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PLFSS

Non ce n’est pas un sigle d’agent secret, genre OSS 117 ; mais c’est quand même un truc dans ce genre : un sigle abscon fait pour égarer le citoyen moyen, comme le député débutant.

Cet épais document, dont nous débattrons à l’assemblée autour du 20 octobre, est le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale. Les réunions, en attendant le passage au Parlement, vont bon train : il n’y aura jamais assez d’experts, de syndicalistes, de présidents de la Cour des Comptes comme du haut Conseil de l’Assurance Maladie, pour comprendre, expliquer, déméler, les rouages impénétrables et les déficits insondables de nos systèmes d’assurance sociale.

Treize millions de déficit au total, dont 6 pour la seule assurance maladie. Quoi faire ? Tout le monde le sait, rien n’est possible sans une remise à plat, une révision complète de la politique de santé et des retraites. On tourne le plus souvent autour du pot, en attendant que passent les prochaines échéances électorales.

Parmi nos experts de l’après-midi, Claude Evin, président de la Fédération hospitalière de France qui nous a fait partager sa foi en l’hôpital public (en ce qui me concerne, il n’a pas eu trop de mal). Claude Evin qui n’était ni médecin, ni homme politique de carrière, a été un des meilleurs ministres de la santé des 20 dernières années. Son nom est attaché à une des lois les plus utiles, aussi marquante dans les esprits et dans les faits que la loi Weil.

Je reparlerai du projet de loi. Je voulais donner seulement ce soir un avant-goût de la tension qui règne à l’Assemblée : PLFSS et PLF (Projet de Loi de Finances) sont sur nos tables. Un peu de la crédibilité de la France se joue là et nous savons (la gauche) que notre marge de manoeuvre est très réduite.

Je me rends compte aussi que j’ai tant à apprendre. Entre être médecin hospitalier et comprendre le financement de la Sécurité Sociale, il y a un pas de géant. Au moins, je connais et je comprends la gravité fondamentale du problème.

Je pars demain en mission parlementaire au Burkina Faso pour parler du SIDA et partager l’expérience des médecins et des élus africains. Je suis la seule « parlementaire du nord », comme ils disent. J’espère que je pourrai être de quelque utilité.

Mes billets peut-être vont se raréfier un moment : je ne sais pas quelle sera ma disponibilité, ni mon accès à internet. On verra…

Une députée agricole

La deuxième circonscription de la Gironde n’est certainement pas une circonscription très agricole et je crains bien de ne compter parmi mes électeurs aucun exploitant. Sans doute même est-ce la moins agricole de la Gironde. La première circonscription est rachetée sur ce plan par Bruges, la troisième par Gradignan et au delà.

Par contre, sa députée est résolument agricole, Est-ce à dire que les électeurs bordelais ont fait le mauvais choix ? Espérons que non : les valeurs paysannes servent à tout usage et j’y suis personnellement très attachée.

Je sors d’une rencontre avec les représentants de la section des anciens Exploitants de la Gironde, conduite par leur président Pierre Hourbeigt. Sujet : les petits, vraiment très petites, retraites du monde agricole.

Une enquête a été menée auprès des retraités agricoles girondins pour évaluer précisément leurs revenus et leurs charges.

– 60% touchent moins de 75% du SMIC (724,36 euros)
– 17,6% sont au dessous du minimum vieillesse (621 euros)
– 60% des conjoints d’exploitants ont un revenu inférieur au minimum vieillesse (493 euros par mois)

– le revenu mensuel moyen des couples est de 1163,99 euros

Le « reste à vivre » (après déduction des charges) – par couple : 572 euros par mois – pour un exploitant seul : 259 euros par mois

La plupart de ces exploitants, ou épouse d’exploitants, ont commencé à travailler à 12 ou 14 ans… mais ils étaient « soutiens familiaux » et pour beaucoup, ils n’ont commencé à cotiser que tardivement. De ce fait, ils n’ont souvent pas droit à la « complémentaire » qui viendrait pallier à l’insuffisance de leur revenu. Une version supplémentaire de la double peine.

L’objectif que nous devons porter avec eux c’est, au minimum, de s’inscrire dans les perspectives de la loi Fillon : pas de retraite à moins de 85 % du SMIC . C’est un objectif de simple solidarité nationale envers ceux que l’on a enjoint de « nourrir la France » il y a une cinquantaine d’années.

Décidément, je vais faire comme Sarkozy (« Je le dis, donc c’est ainsi ») et déclarer la deuxième circonscription de Bordeaux, circonscription agricole de choix, sinon de fait.

Un détail très pesant

Que François Fillon ne soit pas brillant, son discours d’investiture à l’Assemblée ne nous l’a que trop démontré.

Mais sa récidive, dans un discours où il considère que le test ADN n’est qu’un détail de la loi « maîtrise de l’immigration » devrait relever l’autre loi, celle de Rachida Dati sur la prévention de la récidive.

Preuve aussi que les collaborateurs du Premier Ministre sont à l’égal de leur patron. Car ce discours , il l’a lu (comme tous ses discours), il a donc bien été écrit par quelqu’un.

A vrai dire, le test ADN n’est pas en soi l’essentiel de la loi. Mais sa valeur symbolique est immense. La science et, en particulier la génétique, ne peut être utilisée à des fins de contrôle des étrangers sans risquer des égarements.

Cette loi, faite pour donner du grain à moudre à l’opinion publique et fixer le vote de droite en vue des municipales retombe sur les pieds de ses auteurs et pèse lourd.

L’éphémérité durable

Une bonne partie de l’après-midi à peaufiner la postface du petit livre bientôt né d’une année de blog. Quand on n’écrit pas d’un seul trait, tout est plus difficile, chaque mot devient une interrogation. Est-ce le bon, celui-là ne serait-il pas meilleur .. ?

Pondre un livre doit avoir quelque chose à faire avec faire un bébé. A preuve, ce proverbe chinois que j’adore et qui résume ainsi une vie pleine : planter un arbre, écrire un livre, faire un enfant.

Le titre du livre est celui d’un billet de l’hiver passé : l’éphémérité durable du blog. Un peu intello, genre éditions POL, mais tellement dans la réalité de ce que le livre/blog veut dire : une tentative de refermer sa main sur le sable qui coule entre nos doigts.

45 tours/mn

Il y a dans une journée, dans une vie, tant de bonnes choses à faire. J’ai pour ce dimanche tout un programme dont je sais que je ne le mènerai pas à bien et que demain, on sera reparti dans une autre semaine, qui passera, qui passera…

Depuis longtemps j’ai l’impression de vivre comme une tête de microsillon sur un disque qui tourne trop vite. Beaucoup ne se souviennent déjà plus des têtes de lecture qu’on déposait délicatement sur les disques de vinyl. De temps elles dérapaient, où elles criaient avec des bruits bizarres qu’elles n’arrivaient pas à suivre.

C’est ce que je fais un peu tous les jours. Et à l’instant dans le blog.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel