et de l’augmentation du nombre de cas d’ Alzheimer.

Réforme des institutions

Les commentaires du billet précédent se sont engagés de pied ferme sur le champ de la réforme constitutionnelle. Sujet complexe puisqu’il réunit un grand nombre d’articles, où il y a du bon, du moins bon et du pas bon du tout.

Ce « pas bon du tout », c’est souvent l’absence de quelque chose. Et en particulier de notre exigence majeure : la réforme du mode électoral du sénat. La « chambre haute » est supposée être le reflet des territoires et des collectivités territoriales. Or, le mode d’élection est tel, que même avec une très forte majorité dans les conseils municipaux, généraux et régionaux, la gauche ne peut être majoritaire au Sénat. En l’état, la droite y est inamovible. A quoi bon une chambre, si elle n’est pas susceptible d’alternance et si elle ne reflète en rien l’évolution et l’opinion de ceux qui l’élisent ?

En regard de cette absence, la réforme est supposée renforcer les pouvoirs du parlement par quelques mesures de contrôle, et la possibilité de fixer partiellement l’ordre du jour. Rien de susceptible de véritablement remettre en cause la prééminence du Président de la République. Il est d’ailleurs très amusant d’entendre les députés UMP qui, en face de la gauche, clament « Comment pourriez-vous refuser une réforme qui donne plus de poids au Parlement ! » mais qui, dès qu’ils rentrent dans leur groupe, tiennent le discours contraire pour entrainer au vote les gaullistes irréductible « Enfin, vous voyez bien que la réforme ne remet nullement en cause l’esprit de la 5ème république, et que les petites avancées en direction du Parlement, ne changent pas l’équilibre des pouvoirs ! ».

D’autres mesures me rendent la réforme antipathique en l’état. En particulier, la révision de la composition du Conseil National de la Magistrature, où les juges ne seront plus majoritaires, au profit de personnalités nommées par le Président ou le Gouvernement. Quand on connait le pouvoir du CNM, on comprend qu’il y a là l’intention de prendre des garanties où une personnalité politique de premier plan aurait à répondre devant la justice.

En l’état d’avancement des débats, je ne suis pour ma part pas favorable à voter cette loi modificative. J’entends qu’ici ou là, quelques députés socialistes ont un avis contraire. Ce qui me ramène au billet précédent : espérons que nous ne ferons pas l’erreur majeure de ne pas aller strictement unis à ce vote.

United colors of Socialism

Avec deux, trois copines, morpionnes comme j’aime, facétieuses comme ce devrait être obligatoire au Parti Socialiste, nous méditons le projet d’une grande banderole sous laquelle défiler « United Colors of Socialism ».

Le projet a pris corps ce matin, dans la manifestation contre la politique du gouvernement (les retraites n’en sont qu’un élément) ; il s’est gravé dans le marbre de la détermination et du militantisme, ce soir, en réunion de section : une vaste banderole, sous ces mots inspirés de Benetton, (et, reconnaissons-le, inspirés tout court), où nous défilerions, serions photographiés, agirions dans la grande diversité du Parti Socialiste.

Diversité de couleur, d’abord, au sens benettonien du terme, et nos sections, grâce au Dieu pan-militantiste qui est le nôtre, réunissent des militants de toutes origines, ethnies, races, régions, dialectes, coutumes, moeurs et usages enfin. Et je vois bien Mohand, Greta, Arsene, Françoise et Sigrid, Manuela et Samuel (ils se reconnaîtront) porter les hampes de la banderolle.

Diversités de couleurs, couleurs politiques, aussi bien sûr, du rose le plus vif (la Nouvelle Gauche, l’ancien Nouveau Parti Socialiste, les mélenchoniens du 5ème jour), au rose polychrome du futur Parti Socialiste libéro-démocrate (…) et du parti Socialiste Républicain pur et dur (que je vais finir par fonder si la République continue d’être oubliée un peu partout), sans parler des socialistes Straussko-néo-Lacaniens, des archéos-Méxandistes, et des Poperéno-progressistes…

Que personne ne se sente vexé : je me suis juste amusée à imaginer toutes les couleurs de nos couleurs.

Tout cela, tous ceux-là sont dans nos rangs, et bien d’autres : tous défileront avec nous sous cette banderole avant-gardiste.

J’ai déjà réussi semblable coup pendable à l’hôpital. Un semestre bienheureux où nous avions en dermatologie des internes du plus noir jusqu’au plus celtique (et on devine qu’en dermatologie, la couleur de peau n’est pas sans importance ni sur les pathologies, ni sur leur risque), nous avons l’idée de ce « United Colors of Dermato ». Pourquoi serait-ce plus difficile pour le socialisme universel ?

Les plus fins limiers politiques des lecteurs de ce blog y devinent un avant-goût de Congrès du Parti Socialiste. Oui, c’est vrai, nous sommes une armée assez décidée de morpionnes et de facétieuses (reconnaissons qu’il y a aussi quelques garçons) à refuser d’être déchirés par la position d’un point-virgule dans une motion ou par le choix des couleurs de cravates de Manuel Valls.

Promis, en effet, nous y veillerons : United colors plutôt que Divided Unconsistency.

En français, pur territoire : plutôt unis que morts.

Contrôleur des prisons : il était temps !

Huit mois après que nous ayons voté la création de ce poste, sans aucun doute nécessaire, le contrôleur des prisons vient enfin d’être nommé.

Il s’agit d’un Conseiller d’Etat, Jean Marie Delarue, dont à ce jour je ne connais rien.

Il était temps ! Nous sommes en train d’examiner à l’Assemblée le projet de loi portant réforme de la Constitution ; cette réforme comprend la création d’un « défenseur des citoyens » dont les attributions englobent celles du défenseur des prisons …

Cabinets Ministériels : une question écrite un peu espiègle

Un document non destiné à la publication a été saisi par le journal « Le Monde’ au moment de la discussion du projet de loi de Finances 2008. Ce document était annexé au projet de loi, mais il a été aussitôt soustrait aux indiscrétions.

Trop tard ! « Le Monde » en a publié le contenu en novembre 2007. Le document était resté dans mes archives et il m’a donné l’idée d’une question écrite au Premier Ministre.

Il s’agit de la composition des cabinets ministériels à cette date, ne comprenant que les conseillers et membres de cabinets officiels (c’est à dire laissant hors recensement les conseillers « officieux » qui peuplent les « couloirs de la République » selon la jolie expression du journaliste qui en fait état.

Au moment de sa nomination, François Fillon avait édicté une circulaire, prétendant mettre fin à l’inflation des cabinets ministériels, et limitant à 20 le nombre de conseillers pour un ministère « plein » et à 4 pour un secrétariat d’Etat.

Hélàs…

Premier ministre : 49 conseillers, et 63 membres pour l’ensemble du cabinet
Jean-Louis Borloo : 25 et 33
Christine Lagarde : 25 et 33
Roselyne Bachelot : 20 et 25

Huit Secrétaires d’Etat ne sont pas davantage soucieux de la règle et les moins « regardants » sont ceux qui sont issus de l’ouverture. Une prime d’infidélité leur a sans doute été accordée.

Les chiffres vont de 8 conseillers pour un cabinet total de 12 personnes pour le porte parole du gouvernement et le secrétaire d’Etat aux affaires européennes (Jean Pierre Jouyet), à 5 conseillers et 7 membres de cabinet pour Rama Yade.

Ces chiffres pléthoriques m’ont inspiré une question écrite au Premier Ministre. Malgré sa rédaction qui suit une forme imposée, on y décelera une tonalité un peu espiègle.

Hélas, hélas encore, nous sommes assez loin de cet « Etat exemplaire » que promettait le candidat Nicolas Sarkozy !

_Question écrite au Gouvernement :

Mme Michèle Delaunay attire l’attention de M. le Premier Ministre sur la nécessité de mettre en pratique les promesses du Président de la République, alors candidat, d’un Etat « exemplaire et transparent ».

Quelques mois après son élection, le Président de la République a proposé que chaque Ministre soit évalué et noté par le cabinet en stratégie Mars & Co.

La situation économique et budgétaire du pays donne une actualité particulière à cette double exigence. Les Français, auxquels des efforts sont régulièrement demandés, ont besoin de savoir si ces efforts sont partagés au plus haut niveau de l’Etat.

Mme Michèle Delaunay demande à M. le Premier Ministre de bien vouloir faire en sorte que soient publiés de manière régulière et systématique les paramètres qui permettent d’évaluer le fonctionnement de chaque Ministère et ses dépenses.

Elle demande en particulier que soit connu du public le nombre de collaborateurs composant le cabinet de chaque Ministre, les échelles de salaires, le nombre de chargés de mission attachés à chaque Ministre et le montant des frais de représentation de chaque Ministère.

Les efforts que consentiront, sur la base de ces paramètres, les différents Ministères constitueront un encouragement et un exemple pour les Français durement sollicités au cours des derniers mois.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel