Cinq août
Mon Papa est mort dans cette maison où je suis maintenant il y a neuf ans exactement. La chaleur, le vide, le silence étaient les mêmes, et c’est eux que j’écoute en ce moment, effrayée de la rapidité du temps.
C’est d’une banalité écrasante, mais ce n’est bien sûr pas le temps qui passe, mais la vie elle-même. Dans une émission de France-culture faite uniquement de témoignages de cubains, il y a quelques soirs de là, j’ai entendu revenir à plusieurs reprises ce que je dis et répète sans cesse : chacun n’a qu’une seule vie. Et c’était cela qu’exprimaient les Cubains : voir leur vie passer, avec d’un côté l’absence d’avenir, et de l’autre, s’ils s’exilent, l’impossibilité de revenir dans un endroit dont ils aiment eux-aussi chaque bruit et chaque couleur. Après onze mois d’absence, un Cubain est déclaré déserteur de son pays, perd ses biens et le droit d’y revenir.
Chacun qu’une seule vie, si vite gâchée, si vite passée.