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Observer la loi : pas la peine d’en faire tout un cinéma !

Il ne s’agit que de cela, mais ce « cela » n’est apparemment pas peu : appliquer la loi, en l’occurrence la loi Evin, et ne pas poursuivre cette inflation de scènes de tabagisme dans le cinéma français.

Comment se fait-il que 80% des films français comportent aujourd’hui de telles scènes et que ce chiffre ait régulièrement augmenté au cours des dernières années ? Le tabac est devenu aujourd’hui une sorte de star du cinéma français, star au demeurant très lucrative.

S’agit-il d’un vent commun d’inspiration, comme en ont en ce moment les députés qui rédigent des séries d’amendements identiques pour contrer les mesures de lutte contre le tabagisme ?

Le cinéma est un art, dont j’apprécie les artistes qu’ils soient « compositeurs ou interprètes » et je ne mets en cause ni leur liberté, ni leur talent. C’est pourquoi dans ma question écrite à la Ministre de la culture, je m’exprime en faveur des scènes où cigarettes ou cigares ont un intérêt biographique, historique ou encore viennent exalter la véracité d’une scène ou la tension psychologique qu’elle exprime.

Mais pourquoi ces scènes sont-elles toujours plus nombreuses ? Cette inflation croissante peut-elle avoir un motif artistique ? N’y a-t-il pas là quelque mécénat souterrain qui facilite cette expression de manière à valoriser ou promouvoir le fait de fumer comme la loi l’interdit?

Car c’est bien de loi qu’il s’agit. En l’occurrence la loi Evin de 1991 concernant tabac et alcool. Et qu’il s’agit de faire respecter avec toute la mesure qui convient à l’expression artistique.

Un blog  de « boulevard voltaire », qui n’est pas indemne d’inutiles et médiocres coups bas, met en cause mon simple rappel à la loi. Je voudrais, prétend-il,  interdire le tabac dans tous les films français et, plus grave, je suis coupable d’avoir incité producteurs et metteurs en scène à exercer une certaine déontologie dans la manifestation d’un comportement qui ne tue guère que 73 000 Français par an, dont, hélas, beaucoup d’artistes.

Juste en passant, je demande à Richard Hanlet (l’auteur du petit pamphlet de « boulevard voltaire ») de visionner les dernières images de Yul Brynner appelant, juste avant de mourir, à ne pas fumer. Tant d’autres dont nous regrettons la perte.J’en appelle aussi à Jean Pierre Mocky qui a déversé un flot d’injures dans mon téléphone sans laisser de numéro où je puisse lui répondre et le rappeler aux simples faits.

« Art » devrait faire bon ménage avec responsabilité. Et information avec exactitude des faits.

 

 

 

 

Olivier : la lourde tâche de montrer que la politique ne rend pas fou

Olivier Veran, suppléant de Geneviève Fioraso, rapporteur de la loi santé, retourne à l’hôpital après le retour annoncé à l’Assemblée de Geneviève Fioraso qui quitte ses fonctions ministérielles pour cause de santé. Le raccourci de ce seul mot « santé » ne manque pas d’intérêt.

Tous les deux, Geneviève et Olivier sont mes amis,  à des niveaux différents, je connais Geneviève depuis 2007 (elle fut élue avec moi dans la même promotion de députés), Olivier seulement depuis une visite en Isère alors que j’étais Ministre et lui tout jeune député, praticien des hôpitaux en disponibilité du fait de la nomination ministérielle de « sa » députée.

Nous n’avons tous les trois que des raisons de nous comprendre sans mot dire. La santé -ou son masque sombre, la maladie- nous réunit.

Quand à la fin d’une question d’actualité, il y a quelques jours, Olivier Veran a interrogé la Ministre @MarisolTouraine sur la loi « santé », rebaptisée in extremis « loi de modernisation du système de santé » et annoncé son départ (une première: aucun suppléant de Ministre ne l’avait fait jusqu’alors), j’ai été la première à me lever dans l’hémicycle pour susciter une « standing ovation » en direction de mon jeune confrère et de son travail.

Le voici aujourd’hui en charge d’une lourde tâche, lourde mais majeure : démontrer qu’on peut retourner à la vie réelle après trois ans d’imprégnation par la vie parlementaire et ministérielle, la renommée plus ou moins grande qui vient avec elle et aussi l’impression de « pouvoir quelque chose » au niveau national ; ce « quelque chose » fût-il bien moindre que le Pouvoir médical qui, chaque jour, décide du vécu et quelquefois de la survie de personnes individuelles qu’il marque définitivement ainsi que leur famille.

