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Porter la campagne au coeur des villes

Non, ce titre paradoxal n’est pas un mini-manifeste de soixante-huitarde qui veut tardivement répudier la géniale réclamation des étudiants de l’époque « Mettre les villes à la campagne! ». Des soixante-huitards attardés, ou plus justement, dévoyés, il y en a quelques-uns en ce moment dans les média. Ce n’est pas mon propos de ce soir.

Il s’agit tout simplement de réaliser dans le concret, dans la simplicité des contacts de tous les jours, ce que nous souhaitons tous : partager un véritable débat, prendre conscience ensemble des enjeux des semaines et des mois qui viennent, s’enrichir mutuellement, et porter sur le terrain la campagne des candidats à la formidable entreprise de changement que va constituer, j’espère, la longue suite des élections prochaines.

Tous les jours, nous allons ainsi à la rencontre de ceux que j’appelle « les acteurs de la cité ». Commerçants et artisans en premier lieu. Cette rencontre n’est pas toujours aisée : combien d’entre-eux souffrent de la difficulté de travailler au centre d’une ville où ceux qui travaillent n’ont pas la priorité, ni dans la conception des plans et des moyens de circulation, ni dans les aides qui sont apportées. Combien d’entre-eux aussi travaillent au delà de leurs limites parce qu’ils n’ont pas la capacité d’embaucher un employé ?

Les deux problèmes se situent à des niveaux différents. La politique de la majorité municipale à l’égard du commerce bordelais est sans commune mesure, d’une part avec ce qui a été supporté du fait des travaux du tramway, d’autre part avec l’importance de l’enjeu pour Bordeaux. Ce coeur de ville sera-t-il un jour réservé aux passants oisifs et aux touristes faute d’une véritable politique économique ?

Je ne vais prendre qu’un exemple de cette insuffissance de la politique municipale. Les fonds européens FISAC (Fonds d’Intervention pour les Services de l’Artisanat et du Commerce) ne servent aucunement à la création ou soutien de petites entreprises innovantes. Ils sont dilués dans des fêtes ou des animations qui, dans l’immense majorité des cas, n’apportent pas la moindre bouffée d’oxygène aux professionnels en difficulté. Résultat : les artisans et les commerçants souffrent, beaucoup d’enseignes ferment sans trouver de repreneurs. Il suffit de se promener dans Bordeaux et de compter les vitrines obturées pour en avoir la démonstration.

Le problème de l’embauche d’un employé par un artisan ou un commerçant est incontestablement plus difficile encore. Beaucoup me disent : je n’y parviens pas à cause des charges. Ce patron de bar, très proche de ses employés (qui confirment ses dires), a calculé ce que représente un employé supplémentaire : 45 clients par jour. Il ne les trouvera évidemment pas aisément, surtout dans les conditions actuelles où, tout au contraire, la ville lui impose chaque jour une charge de plus (« vous avez changé votre enseigne », « vous devez payer une taxe pour l’enlèvement des cartons »…). Le problème qui est posé aujourd’hui sur le terrain aux politiques est celui d’une exonération ou d’une modulation des cotisations sociales pour l’embauche d’un employé supplémentaire dans les TPE (Très Petites Entreprises) ou les petites PME.

Cette question est majeure. Le plus grand gisement d’emplois réside en effet dans ces PME et TPE, et ces emplois sont pour la quasi-totalité d’entre eux non délocalisables.

Voilà une des questions ancrées dans la réalité de nos villes que nous devons porter au jour et résoudre. Je m’engage pour ma part à la porter au plan national si je suis élue députée.

Les micocouliers du cours d’ Albret

Brutalement, cours d’Albret, sur un fond de ciel lavé et frais de lendemain de grand vent, les toutes petites feuilles serrées, tassées, des micocouliers qui apparaissent au bout des branches… Hier, il n’y avait rien, le printemps pointe aujourd’hui aux arbres ! Il y avait longtemps que j’avais envie de vous parler des micocouliers. On les regarde le plus souvent sans les voir, le long des rues et des avenues de Bordeaux. Leurs petites feuilles aux ongles longs ne sont pas spectaculaires mais ils ont un port élégant qui sied bien à en faire un arbre des villes et la nôtre ne s’en prive pas.

Comme on voit, le micocoulier est téméraire et il n’hésite pas à mettre ses feuilles bien avant ses voisins de jardin. Mais là il devance toutes les prévisions. Clairement, il part en campagne avant les autres.

Tour de force

Personne, personne au monde, ne pourra enlever à Nicolas Sarkozy le mérite d’un tour de force qui marquera l’histoire de la médecine et celle d’une des plus belles de ses spécialités. La presse n’en a pas suffisamment rendu compte : reconnaissons qu’elle passe quelquefois à côté de faits décisifs pour s’attacher à l’écume de l’actualité !

Au cours des semaines précédentes, le ministre de l’intérieur a réussi ce que personne, je dis bien personne, n’avait réussi jusqu’à ce jour. A l’hôpital Charles Perrens, lors de la réunion du Conseil d’administration, comme lors de la visite de François Bayrou dans cet établissement, nous avons dû, toutes tendances confondues, lui rendre cet hommage. Depuis des décennies, lui seul est parvenu à soulever en un mouvement unanime et solidaire toute la psychiatrie ! Je dis bien toute: psychiatres, psychanalystes, Jasperiens, Jungiens, néo-lacaniens, cognitivistes, comportementalistes, ceux qui pensent que c’est la société qui est malade comme ceux qui croient à la génétique ou aux neuro-médiateurs, tous pour la première fois de leur histoire se sont retrouvés, parlant d’une même voix. Il suffit de connaitre deux psychiatres pour mesurer l’importance du phénomène…

Cette union sacrée, unique en son genre, s’est faite à propos du volet santé mentale de la loi sur la prévention de la délinquance qui propose de faire du maire le pivot d’un dispositif répressif concernant en particulier les mineur délinquants. Il prévoit de plus la création d’un fichier des malades ayant fait l’objet d’une hospitalisation d’office (les « H.O. »). Ce qui assimile de facto les malades aux délinquants. Pas un psychiatre, pas un médecin de n’importe quelle spécialité qui pourrait accepter cette confusion et se ranger ainsi dans le rang non de ceux qui soignent mais de ceux qui fichent et qui répriment.

Les 3500 médecins psychiatres hospitaliers ont décidé de faire grève et de manifester contre cet amalgame inacceptable entre troubles mentaux et délinquance. Le ministre s’est plaint à la tribune de l’assemblée, nul ne sait sous quel prétexte, de « manoeuvres politiciennes » mais il a retiré ce soir les articles incriminés de son texte.

Disons le simplement : je suis doublement satisfaite. Un article indigne est retiré et il l’est sous la pression des médecins, qui démontrent une nouvelle fois* qu’ils ont pris la mesure de leur responsabilité dans la marche de la société.

  • voir aussi le billet du 15 novembre 2006

Petit billet du soir

Je rentre d’une réunion où étaient présents de nombreux blogueurs. Des élus qui ont presque tous aujourd’hui « leur » blog, des communiquants dont c’est le mêtier, mais aussi des citoyens et des personnes individuelles. Je fais une nuance entre les deux, car il me semble que certains ont une démarche politique au sens le plus fondamental de ce terme (s’exprimer sur la vie de la Cité) et d’autres une démarche personnelle (s’exprimer sur leur vie et leur vision de la vie). Plusieurs parmi les blogueurs de ce soir, plusieurs alimentent plusieurs blogs..

Quel prodige étonnant ! Ce nouveau mode de communication est apparu à un moment où il semblait tout à fait improbable : les conversations téléphoniques étaient entrain de remplacer définitivement la correspondance, les media du son et de l’image s’imposaient en maîtres. Et cette nouvelle forme est apparue, plus fluide, plus rapide que l’écriture sur papier, et pourtant une écriture véritable, que l’on peut reproduire et retrouver, qui a ses petits bruits (comme autrefois la plume sur le papier), que l’on voit avancer devant soi au gré des touches..

La très grande différence entre le mail ou le blog et l’écriture sur papier, 0 combien plus ascétique, c’est le temps. Le temps d’expédier la lettre, d’imaginer qu’elle parvienne, le temps de composer un manuscrit avant de l’ouvrir à un éventuel lecteur… Tout ce silence et cette attente qui séparent l’écriture de la lecture , que la correspondance électronique réduit à un instant.

Les bons comptes…

Le ministre Thierry Breton a du écouter hier l’excellente entrée en matière du discours de Ségolène Royal sur la dette publique. Il l’annonce aujourd’hui ramenée à 1100 milliards d’euros, alors que l’an dernier il reconnaissait qu’elle atteignait 2000 milliards d’euros. A ce point d’imprécision, on peut s’interroger et d’ailleurs, la cour des comptes épingle ses modalités de calcul. Les bons comptes devraient pourtant faire les bons ministres, surtout les ministres des finances.

Le taux de 64 % du PIB, qui fait de nous des champions toutes catégories,n’est pas remis en question. Les mesures annoncées hier devront se faire dans un contexte d’économies, de croissance et de redistribution. Nous le savons, nous devons le savoir et nous devons le dire.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel