Honte
Le 10 janvier 1944, 365 juifs de Bordeaux dont de nombreux enfants ont été « raflés », enfermés dans la synagogue, transformée pour l’occasion avec un indicible cynisme en antichambre de la mort. Le 13 janvier, ils étaient convoyés à Drancy, puis… Peu, très peu, en revinrent.
Soixante-dix ans aujourd’hui, anniversaire qu’une très belle, très sobre cérémonie a marqué. Comme l’a marqué le très beau discours du Préfet de région, Michel Delpuech. Ce discours, écrit de sa main, ce qui n’est pas si habituel, sera en ligne sur le site de la Préfecture, je ne dirais pas selon mon souhait, car nous avons été nombreux à le demander à M le Préfet. Chacun pourra s’en pénétrer.
Quelques heures à peine après cette cérémonie, au lieu d’hommages et de commémoration, je découvre sur internet, issue de la municipalité, une attaque d’une insigne médiocrité : le Préfet n’aurait parlé, au nom de mon Gouvernement et au mien que parce que je me désolidariserais de la fermeté avec laquelle le Gouvernement a réagi aux événements récents. Cela est tout au contraire de ma fidélité à la mémoire de la Shoah.
La médiocrité de cette attaque m’impose de préciser, que comme l’année dernière en même circonstance, je n’ai prié Monsieur le Préfet de s’exprimer que parce qu’il m’apparaissait que m’effacer devant la représentation de l’Etat dans notre territoire serait bienséante au regard du contexte politique. M. Alain Juppé est en effet généralement absent chaque fois que ma prise de parole dans une circonstance officielle est annoncée et qu’elle impose protocolairement que je parle après lui.
C’est par courtoisie à son égard que dans les circonstances où l’universel ou l’intérêt général l’emportent sur toute autre considération, je ne prends pas la parole ou demande au représentant de l’Etat de le faire au nom de mon Gouvernement. Ce fut le cas lors du précédent anniversaire de la rafle en 2013, ce fut le cas cette année.
Le Maire, ancien Premier Ministre, ne l’a pas entendu. Je le regrette. L’événement mérite plus de hauteur.