Débanaliser le tabac
Le mot n’est pas trop joli « débanaliser » mais il est sans doute le plus proche de son objet. Ce n’est certainement pas la même chose de fumer une cigarette que de mâcher un chewing gum à la menthe ou de sucer une pastille de réglisse. Tout juste, ces habitudes se rapprochent-elles par un brin de stade oral subsistant en chacun de nous, mais la différence majeure demeure : la cigarette, comme les autres produits du tabac, est le toxique le plus toxique de ceux que nous consommons et le produit addictif le plus addictogène de tous.
A côté des « 5 piliers politiques » de la sortie du tabac, les mesures de débanalisation ont cet intérêt de montrer que fumer n’est pas un acte innocent ni pour soi, ni pour son entourage. Par leur convergence, elles font prendre conscience des différents niveaux et des différents modes de toxicité des produits du tabac. L’opinion se saisit de l’une ou de l’autre, puis d’une autre encore et la perception du risque finit par l’emporter.
On connaît ces mesures : interdiction de fumer à l’intérieur d’une voiture où il y a des enfants, dans les aires de jeux, sur les plages et les lieux sportifs, toutes mesures qui viennent compléter l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Certaines visent d’abord la population jeune : obligation d’un titre d’identité pour prouver sa majorité quand on achète du tabac que j’ai fait adopter lors de la dernière loi de santé, interdiction des addictifs parfumés…
Certaines mesures ont pour cible les mégots et leurs dégâts environnementaux comme par exemple l’amende de 65 euros instituée par Anne Hidalgo, Maire de Paris, si l’on jette des mégots dans la rue. J’incite Alain Juppé à faire de même à Bordeaux, ne serait-ce qu’en appliquant la loi générale qui prévoit une amende de 15 euros pour tout déchet jeté sur la voie publique. Pour l’instant, pas de réponse positive alors que je sais qu’il partage le souci de l’augmentation du tabagisme.
Les mesures d’interdiction de publicité pour le tabac (directe ou déguisée) sont à la fois des mesures majeures et des mesures de débanalisation. Elles sont de moins en moins respectées du fait de l’insuffisance des contrôles et des sanctions. J’espère que l’on ne continuera pas en ce sens.
Nous parlerons de ces deux niveaux de législation dans la lutte contre le tabac demain lundi 29 juin 18h30, à l’athénée municipal de Bordeaux. L’objet n’est certainement pas d’interdire (trop tard et il faudrait le faire dans tous les pays voisins) mais pour que la conscience du risque prévale et que la raison l’emporte. En Australie, moins de 15% de la population fume. Plus du double chez nous.
Rien ne sera cependant possible sans l’adhésion de l’opinion : c’est l’objet de ce débat sur les politiques du tabac et leurs freins. Soyons nombreux à le partager.
,