Pouvoir d’achat : les propositions socialistes (1)
Premier billet sur ce sujet essentiel : le pouvoir d’achat des Français.
Essentiel en effet. Se rendre compte que malgré ses efforts, malgré le fait que l’on travaille, on doit toujours restreindre son budget, limiter l’un ou l’autre poste d’achat, et bien souvent les petites choses qui font l’agrément de la vie, est une épreuve réelle et va à l’inverse de ce qu’avait promis le candidat Sarkozy lors de l’élection présidentielle : être le Président du pouvoir d’achat.
Hier, une personne de la rue, lucide, m’a fait la remarque : « Remarquons qu’il n’avait pas dit s’il s’agissait d’être le Président de la hausse ou de la chute du pouvoir d’achat ». Celui-là a compris. Il n’est pas le seul.
La droite prétend que ce n’est qu’une « impression » de baisse du pouvoir d’achat. Les chiffres sont malheureusement là : depuis deux mois la consommation des ménages a baissé chaque mois de deux points ; les dépenses « contraintes » (nourriture, logement, transports) représentent désormais 70% du revenu moyen. En dehors même des chiffres, toutes les conversations, tous les témoignages vont dans le même sens : l’un ne sort plus la voiture, l’autre ne chauffe plus toutes les pièces de sa maison, une autre s’interdit d’aller « en ville » et de regarder les boutiques ou les rayons modes des grands magasins car elle ne se permet désormais aucun achat dans ce domaine …
Les propositions des parlementaires socialistes ont fait l’objet d’une proposition de loi, présentée hier 29 novembre à l’Assemblée et rejetée de parti pris par la majorité sans que ses différents points soient même examinés.
Voici l’essentiel de ces propositions parlementaires ; la précision « parlementaire » est importante : elle signifie que ne figurent que des mesures d’ordre législatif. D’autres, comme la revalorisation des petites pensions, l’augmentation du SMIC ou la convocation d’une conférence salariale avec les partenaires sociaux sont d’ordre réglementaire.
– Majorer la Prime pour l’emploi de 50% dès 2007 Ce complément de revenu est perçu par 9 millions de contribuables modestes. La majoration proposée représenterait l’équivalent d’un treizième mois, dont on mesure combien il serait bienvenu. Notons au passage que le coût de cette mesure d’équité est six fois inférieur à celui du « paquet fiscal » voté en juillet.
– Conditionner les exonération de cotisation sociale octroyées aux entreprises à l’augmentation des salaires Notre groupe aborde ici un pan d’un sujet souvent abordé ici : la responsabilité sociale des entreprises et le conditionnement des aides publiques à des avancées sociales.
Dans le même sens : instaurer un malus sur les entreprises qui abusent du travail à temps partiel et des emplois précaires
– indexer les loyers sur le taux d’inflation (et non sur le coût de la construction) On verra que cette mesure, balayée d’un revers de main le matin, a été reprise le soir même dans le discours de Sarkozy)
– Créer un véritable chèque transport pour les salariés. Ce dispositif, financé par les entrerpises, est bâti sur le principe de la contribution des employeurs à la carte orange en Ile de France. Le « chèque » transport apparaîtra sur le bulletin de salaire . La contribution sera exonérée de cotisations sociales pour les entreprises et d’impôt sur le revenu pour les bénéficiaires; il sera financé par un prélèvement sur les profits des compagnies pétrolières.
Voici les messures essentielles de ce projet parlementaire. On verra que l’une d’elle a été reprise, comme s’il en était l’auteur, par Nicolas Sarkozy. Comme il a repris deux mesures en faveur des nouveaux locataires (un mois d’avance, service public de la caution) qui étaient présentes dans le programme de Ségolène Royal. Président « coucou » qui fait un peu de son nid dans le nôtre : tant mieux, cela au moins est favorable, mais que n’en rend-il la paternité aux socialistes !