Amendements and Co
Je disais hier soir (dans la nuit, en réalité) en commentaire du billet précédent que je n’étais pas moins fière en sortant de l’hémicycle que Bonaparte au pont d’Arcole. J’y avais remporté deux petites batailles, mais à l’aune des amendements de la gauche acceptés par la majorité UMP (rarissime), ces petites victoires comptent double.
La première est le vote à l’unanimité de l’amendement « Rousset-Delaunay » que, localement, nous appelons volontiers « amendement Utopia« , car il va donner une belle bouffée d’oxygène à cet établissement culturel qui nous est cher. Il porte en effet le seuil d’exonération de la taxe professionnelle à 7500 entrées hebdomadaires pour les salles « art et essai », ce qui inclut utopia dans le dispositif.
Depuis ce matin, une interrogation se fait jour sur un point secondaire : le texte enregistré portait il aussi la mention « recherche » ? Cela ne change rien pour l’Utopia. Il y a eu hier à l’Assemblée un bug d’ordinateur : plusieurs amendements ont manqué à nos travaux, le nôtre au contraire a été présenté en trois versions. Cela n’est pas arrivé au cours de cette législature, c’est tombé sur nous hier. J’en fais mention ici par volonté de précision mais cela ne change pas le bénéfice obtenu.
Mon deuxième micro-Austerlitz a été le vote par notre groupe d’un amendement d’un député UMP (Garrigue) en direction des petites entreprises innovantes de moins de cinq ans d’âge. L’amendement stipulait que ces petites entreprises puissent bénéficier d’un crédit impôt recherche de 50% la première année, 40% la deuxième, 30% la 3ème jusqu’à la cinquième.
Cet amendement était vital pour de petites et jeunes entreprises en pleine expansion, sur lesquelles nous comptons beaucoup en particulier dans notre région, destinée à devenir la « biological valley » de la France. Ce beau terme est celui de la vallée de San Diego en Californie.
Je suis intervenue (après accord avec nos députés présents) pour dire que nous soutiendrions ce texte qui allait dans le sens de notre vision du soutien aux entreprises innovantes et à la recherche, et que nous disposions à le voter.
Le ministre Eric Woerth qui venait de déclarer qu’il ne « gagerait » pas cet amendement responsable d’un surcoût, a repris la parole pour dire qu’il s’en remettrait à la sagesse de l’Assemblée.
Nous avons voté à l’unanimité. Le Président a demandé s’il « gageait », et le ministre a confirmé que, devant ce vote unanime, il confirmait le « gage ». Je crois que nous pouvons dire que l’amendement a été sauvé par notre vote et par mon intervention.
Qu’est ce que « gager » ? L’assemblée n’a pas le droit de proposer, ni de voter, un texte qui augment la dépense publique. Tout amendement doit être compris dans le budget, ou compensé par une économie faite ailleurs. Quand le ministre « gage », il s’engage à compenser, et l’amendement peut passer.
Une longue soirée après une longue journée (assez rébarbative : les derniers articles de la loi de finances, sur fond de « bug »), mais où j’ai eu l’impression de n’être pas inutile.