On l’a compris : le Pouvoir médical me paraît d’un autre ordre que le pouvoir politique, du moins à l’échelon où un parlementaire, voire un ministre, l’exerce. Cet ordre, au sens pascalien, penche infiniment en faveur du médecin. Il s’en éloigne au contraire, s’il s’agit de notoriété médiatique, d’écume des jours, et quelquefois de durabilité. La loi Evin est toujours présente dans nos vies, comme la loi Veil, elles ne sont pas si nombreuses à le faire. Inutile de dire que j’aurais voulu que la « loi de transition démographique » fût de celles-là. Je n’en ai eu ni le temps (l’acte II de cette loi n’aura pas lieu), ni la liberté de la faire accepter et connaître en tant que telle : un bouleversement sociétal et social.

Olivier va (probablement) retourner à l’hôpital, comme je l’aurais fait, si ma courte victoire de 2007 en face d’Alain Juppé avait basculé en sens contraire. Dès le lendemain, j’aurais retrouvé la redoutable suite d’obligations intangibles de la vie hospitalière : l’heure des visites et des contre-visites, l’examen des scanners avant l’annonce de leurs résultats aux patients, les horaires de consultations, que même grippé, fiévreux, en deuil ou pas loin de l’être, on doit assumer parce qu’une vingtaine de personnes inquiètes venant de plusieurs dizaines ou centaines de kilomètres vont s’y présenter. Tout cela dans cette sorte de faux anonymat du médecin hospitalier : rares sont ceux que les médias connaissent, très nombreux sont ceux que les malades et leurs familles n’oublient jamais.

Olivier, si tu retournes à l’hôpital, tu vas retrouver cet extraordinaire abîme : on te parlera avec respect à l’hôpital quand on te vilipende facilement dans ta fonction de député, tu regretteras cette ouverture sur le monde et sa diversité, cette possibilité de se forger un avis sur tout que donne la politique, mais tu renoueras des liens souvent tacites mais éternels avec des patients de tous milieux, degrés de culture et de fortune, qui t’accorderont leur confiance au premier regard, au premier sourire (et les tiens, cordiaux et ouverts,  y incitent) avec lesquels tu les accueilleras dans ton grand hôpital.

Tu reviendras en politique, j’en suis sûre.  Et avec cette force particulière de connaître les multiples et changeants visages de la réalité. « Il n’y a qu’une vérité, disait Kafka, mais elle a un visage changeant ». « Changeant » est une mauvaise traduction, mais tous l’utilisent. Kafka disait « lebendig », »vivant ». Le visage de la vie.

 

 

 

Pâques

Pâques, symbole, fête, de la joie, dont les cloches -hélàs de moins en moins présentes- sont le carillonnant messager ; de l’éternelle renaissance avec les oeufs et leur forme douce comme un noyau d’atomes, les bourgeons sur les branches, les petits brins fragiles poussant dans l’herbe usée, sont l’attendrissant langage.

Pâques dans mon jardin paisible à l’exception du concert des oiseaux, orchestré par je ne sais quelle horloge, avec ses pauses, ses pizzicatis, ses allegrettis, ses fortissimi furieux, chicaneurs, chicaneurs, revendicatifs, presque humains. Pâques tournant de l’année comme l’est noël dans une signification toute autre, preuve que les dieux sont malins d’avoir mis en harmonie la créature et la création dans un même agenda. Et cette question, tout aussi éternellement irrésolue, du créateur.

Loi de Santé, enfin un engagement sur l’augmentation du prix du tabac !

Outre l’adoption du « paquet neutre », je salue l’engagement qui vient d’être pris par le Gouvernement de reconsidérer sa position sur l’exigence de l’augmentation du prix du tabac pour obtenir une réduction notable du tabagisme et de l’entrée en addiction des jeunes.

En effet, à l’occasion des amendements fiscaux que j’ai présentés, comme je l’avais fait lors du PLFSS 2014, il a été reconnu que les enjeux de santé publique devaient être pris en compte dans la détermination de la fiscalité du tabac et que celle-ci ne devait pas être fixée par les seuls ministères de Bercy (même si l’on sait qu’elle est validée en réunion interministérielle).

La dernière modification de la fiscalité (décembre 2014) a en effet non seulement gelé les prix mais fait un « cadeau » aux cigarettiers de 80 millions d’euros par an. Situation bien évidemment intenable et dénoncée dans la presse.

L’amendement que j’ai présenté le 4 avril 2015, lors de l’examen du projet de loi santé, propose de fixer le prix du paquet de cigarettes en tenant compte du coût sanitaire du tabac.  Ce prix est alors supérieur au seuil psychologique de 10 euros ; cette amendement a été écarté sous prétexte que nous n’étions pas dans une loi de finances (ce qui n’est pas obligatoire) ; cependant, il a fait radicalement évoluer la position du Gouvernement. J’ai retiré les amendements suivants de même tonalité au prix de l’engagement du Gouvernement et du Président du groupe socialiste, Bruno le Roux, qu’une augmentation du prix et une modification de la fiscalité seraient adoptées dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFFS) 2015.
L’augmentation du prix du tabac est en effet l’arme principale de la lutte contre le tabagisme et nous ne pouvons espérer faire un pas en avant significatif que si elle y est incluse.
Cet engagement est considérable puisqu’il réfute le rejet qui a été fait en décembre dernier de cette augmentation et la modification délétère de la fiscalité qui avait alors été faite.
Il s’agit d’un pas décisif qui viendra compléter les mesures votées aujourd’hui et qui nous permet d’espérer une marche positive et assumée vers la sortie du tabac.

Nous n’avons pas su parler aux retraités

Il me tarde de connaître les données démographiques du vote des 22 et 29 mars. De manière régulière, dans les élections à forte abstention, le pourcentage des plus de 60 ans n’est pas loin de la barre des 50% de votants. C’est dire qu’ils sont pratiquement majoritaires à eux seuls.

Est-ce le cas ? Nous verrons. Dans les causes de notre échec aux derniers scrutins, il y a sans aucun doute la perte d’un fort contingent de retraités. Oui, ils votent majoritairement à droite, mais ceux qui votent à gauche le faisaient toujours ponctuellement. Ces votes étaient forgés par la vie, pas par quelque rancoeur que ce soit. Le Limousin en était la preuve.Un de mes regrets à la suite du remaniement (un an déjà..) c’est de n’avoir pas pu porter « ma » loi sur le terrain. Le programme de ce tour de France était déjà fait et, in fine, avec quelques mois de plus, elle aurait été présente sur tous les territoires, soit avant le vote, soit après. Partout, j’ai trouvé un grand assentiment, une vraie chaleur, une atmosphère de compréhension et de partage.

Thomas Thévenoud y est pour beaucoup (l’ « affaire » a eu lieu au moment du passage à l’Assemblée) mais cette loi, 100% positive, à laquelle on ne pouvait reprocher que de n’être qu’une première étape, n’a pas eu la diffusion qu’il fallait. Ce que l’on avait attendu 5 ans sous Nicolas Sarkozy était en marche et cette marche était montante et installait de l’optimisme. La page de la « démographie punitive » était tournée.

Et puis : les impôts. Oh pas des nouveaux impôts, mais les effets de mécanismes -souvent antérieurs à notre arrivée- qui ont fait que des personnes à revenus modestes qui ne payaient rien se sont trouvées contribuables. Et puis « la demie part des veuves » que nous aurions du rétablir. Le 0,3% de la Contribution Additionnelle de Solidarité pour l’Autonomie (CASA) avait été compris parce qu’il était fléché clairement sur l’accompagnement de la perte d’autonomie. Mais il eût fallu faire des signes à ceux qui en avaient le plus besoin.

Et puis, le vocabulaire, la communication, l’énergie positive que peut lever cette « transition démographique » et que nous continuons à ignorer en faveur de l’ « aide aux personnes âgées » et autres formules totalement stimulantes. Et puis, et puis…

J’ai des sursauts de tristesse. Sur le terrain où j’ai été beaucoup avant le dernier scrutin, l’attente est forte d’un discours de partage et d’honneur. Dire et répéter que la génération qui est la mienne constitue, par le biais des associations, des municipalités et dans les familles, l’épine dorsale de notre cohésion sociale. Valoriser, valoriser et valoriser encore la place des âgés dans la société, être avec avec eux, comme eux, dans le réel et leur rendre leur fierté.

 

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel