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L’interrogation majeure de la décennie

L’interrogation majeure de la décennie, sans doute aussi, dans nos sociétés, des suivantes, c’est l’ âge de la retraite. Ce cruel dialogue qui se pose à l’occident entre l’allongement de la durée de la vie et le bouleversement des données économiques, avec en premier lieu la raréfaction de l’emploi. A la fois magnifique : qui aurait pu imaginer que nous gagnions un quart de siècle de vie en moins d’un siècle, et cruel, très cruel, car ce temps de vie supplémentaire, nous devons le financer et, plus gravement encore, savoir à quoi il sert, à la fois au plan individuel et au plan de la société.

C’est une interpellation à laquelle aucun pays, aucune société, aucun groupe, aucun individu dans le secret de sa réflexion, ne peut échapper.

Il n’est pas bien sûr question de l’évoquer en un billet, mais de poser des jalons à cette réflexion à dimensions multiples.

Premier jalon. La position de l’Allemagne, qui a été votée après de longues négociations au sein du gouvernement de coalition d’Angela Merkel. Je suis demeurée figée de surprise en entendant à la radio annoncer « l’Allemagne vient de porter l’âge de la retraite de 65 à 67 ans » sans pratiquement de commentaire. Les informations des media non écrits sont souvent hâtives. Je ne sais ce qu’elles ont été sur le sujet à la télé que je ne regarde que quand les événements m’y forcent. Mais quand même, écouter cela sans interrogation ni commentaire, m’a laissée punaisée de stupéfaction …

L’Allemagne, où l’âge légal de retraite est de 65 ans a donc prorogé jusqu’à 67 ans… en 2020. Voilà le point capital : une évolution progressive, comme l’est le gain d’espérance de vie (un trimestre chaque année). L’Allemagne a voté que l’on travaillerait chaque année un mois de plus.

Un mois de plus pour un trimestre de plus, est-ce insensé ? A fortiori dans un pays où le taux de natalité est faible et le taux de reproduction est de 1,3 (contre 1,9 en France) ; ce qui veut dire que les générations sont très loin de se remplacer et que la population vieillit inéluctablement.

Je reviendrai bien sûr sur ce sujet capital, dont je veux qu’il occupe une part non négligeable de ma campagne législative, si elle n’est pas obscurcie par quelque déclaration fracassante d’Alain Juppé sur l’écologie ou quelque autre sujet qu’il découvre à l’occasion d’un déplacement ou d’une oportunité médiatique.

Je voulais ce soir seulement poser un premier jalon de réflexion

6+4+1 = ?

Décidément les sous-marins nucléaires ne valent rien aux candidats à l’élection présidentielle. On a fait grand cas de l’erreur de Ségolène Royal en Janvier, qui n’en dénombrait qu’un seul. Michele Alliot-Marie, bonne copine, avait jugé bon de dénoncer par voie de presse les lacunes de la candidate..

Espérons qu’elle aura la même exigence pour Nicolas Sarkozy auquel on posait hier la même question et qui, tout fier, a répondu « quatre ! » . La petite déconvenue, très médiatisée, de Ségolène aurait pourtant du l’inciter à s’informer…

« Cinq ! » , a redressé le journaliste … Eh bien, non, le juste nombre c’est six ! « Libé' » donne leur nom : le Rubis, le Saphir, le Casablanca, l’améthyste et la Perle. En plus de ces six sous-marins d’attaque, il y en a quatre lanceurs d’engins. Un seul porte avion est armé de missiles dotés d’armes atomiques, le Charles de Gaulle.

Donc 6+4+1 = 11 . Des fois que vous voudriez, in extremis, vous lancer dans la course présidentielle…

Petit plaisir du matin (26)

Petit plaisir du matin, je l’espère, ne fera pas comme le rossignol et chantera jusqu’au soir… Sur France-inter ce matin, Ségolène Royal plaide pour la recherche et l’entrée des femmes dans les carrières scientifiques. Son analyse n’est pas différente de la mienne (cf billet 23) sur les freins qui limitent presque inconsciemment à la fois les jeunes filles et leur famille : l’idée confuse qu’une scientifique est une binoclarde sans grâce et sans féminité. Une fois encore les stéréotypes. Faisons les résolument bouger !

Un plaisir ne vient jamais seul : dans mon bureau, une orchidée blanche d’une grâce infinie entame sa troisième floraison. La malade qui me l’a offerte est aujourd’hui très loin et cette orchidée obstinée est là pour dire que tout vit, meurt et renait, et que nous devons laisser trace.

Bonne journée à tous. On ne fait plus assez attention au sens de « bonjour ! » quand on le prononce. Ni sans doute (tant mieux ?) au sens de bon-heur, qui n’est le plus souvent rien d’autre qu’une bonne heure.

Brève

Je m’inquiète de la santé de l’ancien ministre Pierre Joxe. Si je connaissais son médecin, je lui adresserais des encouragements à le maintenir en bon état.

Pierre Joxe, en effet, est le dernier membre du conseil constitutionnel nommé par la gauche. Après la fournée de nominations faites avant départ par Jacques Chirac, cette honorable institution est désormais dans des mains peu partagées.

Au premier rang, le fidèle Jean-Louis Debré qui a désormais « la république en héritage ». Son père Michel Debré n’avait pas accepté le job, pour n’avoir pas à se contraindre à un « devoir de réserve ». C’est maintenant au tour de Jean-Louis. La République, comme la médecine, n’est pas indépendante des lois de la génétique.

Les femmes et la science (23)

Les femmes demeurent très mal représentées dans le secteur de la science. Ce n’est peut-être pas le meilleur critère mais il est spectaculaire : sur 516 prix Nobel scientifiques… 12 seulement ont été attribués à des femmes ! Et encore, l’une –qui nous est particulièrement chère, puisqu’il s’agit de Marie Curie- en a reçu deux. Un quart seulement des chercheurs en France sont des chercheuses. Pourquoi ?

Il ne s’agit pas d’une compétence insuffisante, d’une différence naturelle entre les cerveaux masculins et les cerveaux féminins qui prédisposeraient les uns et handicaperaient les autres. La montée exponentielle des femmes dans le secteur de la médecine, alors que les études et la pratique deviennent toujours plus scientifiques, le démontre. Il ne s’agit aucunement non plus d’une ségrégation au sein des mêtiers scientifiques qui sont très ouverts à la mixité.

C’est au contraire une différence d’habitudes culturelles qui s’éxerce dès le très jeune âge sur collégiennes et lycéennes. Il est encore de bon ton de considérer que les femmes doivent éxercer leurs talents dans le domaine des belles lettres, de l’histoire, des arts… Une « matheuse » fait un peu peur. Elle ne répond pas aux canons féminins traditionnels. Les jeunes filles sont donc orientées, ou s’orientent elles-mêmes inconsciemment, dans d’autres voies que les « sciences dures ».

Beaucoup d’initiatives, à tous les échelons, se mettent en place pour combattre ce handicap culturel. Parmi elles, la création d’un prix Unesco « Les femmes et la science » récompensant une femme dans chaque continent pour le niveau exceptionnel de ses travaux. L’originalité de ce projet tient non seulement au choix de récompenser des femmes mais au choix de le faire dans chaque continent. Une femme mauricienne est, cette année, au nombre des lauréates. Ceci est particulièrement propre à créer dans chacun de ces continents des « modèles féminins » qui pourront entrainer les jeunes filles dans leur voie.

La parité, la vraie, passe d’abord par le fait de surmonter les stéréotypes. D’autant que les professions scientifiques sont actuellement celles qui ont le plus de débouchés. Si les femmes n’y entrent pas de plein pied, nous ne dépasserons pas l’image de « mêtiers féminins », bien souvent vécus comme secondaires, et bien souvent en pratique moins bien rémunérés. Imaginez un film où la femme soit astro-physicienne, et l’homme décorateur d’intérieur … Eh bien, ce film n’existe pas ! Celui qui dépeint la situation inverse, si !

Bougeons, faisons bouger, ça aussi, c’est de la vraie politique !

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel