Une campagne de vérité et de clarté
Très beau meeting hier soir au Fémina : affluence des très grands jours, enthousiasme, diversité des voix qui se sont exprimées. J’ai pour ma part, essayé de retenir les idées fortes de notre campagne et ce qui nous différenciait de la liste adverse.
1 – Nous avons dit la vérité
La vérité sur le bilan de 13 ans de mandature Juppé, la vérité sur ce qui est vital pour Bordeaux si on veut la voir concourir parmi les grandes métropoles européennes. Un des points majeurs est l’emploi et la force économique. Bordeaux ne pourra avoir la générosité sociale que nous voulons pour elle, être une capitale culturelle et sportive, que si elle sort de ce qu’Alain Rousset appelle très justement « l’économie de cueillette et de rente » (le pin, le vin…). Bordeaux s’appauvrira si elle n’élargit pas et ne diversifie pas sa production (aujourd’hui : 90% d’emplois tertiaires) et si elle ne s’ouvre pas aux entreprises innovantes (biotechnologie…) .
C’est un discours de gauche qui n’est pas toujours compris au premier moment. Il est pourtant résolument de gauche : ce que nous voulons offrir aux jeunes de la Benauge ou du Grand Parc, ce n’est pas des places de foot, comme la majorité actuelle, mais des emplois.
2- Nous avons fait une campagne propre
Pas un débat au cours de ces trois mois, où contre-vérités, mensonges, affirmations contraires au simple bon sens, n’ont pas été assénés par la majorité en place. Dans les face-à-face Rousset-Juppé, mais aussi dans les débats entre colistiers. Je n’ai pour ma part jamais présenté un chiffre sans l’avoir dûment vérifié auparavant. Face à Jean Louis David, sa réponse a toujours été, non de proposer lui même des chiffres en donnant leur source, mais de répondre de manière péremptoire aux miens « faux », « mensonge ».. C’est une technique qui peut induire le doute chez l’auditeur, mais ce n’est pas une technique propre.
J’ai été particulièrement choquée d’entendre Alain Juppé parler du « député de Pessac » à propos d’Alain Rousset. Cela aussi est une technique (ne pas nommer l’adversaire), mais la dénomination était particulièrement malheureuse. Quelle reproche en effet peut on faire à AR d’avoir été élu aisément dans une circonscription et dans une ville où il a été maire 12 ans ? Avons-nous jamais répondu à AJ qu’il était « le député battu de Bordeaux », après deux mandats de même longueur ? Ces manières ne sont pas les nôtres.
3- Nous avons été nous mêmes
affichant nos couleurs : celles d’une gauche rassemblée (du PC aux verts), élargie au modem, ouverte à la société civile (30% de la liste) ; au lieu de cela, celui qui a été le fondateur de l’UMP a tout fait pour en gommer le signe de ses documents et de son discours. Sans mon élection en juin, il serait aujourd’hui le numéro deux du gouvernement en place et l’artisan d’une politique que la très grande majorité des Français rejettent. Est-ce courageux d’essayer de faire croire qu’aujourd’hui le scrutin de Bordeaux n’aura pas de portée nationale ?
Pour ma part, j’aurais estimé Alain Juppé de se porter au secours de Nicolas Sarkozy quand il l’a vu dévisser dans les sondages, et non de raser les murs en remplaçant dans ses documents l’arbre UMP par deux feuilles au « J » de non nom. C’est dans les moments difficiles qu’on juge de la taille véritable des hommes politiques (et de tous les autres). Le courage devrait être leur première vertu. Il a été, dans cette campagne que nous savions difficile, de notre côté.
Quarante-huit heures avant ce scrutin décisif, j’invite tous les lecteurs de ce blog à en mesurer la portée. Si nous perdons, le résultat d’Alain Juppé sera brandi comme le totem d’une droite affaiblie qui s’en prévaudra pour poursuivre les réformes iniques et pour faire voter des lois le plus souvent inutiles et toujours injustes.
Si nous passons le premier tour, nous pouvons gagner. Tout va bouger, respirer, sortir du bois. Une nouvelle vie pour une nouvelle ville.