Bon, j’ai promis en fin du précédent billet : passer un Noël sans Sarko et vous raconter une histoire où il ne soit pour rien.
Promis, donc fait, c’est ça la politique, du moins ça devrait…
Donc : j’essaye.
Une interrogation m’a taraudée toute la soirée : pourquoi les oiseaux ne sont-ils jamais associés à l’idée, ni à l’imagerie de Noël ?
L’interrogation m’est venue alors que j’écrivais des cartes de voeux plutôt gentilles (j’aime beaucoup écrire des cartes de voeux) et que les oiseaux se pressaient autour du mini-chalet suisse qui leur sert à la fois de centre social, de resto du coeur et de forum politique. Parce qu’entre nous, ils se mettent parfois des plumées mémorables pour avoir l’avantage en face d’une nouvelle livraison de graines de tournesol.
Donc, revenons à la métaphysique et à mon interrogation de la journée : pourquoi n’y a-t-il jamais aucun oiseau dans le ciel de tous les Bethléem(s) du monde ?
Imaginons un enfant qui pose la question à ses parents…
Réponse d’adulte culturé :
– « Mais mon chéri, parce qu’il fait très chaud en Galilée et qu’il n’y a pas beaucoup d’oiseaux dans les pays chauds … »
– « Où c’est, Papa, la Galilée ? »
Désarroi de l’adulte culturé… D’abord, il n’est pas bien sûr que ce soit au nord d’Israël, pas loin du célébre lac de Génésareth que tout le monde connait, et puis expliquer Israël, et où est ce fichu lac, à un gamin entre 8 et 12, c’est pas de la tarte…
Heureusement, le gamin sort la tête de sa game boy, et sauve la situation :
-« Est-ce que c’est là qu’elle est née Carla Bruni ? »
Ouf, non c’est pas là qu’elle née, Carla Bruni, du moins d’après ce qu’en dit Closer, voilà au moins quelque chose auquel on peut répondre. -« Mais non, mon chéri, Carla Bruni, elle est née en Italie, à Turin… »
Donc, pour l’instant nous n’avons pas d’explication. Un autre adulte avance une hypothèse, plus marquée encore au coin de la raison: – « Mais tout simplement parce que c’est la nuit qu’est né le petit Jesus, et la nuit les oiseaux, ils dorment… »
Pour nous qui sommes des grandes personnes, nous savons que la question n’appelle pas de réponses simplistes, même si elles sont raisonnables. Pourquoi l’esprit, la liberté, la paix joyeuse qu’expriment les oiseaux ne sont-ils pas associés à l’idée de Noël ? Là, est la véritable question.
A la Pentecôte, oui, il y a bien un oiseau qui est censé incarner non seulement l’esprit, mais le Saint Esprit. Mais à Noël : un âne, un boeuf, quelques rois, des bergers, tous animaux et gens sympathiques, mais d’oiseaux, point.
Et pourtant, à la veille de Noël, mes oiseaux, dans un jardin ordinaire d’une ville ordinaire, n’ont jamais été aussi joyeux (gourmands aussi, mais même ça, c’est Noël), disposés à fêter l’éternelle célébration de la lumière et de ce prodige incroyable : les ténèbres n’ont jamais tout à fait raison, et au coeur de la nuit, les jours, bon an, mal an, petit pas à petit pas, année après année, recommencent à grandir…
– « Papa… »
– « Oui, mon chéri… »
– « La Galilée, c’est pas dans coin, à la télé , où tout le monde s’envoie des bombes et personne sait vraiment pourquoi… »
La Galilée, en effet, c’est plus ou moins par là. Les enfants aujourd’hui, ça sait des trucs qu’on s’imagine pas.
Quant à la réponse, nous ne l’avons toujours pas et je crois qu’on ne l’a toujours pas trouvée. On se dispute pour des bêtises, mais les questions vraiment importantes, tout le monde oublie de les poser.
Demain, peut-être… Et alors, les oiseaux, pas si bêtes, pourront voleter autour de la crèche comme autour de ma maison-aux-graines
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