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Besson et les bergeronnettes

Au delà de ma fenêtre, une mémorable engueulade d’oiseaux. Bergeronnettes, loriots, mésanges bleues, je ne sais pas tous les reconnaître, bien que je les classe tous parmi mes amis, quels que soient leurs dossards, jaune et noir pour les uns, bruns et jaunes pour les autres, bleus et gris pour les troisièmes…

C’est d’un tout autre sujet que je voulais parler quand ce concert s’est manifesté. En y réfléchissant bien, il n’est pas sans rapport avec ce que je voulais raconter.

Je ne connais pas Eric Besson, je n’ai pas lu son livre hâtif, écrit sans doute en quelques jours par une équipe éditoriale où il a été pour peu de choses. Objectivement, si l’on faisait de la politique de ce début de XXIème siècle en France une tragédie classique, il aurait la figure du traître.

Ce qui m’a choqué d’abord et surtout, c’est que Nicolas Sarkozy l’ait exposé sur la tribune de ses meetings électoraux, comme Cesar exposait ses proies de guerre. Cela m’a fait mal, tout simplement mal.

Que maintenant Nicolas Sarkozy ait récompensé son attitude d’un ministère de la prospective et de je ne sais quoi, ne me parait pas moins grave : pourquoi ne pas faire aussi un ministère de la délation et d’autres attitudes qui ne sont pas mes favorites ? Peut-être suis-je un peu dure, peu amie du cynisme et, finallement, d’un certain mépris des Français ? La plumée que se passent actuellement mes loriots et mes bergeronnettes m’influencent certainement.

Il parait qu’un humoriste a dit « mieux vaut qu’il ait le ministère de la prospective, la rétrospective n’aurait grandi ni l’un ni l’autre (Besson ni Sarko) ! ».

Je suis plus acariâtre que la moyenne : la récompense du traître, au temps de Racine, comme au temps de César, aurait fait fuir les foules. Comment, pourquoi, est-ce possible aujourd’hui ?

Fin du concert sous ma fenêtre. Mes chanteurs sont partir voir ailleurs.

Petit détail… et liste complète des candidats de la deuxième circonscription

Dans la livraison d’hier 19 mai de « Sud-Ouest », la liste des candidats aux élections législatives. Pour la deuxième circonscription de Bordeaux, le premier nom est Alain Juppé, sans raison d’alphabet, pas non plus parce qu’il est le député sortant (c’est Hugues Martin) … Simplement, les préséances, ou la préférence, du journaliste.

Il n’en est pas moins vrai que cela induit un ordre dans l’esprit du lecteur. L’ordre de l’alphabet aurait été opportun.

C’est celui que je choisis en tous cas pour vous donner la liste complète des candidats :

Alfandari (UDF) Bichindarritz (LCR) Bugeau (DVD) Colombier (FN) Delaunay (PS, PRG) Dorey (div) Dupont (LO) Guinard (Modem) Hurmic (verts) Juppé (UMP) Lozano (DVG) Lacube (Div) Vilmont (mouv antilibéral)

Treize candidats donc :
deux centristes, l’un sous l’étiquette Modem, l’autre sous l’étiquette UDF ; c’est une spécificité de la deuxième circonscription
un « Mouvement antilibéral » (PC), une Divers Gauche, un LCR
un Vert : regrettons que le PS se soit placé derrière Noël Mamère dans la 3ème circonscription, sans que la même attitude vienne en renfort du PS dans les circonscriptions clefs de la Gironde

et seulement quatre femmes (Dorey, Lozano, Vilmont et moi) (7/12 dans la première circonscription)

Soyons unis, soyons forts… Le premier tour décidera des chances du second !

Maître et serviteurs

A la radio (France-info et ce matin France bleue Gironde), le beau lapsus d’Alain Juppé qui assure pouvoir demeurer maître -au lieu de maire- de Bordeaux.

Malgré la référence biblique, il n’est pas certains que les Bordelais voudront en demeurer serviteurs.

Au passage, et comme explication de la nécessité de sa double fonction locale et nationale, il ajoute « j’ai l’habitude de dire qu’il faut penser local pour agir global ». Ou l’inverse..

L’idée n’est évidemment pas d’Alain Juppé, mais du Pr René Dubos. On l’attribue souvent par erreur à Jacques Ellul qui aimait à la citer (« Penser globalement, agir localement). C’est décidément très Sarkozien de pêcher ses références à tout va, et plutôt chez les autres.

La passion durable d’Alain Juppé

J’ai appris la composition du gouvernement « sur le terrain », à la Benauge, dans un café où nous nous retrouvions avant d’aller à la rencontre des ? . Je ne sais pas comment s’appellent les habitants de la Benauge, et je demande de l’aide à qui le sait !

Ce n’est pas l’important ce soir. On avait beau être informés, savoir depuis longtemps qu’Alain Juppé aurait un poste clef et sans doute celui-là (numéro deux du gouvernement, ministre d’Etat, chargé de l’Ecologie, du Développement et de l’aménagement durables »), difficile de ne pas rester saisis par la dissociation entre son discours d’il y a moins de six mois, lors de l’élection municipale anticipée, et ce rapide retour aux affaires parisiennes.

Mon billet d’hier (« la passion de Bordeaux ») était prémonitoire. J’ai encore sur mon bureau le numéro de « Bordeaux magazine » que j’évoquais. Que n’avons-nous entendu pendant cette campagne : je veux me consacrer à « ma » ville, être maire de Bordeaux est toute mon ambition.

Pendant le temps même de la campagne municipale, Alain Juppé rendait visite à Nicolas Sarkozy et négociait son ralliement. Sa « passion de Bordeaux » n’était qu’une passade, qu’un Bordelais sur sept a entérinée en l’élisant.

Voici le texte du communiqué que j’ai adressé à la presse depuis la table de café de la Benauge :

Nous sommes aujourd’hui renseignés sur la contrepartie ministérielle au ralliement d’Alain Juppé à Nicolas Sarkozy

Sa nomination nous instruit aussi sur la nature de sa candidature aux élections législatives dans la 2ème circonscription de Bordeaux : servir de tuteur à Hugues Martin, vrai candidat et faux suppléant, mais aussi contourner la loi qui stipule qu’un suppléant remplace le candidat déclaré en cas d’empêchement majeur et imprévu.

Ce poste ministériel est sans doute majeur dans la carrière d’Alain Juppé, mais il est tout sauf imprévu.

Six mois seulement après le scrutin municipal anticipé, « la passion de Bordeaux », l’affichage de vouloir demeurer au milieu des Bordelais et se consacrer à leur service, sa nomination démontre que la seule passion durable d’Alain Juppé est sa carrière nationale.

Les Bordelais, le scrutin démocratique, sont une fois encore utilisés à son gré et à sa convenance personnelle.« 

« La passion de Bordeaux »

Ce soir, dans une brève furie de rangement en direction de la poubelle, je tombe sur la livraison de novembre 2006 de « Bordeaux magazine », le magazine municipal. On ne conserve jamais assez les vieux documents : ils sont toujours plein d’enseignements.

Dans ce numéro de novembre donc « Alain Juppé parle avec passion de ses engagements ». « La passion de Bordeaux », dit-il.. Ce fût en effet le thême de sa campagne municipale, et on se souvient du très seyant T-shirt décoré d’un coeur vert « Bordeaux à coeur » dont ont été emballés tous ses colistiers.

La passion est bien souvent un état éphémère… Moins de six mois ont passé, Alain Juppé retrouve sa « passion durable », qui n’est pas le développement du même nom, mais le pouvoir à Paris. Vice-premier ministre vaut mieux que vertu-premier Bordelais.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel