La gestion municipale, de fausses vérités en vrais mensonges
En connaissance de l’expérience de la ville de Dresde, j’ai à plusieurs reprises interrogé le Maire de Bordeaux, en Conseil Municipal ou Communautaire, sur l’avis des experts de l’UNESCO concernant le projet de pont Bacalan-Bastide.
Par ces mêmes experts, Dresde s’est vue sommée soit de renoncer au classement au patrimoine mondial, soit de renoncer à son projet de pont sur l’Elbe. J’ai raconté dans ce blog le subterfuge par lequel la municipalité a renoncé au pont sans paraître fléchir devant l’Unesco..
L’actuel Maire de Bordeaux, comme son premier adjoint Hugues Martin, ont été là-dessus constamment rassurants : « nous avons transmis le dossier du pont, aucun problème ! Le futur pont n’oblitère aucunement le classement, ni ne compromet sa perpétuation ». Le classement n’est en effet pas définitif : si un projet vient dénaturer le site classé, le label peut-être retiré.
On trouvera dans l’édition de Sud Ouest de ce jour, des citations très précises du Maire et de son adjoint.
Sauf que… Rien de consistant n’a été transmis. Les propos allégués n’étaient que « paroles verbales » , pour ne pas dire mensonges.
Le collectif d’associations qui aujourd’hui bataille contre ce projet de pont, a très loyalement interrogé les experts de l’UNESCO sur leurs conclusions face à l’impact visuel de l’édifice sur les arcs du fleuve.
Surprise du directeur du Centre du Patrimoine Mondial, Francesco Bandarin, qui n’avait reçu aucune donnée significative sur le projet et qui par un courrier officiel dépêché auprès de l’Ambassadeur de France auprès de l’Unesco lui a demandé de prier instamment les autorités françaises compétentes (la municipalité) d’adresser toutes les informations sur le projet pour qu’il puisse être statué de son impact sur le patrimoine classé.
Il n’est pas inutile de rappeler que la transmission des informations relatives à tout projet, toute modification sur le territoire classé est exigible autant pour le classement que pour son renouvellement.
La municipalité de Bordeaux a contrevenu au réglement de l’UNESCO et elle a abusé les Bordelais, tous impliqués dans ce projet décisif pour l’avenir de la ville, en répondant faussement que l’ensemble du dossier avait été transmis et que rien n’avait été trouvé contrevenant le classement.
Alain Rousset, alors Président de la CUB, s’est beaucoup engagé dans le projet du pont, rassuré par les affirmations du Maire de Bordeaux . Qui pouvait imaginer que pour ne pas courir le risque de compromettre ou de retarder le classement, Alain Juppé ne transmettrait pas le dossier complet d’un projet qui engage pour des décennies le paysage de Bordeaux et la vie des Bordelais ?
Après celui de l’eau (230 millions économisés par la gestion de Rousset), combien de dossiers mensongers, incomplets, détournés trouverons-nous dans les tiroirs de la mairie ?
Hommage aux associations qui ont voulu, tout simplement, savoir.