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Enfin !

Enfin, la loi d’adaptation de la société au vieillissement que j’ai eu l’honneur d’élaborer entre aujourd’hui en application. J’avoue regretter le long délai entre la présentation en Conseil des Ministres, qui suppose un complète finalisation de la loi, et sa mise en oeuvre.

Presque deux ans pendant lesquels on a parlé de mesures très positives que contient ce texte mais sans un coup de projecteur suffisant pour que chacun en prenne la mesure.

Quatre avancées majeures en effet : la revalorisation de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) jusqu’à 60% en cas de petits revenus et de forte perte d’autonomie et en moyenne pour tous de 15% ; la création d’un droit au répit pour les aidants qui leur alloue un financement équivalent à une semaine d’accueil de la personne aidée en structure d’accueil temporaire ; l‘accès aux aides techniques (silver économie) pour les plus faibles revenus et l’adaptation au vieillissement de 80 000 logements. 

En plus de ces quatre mesures substantielles, 100 mesures qui paraissent moins spectaculaires mais non moins importantes comme par exemple l’obligation dans les plans locaux d’urbanisme d’un volet d’adaptation de l’urbanisme et du logement au défi de la longévité.

Ne voyons pas toujours que les seuls trains n’arrivant pas à l’heure ; cette loi est totalement positive, en particulier dans son volet anticipation prévention et ne fait que des gagnants !

Paris-Berlin

Ce fut au début du siècle dernier entre ces deux villes une rivalité, plus justement une émulation, artistique, urbanistique, architecturale, littéraire qui a fait date ; tout cela dans un contexte européen sans doute plus solide que l’actuel, parce que la culture en était le centre.

La guerre a absurdement, dramatiquement et par deux fois, fait voler en éclats ce couple si particulier et jamais reproduit. Aujourd’hui « Paris-Berlin » demeure dans la formulation politique un « axe », un couple politique inégal et donc fragile. De retour de deux jours dans la vieille/nouvelle capitale de l’Allemagne, l’occasion de comparer deux atmosphères, deux pays, deux interrogations si différentes sur l’avenir.

L’Allemagne n’a aujourd’hui qu’un sujet : les réfugiés. Ce sujet n’est pas mince, il est à la dimension du monde et il interpelle au premier chef le leader économique de l’Europe. Mme Merkel, aujourd’hui contestée sur sa droite a beaucoup fait pour l’honneur de l’Europe et de son pays avec trois mots « Wir schaffen das » (« ça, nous pouvons le faire »). Trois mot à la fois petits et à la taille du « Yes, we can » d’Obama. D’ailleurs, ils sont dans deux langues différentes l’expression d’un même appel à la fierté et à la capacité d’effort qui va avec. Avons-nous entendu, venant de qui que ce soit et de quelque parti que ce soit, même appel aux Français de surmonter la crise suicidaire où notre pays s’enfonce ?

Un million cent mille de ces réfugiés déjà arrivés an Allemagne en 2015, et 100 000 autres pour le seul mois de janvier 2016. Pendant cette même période, la France en a reçu moins que le seul Etat du Schleswig Holstein, qui compte comme deux millions d’habitants, à l’égal du département de la Gironde.

L’Allemagne est sans doute au maximum non peut-être de sa capacité d’accueil mais certainement de sa capacité d’accueil en un temps aussi court. L’extreme droite attise les craintes et les rancoeurs et grimpe dans les sondages en vue de l’élection législative prochaine de trois länders. Le SPD, membre de la grande coalition qui dirige le pays, peine à faire accepter le « paquet social » (contribution d’Etat assurant apprentissage de la langue et formation professionnelle pour les adultes, crèche et école pour les enfants). A cette première partie du « Paquet » un effort en faveur des Allemands les moins riches et en premier lieu une augmentation des petites retraites) afin de contrer le leit motiv des populistes « tout pour eux et rien pour nous ».

Voilà un beau combat pour le parti socialiste allemand. A la hauteur aussi, reconnaissons-le, de l’état économique de l’Allemagne puisque le SPD propose en fait d’attribuer l’excédent budgétaire national pour moitié aux réfugiés et pour moitié à l’amélioration des conditions sociales des Allemands les moins favorisés. Soit 10 milliards pour chacun. Heureux pays !

Une plaisanterie (à moitié) circule outre-Rhin dans les milieux internationaux « les Allemands veulent être aimés, les Français veulent être pris au sérieux ».  On en comprend le sens caché en lisant en parallèle la presse allemande et la nôtre, où on trouve que déchirures à tous les étages de la gauche comme de la droite. Le sujet des réfugiés, cette question majeure et inéluctable au seul examen de la démographie mondiale, ne couvre chez nous que peu de colonnes, largement distancée par la tribune de Martine Aubry ou les huées reçues par le Président de la République au salon de l’agriculture.

Mais au fait comment font-ils les agriculteurs allemands auxquels nous reprochons de vendre moins cher que nous ?

Alors, n’y a-t-il pas quelques leçons à prendre de nos voisins concernant les relations entre les Partis, la capacité des dirigeants capacité d’appeler à l’effort (et il en a fallu depuis les années 2003-2005  où l’Allemagne a du consentir des réformes douloureuses, de la possibilité d’exercer gauche et droite réunies quand la situation l’exige. Nous en restons trop souvent aux querelles de tribus quand c’est tout le pays qui prend l’eau. Les syndicats (Medef et FNSEA en tête en ce moment) font de la politique au moins bon sens du terme quand il s’agirait d’écoper et de ramer pour sauver le bateau France.

Dire que je suis revenue de ces deux jours follement optimiste serait excessif…

 

 

 

Les balcons de Ginko

De Berlin, où ont été évoqué aujourd’hui les enjeux démographiques mondiaux, les balcons de Ginko semblent loin. Ils s’en rapprochent brutalement à la lecture du verdict les concernant : tous montés de manière insatisfaisante et dangereuse, alors que le Maire de Bordeaux m’a répondu il y a peu, avec ce ton insupportable de celui qui sait relativement à celui qui ose l’interpeller : « il ne faut pas faire un monde d’un balcon qui tombe.. »

Certainement pas « un monde » mais peut être la fin d’un monde. Celui de l’insupportable légèreté de la politique vis à vis à la fois de la réalité quotidienne et des enjeux majeurs de nos sociétés. Notre ville est aujourd’hui vendue à des promoteurs avides de bénéfices rapides par un maire nécessiteux de soutiens dans sa course à la primaire de la droite, elle même susceptible de lui ouvrir la magistrature suprême. Un balcon d’un nouveau quartier de notre ville, où des Bordelais investissent tout ce qu’ils possèdent, fétu de paille n’est-ce pas au regard de l’enjeu personnel du Maire…

Je crois tout le contraire. Un secrétaire d’Etat allemand auquel je disais tout à l’heure mon regret de n’avoir pas su convaincre mon Gouvernement de l’importance de la transition démographique m’a répondu, avec le plus grand sérieux et en anglais « sans doute était-ce trop concret… ».

Il en paraissait triste, je l’étais aussi. Comme je le suis de la désinvolture avec laquelle a été considérée par la municipalité  de Bordeaux la chute d’un balcon nouvellement construit à Bordeaux.

 

 

Un candidat sérieux

J’ai plus qu’au-delà de par-dessus la tête de lire ou d’entendre à Bordeaux, que la gauche ne dispose par de « candidat sérieux » pour affronter la droite aux prochaines municipales de 2020. Ce 20 février encore  dans un article de @sudouest (non encore en ligne) qui m’avait été présenté comme un « état du PS bordelais », sinon je n’y aurais pas répondu, comme j’ai décidé désormais de le faire quand il s’agit de parler de Juppé ou de Calmels à droite, de Vincent Feltesse ou de tout autre de mes amis à gauche. Mais là n’est que l’accessoire.

Qu’est-ce qu’un « candidat sérieux ». C’est très simple : c’est un candidat qui a des chances d’être élu, dans les circonstances du moment, avec le « bagage » qui est le sien (dans le cas: sa capacité d’affronter la difficulté des scrutins et, avec cette expérience, de l’emporter ), son adéquation aux attentes des électeurs et au terrain concerné.

Est-ce aux médias de décerner ce brevet ? Radicalement non. Deux sont légitimes au contraire à le faire : l’avis de ces électeurs, le « ressenti » qui est le leur , le vote du parti de l’éventuel candidat.

Je ne suis aucunement « une femme d’appareil ». Trop le sont, hommes ou femmes bien évidemment. Mais je crois en la démocratie d’un parti. Il faut pour être désigné et porter l’étiquette de quelque parti que ce soit, bénéficier du vote des militants de ce parti. Pour la négation de ce passage obligé, je me suis exprimée contre la distribution de fiefs et de titres à laquelle s’est adonné Alain Juppé en désignant sa successeure à la Mairie et les candidats aux deux circonscriptions recouvrant l’essentiel de la ville de Bordeaux.

Concernant l’élection municipale de 2020 à Bordeaux, et ma propre éventuelle candidature, j’ai toujours exprimé que ce n’était pas mon objet car je pensais qu’il fallait avoir l’objectif de deux mandats pour se porter candidat à tout scrutin municipal, les réalisations projetées demandant un temps souvent supérieur à 5 ans.

Alain Juppé, je l’avoue, de dix-huit mois mon ainé, m’a appris que je devais mieux appliquer ce que j’ai professé avec beaucoup de foi dans les deux années de mon Ministère. Hors impondérables (et le risque de ceux-ci augmente avec les années), l’âge ne doit être jamais une barrière, moins encore un sujet de discrimination.

Concernant la politique, je crois profondément qu’elle doit reproduire les équilibres de la société. Dans ce domaine plus que dans d’autres, l’âgisme (la glorification des jeunes comme universels modèles et solutions) est une stupidité. En politique, les jeunes ont toute leur place mais en aucun cas ils ne doivent avoir toute la place et y faire la totalité de leur carrière, au risque d’ en dépendre et de voir leurs belles idées s’affadir devant la nécessité de durer.

Aujourd’hui, fortement, clairement, SERIEUSEMENT, j’exprime que si je juge en avoir la force et l’envie, que si je pense comme aujourd’hui être une candidate sérieuse, ayant des chances sérieuses elles aussi de pouvoir réaliser ce sur quoi je m’engagerai, je serai candidate en 2020 à l’élection municipale de Bordeaux.

 

Ilan Halimi, dix ans après

Il y a dix ans aussi, dans ce blog, je racontais une histoire parmi les plus belles que je connaisse. Elle n’est pas moins belle aujourd’hui mais elle trouve un écho funeste et je la dédie à la mémoire d’Ilan Halimi, ce jeune homme juif séquestré et martyrisé jusqu’à la mort. Ce martyr, dans un immeuble apparemment tranquille, d’une ville tranquille, en France, fait frémir d’horreur et de douleur.

Le Ministre Bernard Cazeneuve a eu la même intuition : ce drame « qui aurait du nous réveiller » était-il annonciateur des troubles que nous venons de connaitre ? Etait-il le premier signe qui aurait dû nous agiter si nous étions de ces « lapins blancs » qui sentent et pressentent plus que les autres et doivent les alerter ?

Les plus belles histoires ont ce double visage. Elles naissent des blessures de celui qui croit les inventer et qui ne fait en réalité que les traduire.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel