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L’appel des 100 000 : une mobilisation qui peut tout changer

L’appel des 100 000 est la première mobilisation nationale de l’ensemble des professionnels de santé dans un objectif de santé publique, en l’occurrence la réduction du tabagisme qui fait de la France la lanterne rouge des pays européens (30% de fumeurs) ; le solde de ce fléau se résume en 2 chiffres : 78 000 morts/an et 27,5 milliards de dépenses annuelles pour les seuls soins des dégats sanitaires du tabagisme.

Initiée par l’ « Alliance contre le tabac » qui réunit les 40 grandes associations* françaises ou internationales oeuvrant dans le champ de la santé, l’appel comporte l’engagement des professionnels pour aborder le sujet du tabac avec chacun de leurs patients, les orienter vers une solution adaptée et les suivre dans leur sevrage**. Cet appel sera transmis à tous les candidats à l’élection présidentielle de manière à ce qu’ils répondent aux questions clefs posées dans le dernier volet de l’appel ; ceci correspond aux usages de l’ « Alliance » à l’orée de chaque mandat présidentiel. Il est cependant probable qu’il ait un poids particulier s’il se fait au nom de 100 000 professionnels dont la crédibilité et l’indépendance sont reconnues par tous les Français.

Cet appel est totalement supra-partisan et se fait en partenariat avec de grandes institutions publiques*** ou privées à but non lucratif comme les Centres de Lutte Contre le Cancer (CLCC). Présidente de l’Alliance, indépendamment de mon mandat de députée, je considère les enjeux de santé publique comme dépassant tous les autres engagements. L’appel est d’ailleurs signé par des personnalités d’horizons très divers comme Roselyne Bachelot, Claude Evin, Yves Bur, Jean Léonetti et tant d’autres..

C’est ainsi que j’invite TOUS les professionnels de santé et du secteur médico social à signer et à faire signer cet appel, ainsi qu’à le diffuser dans leur milieu professionnel. Tous ensemble nous pouvons radicalement peser positivement sur la décision publique et donc sur la santé des Français comme sur l’avenir de notre sécurité sociale. Etudiants ou retraités, aides-soignantes, professeurs de médecine, kinésithérapeutes, orthophonistes, sages-femmes… tous sont bienvenus à signer l’appel. Les 7 Ordres des professions de santé en sont d’ailleurs également des partenaires très engagés.

Vous trouverez toutes les précisions nécessaires en cliquant sur WWW.appeldes100000.fr  où vous pourrez signer.

*ligue contre le cancer, fédération de cardiologie, fondation du souffle, croix rouge, ANPAA, mutualité française, CNCT, DNF..

** l’appel se fait en coordination avec l’opération Moi(s) sans tabac » lancée par l’agence nationale de santé publique et le ministère de la santé

***agence nationale de santé publique, diverses ARS, institut du cancer..

 

 

Les fils à maman

Les « fils à papa » ont grande presse, même si ce n’est pas souvent bonne presse. Fils de riches, fils de nantis ou de célébrités, ils sont supposés ou affirmés profiter des conditions favorables que leur a fait la génération précédente.

Les « fils à maman » sont une catégorie infiniment plus complexe. « Maman » n’est pas toujours détentrice d’une grande fortune ou d’une position enviée. Quelquefois même tout au contraire, « maman » étant créditée d’abord d’un fort lien ou d’un ascendant puissant vis-à-vis de sa progéniture masculine. Cela peut aller du pire (Folcoche) au meilleur (la mère de Camus, auquel il pensa jusque dans son discours de nobelisé).

Vous connaissez bien sûr de ces fils à maman. Moi aussi, dirais-je même plus qu’à mon tour, car ces garçons prennent souvent le chemin de la politique pour inscrire dans le marbre ce qu’ils ont promis à leur mère ou qu’ils se sont promis à eux-mêmes en son nom. Il y en a qui se sont jurés de devenir Présidents de la République (plus nombreux d’ailleurs que le quinquennat permet de perspectives), d’autres de devenir Députés ou Maires, des troisièmes de renverser la République, des quatrièmes, tout bonnement, de faire fortune et de laver les affronts faits aux générations antérieures.

Ces fils à maman ne sont pas forcément méchants, mais ils sont tenaces, quelquefois même obstinés et c’est justement à cela qu’on les reconnait. Les mamans elles-mêmes peuvent être d’un naturel très différent : joyeux, avenant, quand le père était lugubre ; sévère, exigeant, quand le père lui était absent ou inconsistant. Ces mamans-là ne sont en tout cas jamais banales, non plus que leur vie, tantôt passée sous le boisseau patriarcal (toujours un peu), tantôt s’en échappant par des chemins de traverse, militants, artistiques ou toute autre variante.

Derrière tous ces jeunes gens, dont certains ont plus que mon âge, d’autres au contraire ne faisant qu’embrasser la carrière de « fils à maman », il y a des noms. Pour vous, comme pour moi. Mais certainement nous n’avons pas les mêmes, ou seulement partiellement. L’imagination -ou l’expérience- pourvoira à combler les cases.

Mais me direz-vous, que penser des « filles à papa » ? Sont-elles de la même sorte que les fils à papa, ou que les fils à maman?

Là aussi, chacun se fera son idée. Avouons que j’ai la mienne.

 

 

Du protocole républicain et de la République elle-même

Nous en avons convenu dernièrement à l’Assemblée avec Régis Debray, plus sourcilleux encore que moi, que le protocole républicain a un sens profond. Régis Debray suggérait même qu’il fût enseigné à l’occasion des cours d’éducation civique et citoyenne dans les écoles. Je suggère pour le moins que cet enseignement concerne aussi les écoles de journalisme, les études de sciences politiques ainsi que la formation de base des élus, petits ou grands, qui en méconnaissent trop souvent et le fond et la forme, ou en ont une lecture locale dont Bordeaux s’est d’ailleurs faite une spécialité.

Dans cette dénomination « protocole républicain », c’est bien sûr d’abord « républicain » qui compte . « Protocole » fleure pour certains esprits chagrins le smoking ou la queue de pie et laisse accroire qu’il s’agit là de préséances à la Mauriac et d’usages d’un autre temps. Point du tout : le protocole républicain est né avec la République et chacun de ses éléments a un sens profond qui vient en concordance avec elle. Des décrets rappellent ou rénovent régulièrement tout ou partie des différents chapitres de cet « ordre républicain ». Ainsi, un décret de .. fixe-t-il l’ordre de préséance national qui a par exemple vu l’introduction en 11ème place du Défenseur des droits. Un autre de 1989 assigne-t-il au Maire les règles d’organisation d’une manifestation publique sur son territoire.

Ce dernier précise alors l’ordre de préséance de telles manifestations dont chaque élément a un sens profond. Les Députés l’emportent d’un fil sur les Sénateurs, pourquoi ? Parce qu’ils sont élus au suffrage universel. Les Députés du territoire l’emportent sur les Députés voisins, alors qu’ils sont tous égaux, parce qu’ils sont sur le territoire qui les a élus. Encore ceci est-il plus une tradition républicaine qu’une règle. Il est séant de l’observer.

Les parlementaires-anciens ministres l’emportent sur leurs congénères parce qu’ils ont représenté l’Etat. Pour la même raison, les Maires anciens Premiers ministres (mais non ses représentants) l’emportent sur leur territoire devant les Parlementaires, alors que les Députés l’emportent d’ordinaire sur le Maire.

Dans tous les cas, c’est l’Etat qui a la position la plus éminente. Il est représenté sur les territoires par le Préfet, qui ne s’efface lui-même que devant un Ministre en éxercice. Personne d’autre. Beaucoup de nos faiseurs de discours oublient cet élément essentiel.

Le respect du protocole républicain, c’est le respect de la République elle-même, des ses institutions comme des citoyens qui la composent. La place du Peuple (et partant du mode d’élection) est prépondérante. Il apprend aussi que mandats et fonctions n’ont de valeur que par eux-mêmes et d’aucune façon pour la notoriété, le prestige, la vanité, la taille, le poids ou la capacité de marcher sur les pieds de ses voisins de celui qui les détient pour un temps. Pas davantage, l’anticipation d’une fonction désirée ne doit influencer cet ordre immuable : un représentant du Maire n’a droit d’être appelé « Monsieur ou Madame le (la) Maire », qu’après son élection par le Conseil Municipal. Seul un Préfet, fût-il sous-Préfet, doit être appelé Monsieur le Préfet quand il représente l’Etat dans une manifestation.

Les prises de parole, lors des manifestations en question, suivent ce même ordre républicain. En aucun cas, les financeurs de quelque réalisation que ce soit, doivent-ils être les seuls admis à s’exprimer. En particulier, le député du territoire, est-il toujours requis à prendre la parole, y compris bien sûr au sein des Mairies de sa circonscription, quoique ne pouvant, par l’essence même de son mandat, compter parmi les financeurs.

Ce protocole est aussi un apprentissage. Je l’ai appris durement parce qu’il a à Bordeaux un caractère monarchique peu en rapport avec l’expérience qu’a de l’Etat le premier édile de la ville, non plus qu’avec son ambition aux plus hautes fonctions. Le delphinat, institué lors de son dernier mandat, n’est l’occasion d’aucune prérogative particulière : le représentant du Maire demeure comme tel, dans sa place comme dans sa dénomination.

Ce protocole, qui apparaît rigide connaît de multiples prolongements et adaptations, en particulier quand des personnalités étrangères sont présentes. Mieux vaut prendre attache du conseiller diplomatique du quai d’Orsay si l’on a à placer autour d’une table un nonce apostolique, un représentant d’Andorre ou un ministre plénipotentiaire de la République du Costa Rica. Si leurs épouses sont présentes, un dilemme nouveau apparaît de plus en plus souvent : la femme du Président de la République prend-elle le pas sur la Première Ministre d’un même pays ?

Le Préfet Jacques Gandouin , dont le fin humour me reste très présent, avait porté au plus haut niveau l’usage du protocole républicain, sachant y introduire la courtoisie et le savoir-vivre à la fois le plus délicat et le plus érudit. N’oublions jamais en tout cas que ce protocole est avant tout un garde-fou pour les grosses têtes et les chevilles enflées. Il rappelle en particulier que ce que la République donne avec mandats et fonctions n’est lié qu’à ceux-ci, ne les précède jamais malgré bien des tentatives et s’interrompt immédiatement avec eux.

 

 

Salle des fêtes du Grand Parc : 24 ans et quelques heures de pur mépris

24 ans de fermeture, dont 21 au cours des 4 mandats d’Alain Juppé, faut-il encore s’étonner des trois heures de retard de notre grand Maire qui devait « lancer » le début des travaux de réhabilitation de la « Salle des fêtes »,  mon combat de dix années ?

Malgré la chaleur plombante (31°) et l’âge avancé des quelques poignées d’habitants attendant l’arrivée du 1er édile, lazzis et quolibets allaient bon train devant la façade toujours emmurée de cette construction de 1965 inscrite à l’inventaire des monuments historiques de notre ville. L’un avançait qu’Alain Juppé espérait profiter des crédits de notre dernière loi sur l’archéologie, un autre s’amusait d’entendre l’adjointe de quartier exprimer son « impatience » à voir ce bel équipement ouvert aux habitants, un autre encore y allait franchement d’un grand rire quand l’adjoint à la culture assura se souvenir des concerts mythiques donnés dans cette salle … alors que celui-ci était à l’âge des premiers vagissements.

Pour ma part, j’ai quitté la scène à 15 h 40 (soit une heure 10 après l’heure programmée), suivie de peu de la députée Sandrine Doucet et de Vincent Feltesse. Les fronts perlaient et rougissaient et, petits groupes par petits groupes, les plus fervents admirateurs du Maire ayant épuisé les réserves de boisson du buffet, rejoignaient des cieux plus cléments..

A l’heure où j’écris, je ne sais rien de l’apparition ou non du Maire, non plus que des motifs évoqués pour excuser son retard ou son absence. Ratage complet donc pour ce « lancement des travaux » dont on se demande d’ailleurs comment il aurait pu être matérialisé, le lieu demeurant obstinément fermé, et quel en était le sens autre que de pure communication.

Triste pour ce quartier si longtemps abandonné, dont Alain Juppé n’a découvert l’existence qu’à la suite de deux, puis trois, campagnes départementales perdues malgré un long ancrage à droite. Triste pour la « salle des fêtes », expression positive d’un temps où Bordeaux croyait à la culture dans les quartiers (le Grand Parc est un quartier à 80%  social) et où Jacques Chaban-Delmas avait installé tous les équipements dont Alain Juppé n’a toujours pas vraiment compris le caractère structurant.

« Ma » salle des fêtes et sa fresque aux 28 848 petits carreaux de mosaïque, désertée une fois encore, abandonnée sous le soleil comme dans une scène de western après le passage des indiens, attendra bien quelques mois encore. Mais plus que jamais, je déplore qu’Alain Juppé ait refusé ma proposition (2012) qu’elle soit achetée par le Conseil Général : elle serait aujourd’hui ouverte aux Bordelais et aux habitants de ce quartier de grande et ancienne mixité sociale.

La démocratie empêchée

Ces derniers mois nous ont démontré, non que les civilisations sont mortelles, nous le savions, mais que la nôtre, ici et maintenant, était menacée. C’est dans cette crainte et autour de la République et de ses valeurs, que j’ai ouvert ma 10ème lettre de députée et mon compte rendu de mandat ce 15 septembre.

Quelques personnages installés les premiers dans la salle, parmi les Bordelais -nombreux- qui s’étaient déplacés, et un groupe d’une trentaine de perturbateurs tentant d’entrer de force, m’ont confirmé dans l’idée que notre démocratie était aujourd’hui empêchée. Je n’avais prévu pour cette réunion annuelle ni filtrage, ni le moindre appui policier, tellement cet exercice, relevant du devoir des élus envers leurs électeurs, me paraissait ne pouvoir cette année comme les précédentes, être la cause d’aucun trouble.

Cette trentaine d’individus faisant un forcing bruyant à la porte de « la maison du combattant » m’a obligée à demander l’appui de la police pour que la salle ne soit pas envahie. Je l’ai fait à un extrême contre coeur, après qu’un de mes assistants parlementaires, a été frappé par derrière, à la tempe et sur le côté de la tête Le public, fait de « vrais gens » de tous âges, commençait de s’inquiéter, l’atmosphère jusqu’alors et comme toujours respectueuse, quelquefois vive mais sans remous, était rompue. Nous avons pu mener la réunion mais sans la liberté, la gaieté mêlée au sérieux, l’intérêt réciproque aux échanges, de tous mes compte rendus de mandat.

Non, ce n’est pas la première expérience, mais c’est la première période où cette expérience se renouvelle systématiquement. Un café politique en mai, la réunion « Pour la France, pour la gauche » autour de Stephane le Foll en juin, la réunion de Colomiers fin aout qui n’a pu se tenir que grâce à d’importantes mesures de sécurité, et jusqu’à ce modeste compte rendu de mandat, ont été systématiquement perturbés, sans autre fin que d’empêcher les élus ou les Ministres en responsabilité de s’exprimer. Peut-on encore parler de démocratie ? Le « vivre ensemble », c’est aussi le « parler ensemble », expliquer et s’expliquer, et pour les élus, rendre compte.

Il n’est pas concevable pour moi de m’exprimer, de tenir une réunion, sous protection de la police. D’autant que cela ne correspond nullement, en tout cas à Bordeaux, à l’atmosphère des relations au quotidien entre les élus et leurs concitoyens. Dans la perspective de ce compte-rendu de mandat, j’ai consacré des heures à distribuer ma « Lettre » dans sa version papier qui contenait l’invitation à la réunion, la remettant directement à tous ceux que je croisais où qui m’ouvraient leur porte, répondant à ceux qui venaient vers moi pour me saluer, me dire qu’ils aimeraient discuter davantage, dire ce qui n’allait pas, pas une fois, je n’ai rencontré l’hostilité ou l’insulte, telle qu’elle s’est exprimée aux occasions évoquées précédemment.

Car qui sont ces perturbateurs, utilisant des méthodes que je croyais révolues ? Le 15 septembre, avait lieu la manifestation contre la loi travail : les responsables syndicaux ont à Bordeaux dû l’interrompre car elle était perturbée par des agitateurs. Ce sont les mêmes -et en aucun cas les militants syndicaux- qui le même soir ont assiégé la pacifique « maison du combattant » et qui condamnent aujourd’hui la démocratie à n’être plus, sous la baguette de « communicants », que surenchères et propos clivants ou, en réaction, de prêches sans contenu, les uns et les autres amplifiés et repris par les médias comme des balles au tennis.

Cette forme de démocratie, qui empêche les contacts et les échanges directs, où l’on fiche, via des logiciels, les électeurs pour pouvoir les abreuver de mails et de messages, me fait peur. Je suis en politique pour 1-mériter la confiance 2-etre utile, 3-rendre compte.

En médecine, ces « 1,2,3 » étaient applicables facilement. En politique, ils sont aujourd’hui brouillés, empêchés, ou pire, bafoués. Aux électeurs de les exiger.

 

 

 

 

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel