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Jour de campagne (18 avril)

Il y a tant à raconter dans chaque journée… que je n’arrive à rien raconter ! La campagne se précipite, cela n’a échappé à personne. A 13 heures, j’ai foncé de l’hôpital (consultation à Bergonié, puis Saint-André) vers Pessac. Nous recevions François Hollande pour un déjeuner de presse. Brillant, gentil, plein d’humour comme à l’habitude. Ce n’est certainement pas un homme banal, et sa position, peu banale elle-aussi, démontre sa qualité. Nous sommes très loin de l’utilisation affligeante qu’a fait Sarkozy de Cecilia.

Cet après-midi avec Michel Sapin. Je le connaissais peu (uniquement à travers la presse pendant les deux périodes où il a été ministre), et j’ai eu grand intérêt à partager une partie de la journée avec lui : sobre, compétent, attentif à l’expérience des autres, attentif à la candidate (ma pomme) qui le recevait sur ses terres, voilà un homme politique comme je les aime. Quelqu’un de ma familiarité disait « les ministres sont d’autant plus grands qu’on parle moins d’eux ». Il voulait dire que ces ministres-là se consacraient davantage à leur travail qu’à leur écho médiatique. Michel Sapin est de ceux-là.

Nous avons rencontré les acteurs de l’insertion par l’activité économique (IAE, pour les sigles’addict) dans un chantier d’insertion où l’EIPF et sa directrice Hélène de Ligneris réalisent les travaux de peinture. ADI, ADESS, CREAGIR… (ceci encore pour les sigles’addicts) étaient réunis le long d’une vaste table de bois brut, pour échanger expériences, succès, attentes et déceptions. J’ai été bluffée par un jeune entrepreneur beur, soutenu par le Conseil Général et précisément par Gilles Savary : il a mis sur pied une entreprise d’ambulanciers, qui s’est bien sûr heurtée au pré carré de la profession, mais le résultat est là : il embauche ceux qui sont dans la situation où il était lui-même il y a moins de deux ans ; ça marche… Il a donné de l’énergie à la table entière.

Fin d’après-midi autour de Michel Sapin et des propositions du pacte présidentiel pour la justice. Introduction formidablement inquiétante sur la situation et les conditions d’éxercice de la justice. Des magistrats, des avocats ont exprimé ce qu’ils attendaient d’un pouvoir radicalement différent. Quand les policiers, les magistrats, les médecins, professions qui ne sont pas connues pour être le repaire de dangereux gauchistes, expriment leurs espoirs en la gauche, et leur crainte du candidat UMP, cela a une vraie signification.

Voilà, les journées vont vite, il y aurait tant à dire. Je verse quelques images au photo blog pour combler les vides du récit.

Sarkozy, ou la politique de l’irrespect

Un journal du soir me donne le détail du discours de Sarkozy à Toulouse le 12 avril. Vingt-sept fois, vingt-sept fois en 62 minutes, Nicolas Sarkozy a cité Jean Jaurès, pour finir, goguenard « Ségolène Royal ignore Camus alors je le reprends à mon compte, elle a oublié Blum alors j’en parle, elle ne connait pas Jaurès alors je le cite ».

Goguenard et méprisant. Goguenard et, plus encore, méprisable.

Reprendre Camus à son compte ? Camus, l’écorché dont la mère était femme de ménage à Bab el Oued ? Camus, qui a écrit « misère en Kabylie » ? Camus pour qui le respect dû à chacun, y compris lui même ce qui lui donnait parfois un air dur, était une règle de vie, une éthique fondamentale ? C’est peut-être enfantin mais j’en appelle à Catherine Camus (sa fille, qui est à l’origine de la publication du « dernier homme ») : comment peut-on « prendre Camus à son compte », d’une manière générale (Catherine elle-même ne l’a jamais fait), mais plus encore quand on s’appelle Nicolas Sarkozy?

Blum, Jaurès, dont on connait la mort, dont on connait la vie. Pour tous les deux l’austérité de vie, la rigueur et une fois encore le respect des autres. J’ai souvent dit, en demie-plaisanterie, que je me sentais avant tout du « VPS », le Vieux Parti Socialiste. Je ne disais pas cela en opposition au NPS (le Nouveau Parti Socialiste) de Montebourg et Peillon, mais en référence à ces hussards noirs de la République, pour qui le Parti Socialiste constitutait une colonne vertébrale, en pensant à ma grand-mère, paysanne de la Vendée chouanne qui ne s’asseyait pas à table mais qui créa une section dans son village, et qu’on me pardonne cette présence réellement forte, à mon père qui annotait les discours de Jaurès et de Blum : les livres, les discours sont autour de moi, au moment même où j’écris ce billet.

Qu’on me pardonne ce ton, un peu sérieux : quand je suis blessée, je suis comme tout le monde, un peu raide, voire même un peu emphatique. Que Nicolas Sarkozy cite Charles Pasqua et Achille de Peretti qui l’ont directement formé. S’il veut de grands personnages : Balladur, ou pour l’époque de Jaurès, Mac Mahon, Déroulède… Il n’a que le choix. Jaurès était bien seul à son époque.

Un journal allemand (la Frankfurter Allgemeine Zeitung, journal de droite mais réputé pour son sérieux) décerne à Sarkozy le prix de « l’homme politique le plus ambitieux et le plus impitoyable d’Europe, qui n’a pas de vraie conviction mais s’aligne sur l’humeur du peuple ».

Si par mégarde NS venait à être élu, l’Europe constituera-t-elle pour nous une chance de liberté ?

Chasse, boulange et travail partagé

Un titre en couverture de notre « hebdo des socialistes » me choque : « travailler, c’est produire ensemble.

Combien j’aurais préféré : « travailler, c’est construire ensemble« . Ce qui n’exclut pas de produire, mais il faut que la production ait un sens et que ce sens soit visible pour ceux qui produisent. Ce sens c’est (ce devrait être) la construction d’un plus grand bien être.

En réalité, le sens fondamental du travail (j’en ai souvent parlé dans ce blog), c’est la contribution à la marche commune de la société, à notre vie et à notre survie. C’est la participation à ce pool commun, et le partage de sa charge. Apporter sa pierre à l’édifice, mettre des compétences au service des autres … Jamais, l’idée qu’on ne travaille pas seulement pour gagner sa vie mais pour apporter à la communauté ce qu’on y prend par ailleurs, sous une autre forme. Je cite souvent ce mot du film « la femme du boulanger » : Tu me donnes de ta boulange, je te donnerai de ma chasse (c’est le hobereau du coin qui s’adresse au boulanger) et lui promet de lui apporter je ne sais quel gibier pour le remercier de son bon pain.

Nous avons perdu à tel point le sens du collectif, que même cela parait difficile à expliquer. Quelle évidence pourtant, que le moindre peuple primitif percevait.

Inauguration de la permanence 32 rue Nancel Pénard

L’inauguration de notre permanence 32 rue Nancel Pénard a lieu

Lundi 16 avril à 18 heures 30

En présence de
Alain Rousset, président du Conseil Régional Philippe Madrelle, président du Conseil Général

Gilles Savary, député européen

Gilbert Mitterand, maire de Libourne, vice-président du Conseil Général

des élus bordelais

et je l’espère de vous tous !

Journal de campagne

Tractage animé ce matin aux Capucins et à Saint-Michel. Presque tous les partis étaient présents, avec une nette majorité pour le PS, preuve de son engagement et de son unité. Un Villiériste que j’allais saluer (je serre systématiquement la main aux militants dont je suis géographiquement proche dans nos lieux habituels de rencontre ; simple hommage au travail militant), m’a dit que dans un deuxième tour Royal-Sarkozy, il votait Royal, car il considérait que Sarkozy était dangereux. Si même les villiéristes…

C’est tout simplement mon avis. J’expérimente au Conseil Municipal ce qu’est une droite dure, sûre d’elle, non respectueuse de l’opposition et tout simplement des autres. C’est pour moi, je l’exprime une fois encore, une expérience très pénible. Je travaille dans un mêtier où le respect est naturellement pratiqué : respect envers les malades bien sûr, mais aussi des malades aux soignants et des soignants entre eux.

Je reviens à la matinée. A part quelques grincheux, « la politique, ça ne m’intéresse pas ! », qui font bénéficier de leur grinchitude l’ensemble des équipes, l’accueil est favorable, les documents sont conservés et non jetés au sol. Beaucoup viennent nous voir pour les prendre. Cela me paraît tellement contraire à ce qu’on entend trop souvent : les Français se sont détournés de la chose publique.

Une de mes commentatrices (« Douce amère ») écrivait à la suite du billet « cafard et démocratie » : il y trop d’auto-satisfaction dans ce blog. Il est normal, que blogueuse et interlocuteurs, souvent engagés dans la même action, y mettent un peu d’élan et d’optimisme. Mais je ne crois pas qu’il s’agisse d’auto-satisfaction. Combien de fois j’ai plus de réserves que de certitudes y compris sur ce que nous faisons. La campagne n’a pas abordé suffisamment des problèmes cruciaux comme la politique de l’âge (et ses répercussions sociales, économiques..), la reconstruction de l’Europe, l’enseignement au sens de la matière à enseigner (la pratique du Français, les langues, l’éducation à la santé et à l’environnement…). Bien sûr, il y a les programmes législatifs pour compléter la donne, mais cette deuxième élection va être tellement marquée par la première que ces enjeux auraient dû, me semble-t-il être plus visibles dès l’étape présidentielle.

Voilà, c’était juste une petite conversation sur cette campagne, longue et intense à l’échelle de la candidate locale que je suis. J’ai vu très peu la télévision et j’ai de ce fait principalement un sentiment basé sur le terrain et la presse écrite, que ce soit sur papier ou sur ordinateur. Les résultats de la première manche ne vont pas tarder. Restons très fort mobilisés.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel