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GPA : quatre raisons de dire non

La Gestation Pour Autrui relève d’abord de la bioéthique. Et celle-ci répond : NON. Le corps d’autrui appartient à autrui et il ne peut être l’objet ni de commercialisation, ni de location. Savamment dit, il ne peut être « réifié », c’est à dire considéré et traité comme une chose.

Pour cette même raison, le don du sang, de moëlle ou d’organes est gratuit. Non qu’il ne soit pas coûteux, mais ce coût ne peut être assumé que par une communauté au service de tous, c’est à dire publique.

Nul ne peut ouvrir la porte à cette location d’utérus pour neuf mois ; la pratique montre qu’elle est constamment le fruit d’un contrat financier, quelquefois assez morbide et condamnable dans ses conditions. Si même il était concevable qu’elle fût gratuite et objet d’un « don de soi », alors ce don serait mieux orienté vers le don de moëlle ou le don d’organes conditionnant la vie entre personnes vivantes.

Le législateur, soucieux des principes républicains, dit également NON. Et il le fait au nom du principe d’égalité. Lequel des 2 sexes serait obligatoirement mis à contribution et j’ose le mot « exploité » : les femmes. Pour la même raison, le féminisme le plus rudimentaire ne peut l’accepter.

Le médecin n’est pas plus conciliant : NON aussi.  La grossesse n’est pas un acte banal, un simple moment à passer. Elle transforme profondément le corps et, de manière différente, le psychisme. A l’occasion de la grossesse, des troubles peuvent se révéler, bien souvent réversibles (prise excessive de poids, hypertension, diabète..) mais pas toujours. Des maladies peuvent se révéler et s’installer et en particulier des maladies immunitaires. Les troubles réversibles peuvent par ailleurs avoir causé des dégâts qui eux, ne le sont pas.

Les deux ou trois qualités qui font ou devraient faire notre condition d’Homme (d’être humain) sont elles aussi mises à rude épreuve, et là aussi la pratique ne vient pas rassurer. Imagine-t-on la séparation radicale de la mère « porteuse » et de l’enfant ? Comprend-on que l’accouchement non plus n’est pas un acte banal ne laissant ni traces, ni empreinte psychique ? Sait-on qu’il arrive qu’un enfant, qui ne correspond pas aux critères de qualité de la famille d’accueil soit abandonné à celle qui l’a mis au monde (ce fut récemment le cas d’un enfant trisomique)?

Un autre point ne trouve guère de questionnement, et non plus de réponse. On sait que dans la GPA, les deux gamètes sont issus de personnes tierces. Dans le cas de couples accueillants homosexuels, on peut concevoir que le gamète masculin de l’un soit utilisé dans un couple homosexuel masculin.

Quel sera alors le statut relatif des 2 parents homosexuels ? Si l’enfant devient le « portrait » de son père naturel, cela ne sera-t-il pas cause de difficultés même dans la famille la plus aimante ? Si ce couple homosexuel se sépare, le caractère naturel ou pas du parent interviendra-t-il ? Nulle réponse nulle part..

Pour moi, c’est donc NON, quatre fois non. Calmement, posément, sans dogmatisme et en étant parfaitement ouverte au débat et aux arguments contraires.

Ce qui n’implique évidemment pas que l’enfant né selon ce procédé illicite (qui a d’ailleurs en droit le statut d’adoption illégale) n’ait pas lui-même les droits de tous les enfants.  Et c’est pour cette dernière raison, qu’une action internationale s’impose aujourd’hui.

 

 

Laïcité et oecuménisme

Deux principes, n’appartenant pas aux mêmes « ordres » pascaliens doivent aujourd’hui répondre à la barbarie. L’un, la laïcité, doit régir l’ordre du monde, l’autre, l’oecuménisme, celui de l’esprit (au sens de foi). Dans un vocabulaire moins pascalien, l’un est d’ordre politique, l’autre concerne les religions et le dialogue avec les religions et entre elles.

Le mot « oecuménisme » est utilisé le plus souvent à propos du rapprochement des religions chrétiennes. Mais -je dirais presque par définition- ce mot a d’abord le sens qu’on lui donne. Le mien est large,ouvert et sans oeillères. Je dis souvent, moitié comme une boutade, autre moitié comme un sentiment profond, que s’il y a un dieu, il est unique.

A la suite de l’égorgement d’un quatrième otage, celui-là notre compatriote et survenu dans des montagnes très proches de nous, les religions ont été fortement interpellées puisque la poignée de barbares qui accomplissent ces actes « qu’aucune bête ne ferait » s’est réclamée des commandements d’un dieu.

Pour cela, l’expression ne peut être laissée à la seule laïcité. « Not in our name » ont ainsi, très justement, proclamé les musulmans anglais. N’est-ce pas la même chose pour tous les croyants ?

J’ai pour ma part exprimé mon souhait que la condamnation ne soit pas le fait des seuls musulmans, mais de tous les cultes ENSEMBLE. Tous ont parmi leurs règles fondatrices: « Tu ne tueras point », exprimé selon des formules diverses mais peu différentes. C’est l’arrêt par Dieu du sacrifice d’Isaac (célébré dans les jours suivant Rosh Ashana, c’est à dire en ce moment-même), ou encore le verset du Coran « qui tue un homme tue l’humanité toute entière ». Il n’y a donc pour quiconque, à l’idée d’une célébration commune autour de cette loi, aucune transgression dogmatique.

En Allemagne, 17 manifestations oecuméniques -ainsi appelées- ont réuni les trois grandes religions dans 17 grandes villes pour condamner les actes de daesh. Pourquoi cette grande voix ne peut-elle s’élever en France ?

Que l’on relise le terrible texte de la Genèse (XXII-12) où l’ange arrête la main d’Abraham s’apprêtant à égorger Isaac.

Chacun en tirera l’enseignement qu’il veut.

 

 

L’histoire du petit colibri de Pierre Rabhi

Un feu dévastateur se déclenche sur la terre, qui se propage à grande vitesse de village en village, de forêt en forêt… Les hommes courent, s’empressent, mais rapidement n’ont plus qu’une hâte : s’éloigner et se mettre à l’abri.

Dans le ciel, un petit colibri s’affaire. Il vote de feuille en feuille, très haut, à la recherche de la moindre goutte d’eau. Dès qu’il en saisit une, au creux d’une feuille ou d’une souche, il la met dans son bec et va la projeter sur le feu. Et le manège recommence, le petit colibri s’affaire, toujours plus rapide et concentré sur sa tache.

Un homme qui l’aperçoit le rappelle à l’ordre « Petit colibri, mais pourqu’on t’affaires tu ? Tu vois bien qu’à toi tout seul, tu n’éteindras pas le feu.. »

Et le petit colibri répond : « je fais ma part ».

 

Cette histoire, parue dans le Monde en date d’aujourd’hui en conclusion d’une biographie de David Haynes, me fait du bien. Dans le train, personne ne parle. Le temps pèse sur les visages. Ce soir, ce soir si éprouvant.

L’absolu exemple du contraire (« Il faut aimer la politique » XIX)

Ce n’est pas mon intérêt, je veux dire l’intérêt du groupe auquel j’adhère, NS est de beaucoup pour la gauche le meilleur candidat à l’élection présidentielle, mais il est à un point tel, le contre-exemple de ce que je crois pour retrouver l’honneur et l’amour de la politique que je ne peux tout à fait me taire.

Esquive des questions, verbiage lénifiant ou moralisateur, piètre maîtrise de langue – outil majeur de la politique en son propre pays -, condamnations implicites, abus du « je », tout ce que je déteste du show politique était ce soir à son complet.

Piètre maîtrise de la langue. Un exemple: « Le manque de courage, c’est pas là où j’ai le plus changé ». Et un autre, pire: « On a utilisé les homosexuels contre les familles ».

Condamnations implicites ; dans le catastrophique couplet sur le mariage pour tous, l’utilisation de « braves gens », expression bien plus condamnable et profondément ancrée en qui l’utilise que les « illettrées » de Macron. Du niveau de « la France d’en bas » et juste avant « les gens de peu ».  Le mépris et la condescendance à fleur de peau.

L’abus de « je » quand le pays a un urgent et fondamental besoin de « nous », quand le seul enjeu est de faire partager et comprendre l’idée que nous sommes dans le même bateau et que notre salut individuel et collectif dépend de chacun de nous. Inécoutable, cette litanie de « je » qui ne marquait pas l’autorité, comme il est quelquefois nécessaire, mais le nombrilisme le plus banal et le plus triste.

Condescendance et petites inélégances médiocrissemes pour ses concurrents. « J’aurai besoin de lui », « je l’ai connu il y a 30 ans »… Et puis ce ton patelin de bon apôtre, qu’un rien suffisait à faire basculer dans l’énervement. En allemand on dit: « Il avait mangé de la craie ». Je n’ajouterai rien, ce pourrait être désobligeant.

On dit aussi : « On a la classe politique que l’on mérite ». Et c’est là toute l’interrogation qui est la mienne depuis plusieurs semaines.

Il n’y a que deux remèdes : ou aider à rendre la classe politique plus crédible, plus chaleureuse en même temps que plus élevée dans son ambition pour le pays comme dans son expression vis-à-vis des Français ; ou tenter et tenter encore de nous élever nous-mêmes pour l’y contraindre.

 

 

Mortel manichéisme (« Il faut aimer la politique XVIII »)

« Je méprise les hommes qui mettent toute leur énergie à empêcher les autres de réaliser ce qu’ils ont été incapables d’entreprendre ». Cette phrase, approximativement citée d’un livre de Gabriel Delaunay, je viens de la vivre une fois de plus.

UMP et UDI, qui n’ont en la matière rien fait que des annonces et des promesses, ont voté contre la « loi d’adaptation de la société au vieillissement » le 17  septembre en 1ère lecture à l’Assemblée nationale. « Pas assez, pas assez loin » sont les éternels alibis à une sorte de reniement de soi qu’ils ont (à part 2 abstentions) endossé pour la seule raison de ne pas mêler leurs vote aux nôtres.

« Pas assez », j’en suis d’accord : aurais-je disposé de 6 milliards 450 millions au lieu de 645 millions, j’aurais su en faire bon usage. Cette loi est une marche montante dans la prise en compte de la transition démographique, pas l’escalier entier. Mais existe-t-il un parti politique et même une personne humaine qui puisse être contre une revalorisation de l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) jusqu’à 60% ou contre le financement des aides techniques aux faibles revenus pour mettre un peu d’égalité dans la prévention du vieillissement ?

Eh bien, en France, sur les bancs de l’Assemblée, ces partis existent et il n’y a pas lieu d’en être fiers.

J’ai voté (le plus souvent avec d’autres de mon groupe) des lois ou des amendements issus de la droite sans réserve car j’aurais voulu les faire moi-même et parce qu’ils correspondaient à ce que je croyais bon et nécessaire. Nul électeur de gauche n’est venu sur le marché me prendre au collet pour me dire que je transigeais avec la doctrine.

Même de forme (par exemple lors des questions d’actualité au Gouvernement), le manichéisme érigé en système n’est plus compris mais au contraire vécu comme un cirque usé et au fond déshonnête. La brièveté des questions et des réponses y incite et nous devrions y porter remède.

Dans mes 22 mois de « ministériel »,  j’ai pris soin de n’être jamais dans l’invective, rendant hommage à qui je croyais légitime de le faire (par exemple les efforts de Roselyne Bachelot pour ce que l’on appelait alors « la réforme de la dépendance ») et j’ai reçu en retour l’accueil très positif de Maires ou de Présidents de Conseil généraux de toutes tendances. Le sujet que je portais (et que je continue de porter d’autre manière) est propre à rallier un consensus. Sachons ne pas nous en priver et je remercie Laurence Rossignol d’avoir été dans le même esprit pendant les trois jours de débat à l’Assemblée. Le vote UMP/UDI n’en est que plus incompréhensible.

Je ne suis pour autant aucunement de ceux qui disent « gauche et droite, c’est pareil ». Ce n’est pas pareil. Moins encore, je suis pour l’ « ouverture » à la Eric Besson, c’est à dire le débauchage pour faire le contraire de ce qu’on a jusqu’alors soutenu (le ministère de l’identité nationale). J’ai vécu comme un choix difficile mais non médiocre  la décision de Jean-Pierre Jouyet d’accepter les affaires européennes pour le temps de la Présidence française de l’Union Européenne : grâce à lui, cette Présidence a été un succès et il en allait de l’image de la France auprès de nos partenaires.

J’apprécie sur beaucoup de points la grande coalition CDU/CSU/SPD qui a permis par exemple la mise en place d’un salaire minimum et le financement de la perte d’autonomie à hauteur de 6 milliards d’ici la fin du mandat de Mme Merkel. Il n’en va pas de même pour son attitude européenne, ni pour la hauteur de sa participation à la lutte contre le terrorisme mais c’est une autre question.

Une grande coalition, en dehors d’une crise gravissime, n’est pas possible en France bien que j’entende annoncer que Nicolas Sarkozy veuille « ouvrir portes et fenêtres ». Le simple honneur empêchera même de s’y pencher. La crédibilité de la politique, qui fait si fort besoin, aurait voulu qu’il attendît pour prétendre  y revenir de voir les affaires où il est impliqué totalement éclairées.

Manicheisme et sectarisme sont aujourd’hui dans l’arène. Honneté et honneur, deux mots, deux idées mêmes, qui croulent sous le poids des ans, sont aujourd’hui seuls à pouvoir les en déloger. Pour ma part, j’ai choisi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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