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Rugby, suite de la suite

.. et je l’espère, fin. Non, je ne parle pas des résultats de notre équipe, mais de notre « léger » différent avec l’organisation de la coupe du monde concernant les parkings de l’hôpital Charles Perrens et de l’Université mis à disposition gracieuse par nos établissements et facturés 21, 50 euros aux utilisateurs.

Réunion d’explication et de conciliation hier à notre demande (Charles Perrens). Déplacement de M Thobois, directeur général de l’organisation au plan national.

Je vous le fais en abrégé : la réunion a duré plus de deux heures. Nous avons eu transmission, de manière reconnaissons-le très tardive -ce qui ne va pas sans interrogations- de la répartition de nos places de parking et du budget de ce poste « parking » au plan notional. Il semble que toutes « nos » places n’aient pas été vendues à titre onéreux et que certaines aient été mises à disposition des personnes à mobilité réduite. Voilà qui aurait dû être précisé dès la convention si c’est en effet la réalité.

Nous avons obtenu que pour les deux matchs restant à jouer à Bordeaux – aucune place du domaine hospitalier ou universitaire ne serait mise à disposition à titre onéreux – que le contingent libéré par ce principe serait remis sous notre contrôle et que nous les mettrions nous mêmes à disposition du personnel hospitalier ou universitaire, des personnes handicapées et des journalistes accrédités.

Négociation très mesurée, puisque nous n’avons demandé aucun remboursement des sommes perçues par l’organisation pour les deux matchs précédentes mais que nous avons obtenu satisfaction sur le principe de base de notre action : la mise à disposition du domaine public pour le bien public.

Voilà. Je voulais donner ici l’actualité de cette question qui a fait l’objet de deux billets précédents et qui, fondamentalement, n’est pas insignifiante puisqu’elle pose la question de l’utilisation du domaine public et des dérives commerciales du sport.

Valmy, le Burkina et le mugissement des féroces soldats

J’hésite à évoquer de nouveau le profond malaise que j’ai ressenti au cours des dernières 48 heures, où nous avons débattu à l’Assemblée du texte « maîtrise de l’immigration ». Mais je n’ai qu’un court moment avant le Conseil Socialiste de ville, ma journée a été grandement occupée de cet art particulier qu’ont les hommes de donner de l’importance à ce qui n’en a pas, je reviens donc sur ces deux journées.

Le texte de la loi n’est pas innocent. Son but parait simple : limiter l’immigration au titre du regroupement familial. On peut discuter du sujet, il ne me parait pas dominer le dossier de l’immigration car il touche un nombre relativement réduit de personnes, en grande majorité des femmes et des enfants, ce qu’on oublie de dire et de répéter. Non vraiment, ce n’est pas l’urgence de ce début de siècle de priver de famille ceux qui ont un travail légal en France, non plus que ceux qui sont tout bonnement Français et ont commis le crime de lèse-Sarko d’épouser un étranger.

Bon d’accord, je suis un poil polèmique par cette dernière partie de phrase, ou du moins par sa formulation, car c’est la stricte réalité.

Le moyen de cette limitation est soi-disant la connaissance du français et des valeurs de la République. Ce qui a valu, en réponse à nos interventions, quelques belles envolées de M Mariani ou de députés UMP particulièrement éclairés « Mais alors, est-ce que vous n’aimez pas la langue française ? N’honorez-vous donc point les valeur de la République ? »

Quand on me prend ainsi, à la notable, ne le dites surtout à personne, j’ai envie de répondre « la langue française, je m’en fiche, la République, je m’en tape, tout ça c’est du flan ! ».

Ou encore, dans un registre tout différent, de monter d’un cran dans la notabilité, de citer Lamartine ou Paul Déroulède, au choix… Bon, passons.. Revenons à la loi.

Le moyen donc qu’a trouvé le ministre Hortefeux de maîtriser les « flux migratoires », c’est la connaissance du Français et des immortelles valeurs de la République, connaissance sanctionnée par un test, de nature non précisée.

C’est là que le député UMP (je parle du député UMP de référence) a débordé de propositions. L’un (M Mariani lui-même) a proposé de rédiger un opuscule sur les 100 valeurs clefs de la République et le moyen de les éprouver. Avec ma voisine de rang, nous n’avons été capables de trouver que trois questions vraiment pertinentes
1 – Quel est le nom du Président de la République ?
2 – Quel est le prénom de son épouse ?
3 – Où passent-ils leurs vacances ?

Même à cela, je ne suis pas sûre qu’une femme Burkinabe analphabète, ou un écolier d’Oulan Bator, ayant l’un et l’autre fait à leurs frais 1000 kms pour se rendre au Consulat le plus proche passer le test, sache répondre. Il faut mieux faire connaître la République.

Un autre député a proposé que langue française et valeurs de la République puissent être « testés » par une épreuve souveraine : la connaissance et la compréhension du premier couplet et du refrain de la Marseillaise.

Fulgurant ! J’avoue que la réponse à cette proposition a été ma seule part au débat. L’épouse burkinabe ou le petit oulan batorien de tout à l’heure seront en effet utilement testés en récitant et expliquant des phrases comme « qu’un sang impur abreuve nos sillons », ou encore « entendez vous mugir ces féroces soldats? »…

« L’étendard sanglant est levé », lui-même, est difficile à faire passer à nos propres enfants sans leur expliquer en deuxième semaine, et retour en troisième semaine, le contexte historique de ces mots. Reportez-vous au texte, il faut vraiment penser à Valmy et aux jeunes poitrines qui s’offraient aux baïonnettes ennemies pour comprendre et accepter.

Mais Valmy, c’est loin du Burkina et moi, je me suis laissée complètement dérouter de l’explication de mon malaise pendant ces deux jours.

Pourquoi donc : parce que le ministre lui-même ne croyait pas à ce texte, qui n’est qu’une sorte d’avoine donnée aux ânes pour fixer l’électorat de la droite de droite avant les municipales. L’arsenal législatif n’existe déjà que trop. Le regroupemement familial peut attendre des mois ou des années avant que l’on ait trouvé l’homme qui a vu l’homme qui sait quel papier il faut fournir en trois exemplaires tamponnés et certifiés par l’état civil local.

Parce que, je vous le disais tout à l’heure avec une familiarité qui ne m’honore pas : cette loi, c’est du flan médiatique.

Une jolie histoire

Une jolie histoire de députée rentrant sagement de l’Assemblée. Dans cette belle enceinte, à l’entrée de la bibliothèque il y a un tableau monumental représentant une séance dans l’hémicycle. Il est signé d’un peintre fort peu connu, curieusement une femme, Rosalie Decelle et daté de 1907.

Le sujet a attiré mon regard « Jaurès à la tribune, face à Clémenceau ». Voyant mon intérêt, un des merveilleux huissiers de l’Assemblée s’est approchée de moi
-« C’est un tableau qui voyage beaucoup… »
Ses voyages ont été nombreux depuis 1907 mais de courte distance. Quant la gauche est majoritaire, elle l’installe dans le salon Colbert, salle prestigieuse où ont lieu les réunions du groupe majoritaire. Quand, au contraire, comme c’est malheureusement le cas en ce moment, la droite est majoritaire, elle le fait aussitôt porter dans l’antichambre de la bibliothèque, où il attend des jours meilleurs…

Comme nous.

Immigration : le leurre de Brice Hortefeux

Après avoir entendu le ministre Brice Hortefeux et Thierry Mariani, rapporteur de la loi « immigration maîtrisée », je suis de plus en plus convaincue que la loi qui nous est aujourd’hui proposée est en grande partie un leurre à visée électorale.

La loi comporte ce qu’il faut de provocant (l’amendement Mariani sur les tests ADN) pour enflammer la presse et faire très justement se soulever l’opposition. En réalité, cette loi n’a pas d’utilité nouvelle ; trois l’ont précédée depuis 2003, régissant à peu près les mêmes sujets et en particulier le problème des mariages de sujets français avec des étrangers. La pratique quotidienne nous montre que malheureusement l’arsenal législatif permet de durcir l’attidude de l’Etat au gré des gouvernements sans qu’il soit nécessaire de changer la loi. Les quotas fixés actuellement aux préfets le démontrent.

Le problème est me semble-t-il d’occuper l’opposition, en balançant devant elle ce chiffon rouge, comme le matador le fait devant les yeux du toro. Et plus encore de satisfaire l’opinion, en la divertissant là aussi des problèmes et des échecs réels de Sarkozy et des gouvernements précédents. Nous avons écouté aujourd’hui à plusieurs reprises ce leit motiv : 74 % des Français sont favorables à la limitation de l’immigration et donc favorables à cette loi.

Qui peut n’être pas favorable à la régulation, au contrôle de l’immigration, non plus que souhaiter que les personnes accueillies le soient dans des conditions décentes qui leur permettent de trouver leur place socialement et professionnellement ? C’est à cela que les Français répondent quand la question leur est posée.

Une autre raison m’amenant à croire que cette loi n’est qu’un leurre destiné à donner du grain à moudre à l’opinion, c’est le nombre relativement réduit des personnes concernées : les époux ou épouses étrangers de Français, les enfants de résidents légaux ou de Français d’origine étrangère. Il est difficile de donner un chiffre précis : probablement quelques milliers au regard des 300 à 400 000 étrangers irréguliers sur le territoire.

J’ai quitté la séance, qui reprend ce soir en nocturne, pour aller à une autre réunion. Je suis un peu mal assurée dans ce que je viens d’écrire mais il me semble que cette impression que la loi est utilisée à des fins autres que législatives gagne du terrain dans nos rangs.

Rentrée des classes

Je me mets au travail avec un vrai plaisir dans mon bureau tout blanc. Preuve s’il en était besoin que ce dont je rebats les oreilles de tout ce qui m’entoure est vrai: les conditions de travail sont aussi importantes que le temps de travail. Une école qui n’est pas claire, propre, bien éclairée, gaie ne donnera aux enfants « le goût de l’étude » (même l’expression « goût de l’étude » est maintenant un peu désuète quand elle serait si opportune dans ces temps où la finalité du travail est si durement mise en question).

Tout à l’heure je vais rejoindre le bureau des vice-présidents, puis la première séance du groupe socialiste. A quinze heures, ouverture de la nouvelle session extraordinaire avec la loi « Maîtrise de l’immigration, intégration, asile ». L’intitulé des lois n’est jamais innocent et il n’est pas mauvais d’en analyser chaque mot.

Pour moi, cette loi a été bien introduite par le rappel à l’ordre que m’a adressé M le Préfet apprenant (par un courrier de ma part) que je m’appretais à célébrer un parrainage républicain. Savons-nous assez en effet que tout citoyen français qui « facilite l’entrée ou le séjour » d’un étranger en situation irrégulière » est passible d’une amende et d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans ? La simple aide, l’accompagnement d’un immigré dans cette épreuve qu’est de vivre, souvent de survivre, dans un pays qui n’est pas le sien et dont il a à apprendre la langue relèvera-t-elle bientôt dans les faits de la justice ?

J’ai fait trois parrainages républicains de personnes étrangères (les deux précédents, il s’agissait de fratries d’enfants). Jamais je n’avais reçu semblable rappel. La convocation des préfets par Sarkozy n’est sans doute pas pour rien dans ce durcissement.

Mesure d’intimidation sans doute pour les prochains élus, ou non élus, qui souhaiteraient parrainer. Quant à nous, nous demeurerons dans l’attitude de responsabilité et de mesure qui est la nôtre. Accompagner, soutenir, aider, ceux qui par leur travail, leur apprentissage du français, leur situation familiale ou leur santé, méritent qu’on les reçoive dans notre communauté de citoyens et de frères humains.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel